L’achat d’une ancienne est toujours un grand événement pour un passionné, peu importe l’état ou le modèle. Une fois l’affaire conclue, elle est à vous mais il faut pouvoir ramener la belle. Aujourd’hui, nous partons chercher une Jaguar Mark II au fond d’une grange en Bretagne.
Des mobylettes à la Jaguar
J’ai rencontré Tom lors de mes études dans le Morbihan. A l’époque, nous avions 18 ans et c’était un fondu de mobylettes Motobécane. Il m’a aidé à trouver mon Solex et à le remettre en route. Puis c’était au tour d’une mob, une Motobécane N 40 TS dont je vous parle ici. Il a donc considérablement contribué à nourrir ma passion pour les anciennes.
Ensemble on est parti à la recherche de pièces pour nos machines aux Puces de la Beaujoire et à la Bourse du MIN à Nantes, on a fait plusieurs fois le Tour de Bretagne et un grand nombre de balades en mobs.

Plus récemment j’ai fait l’essai complet de sa Motobécane 50 VL de 1977. Une chouette mobylette à découvrir par ici.

Tom a commencé à bricoler et restaurer des anciennes seul dans le garage de ses parents. Petit à petit, Tom est monté en compétences. Récemment il a commencé la restauration d’un Land Rover Defender récupéré au fond d’une forêt. La rouille a fait un beau gruyère dans les longerons. Il a sauvé l’auto en coupant la partie arrière du châssis devenu « superleggera », pour souder une neuve.
Il y a quelques semaines, Tom voit passer l’annonce d’une Jaguar Mark II à restaurer. Le projet est tentant. Il se renseigne auprès de propriétaires de ce modèles, ses spécificités et les points d’attentions. Il va la voir, estime les travaux à effectuer et fait une offre. Le temps passe et le confinement reprend. Finalement, le propriétaire de l’auto le rappelle et accepte. La transaction est effectuée et il n’y a plus qu’à aller récupérer la Jaguar.
Délivrer la belle aux bois dormant
Si vous êtes chanceux, votre auto est en bon état, pas bien loin et peut prendre la route sans trop de risques. Dans ce cas, Benjamin vous donne tous les conseils pour redémarrer une ancienne et la ramener :

En avoir les moyens techniques
Dans notre cas, notre Jaguar est arrêtée depuis plus de 20 ans, il est donc impossible de repartir avec par la route. La belle est donnée pour 1 448 kg et elle est accompagnée d’un lot de pièces plutôt encombrant. Evidemment elle ne se sera pas tractée par une Renault 5.
Attention : vérifiez que votre véhicule et votre remorque aient bien les capacités pour effectuer cette tâche en toute sécurité. De plus, si vous ne disposez que d’un permis B, la somme des PTAC (soit le poids de votre auto, la remorque et sont chargement) doit être inférieur à 3 500 kg. Au-delà, il vous faut un permis B code 96 (soit une formation de 7h) et BE lorsque la somme des PTAC est supérieure à 4 250 kg.
Pour ramener notre Jaguar Mark II à bon port, Tom peut compter sur sa remorque de 18 m². C’est amplement suffisant pour charger une auto de ce gabarit (4,59 m de long pour 1,69 m de large) ou en faire un logement étudiant. Elle pèse 700 kg pour 2,8 tonnes de charge utile. Bien évidemment, la clé de cette opération c’est son Nissan Patrol. Retrouvez l’essai de ce formidable 4×4 en cliquant ici. Avec sa capacité de traction de 3 185 kg, il sera tout à fait à l’aise pour tirer l’ensemble :
- Jaguar Mark II : 1 448 kg
- Remorque : 700 kg
- Pont avant supplémentaire: 150 kg
- Pont arrière et boîte de vitesse supplémentaires : 200 kg
- Autres pièces diverses 150 kg
Au total le Patrol aura 2 648 kg à tracter ! Un exercice parfait pour apprécier les qualités de ce type de véhicule.
Bien se préparer
L’idée est de ne pas se retrouver en panne sur le bord de la route avec deux autos à dépanner. Pour cela :
- Vérifier la pression des pneus du véhicules tracteur et de la remorque.
- Emmener une roue de secours gonflée pour la voiture ET la remorque.
- Faire les niveaux être à jour de l’entretien
- Avoir les fluides nécessaires en cas de défaillance (huile moteur, huile pour pont, liquide de refroidissement).
Maintenant, concernant l’auto à aller chercher :
- Une paire de gants.
- Le nécessaire en sangles et cliquets pour bien accrocher l’auto et les pièces
- Une grande couverture épaisse pour charger le coffre de pièces sans tout abîmer.
- Un treuil pour monter l’auto sur la remorque
Evidemment, votre meilleur allié sera votre ami vous accompagnant : un passionné d’anciennes, habitué de la démarche, plein de bonnes idées en cas d’imprévus et surtout avec qui partager cette formidable expérience !

Place à l’action !
Maintenant que tout est prêt, en route ! Il faut ramener la Jaguar de Plouescat, dans le Nord du Finistère, à Quimper plus au Sud de la Bretagne. Sur le papier, à peine une centaine de kilomètres, soit 1h20 de route. Avec une remorque, c’est une toute autre affaire !
En arrivant, nous sommes chaleureusement accueillis avec un bon café. Ensuite, on attaque la première étape : le chargement de la voiture. Tom bascule le plateau, déroule le treuil et le branche sur la batterie du Nissan Patrol encore tournant. Heureusement que le treuil est là. En effet, on a bien tenté de le soulager un peu en poussant l’auto, sans constater de réel changement.
Pendant que Tom harnache la Mark II, on remplit le coffre de la Citroën C2, la voiture suiveuse. On pose les ponts, la boîte et des ressorts à lames sur la remorque. On fixe consciencieusement le tout. On vérifie plutôt deux fois qu’une et nous sommes repartis.





Sur la route du retour, aucun problème, c’est une affaire qui roule ! Une fois rentré, on décharge le tout. On rentre l’auto au sec. L’opération est un peu plus délicate, il faut pousser sur des graviers et nous ne somme pas trop de trois pour faire cela. Le passage d’une souche nous donnera un sacré coup de chaud, malgré les cinq degrés.



Notre voiture du jour
Cette Jaguar Mark II est un modèle de 1967, en conduite à gauche. La berline est propulsée par un moteur 6 cylindres en ligne de 2,4 L pour 120 ch. Malgré ses nombreuses innovations de l’époque (caisse autoporteuse, roues arrières indépendantes, freins à disques sur les quatre roues…), la boîte de vitesse 4 rapports est non synchronisée. Cependant elle est agrémentée d’une option overdrive.
La Mark II a aussi connu une version 3.8L, elle est alors surnommée « la berline la plus rapide du monde » ! Elle est par ailleurs à l’affiche de l’édition 2021 du Tour Auto Optic 2000.
L’automobile appartenait à un antiquaire qui s’en servait pour livrer ses meubles, d’où l’attelage « maison ».Elle a été arrêtée en 1998, avant d’être rachetée pour être restaurée. Lorsque les papiers ont été signés, son propriétaire d’alors avait 90 ans, portait un chapeau à la Davy Crockett et un révolver à la ceinture… Ambiance ! Aujourd’hui cette auto change de main car son charmant propriétaire souhaite se concentrer sur la Coccinelle qu’il offert à sa femme. Une délicate attention ! C’est donc Tom qui récupère le projet.
La Jaguar présente une patine assez incroyable. Ce n’est pas la Collection Baillon mais il faut avouer que un tel état est assez galvanisant. Pour preuve, l’auto est complète, la caisse et le châssis sont sains.




La prochaine étape sera le redémarrage de cette Jaguar et un diagnostic plus précis des travaux à effectuer. Une restauration que nous vous ferons suivre sur News d’Anciennes.

philippe
Bon courage pour la remise en route. J’ai sorti une S de 1967 de grange, malheureusement le liquide de refroidissement avait cristallisé et dévoré un peu de l’alliage de la culasse, il a fallu la changer, une culasse non Straight-Port n’est pas facile à trouver. Cette Mk2 2.4 si elle est de 1967 dispose d’une boite Jaguar synchronisée – à partir de 1965 en fait. Le moteur donne 120cv SAE gross, environ 96cv DIN. 133cv Gross – environ 100cv DIN c’est la puissance de la 240, c’est à dire la même avec pare-chocs fins, carburateurs SU à la place des solex verticaux, et culasse Straight-Ports au lieu de B produite en fin de série.
· · 19 janvier 2021 à 18 h 22 min
Jacques Lucarelli
Bonsoir,
J’ai connu ce genre d’aventure avec mes deux anciennes. Avec succès, elles roulent aujourd’hui sans problème, car je les ai remises strictement en état d’origine.
Bon courage et bonne route au nouveau propriétaire!
· · 19 janvier 2021 à 21 h 53 min
Claude
Bonjour, Vous parlez de boite et de pont. Quel modèle de boite et de ponts? J’ai remis en route une Jaguar 420 arrêtée pendant 10 ans. La MK2 c’est presque plus simple (au moins pour les freins AR). Félicitations et bon courage, c’est un boulot sympa.
· · 20 janvier 2022 à 22 h 03 min