Histoire de Carrossiers, ép. 7 : Figoni & Falaschi, aéro et goutte d’eau

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 7 : Figoni & Falaschi, aéro et goutte d’eau

Après une pause due à Rétromobile on reprend notre chronique à propos des carrossiers. On a vous a parlé de Saoutchik, Franay, Pourtout, Letourneur et Marchand, et Labourdette maintenant un nom un peu plus connu. Figoni, puis Figoni et Falaschi se sont fait un nom dans le monde des carrossiers avec des carrosseries très remarquées.

Giuseppe Figoni, le créateur

Giuseppe Figoni naît en 1894 à Piacenza en Italie. Ses parents émigrent pour Paris alors qu’il est encore jeune et c’est là qu’il va grandir. Il entre en 1914 chez un fabricant de chariots. Rapidement il montre un certain talent dans le formage du métal. Engagé pendant la première guerre mondiale il en revient et ouvre son premier atelier rue de l’église à Boulogne-Billancourt pour se lancer dans la réparation de carrosseries.

Très vite il se met à modifier celles-ci et son affaire devient prospère. À partir de 1925 Figoni crée des carrosseries complètes et très vite le succès est au rendez-vous. Il habille aussi bien des châssis français de Renault, de Panhard, Bugatti, Delage ou Panhard que de marques étrangères, Alfa Romeo en particulier.

Si au départ c’est surtout la finesse qui fait l’élégance de son dessin, petit à petit Figoni s’intéresse à l’aéronautique et donc à l’aérodynamisme. Les formes sont plus rondes et plus enveloppantes. Les autos sportives sont une cible parfaite et en 1932 c’est une de ses carrosseries qui habille l’Alfa Romeo 8C 2300LM que Sommer et Chinetti amènent à la victoire aux 24h du Mans. En 1934 il habille une Delahaye Type 138 pour une série de record qu’elle établit à Montlhéry.

1935 : naissance de Figoni & Falaschi

Cette année là, Giuseppe Figoni s’associe avec Oviodo Falaschi, lui aussi d’origine italienne. Homme d’affaire, il s’occupera des finances de l’entreprise, laissant à Figoni le soin de dessiner et « sculpter » les autos. Avec ces capitaux, il peut laisser libre court à ses créations.

En 1936 il présente une Delahaye 135 qui va devenir la base de ses créations. Avec ses formes elliptiques et enveloppantes elle instaure une nouvelle forme d’aérodynamisme, et d’exubérance, dans la carrosserie automobile. Ce dessin sera appliqué à des roadster mais aussi à des coupé « Goutte d’eau », notamment sur les Talbot Lago T23 et 150.

Figoni & Falaschi se démarque également par un vrai traitement des couleurs, contrairement à certains qui privilégient le noir. On utilise très tôt des peintures métallisées et les carrosseries trois tons succèdent aux deux tons !

Fin progressive

La seconde guerre mondiale est une épreuve mais Figoni & Falaschi reprend son activité une fois le conflit passé. Forcément l’industrie du luxe automobile n’est pas au mieux. Les créations reprennent cependant sur des Delahaye, des Talbot, mais également sur des Bentley par exemple. Si les ailes avant enveloppées d’une ellipse sont toujours d’actualité, la majorité des création est plus sage. Les formes planes se multiplient. Toutes les créations ne sont pas sobres pour autant, la 135 MS « Narval » de Charles Trenet en est l’exemple.

Avec la disparition des grandes marques, Figoni & Falaschi se tourne vers les Citroën, Renault ou Simca. Mais le déclin est amorcé et en 1955 la carrosserie ferme.
Pour autant on continue l’activité, pour entretenir les création passées. En 1961 Figoni & Falaschi devient agent Lancia puis concessionnaire en 1975. Giuseppe Figoni décèdera en 1978.

Quelques création d’avant 1935

On a recensé quelques création. On commence par celles de la première époque.

Cette Bugatti Type 38 de 1928 montre bien, avec des ailes galbées et proches des roues, qu’on commence à s’intéresser à l’aéro :

Cette Delage DMN Faux Cabriolet date de 1929 et a été proposée par Bonhams :

Autre Delage passée par Bonhams, au Grand Palais, une D8C Cabriolet Mylord de 1931 :

Au début des années 30 Figoni carrosse beaucoup d’Alfa Romeo. En 1932 la plus connue est donc cette 8C 2300 qui remporte les 24h du Mans :

D’autres 8C 2300. Un premier roadster de 1932 vu à Chantilly il y a quelques années :

Et une seconde que Bonhams a proposé à Scottsdale en début d’année :

Une autre Alfa. Nous sommes en 1933 et trois 6C 1750 Grand Sport sont habillées par le carrossier. Celle-ci, vue à Rétromobile en 2017, serait la seule survivante.

Ensuite on retourne chez Bugatti. Cette Type 55, proposée par Bonhams au Grand Palais en 2020 a d’abord couru les 24h du Mans 1932 avant de recevoir cette carrosserie en 1933 :

Des création des grandes heures de Figoni & Falaschi

Après la célèbre association le style va donc changer. Mais pas instantanément. Pour preuve ces deux Delage D6-70 de 1936 passées par RM Sotheby’s :

Après le salon de 1936 c’est autre chose. En 1937 on a pour exemple cette Delahaye 135 Châssis Court Torpédo Roadster, passée elle aussi chez RM Sotheby’s :

Autre exemple de Delahaye 1934, une auto vue à Chantilly à 2014, baptisée Phaëton sans qu’on sache trop pourquoi :

Mais on retrouve aussi les Talbot Goutte d’Eau. Cette T150 C SS est également passée chez RM Sotheby’s :

Deux autres T150, de 1938 maintenant. La grise est proche de la précédente mais la noire diffère par son pavillon plus plat :

Toujours chez Talbot, cette T23 ressemble à la noire du dessus :

Retour du côté de Delahaye avec ces trois 135 MS, toutes trois en coupé et toutes passées par chez RM Sotheby’s :

Encore une Talbot goutte d’eau. Cette T150 Spéciale date de 1939 et elle est passée chez Bonhams :

Sur cette Delage D6-70 « Trois positions » on remarque un style plus sobre :

Ensuite une auto qu’on a pu voir en deux configuration. Passée chez RM Sotheby’s en bleue, elle est ensuite proposée par Artcurial en gris lors de la vente de Rétromobile 2017 :

On arrive maintenant après-guerre. On commence avec une anglaise de 1947, une Bentley Mark VI assez sobre mais dont la signature se situe aux ailes avant :

Même signature pour cette Delahaye 135 M « Trois Positions » de la même année :

Ensuite en 1948 on retrouve des créations plus affirmées. Tout d’abord la Delahaye « Narval » de Charles Trenet :

Cette Delahaye « Coupé de Ville Aérodynamique » est également très affirmée mais fait presque « américaine » :

Ensuite une T26 Grand Sport, carrossée en cabriolet 4 places :

Autre T26 Grand Sport, celle-ci fut primée à Chantilly en 2019 :

Enfin on termine avec une auto unique. Une Simca 9 Sport de 1954, une des toutes dernières créations de Figoni et Falaschi avant l’arrêt de la carrosserie :

Photos : News d’Anciennes, Bonhams, Arthomobiles, RM Sotheby’s, Supercars.net

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Paul Aroïd

    Superbe article, richement illustré. Bravo !

    Répondre · · 10 mars 2020 à 14 h 39 min

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