Comment définit-on le prix d’une auto ancienne de course ?

Publié le par Benjamin

Comment définit-on le prix d’une auto ancienne de course ?

Le prix d’une ancienne, c’est quelque chose qu’on aborde régulièrement. Là, on va vous parler du prix d’une catégorie d’autos anciennes très particulière : celle des voitures de course.

Pourquoi on se pose cette question ? Parce que la semaine prochaine, ce sera le départ du Tour Auto 2021. Et on peut parier qu’une question qui reviendra souvent au passage des autos sera : « elle coûte combien celle-là ? ». Sans vous donner les prix de toutes les autos de la course, on va vous expliquer les différents critères qui permettent de donner le prix d’une auto de course.

Pour chacun d’entre eux, on demandera son avis à Frédéric Dubois, expert du réseau Classic Expert… dont c’est tout simplement le travail !

La base du prix : la base de l’auto de course

Ce n’est pas parce qu’on est dans une catégorie à part que cela doit changer. La plupart des autos de course, qui plus est quand on parle du Tour Auto, ce sont des voitures anciennes de route. Du coup, comme pour toutes les automobiles anciennes, c’est l’auto qui va faire une bonne part du prix.

Une Renault Dauphine ou une Ferrari 250 GT SWB sont deux bases différentes et c’est tout d’abord cela qui va faire le prix. La question est : dans quelle proportion ?

Frédéric Dubois : La proportion reste en général la même que pour une voiture de tourisme, il est bien évident qu’une Renault Dauphine se négociera sur une base bien moins élevée qu’une Ferrari, quel que soit le modèle par ailleurs.

La préparation fait-elle une différence ?

En course, c’est indéniable, au même titre que les capacités du pilote, la préparation de l’auto fera la différence. Une Jaguar Type E 3.8 litres sortie d’usine serait incapable de tenir le rythme de celles que l’on voit sur le Tour Auto. Et on ne parle même pas des monstres, presque des protos pour le coup, que sont les semi-lightweight qui s’invite régulièrement sur le podium.

Du coup, il y a certainement des préparations qui apportent de la valeur.

FD :
Ces autos restent des voitures de compétition, comme pour les modernes, la préparation est primordiale dans la mesure où l’on souhaite courir avec le véhicule. La performance est recherchée et fera la différence de prix. Un passeport technique est aussi obligatoire, ce précieux sésame permet en effet d’engager la voiture sur des épreuves historiques. Le fait que l’auto en ait un valide, ou qu’elle soit prête pour en obtenir un autre augmentera son prix.

Pour une auto de collection pure qui ne courra plus en compétition, une préparation d’époque un très gros avantage, il s’agit d’un objet historique et plus d’une machine de course.

Mais au delà de ça, est-ce qu’il est possible qu’une préparation dénature tellement une voiture ancienne qu’elle perde de la valeur ?

FD :
Là encore tout dépend de l’utilisation et de l’origine :

S’il s’agit d’un authentique véhicule de course « usine » avec palmarès, une préparation moderne dénaturera l’objet historique… il est même très apprécié de garder les stickers d’époque. En règle générale ces modèles ne sont plus utilisés en compétition, et deviennent des autos de concours ou de musée.

S’il s’agit d’un véhicule lambda préparé pour courir, l’approche est tout à fait différente, on recherchera la performance, la sécurité et la conformité aux règles actuelles. Ces véhicules n’ont en général presque plus aucune pièce reçu lors de leur fabrication.

La grosse question : l’importance des palmarès

Il suffit de regarder les ventes aux enchères. Quand arrive une auto de course, parmi les points importants à retenir, les maisons de vente mettent systématiquement en avant les palmarès des autos de course. D’ailleurs, ce ne sont pas que les victoires qui comptent, les engagements sur des courses prestigieuses sont également souvent mentionnés.

Quelle est donc l’importance de ces palmarès sur le prix ?

FD :
Pour une voiture de course authentique, son palmarès et son historique sont vraiment les points qui font la différence.

Mais même quand on parle de palmarès, tout n’est pas comparable. Plus la course et le pilote son prestigieux, plus la valeur est grande, toute proportion gardée bien entendu avec le modèle concerné. Encore une fois, une victoire de classe, d’époque, avec une Dauphine ou une Ferrari 250 n’est pas vue de la même façon quand on parle du prix.

Ça, c’est lorsque l’on parle d’une auto de course, qui a un palmarès attachée à son numéro de châssis. Mais existe-t-il une influence pour les modèles similaires ?

FD :
Oui, certains sur modèles l’influence des victoires ou participation à des courses influe grandement sur les modèles similaires et sur les modèles de série, comme les Audi 100 Quattro, Alpine A110 et dans un autre registre la Bugatti 35.

En revanche, pour d’autres modèles au palmarès très fourni, l’influence de la compétition reste négligeable. Prenons l’exemple de la 504 berline, aujourd’hui une TI GROUPE 2 « usine » est absolument introuvable, même les pilotes de l’époque en recherchent et n’en trouvent pas !!! Mais la 504 TI de série ne bénéficie pas de cette aura et présente une valeur sur le marché sans plus-value particulière liée aux nombreuses victoires du modèle.

Si on se focalise maintenant uniquement sur les courses historiques, est-ce que le palmarès est toujours aussi important. En reprenant l’exemple des Jaguar Type E du Tour Auto, on ne peut pas dire que le palmarès d’époque de ces autos soit énorme. Pourtant, ce sont des reines des courses historiques. Est-ce que cela fait monter le prix ?

FD :
Dans ce cas de figure, nous nous rapprochons du marché de l’automobile de compétition moderne. L’acheteur recherche une voiture pour courir, donc performante. Si le modèle gagne en rallye historique, c’est une preuve d’efficacité du matériel, donc le modèle sera certainement plus recherché.

Et est-ce qu’une auto au palmarès déjà fourni en historique sera plus chère qu’une autre, de provenance et de préparation équivalente ?

FD :
Posons-nous la question : A choisir entre deux autos équivalentes, l’une avec un palmarès, et l’autre sans résultat laquelle choisiriez-vous ? A coup sûr celle qui gagne, par conséquent son prix s’en ressent.

Si l’auto a un palmarès d’époque ET un palmarès en historique, cela arrive quand on parle du Mans Classic ou de Goodwood Revival par exemple, c’est un vrai coup double… mais ces autos là sont encore plus rares !

Les pures autos de course

Pour le moment, on vous a parlé des voitures anciennes de course qui peuvent se retrouver sur les routes. Pour toutes celles-ci, on pouvait parler de l’auto routière justement comme une base de prix. Ce sont les plus faciles à estimer puisqu’il existe une cote de ces autos.

Maintenant on va aborder le cas très particulier des autos qui ne sont pas des dérivées d’autos de route. On met dans cette catégorie toutes les monoplaces, les protos des 24h du Mans ou même les autos des championnats de tourisme qui n’ont plus rien à voir avec les autos de route.

FD :
Il s’agit d’un marché très particulier. Chaque cas est unique en fonction de la marque, du modèle, de sa catégorie, du palmarès, de la clarté de l’historique, des pilotes ayant couru sur le véhicule… ce sont des équations dont le résultat ne sort généralement que dans les salles de ventes et pas grand monde ne peut donner à l’avance le résultat exact.

L’état de la voiture ancienne de course !

Et oui, on en a pas encore parlé, mais il est évident que l’état de la voiture de course sera important. C’est certainement un des points clés lorsqu’on parle du prix d’une voiture ancienne en général. Mais est-ce que l’usage particulier qu’on fait de ces autos en course n’atténue pas les différents états ?

FD :
Pour un véhicule historique à palmarès, parfois qu’une seule course, l’état d’origine sera prioritaire. Cette auto doit même garder les stigmates de la course : coups sur la carrosserie, adhésifs et peinture d’origine. Suivant la ou les épreuves remportées et suivant le modèle ces objets historiques sont très demandés et peuvent atteindre des sommets en terme de valeur, même si le véhicule n’est pas fonctionnel, car de toute façon il sera voué à être conservé en l’état et peu ou pas rouler.

Pour une voiture amenée à courir c’est son degré de préparation et la possession du passeport technique qui fera la différence.

En effet, la notion d’authenticité et de conservation de l’objet sont moindres, les pièces constituant le véhicule sont très sollicités en compétition et beaucoup de pièces doivent être remplacées à chaque épreuve, ces voitures-là n’ont quasiment plus aucune pièce montée lors de leur sortie d’usine.

Conclusion

Encore plus qu’avec une auto de route, les critères sont nombreux pour réussir à donner le prix exact d’une auto de course. Pourtant il ne faut pas négliger ces différents points !

Évidemment ce sera important au moment de la vente de l’auto ancienne de course où le vendeur ne doit pas sous-estimer la valeur de sa belle… et l’acheteur ne doit pas sur-payer une auto dont le palmarès est flou et la préparation fantaisiste.

Et puis n’oubliez pas que, comme pour les autos de routes, les autos de course sont aussi à assurer. Qu’elles prennent la route ou ne fassent que du circuit, il faudra donner la bonne valeur à son assureur. On assure pas une MG B FIA comme une MG B classique. Sinon vous pourrez avoir des problèmes au moment de déclarer un sinistre, avec le camion d’assistance par exemple.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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