Au volant de la Honda S800, une puce au compte-tour démoniaque !

Publié le par Benjamin

Au volant de la Honda S800, une puce au compte-tour démoniaque !

Une puce à la mode japonaise. Mi-auto, mi-moto. Ça faisait longtemps que je voulais essayer une de ces petites autos, pour voir. La recherche n’a pas été si longue et j’ai finalement pu essayer une Honda S800… et faire le plein de sensations vraiment à part.

L’histoire de la Honda S800

En fait on ne va pas vous refaire toute l’histoire de la Honda S800 puisque c’est déjà sur le site : La Honda S800, une japonaise à l’assaut de la France.

Un résumé ? Ok. Honda s’attaque à l’automobile au début des années 60. Avec un utilitaires, mais très vite des sportives. La S360 ne verra pas le jour en série, au contraire des S500 et S600 qui utilisent un moteur de moto à peine modifié et une transmission par chaîne… avec déjà le design de la future S800.

C’est une sportive qui va s’exporter, au contraire des précédentes. Elle troque également sa transmission par chaîne pour un arbre rigide. Le moteur est vraiment développé pour elle mais reste sur rouleaux, avec des régimes hauts et une puissance spécifique énorme, bref des attributs de moto. Elle vise les sportives à moteur 1300 en Europe, que ce soit au niveau perf ou au niveau prix. Ce sera un succès puisque la Honda S800 sera vendue à 11.406 autos dont un quart sur le marché français !

Notre Honda S800 du jour

Une vraie auto dans 3.34 m !

La Honda S800 ressemble bien à une voiture. Oui on pourrait croire que cet extraterrestre de la route serait très originale par son design, mais non. Son but était de s’exporter et de faire connaître la marque Honda. Du coup, mieux valait viser juste et bien cibler la clientèle. En tout cas elle ressemble à une auto qui est loin… même quand on s’approche. Ce n’est que quand on a le nez dessus qu’on se rend vraiment compte… qu’elle est minuscule ! 3.34 m de long, 1.4 mètre de large et 1.2 mètre de haut ! C’est vraiment tout petit et ça contribue à son charme.

La ligne n’est pas droite et adopte un dessin très sympa. Il fallait aussi qu’elle puisse être déclinée en cabriolet. La ligne du coupé met vraiment tout à l’arrière. L’habitacle est très reculé, le capot relativement long… du moins dans les proportions. Le porte à faux très réduit à l’avant et plus grand à l’arrière y contribue également. Ces mêmes proportions qui donnent une impression de pavillon haut, alors même qu’il culmine à seulement 1.2 m !

L’avant est particulièrement réussi, notamment ces feux à la forme particulière… obtenue grâce à entourage chromé. Le chrome est bien présent, ce qui est étonnant sur une auto si légère. La Honda S800 s’en pare pour la calandre, les pare-chocs, les rétros, le bouchon de réservoir et des joncs sont insérées dans les joints autour des vitrages.

À l’intérieur, presque rien ne manque

L’intérieur de la Honda S800 n’est pas le plus joyeux qui soit, on le dit de suite. Ni le plus luxueux. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande. Si vous voulez des aérateurs chromés et du bois, cherchez une anglaise qui pèse trois fois le poids de notre puce. Quelques touches de chrome viennent à peine égayer le tout. En tout cas, dans cet habitacle on retrouve en évidence un énorme volant. Alors soit il est vraiment grand… non en fait c’est tout autour que c’est petit. Je vais m’en rendre compte très bientôt.

La voiture de Jean-Pierre a une particularité : elle embarque un arceau.

La salle des machines est presque grande

Ouvrir le capot d’une Honda S800 c’est accéder à un très grand compartiment moteur… une nouvelle fois quand on regarde l’auto dans son entièreté. Le moteur n’est pas énorme en soit, c’est un 791 cm³, mais son admission prend de la place. Quatre cylindres… quatre carbus ! Ce sont des Keihin et il est vrai qu’ils en imposent, avec en plus une grosse boîte à air juste devant eux.
La boîte est rejetée à moitié sous le tablier et à moitié dans l’habitacle. Avec les roues avant très avancée, la mécanique est ainsi placée bien au centre de notre japonaise du jour. Un bon point pour l’équilibre. Reste maintenant à voir comment ce fameux moteur va chercher ses tours.

Au volant de la Honda S800

Échauffons nous !

Si un jour vous voulez vous installer au volant d’une Honda S800 j’espère pour vous que vous êtes plutôt du format demi de mêlée que deuxième ligne et que vous êtes un peu souple. Pas facile de rentrer dedans, la version cabriolet doit être plus facile d’accès. La portière courte n’aide pas dans la manœuvre. On y parvient tout de même et une fois la porte fermée… faut pas être clostro !

L’habitacle n’est pas large du tout et tout y est à l’image de l’auto : petit. Tout ? Non le volant fait exception. D’ailleurs le volant est bien perpendiculaire au tableau de bord et dans l’axe de la route. Simplement pour ça il est décalé sur la droite. Sachant que pour une fois les pédales ne le sont pas, on se retrouve avec les bras légèrement désaxés du reste du corps. Pour moi c’est une première.

Le moteur démarre du premier coup. Maintenant, la pédale d’embrayage, hola. Le toucher est déroutant, elle n’offre que peu de résistance et va au bout tout de suite. Je note. Ensuite main sur le minuscule levier de vitesse. Bien placé à portée de main, il mesure une quinzaine de centimètres de haut tout au plus ! La première rentre du premier coup. Et c’est parti. Dès le premier coup d’accélérateur, le moteur part dans les tours ! Mais alors bien ! Ça arrive souvent quand on accélère trop et qu’on a du mal à cerner l’embrayage. Alors pour la seconde partie, oui, mais pour la première… nan en fait l’auto est comme ça. Je passe la seconde à 5000 tours. La troisième au même régime… et je ne tire même pas dedans.

A ces régimes déjà élevés pour bien des sportives l’auto reste « normale ». N’espérez pas le couple, ce n’est pas son truc. Rabattez vous sur un diesel, qui de toute façon ne pige rien à ces régimes de rotation. Nous voilà arrivés sur une route plus large, on se cale à 80 km/h en 4e… à 4000 tours / minute !

Où est-ce qu’on s’arrête ?

Une fois la partie de route larges et les photos terminées, c’est le moment de tester vraiment le comportement de notre Honda S800. Les routes larges sont bien pour elle, testons maintenant les toutes petites routes. Avec son empattement de puce et ce moteur à cravacher, c’est certainement là qu’elle excelle.

Bingo. Première, on s’arrête à 5000, et seconde. Là c’est pied au plancher. La petite puce pousse. Peu d’autos de 80ch peuvent dire cela. L’aiguille du compte tour grimpe. 6000, ça pousse encore, 7000, toujours, 8000 encore un peu. 8500, la puissance max est passée et avant d’attaquer une zone rouge qui ne sert à rien je passe la 3e. La petite auto pousse toujours. Freinage, plutôt bon sans être trop mordant et voilà le virage. La Honda S800 tourne sans problème. La direction est légère et semble pas mal démultipliée. Le volant est grand et permet de bien la placer.
L’avantage du peu de couple et du peu de puissance c’est que je peux mettre pied dedans sans avoir peur de dessiner des bananes dans le bocage nantais.

Je joue encore avec ce moteur. De toute façon il est fait pour ça ! La sonorité est dingue, bien aidée par un pot Devil à échappement latéral. La petite puce a besoin d’être relancée sans cesse, le maniement du petit levier ne sera pas un frein. Et ce moteur tire, tire… un vrai bonheur que je connais pas bien, n’étant pas motard pour un sou.
Je continue sur ces petites routes, encore et encore. C’est un vrai bonheur et même Jean-Pierre le propriétaire et passager a l’air de s’amuser sur le siège passager.

Toutes les petites routes mènent aux grandes…

Dommage, on finit par rejoindre une route plus grande. 8 kilomètres de large départementale. Sorti du village et vitesse calée… on voit un autre visage de l’auto. Rouler à 4000 tours en 4e n’est pas forcément un problème de consommation, la Honda S800 a donc un petit moteur. Par contre à la longue, le bruit est un peu fort… l’oreille gauche en a raz le bol à un moment. Mais bon, on repasse dans un bourg. Attention aux ralentisseurs, l’amortissement est bon mais à l’arrière il est un peu raide. Heureusement, à la sortie… et il faut ré accélérer ! Youpi !

La route s’élargit encore plus, elle se dédouble même et j’y vais franco. 110 km/h, sans soucis. Par contre… est-ce qu’il faut aller plus loin ? La direction reste souple et directe, mais surtout démultipliée. Le moindre petit coup de volant fait bien bouger l’auto. Les empattements courts n’étant pas forcément les plus à l’aise à haute vitesse, on fera attention.

Conclusion : une puce vraiment à part

Quelle auto pourrait ressembler à une Honda S800 ? Bonne question. Ce moteur qui grimpe dans les tours est vraiment particulier. Et contrairement aux V8 au cheval cabré, la puissance reste minime. Mais avec une auto légère c’est un pied. La S600 avait un vrai moteur de moto, la S800 n’en a gardé que le meilleur. Des tours minutes et un caractère pointu qu’on aurait du mal à transposer sur une autre auto, plus lourde et moins équilibrée.

Vraiment une auto sympa, pas faite pour tous les gabarits ni toutes les utilisations. Mais si elle vous convient, essayez, vous risquez d’aimer !

Rouler en Honda S800

On l’a dit précédemment, la Honda S800 est une auto plus courante en France qu’ailleurs vu qu’un quart de la production s’y est retrouvée. Une production qui reste quand même relativement restreinte, et partagée entre les coupés et les cabriolets. Ces derniers sont une autre auto, à mettre en face des petits roadsters anglais, Midget et Sprite en tête.
Le coupé a en définitive moins de concurrence directe… Peut-être des berlinettes, mais avec une définition et un pilotage différent.

Si la Honda S800 était relativement peu onéreuse à l’époque et très compétitive comparée à ses concurrentes, c’est aujourd’hui moins le cas. Elle a d’indéniable qualités… et ça se sait ! Elle peut se trouver sur une large plage allant de 18 à 30.000 €. La plupart des exemplaires sains seront à saisir entre 20 et 25.000 €. Les plus beaux peuvent monter au dessus, mais certains se montrent vraiment gourmands. A noter qu’elle est de plus en plus présente dans les ventes aux enchères.

Il faudra par contre s’armer de courage en faisant une fausse bonne affaire avec une auto à restaurer et/ou incomplète. Les pièces ne sont pas faciles à trouver et le moteur sur roulement peu poser des soucis à des mécaniciens autos habitués aux coussinets.

Image
Note 3- Honda S800
Entretien
Note 2- Honda S800
Plaisir de Conduite
Note 4- Honda S800
Ergonomie
Note 2- Honda S800
Facilité de conduite
Note 4- Honda S800
Les  PlusLes Moins
Ce moteur !Inaccessible aux grands gabarits
Caractère uniquePièces dures à trouver
Très agileBruyante
Originale à souhait 
 Note Totale
Note 16 20- Honda S800
Fiche Technique de la Honda S800
MécaniquePerformances
Architecture4 Cylindres en ligneVmax156 km/h
Cylindrée791 cm³0 à 100 km/h​19 s
Soupapes8400m da18,5 s
Puissance Max78ch à 8000 tr/min1000m da35,3 s
Couple Max67 Nm à 6000 trs/minPoids / Puissance12.2 kg/ch
Boîte de vitesse4 rapports manuelle  
TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte6.5 L/100 km
Position MoteurLongitudinale avantConso Sportive13 L/100 km
FreinageDisques pleins AV et tambours AR  
Dimensions Lxlxh334 x 140 x 120 cmCote 196610.000 frs
Poids755 kgCote 201820.000 €

Photos : News d’Anciennes

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Flückiger Marc

    Le modèle « actuel »le plus proche point de vue conception et comportement est le coupé Smart roadster avec seulement 100 kg de plus pour 82 à 101 cv et 110 à 130 Nm pour 698 cm3. Certes il ne monte pas aussi haut dans les tours et sa boite à vitesses est un peu lente, mais ce n’est que du plaisir à conduire et le confort est tout à fait correct.

    Répondre · · 3 décembre 2018 à 21 h 29 min

    1. NOCETTI

      J’ai eu l’insigne honneur de posséder une S 800 en … 1972, et l’arrière-pays niçois était le terrain de jeu idéal pour cette fantastique auto. Quel pied ! Sauf qu’un jour, la crépine de pompe à huile, mal placée, a entrainé une casse moteur à un feu rouge à Marseille ! J’ai retrouvé un peu les mêmes sensations quelques décennies plus tard, le régime moteur en moins, avec deux Smart coupé Roadster, là encore que du plaisir. D’ailleurs, je ne sais pas ce qui ne retient d’en acheter une troisième. Et dans un autre genre, mais toujours avec la banane, tout autant de plaisir, la puissance en plus, avec un coupé Z3 2.8, que du bonheur. Hélas, les prix de la S 800 ont flambé quand on en déniche une belle, sans parler des pièces introuvables, mais quelle fabuleuse auto pour l’époque !

      Répondre · · 2 novembre 2020 à 21 h 17 min

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