Est-ce que ce serait la saison des grosses berlines à moteur V8 ? En tout cas, après l’interprétation allemande de la chose (avec un gros accent du midwest) et l’Opel Diplomat, voilà qu’arrive l’interprétation italienne. Comme l’allemande, ce n’est pas la première version de cette auto qu’on va prendre en main. La Maserati Quattroporte que je vais essayer est en effet la troisième génération, sur 6 et si ce n’est pas la plus originale ou la plus rare c’est en tout cas une de celles qui me plaît le plus.
Notre Maserati Quattroporte du jour
La première Maserati Quattroporte, dessinée par Pietro Frua, avait un air de Mexico (même si elles apparue avant). La seconde, confidentielle et avec des gènes de Citroën SM était bien fade malgré un dessin réalisé par Gandini pour Bertone. Notre Maserati Quattroporte du jour est révélée en 1976. C’est une des premières Maserati à la sauce argentine d’Alejandro De Tomaso. Son dessin est, cette fois, réalisé par Giugiaro. Et s’il vous rappelle quelque chose, c’est parce que les Biturbo (plus connues) qui suivront chez Maserati reprendront quelques traits de cette grosse berline.
Si elle est révélée en 1976, il faut bien attendre 1979 pour voir la « 4porte » arriver sur la route. Oui, 4porte, c’était son badge originel avant qu’elle ne revienne au plus classique Quattroporte en 1981. En tout cas, c’est une auto qui marque. Son dessin est dans l’air du temps et en la voyant on comprend de suite que c’est une grosse voiture… mais aussi qu’elle est dynamique.

Le dynamisme n’est pas forcément très visible sur l’avant… plutôt massif. Stylistiquement, elle est à part dans la gamme du trident et ne fait référence à aucun des coupés proposés dans le même temps. Le pare-chocs noir impressionne. Maserati n’est pas dans sa meilleure forme (comme maintenant en fait) et on ne propose pas un pare-chocs chromé pour l’Europe et un noir qui respecte les normes US, c’est ce dernier qui équipe toutes les Maserati Quattroporte à notre grand désespoir.
En dessous, rien à noter de spécial si ce n’est que la garde au sol semble haute. Les quatre phare sont originaux, sans bulles et carrés dans des orbites chromées. La calandre reprend un dessin très Maserati. Si sa forme n’a rien de très original, la petite pointe dirigée vers le trident est un gimmick propre à la marque, déjà vu sur les Mexico et les Maserati Quattroporte précédentes. Surtout, ce qui marque à l’avant c’est ce grand capot, très long et quasiment plat (même s’il est divisé en trois).



Le profil de la Maserati Quattroporte a quelque chose d’étrange. Le dessin de Giugiaro y apparaît comme une succession de lignes droites et c’est particulièrement visible au niveau de la découpe des vitrages et du pavillon. D’ailleurs, ces formes peuvent rappeler la De Tomaso Deauville qui était à la fois une cousine et une concurrente.
Mais c’est surtout sur les proportions que le profil de la Maserati Quattroporte est bien pensé. L’auto ne paraît pas si massive ni grande, vue sous cet angle. Pourtant elle mesure tout de même 4,91m de long ! En fait, ce sont les arches de roue qui peuvent donner cette impression puisque ces roues sont grosses et leurs arches montent assez haut. Vu que la voiture est plutôt basse (1,38m) mais avec une garde au sol haute, on a des flancs finalement « étroits ». Eux aussi sont barrés par des lignes droites nettement dessinées. La ligne de caisse qui part de l’avant, fait le tour de l’arche de roue avant et tronque l’arche arrière est une belle trouvaille.
Peu d’ornements sur les flancs de cette voiture de luxe. Les chromes sont limités aux baguettes qui encadrent les vitres et à celle du bas de caisse quand on retrouve aussi un très gros logo Maserati sur le montant de custode. Les poignées de porte, elles, sont presque trop discrètes.



L’arrière de notre grosse berline du jour est finalement l’angle le moins marquant de sa ligne. On pourrait y trouver des airs de voitures bien moins prestigieuses, genre Talbot Tagora. Oui ça fait mal quand on le dit mais finalement les lignes tendues à la mode au début des années 80 ont ce genre d’effet. La lunette arrière est grande et sa découpe est encore une fois tracée à la règle. Les feux n’ont rien d’original et le pare-chocs n’est pas plus joli que celui de l’avant.
On remarque simplement qu’il n’y a presque rien sous le pare-chocs à part les deux sorties d’échappement et que le principal ornement reste finalement le monogramme Maserati Quattroporte.
En bref, ce dessin est finalement étrange. On est dans les années 80, loin de l’élégance racée d’autos plus rondes. Mais le dessin n’en est pas moins marquant et convient parfaitement aux proportions de cette auto… et à sa vocation. D’ailleurs, on a pas parlé de sa couleur mais ce « marron glacé » lui sied à ravir et change d’un gris, d’un blanc ou d’un noir.



Technique : alléchant !
Ouverture de la salle des machines. C’est spacieux dis donc… mais c’est aussi bien rempli. La Maserati Quattroporte III n’a connu qu’une architecture moteur : le V8 et celui-là semble prêt à pousser fort.

Quand la précédente Maserati Quattroporte reprenait le moteur de la SM (et le châssis, jusqu’à la traction d’ailleurs), la Maserati Quattroporte III reprend le V8 de la marque. En fait deux versions sont proposées : un « petit » 4,2 litres qui sera abandonné au bout de deux ans et la cylindrée qu’on connaît mieux, le 4,9 litres.
Rappelons que ce moteur est un lointain dérivé du moteur des 450S de course de la fin des années 50. Forcément, il est assagi, ne serait-ce que par rapport aux Ghibli, Indy, Kyalami ou Khamsin. Ici, il sort 280ch et 392Nm. Bon point pour notre auto du jour : elle est dotée d’une boîte manuelle ZF 5 vitesse et pas de la Chrysler automatique à trois rapports.
Un gros moteur, c’est bien… et il faut bien ça ! Le châssis est très rigide. Développé par Dallara (l’ingénieur) pour la De Tomaso Deauville, ce n’est pas un modèle de légèreté, encore moins avec cette grosse carrosserie, ce gros moteur et tous les équipements. Résultat : plus de deux tonnes sur la balance. Et du coup, pas le choix, ce sont quatre freins à disques ventilés qui sont employés surtout qu’on parle d’une voiture qui fait le 0 à 100 en 9s et peut grimper à 230km/h ! Bref, oui, c’est alléchant.



Intérieur : première classe
Souvent ce sont les intérieurs des voitures anciennes que j’essaye qui me déçoivent. Notre Maserati Quattroporte du jour ne s’en tire que mieux quand j’ouvre sa porte. Clairement, c’est sympa (et c’est en bon état), c’est clair et original. En fait, c’est le luxe à l’italienne, comme le luxe anglais niveau matériaux avec cuir et bois au rendez-vous, mais dans une ambiance un peu plus latine… et avec des touches des années 80 quand même.

Quand on parle de touches des années 80, c’est au sens propre comme au figuré. L’habitacle de la Maserati Quattroporte est donc plein d’un beau cuir brun tandis que le bois très clair se fait presque discret mais on en trouve partout (et même en imitation sur la façade de l’autoradio). Et dans ce bois clair, on voit encore mieux les boutons. Pas de basculeurs métalliques ici mais des boutons noirs avec des indications dessus, assez claires d’ailleurs (ce n’est pas donné à toutes les anciennes) et puis on ajoute aussi les ventilations, autres « tâches » de noir dans cet habitacle.
Le gros morceau noir, c’est le bloc d’instrumentation. On aurait pu mieux l’intégrer au dessin mais c’est finalement dans le ton. C’est plus complet que sur certaines sportives avec température d’eau, voltmètre, température et pression d’huile, compte-tours et un tachymètre « laaaarge » gradué jusque 300 ! On termine avec le carburant puisqu’on retrouve la jauge, classique, mais aussi une aiguille donnant la conso instantanée. Le tout est installé derrière un volant Nardi, doux anachronisme qui est bien plus élégant que le massif volant noir à 4 branches d’origine.





Rien à redire sur les sièges. En parfait état, ils tiennent évidemment plus du fauteuil que du baquet. Même chose à l’arrière d’ailleurs. On est obligé d’y faire un tour et on retrouve la même ambiance. Accoudoir central, commandes de ventilation et on niveau assise, c’est royal. Pour ceux qui auraient peur de manquer de place, c’est vrai que niveau hauteur ce n’est pas folichon mais aux genoux c’est parfait puisque les sièges avant sont bien creusés.
Oui, elle est accueillante notre Maserati Quattroporte du jour. Mais on va retourner du côté du volant pour la suite.



Au volant de la Maserati Quattroporte
Cette fois je me cale dans le siège avant que je règle… avec les boutons, luxe suprême. Bien installé, je m’attache et je lance le moteur. Le gros V8 se met en route et on l’entend. Bien plus que le small block qui se retrouvait sous le capot de l’Opel Diplomat en tout cas. Attention, ce n’est pas un déchainement de décibels pour autant, surtout au ralenti. Il faut que ce soit suggestif sans heurter le voisinage… et cette Maserati Quattroporte était quand même une voiture des beaux quartiers. Alors c’est tout en nuances.
Ensuite je met la main sur le levier de vitesse. C’est certainement l’un des très bons points de notre Maserati Quattroporte. Une vraie boite manuelle, à 5 rapports, dans ce genre de voiture ce n’était pas si courant et puis on connaît quand même le côté pataud des boîtes autos de l’époque et avec un moteur qui présente ces caractéristiques (sur le papier) ce serait quand même dommage.
C’est forcément sur ce point que je m’attarde dans les premiers kilomètres au volant de notre italienne. À un rythme normal, le moteur est parfait et il n’en manque jamais. Une côte arrive ? Même pas besoin de rétrograder. Malgré le fait que la Maserati Quattroporte tienne de l’enclume niveau poids, rien ne semble pouvoir la ralentir. La boîte se manie parfaitement. Son guidage et son verrouillage sont excellents. Il n’y a que l’étagement qui puisse poser des questions quand on aborde un village mais, finalement, le V8 a tellement de couple que je n’ai pas besoin de rétrograder.



Les villages et autres bourgs pourraient être des hantises quand on connaît le gabarit de la bête. Mais si ce gabarit est XXL, c’est surtout pour l’époque. Finalement l’italienne est aussi grosse que beaucoup de SUV actuels et si eux ils passent, il n’y a pas de raison qu’on ne passe pas.
D’ailleurs, ça vaut aussi pour les ralentisseurs. J’avais noté que la hauteur de caisse de la Maserati Quattroporte était importante et sur ce genre d’exercice, ça se confirme, la grosse berline ne racle pas. Ça permet aussi de tester l’amortissement de la voiture. Alors on sent bien que l’auto est lourde sur les mouvements de caisse mais tout se passe bien au niveau des occupants choyés par les sièges autant que par les amortisseurs.
On continue sur la route. La Maserati Quattroporte file. En sortie de village, on se fait des petits plaisirs. Le pied droit s’enfonce tandis qu’on reste sur le même rapport et l’aiguille de consommation instantanée tend vers le rouge. Le bruit du moteur se fait plus présent. La mécanique prend des tours. Beaucoup de tours. C’est même étonnant d’évoluer à ces régimes dans une auto de ce genre. Et forcément, même avec autant de poids, ça pousse. On se retrouve vite à des vitesses très limites et on se dit que l’italienne devait être une reine de la file de gauche à son époque.



Côté limites, j’ai bien envie de voir un peu plus loin. Parce que si la Maserati Quattroporte est une bonne routière, ce dont je ne doutais pas trop, qu’est ce qu’elle donne sur de plus petites routes ? Des routes qui pourraient permettre à son moteur de causer vraiment ? Virage à droite, c’est parti sur une petite départementale. Là, c’est bon, je peux tirer sur le V8 sur les premiers rapports. C’est vraiment étonnant d’entendre la mélodie du V8 (feutrée tout de même) alors que l’auto pousse et pousse encore. La mise en vitesse est vraiment impeccable et le moteur est à l’aise.
Le reste de la voiture ? Ça se gâte un poil. Bon, les freins font leur travail. Il y a de la masse à ralentir mais le système est bien dimensionné et, ce qui m’étonne le plus, c’est qu’il est plutôt endurant et ne rechigne pas à recommencer. Après je ne suis pas dans un col de montagne et chaque village traversé est une occasion de plus de souffler.
Et le châssis ? Il est vraiment typé confort. Certes, il est rigide mais l’amortissement a bien du mal à contenir les mouvements de caisse de gros virages pris à bonne vitesse. Sur une nationale, ça passe crème, mais dès qu’on resserre le virage, c’est plus problématique et le poids se rappelle à notre bon souvenir avec un gros sous virage.



Allez, parenthèse refermée. On va cantonner le moteur à des relances sur des grands axes. Je n’ai pas l’occasion de « jouer » au feu rouge contre une berline plus récente mais la Maserati Quattroporte ne serait pas ridicule dans l’exercice (elle finirait par accuser son âge, c’est vrai). En tout cas la route défile. L’aiguille de consommation oscille entre le vert et le jaune en fonction de la pression de mon pied droit sur l’accélérateur et le V8 est une bande son agréable. De quoi avaler les bornes dans une classe certaine !
Conclusion
On s’en serait douté, la Maserati Quattroporte est une très bonne routière. Surtout, elle sait exploiter son moteur, venu de voitures bien plus sportives, pour être performante. Dans un confort réel, elle peut aller vite mais préférera largement les grands axes que les petites routes. Son gabarit et, donc, son poids l’handicapent réellement sur les chaussées plus petites. Performante donc, mais pas spécialement sportive.
On se retrouve aussi en face d’une voiture ancienne vraiment originale. Sur un créneau où les allemandes sont reines et les allemandes installées, elle a des arguments de choix pour tirer son épingle du jeu. Il faudra par contre vraiment être attentifs à tous les détails pour pouvoir en profiter. On en parle après.
Les plus de la Maserati Quattroporte | Les moins de la Maserati Quattroporte |
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Son moteur volontaire | Son poids |
Son intérieur acceuillant | Performante mais pas sportive |
Le confort | La fiabilité globale |
Le dessin élégant | |
Les performances globales |








Fiche technique | Maserati Quattroporte III |
Années | 1979-1990 |
Mécanique | |
Architecture | 8 cylindres en V |
Cylindrée | 4831 cm³ |
Alimentation | 4 Carburateurs double corps |
Soupapes | 16 |
Puissance Max | 280ch à 5600 trs/min |
Couple Max | 392Nm à 4000 trs/min |
Boîte de Vitesse | Manuelle 5 rapports |
Transmission | Propulsion |
Châssis | |
Position Moteur | Longitudinale avant |
Freinage | Disques Ventilés AV et AR |
Voies | AV 1525 mm / AR 1525 mm |
Empattement | 2800 mm |
Dimensions L x l x h | 4910 x 1890 x 1385 mm |
Poids (relevé) | 2025 kg |
Performances | |
Vmax Mesurée | 230 km/h |
0 à 100 km/h | 9,0s |
400m d.a | NC |
1000m d.a | 30,3s |
Poids/Puissance | 7,32 kg/ch |
Conso Mixte | ± 15 litres / 100km |
Conso Sportive | ± 20 litres / 100 km |
Prix | ± 25.000 € |
Conduire une Maserati Quattroporte
La Maserati Quattroporte III est donc beaucoup moins rare que les précédentes générations… et beaucoup plus rare que les suivantes. En comptant la version limousine et la Royale qui l’a remplacée à partir de 1987 (une évolution mieux équipée, plus luxueuse et plus puissante) on atteint 2155 exemplaires. Ça peut paraître peu mais on considéra que c’était une auto à succès puisqu’on ne s’attendait pas non plus à en vendre autant que des BMW Série 7.
C’est donc une voiture rare… mais pas forcément très chère. On trouvera de beaux modèles autour des 25.000€. Une voiture dans un état parfait et faiblement kilométrée pourra valoir le double. Les rares version 4,2 litres et toutes celles proposées avec une boîte auto seront un peu plus abordables. Mais il faudra les trouver !
Sinon, côté guide d’achat, il y a beaucoup de choses à surveiller. Les Maserati de l’ère De Tomaso n’ont pas forcément bonne presse et la Maserati Quattroporte en fait partie. La rouille peut vite ruiner une auto. De même, l’électricité peut vite représenter un souci avec des commandes en panne et des compteurs désespérément inertes. Plus que l’aspect de la voiture, il faudra contrôler son carnet d’entretien !
Pour info, celle-ci, qui ne présente pas de rouille et dont l’intérieur est nickel avec tous les compteurs qui fonctionnent et 31.500km au compteur, se retrouvera sous le marteau de Collector Cars Auction cet automne. Si elle vous intéresse, surveillez les catalogues.
Un grand merci à Richard et Marion pour avoir permis cet essai.









nounours8529
très belle voiture que cette maserati merci benjamin
· · 29 août 2024 à 19 h 40 min