J’ai vu passer un étrange post sur les réseaux sociaux annonçant que Stellantis serait sur le point de faire renaître la marque Talbot, s’appuyant sur une demande d’enregistrement auprès de l’INPI. Ne comprenant pas pourquoi le groupe embourbé dans la segmentation de ses 14 marques se risquerait à une telle cascade, j’ai pris 5 minutes pour fouiller, et trouver la réponse.
Talbot, l’enfant pas tout à fait désiré
Revenir sur l’histoire de Talbot, c’est revenir sur une période pour le moins tumultueuse pour le jeune groupe PSA. Alors, allons-y gaiement, je vais vous faire un petit résumé. Nous sommes à la fin des années 1970, Peugeot a déjà racheté Citroën à Michelin, sous la pression du gouvernement français, et commence tout juste à sortir la tête de l’eau.
Toutefois, la situation politique en France commence à évoluer sérieusement, on sent pointer l’arrivée de la gauche au pouvoir, et dans un mouvement purement défensif, PSA va se porter acquéreur de Chrysler Europe, pour l’astronomique somme de 1$. En effet, Chrysler, qui avait fait ses courses sur le vieux continent dans les années 60 en prenant le contrôle de Barreiros en Espagne, du groupe Rootes au Royaume-Uni et de Simca en France, n’a jamais réussi à gommer les disparités et a cumulé les dettes.
Le troisième constructeur américain veut se débarrasser de sa succursale européenne, devenue trop encombrante, et le groupe français y voit un bon moyen de se rattraper à peu de frais sur les marchés où il est en retard sur l’ennemi au Losange (en Espagne ou au Royaume-Uni, Peugeot et Citroën ont à cette époque encore du mal a rivaliser avec Renault). Et au passage, la transaction prévoyant une entrée au capital de PSA à hauteur de 15% de Chrysler, la nationalisation tant crainte en cas de changement de majorité disparait. De plus, en terme de volumes de production, PSA devient alors le premier constructeur européen et troisième mondial, belle progression, pour un dollar !
Malheureusement, niveau timing… Avec le recul, on se dit que la finalisation de la transaction en 1978 était du pain béni pour Chrysler, mais qu’elle signait l’arrêt de mort d’un PSA devenu tentaculaire. En effet, quelques mois après le rachat, le deuxième choc pétrolier vient semer la zizanie dans le monde, et l’industrie automobile est une des premières à en faire les frais.
PSA se retrouve dans la tourmente, et il est impossible de laisser les coudées franches à Talbot qui se trouve drastiquement rationalisé, avec un réseau de distribution intégré au réseau Peugeot, sans grand enthousiasme des concessionnaires, et des produits en pleine crise d’identité (notamment, l’Horizon qui, contractuellement, doit toujours conserver le Pentastar). De plus, il s’avère qu’il n’y a rien dans les étagères de Chrysler Europe, la mariée était trop belle. On finit de boucler le seul projet en cours, la Tagora, en lui greffant les éléments mécaniques de la 604 et de la 505, et on file un gros lifting aux 1307/1308, devenues 1510 et on en dérive la Solara.



Même si la Samba, version revisitée de la 104 va doper les ventes, le groupe est en crise. PSA mise tout sur deux projets, la 205 et la BX pour sortir la tête de l’eau, et on donne le projet C28 à Poissy, histoire de calmer les conflits sociaux, mais l’avenir de la marque est en péril. Elle va s’étreindre peu à peu, en commençant par la France, en 1986, puis l’Espagne en 1987. Seul le Royaume-Un fera de la résistance, en commercialisant l’Express (clone des J5/C25) jusqu’en 1993 !
Un retour aux affaires ?
Revenons-en à nos moutons, Talbot, reviendra ? reviendra pas ? Le site de l’INPI nous permet de comprendre un peu plus de quoi il retourne. Tout d’abord, la marque Talbot est toujours déposée sur le continent européen, et ce, depuis 1979, comme l’atteste ce formulaire d’enregistrement, la prochaine échéance de renouvellement est fixée à 2029.
Cependant, si vous prenez le temps de lire le document en question (et vous êtes des grands, je vous laisse vérifier par vous-mêmes), vous remarquerez un détail pour le moins incongru : la marque est déposée partout, sauf en France ! En effet, le dépôt de marque avait expiré en 1994, comme nous l’indique un autre formulaire.
Donc, la seule chose que l’on puisse tirer de cette demande de marque déposée, c’est juste que Stellantis veut combler un énorme trou dans la raquette de sa propriété intellectuelle, mais en aucun cas que la marque va être ressuscitée.
elbaresi
Talbot et pourquoi pas Simca pendant qu’on y est ? Enfant dans les années 70/80, élevé dans une famille où tout le monde roulait en Simca, je n’avais pas compris pourquoi cette marque disparaissait au profit de Talbot.
Je ne comprends pas la logique de ce groupe qui a créé DS pour ne pas en faire grand chose et qui se dit maintenant on va relancer Talbot.
Et pourquoi pas Autobianchi en Italie et les autres marques anglaises de feu le groupe Rootes Humber / Hillman / Singer / Sunbeam ?
· · 30 janvier 2025 à 13 h 14 min
denis
perso je ne trouve pas que l’horizon soit un mauvais modèle! a l’exception de la boite qui est fragile, ses synchros !
par contre les versions AVANT peugeot étaient dôtées de plusieurs avantages (phares à iode, vitres électriques, et plus…) qui peugeot s’est empressé d’enlever !! c’est d’une intelligence ………
· · 30 janvier 2025 à 16 h 55 min
FanAlpine
Au cas où, ça évitera des années de procédures comme ce fut le cas avec Alpine, marque déposée de Talbot en Angleterre (Sunbeam Alpine)
· · 30 janvier 2025 à 19 h 12 min
Talbot
Bonjour, l’historique que vous faites semble très éloignée de la réalité des enjeux de l’époque. Je ne saurais que trop vous conseillez de prendre vos informations auprès de ceux qui ont fait l’histoire de ces marques pour partager du concret dans vos articles. Nos anciens ne sont pas éternels et même si #Michelretal est un puits de connaissance, il s’éteindra aussi un jour.
· · 1 février 2025 à 11 h 52 min
fifi93teba
Et pas SIMCA et pas PANHARD ?
· · 4 février 2025 à 11 h 56 min