Étonnant de voir des voitures de sport au Grand Prix de Monaco Historique non ? C’est pourtant une réalité, elles ont couru le Grand Prix de Monaco 1952 et c’est la petite histoire qu’on va vous raconter aujourd’hui.



Le Grand Prix de Monaco dans les années 50
En 1950 les F1 sont à Monaco pour le deuxième Grand Prix de l’histoire du Championnat du Monde de F1 de l’histoire. C’est également la première victoire de Fangio !
Mais en 1951 pas de Grand Prix de Monaco du tout. Le Grand Prix de Monaco 1952 va lui se courir. Sauf que ce ne sont pas les F1 qui seront au départ, mais des voitures de sport. On en reparle juste après. En 1953 et 1954 il n’y aura pas de course.
Le Grand Prix de Monaco ne reviendra au calendrier du Championnat du Monde de F1 qu’en 1955 et ne quittera plus jamais le calendrier !
Grand Prix de Monaco 1952 : deux courses pour le prix d’une
Fin Mai 1952, le monde de la course auto, sur circuit, retrouve donc Monaco. En fait ce sont deux événement qui vont se courir le 2 Juin :
- le Grand Prix de Monaco avec des autos de plus de 2 litres
- le Grand Prix de Monte Carlo sur le même circuit avec les moins de 2 litres

Le Grand Prix de Monaco 1952
Les engagés
La liste des engagés est plutôt sympathique pour cette première. Ce sont 25 autos qui ont fait le déplacement.
Première chose : deux Pegaso Q-102 seront au départ ! Ce n’est pas si courant ! Ensuite, si la Scuderia Ferrari n’est pas présente directement ce sont 9 autos de la marque qui sont venues en principauté. Ce sont les 225S qui en sont les fers de lance, une 166MM est là au cas où alors que la Scuderia Marzotto a aussi l’audace d’engager une « grosse » 340 America !
Aston Martin a joué le jeu et engage officiellement trois autos pour de bons pilotes : Collins, Parnell et Macklin ne sont pas des inconnus ! Le clan anglais est complété par des Jaguar Type C, dont une auto officielle pour Stirling Moss, rien que ça ! Enfin on retrouve des Allard J2X.
Du côté français, la liste des engagés est belle. Gordini engage Manzon sur une T15S, René Cotton est au départ sur une Delahaye 135S, et les Talbot T25GS sont toutes engagées par des privés (soutenus par l’usine) avec de grands noms : Rosier, Trintignant, Levegh ou Meyrat.
La liste complète :
no | Pilote | Écurie | Châssis |
52 | Juan Jover | Pegaso | Pegaso z-102 |
54 | Joaquin Palacio Pover | Pegaso | Pegaso z-102 |
56 | Robert Manzon | Équipe Gordini | Gordini T15S |
58 | Jean Lucas | Luigi Chinetti | Ferrari 225 S |
60 | Pierre Boncompagni | Privé | Ferrari 225 S |
62 | René Cotton | Privé | Delahaye 135S |
64 | Louis Rosier Maurice Trintignant | Privé | Talbot-Lago T26GS |
66 | Louis Rosier Maurice Trintignant | Privé | Talbot-Lago T26GS |
68 | Pierre Levegh | Privé | Talbot-Lago T26GS |
70 | Pierre Meyrat | Privé | Talbot-Lago T26GS |
72 | Reg Parnell | Aston Martin | Aston Martin DB3 |
74 | Peter Collins | Aston Martin | Aston Martin DB3 |
76 | Lance Macklin | Aston Martin | Aston Martin DB3 |
78 | Stirling Moss | Jaguar Cars | Jaguar C-Type |
80 | Leslie Johnson | Jaguar C-Type | |
82 | Tommy Wisdom | Privé | Jaguar C-Type |
84 | Anthony Hume | Archie Bride | Allard J2X |
86 | Francesco Buonaccorsi | Ferrari 166MM/Ferrari 225 S | |
88 | Giovanni Bracco | Scuderia Guastella | Ferrari 225 S |
90 | Antonio Stagnoli Clemente Biondetti | Scuderia Guastella | Ferrari 225 S |
92 | Eugenio Castellotti | Scuderia Guastella | Ferrari 225 S |
94 | Vittorio Marzotto | Scuderia Marzotto | Ferrari 225 S |
96 | Piero Carini | Scuderia Marzotto | Ferrari 340 America |
98 | André Simon | Ferrari 225 S | |
100 | Fernando Mascarenhas | Privé | Allard J2X |
Les essais
Beaucoup de tôle froissée pendant les essais. La chaleur n’aide pas non plus les autos. Les mécanos ont donc beaucoup de travail lors du Grand Prix de Monaco 1952.
Cocorico, c’est une pôle française… enfin presque. Pierre Levegh a signé le meilleur temps en 2 minutes 02 secondes avec sa Talbot, à égalité avec Moss sur sa Jaguar.
Ils devancent Stagnioli sur sa Ferrari 225S tandis que la seconde ligne (3 pilotes en première ligne, deux en seconde et ainsi de suite) est occupée par Parnell sur Aston et Manzon sur la Gordini.
Mauvaise nouvelle du côté des Pegaso, Jover ne s’est pas qualifié et Pover ne pourra pas prendre le départ.
La course
La course va être marquée par un énorme carambolage au 22e tour. L’Aston de Parnell prend feu. Il la gare à Sainte Dévote. Manzon qui est alors leader (Levegh a abandonné au 5e tour seulement) glisse sur de l’huile et vient encastrer sa Gordini dans l’Aston. Moss qui suit est surpris. Debout sur les freins, il ne parvient pas à tourner et vient taper dans les bottes de paille, juste à côté de la Gordini. Enfin arrive Hume et son Allard qui saute sur les freins, part en tête à queue et heurte les trois voitures ! Au final seul Moss parvient à repartir mais sera exclu car il a reçu une aide extérieure !
Le reste de la course verra une bataille de Ferrari, entrecoupée par de nombreux arrêts aux stands, notamment pour remettre de l’eau dans les radiateurs qui sont au supplice !
Le Grand Prix de Monaco 1952 de 100 tours verra au final un quintuplé de Ferrari. Marzotto boucle le tout en 3h21min28 seconde. Seul Castelotti est dans le même tour à 15,5 s. Suivent la paire Stagnoli-Biondetti, Lucas et Boncompagni. Wisdom, Collins et Cotton sont les autres pilotes à l’arrivée. Cotton et la Delahaye sont à 15 tours !




Le Grand Prix de Monte Carlo 1952
Du côté des petites autos, on trouve encore plus de diversité !
Pilote | Equipe | Auto |
Franco Bordoni (I) | Franco Bordoni | Osca MT4 1350 |
Tony Crook (GB) | Tony Crook | Frazer Nash Le Mans Replica Mk II |
David Clarke (GB) | David Clarke | Frazer Nash Le Mans Replica |
Stirling Moss (GB) | Frazer Nash | Frazer Nash Le Mans Replica Mk II |
Robert Manzon (F) | Equipe Gordini | Gordini T15S 1.5 |
Zdeny von Schönborn (D) | Scuderia Bavaria | Gordini TMM |
« Ippocampo » (I) | Scuderia Lancia | Lancia Aurelia B20 |
Salvatore Ammendola (I) | Scuderia Lancia | Lancia Aurelia B20 |
Luigi Fagioli (I) | Scuderia Lancia | Lancia Aurelia B20 |
Gino Valenzano (I) | Scuderia Lancia | Lancia Aurelia B20 |
Marcel Becquart (F) | Jowett | Jowett Jupiter R1 |
Lucien Farnaud (F) | Ferrari 166 MM | |
Eugenio Castellotti (I) | Scuderia Guastella | Ferrari 166 MM |
Clemente Biondetti (I) | Ferrari 166 MM | |
René Cotton (F) | BMW 328 | |
Penon | D.B. – Panhard | |
Maren | D.B. – Panhard | |
Marc Gignoux (F) | D.B. – Panhard | |
Viazzi | Simca 8 | |
Heurtaux | Veritas | |
Picard | Porsche 356 Tank Spider |
Dans cette course on note la présence en force des Lancia. Les B20 seront quatre à prendre part aux essais. Trois Frazer Nash Le Mans Replica sont également engagées dont une officiellement pour Moss. Ce n’est pas le seul à s’engager dans les deux courses du week-end, Cotton sera également au départ, et comme dans le Grand Prix, c’est à bord d’une antique auto qu’il partira : une BMW 328 d’avant-guerre !
Castellotti et Bondietti seront à nouveau sur des Ferrari, Manzon sur une seconde Gordini T15, avec forcément un plus petit moteur.
Côté français on note la présence de trois D.B Panhard dont une pour Marc Gignoux, notamment vainqueur du Tour de France 1952 avec la même marque, mais aussi d’une Simca 8 !
Les essais
C’est pendant les essais que va intervenir le fait marquant de ce Grand Prix de Monte Carlo 1952. En sortant du tunnel, Luigi Fagioli sort de la piste avec sa Lancia B20. Gravement blessé, il est conduit à l’hôpital. Il décédera des suites de ses blessures trois semaines plus tard.

Niveau chrono, Moss est en feu. Après la pôle au Grand Prix de Monaco 1952, le voilà en pôle également du Grand Prix de Monte Carlo !
Il devance pour le coup Bordoni sur son Osca, David Clarke sur une seconde Frazer Nash, Castellotti sur la première Ferrari et Valenzano sur la première Lancia.
La course
Le Grand Prix de Monte Carlo 1952 se tiendra le samedi. C’est la « petite » course et il ne faut pas voler la vedette à la grosse course du dimanche.
Bordoni s’échappe en tête suivi par les deux Frazer Nash. Manzon est en feu et commence une remontée magnifique. Il est le plus rapide en piste et signe le meilleur tour en course peu après. Il dépasse Moss puis Bordoni. L’anglais est par la suite victime de nombreux soucis et accumule les passages au stands. Il finit par abandonner au 47e des 65 tours.
Derrière, pendant une dizaine de tours c’est une grosse bataille qui oppose la Lancia de Valenzano et la Frazer Nash de Crooke. L’anglais s’en sort finalement vainqueur et complètera le podium.
Gordini remporte une victoire de prestige, sans se douter que la course du lendemain sera bien plus compliquée !




La fin des voitures de sport à Monaco
L’année 1952 sera au final la seule et unique apparition de ces autos de sport sur le circuit de Monaco. Les participants ont relevé le défi de faire oublier au moins pour quelques temps l’absence des F1.
Heureusement on peut les voir désormais au Grand Prix de Monaco Historique et souvent ce sont les « petites » qui croquent les grosses !





de Ménonville
Grand bravo à toute l’équipe-quel régal quand on a trempé dedans
· · 28 novembre 2019 à 17 h 59 min