Histoire de Carrossiers, épisode 5 : Antem, des Delahaye aux caravanes

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, épisode 5 : Antem, des Delahaye aux caravanes

On continue notre série que vous retrouvez chaque deuxième du mois. Après avoir évoqué Saoutchik, Franay, Pourtout et Letourneur et Marchand, on vous parle d’un autre carrossier français renommé : Antem.

Juan Antem, fils et petit-fils de charrons

Comme Saoutchik, Jean Antem a du franciser son nom. Il naît en 1893 à Palma de Majorque sous le nom de Juan Antem. Les véhicules, ça connaît la famille. Son père et son grand-père son charrons. Mais ce n’est pas vers cette vois que s’oriente le jeune espagnol. Quand il arrive à paris en 1910 c’est pour suivre une formation de serrurier !

Antem et Monroig

Après la première guerre mondiale il s’associe avec son ami Monroig pour acheter un fond de commerce de carrosserie à Levallois. Au départ ce sont des réparations et des modifications de véhicules existants qui font tourner la boutique. Elle tourne bien puisqu’en 1921 ils déménagent à Neuilly pour avoir plus de place.

En 1923 la société s’expose pour la première fois au salon de l’automobile. Les autos sont remarquées. Elles paraissent basses. C’est normal, les lignes de caisses sont revues et surtout on emploie chez Antem et Monroig des peintures bicolores qui renforcent ces lignes. Les châssis de Renault, de Chenard et Walcker arrivent chez le carrossier. Suivent ensuite les grandes marques de luxe, Delage, Delahaye et quelques étrangères comme Rolls ou une unique Mercedes. Torpédo, Skiff, Phaëtons sont alors des productions courantes.

Antem, Monroig et Guyot

Pour faire face à la demande, en 1925, les deux associés en ajoutent un troisième, François Guyot. Si les carrosseries automobile de luxe ont toute leur place dans les nouveaux ateliers de Courbevoie, la carrosserie de véhicules utilitaire, en particulier les fourgons de la préfecture de Police de Paris. La société vit bien.

En 1929 Jean Antem, qui a francisé son nom, devient officiellement français. Et il rachète les parts de ses associés.

La Carrosserie Antem

Les utilitaires font toujours tourner la boutique. Les châssis Ford et Matford sont de bonnes bases pour des camionnettes et des ambulances. De plus, elles se vendent bien ! L’activité de réparation continue, les belles autos des ambassades d’amérique latine passent ainsi souvent dans les ateliers.

Les productions d’Antem sont reconnues et s’affichent lors des, très prisés, concours d’élégance. Delahaye ou Hispano-Suiza cotoient les La Licorne. D’ailleurs la carrosserie réalisée sur la 11/14cv plait tellement à cette dernière marque qu’elle l’ajoute à son catalogue, c’est la Week-End.

La seconde guerre mondiale va considérablement ralentir l’activité sans l’arrêter. Ainsi Antem réalise des véhicules gazogènes mais dès 1941, le voisinage le fait exproprier.

Diversification d’après-guerre

L’activité redémarre réellement en 1948, toujours à Courbevoie. Jean Junior, le fils de Jean Antem, travaille désormais à la carrosserie et son style est remarqué. Les marques françaises sont en perte de vitesse mais Delahaye et Talbot confient à Antem la réalisation de petites séries. L’activité « utilitaire » persiste quand à elle avec la fabrication de fourgons pour la banque de France. Antem produit aussi la première carrosserie d’un coach D.B, même si les autos de série seront différentes.

Au début des années 50 c’est Charbonneaux qui collabore avec Antem. Des Delahaye 235 naîtront ainsi, dont un unique modèle cabriolet. Pendant ce temps les fils de Jean construisent un « tank » sur base 4CV qui va battre plusieurs records sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry. À la même époque Antem fournit des carrosseries à Vernet-Pairard, notamment pour une petite auto de sport, elle aussi sur base 4CV.

Quand la plupart des « grandes marques » françaises ferment les une après les autres, il faut bien continuer à travailler. Charbonneaux va alors dessiner le célèbre attelage Pathé-Marconi qui parcourra les routes de France à partir de 1955 et pour de nombreuses années.

Superbus Pathé Marconi Dessin Charbonneaux Carrosserie Antem- Antem

La fabrication de caravanes

À partir de 1958 ce sont surtout des caravanes qui seront produites par Antem. Là encore le succès est au rendez-vous pour ces fabrications de polyester. Les ateliers de région parisienne étant trop petits, la marque déménage à Doudeville en Normandie.

Elle survivra à la disparition de Jean Antem en 1972 et de ses fils Jean Junior et Jacques en 1986. Jean-Claude, dernier Antem à diriger la société la tiendra jusqu’à sa retraite, fin 1997.

Quelques exemples des réalisations Antem

Voici quelques réalisation d’Antem que nous avons pu croiser ou voir passer aux enchères ces dernières années.

Cette Bentley 4L¼ de 1936 était au Concours d’Elegance de la Villa d’Este 2019.

Même modèle et même année pour celle-ci qui fut vendue par Gooding & Co à Scottsdale en 2017. Ensuite elle fut repeinte, ne fut pas vendue par Artcurial à Rétromobile 2018 et passa sous le marteau de Bonhams au Zoute Grand Prix la même année.

La plus connue des Delahaye 135 M Cabriolet, celle du salon de Paris 1947, proposée aux enchères cette année par Bonhams à Goodwood :

Delahaye 135 M Cabriolet Antem Goodwood Revival 2019 Samedi 25- Antem

Une autre Delahaye 135 M Cabriolet de 1948, qu’on a notamment vu passer lors la vente Bonhams des Grandes Marques au Grand Palais 2011 puis Automobile sur les Champs par Artcurial en 2013.

Cette Delahaye 148L Berlinette de 1949 est une auto de compétition. La carrosserie fut d’abord apposée sur une 135 avant cette 148. Elle courut en son époque et fut vendue par Artcurial au Mans Classic en 2016 :

Autre coach Antem de 1949, celui-ci. On l’a vu à la Cité de l’Automobile puis lors de l’expo dédiée à Delahaye lors d’Epoqu’Auto 2016.

Une Talbot-Lago pour continuer, ici une T26 Record de 1950 proposée aux enchères par RM Sotheby’s à Londres en 2017 :

En 1951, D.B réalisera une vingtaine de cabriolet sur base Panhard. En voici un croisé au Rassemblement International Panhard et Levassor :

D.B Antem Cabriolet- Antem

Une auto rare de 1951. Une Bugatti 101 C ex-Nicolas Cage qui fut proposée à la vente par Bonhams à Chantilly en 2015 :

Une Delahaye 235. Ce cabriolet a été dessiné par Charbonneaux avant de lui appartenir. Il était en couverture du catalogue de la vente Aguttes de Lyon 2018 :

Delahaye 235 Cabiolet Antem- Antem

Une Delahaye 135 M Coach de 1953 passée sous le marteau d’Artcurial à Rétromobile en 2014.

Delahaye 135 M Coach Antem Matthieu Bonnevie Artcurial- Antem

Photos additionnelles : Artcural, Bonhams, Gooding & Co, RM Sotheby’s, Coachbuild,

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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