Simca, une marque oubliée de la collection ?

Publié le par Benjamin

Simca, une marque oubliée de la collection ?

Merci Epoqu’Auto 2021 ! Le salon lyonnais a mis en avant la marque Simca et il faut bien dire que c’est une initiative remarquée et remarquable. Remarquée car le plateau était de qualité. Remarquable car les événements mettant en avant la marque à l’hirondelle sont bien rares, et ce, quelle que soit l’ampleur de l’événement ! Alors pourquoi est-ce qu’on « oublie » si souvent la marque Simca ? Éléments de réponse.

EpoquAuto 2021 par News dAnciennes-

Toutes les Simca d’Epoqu’Auto :

Epoqu’Auto 2021, record bien mérité

Peugeot, Citroën et Renault… existent encore

Les trois marques françaises sont des références. Toujours présentes depuis plus de 100 ans, elles continuent de produire des voitures neuves. Et ça fait une sacré différence. S’il y a 50 ans la marque Simca était une enseigne connue de tous, ce n’est plus le cas de nos jours.

Quelqu’un qui arriverait dans le milieu de la voiture ancienne ne penserait certainement pas à Simca parmi ses premiers choix, à moins d’avoir une histoire particulière avec la marque. Il pensera d’abord aux marques qui ont toujours pignon sur rue. Et Simca n’en fait pas partie.

Le fait que les trois autres marques soient encore dans les concessions ne fait que renforcer ce manque d’image. Parce que ces constructeurs se servent également de leur passé à des fins marketing. Citroën a carrément donné naissance à une marque DS. Les Peugeot récentes ont des feux qui s’inspirent des 504 Coupé et Cabriolets. Renault va relancer des R4 et R5.

La place de leur passé est donc importante dans leur stratégie. Citroën et Peugeot ont des musées avec de belles collections, prêtes à sortir pour de belles commémorations. Renault Classic possède une collection privée, elle aussi disponible pour de belles expos. Du côté de Simca ? Le musée de la CAAPY est en stand-by depuis bien trop longtemps et on sent bien que l’Aventure Peugeot Citroën DS… a oublié la marque à l’hirondelle (et Panhard d’ailleurs).

Avec ces forces moindres, pas facile de s’imposer auprès d’un organisateur pour « proposer » un anniversaire comme thème d’un grand salon. Voilà une des raisons pour lesquelles on voit moins de Simca.

Des modèles pourtant bien répandus

On pourrait se dire que les Simca sont restées confidentielles, et que c’est pour ça qu’elles sont moins présentes dans le milieu de la collection. Pour autant, cet argument n’est pas recevable.

Côté production, si la marque produit deux fois moins de voitures que Citroën en 1953, cela va vite changer avec l’apparition de l’Aronde. Le modèle va être le plus vendu en France en 1956, entre l’ère 4cv et la Dauphine. À ce moment là, la marque est deuxième constructeur national, le premier privé ! En 1958 on atteint la barre des 200.000 voitures par an ! Simca reste même le dernier constructeur en dehors de Peugeot et de Renault à avoir placé une auto en tète des ventes en France : c’était avec la 1100 en 1972.

Et puis on avouera qu’on trouve des plateaux d’exposition parfois dédié à des marques bien moins répandues. Même en France, les Facel sont souvent visibles mais bien plus rares. Même chose pour les Alpine. Que dire des Bentley qui partageaient l’affiche avec Simca lors d’Epoqu’Auto ?

Une marque moins « collectionnable » ?

On va aussi vous parler de la présence de Simca dans les collections. Parce que si on voit moins les Simca, c’est bien qu’il y a une raison.

Jérome Weytens, expert collection du réseau Classic Expert et lui-même collectionneur de Simca nous apporte quelques éléments de réponse :

« Les Simca font partie des marques de voitures populaires que nous expertisons le moins, car leurs valeurs tardent à monter et les expertises sont donc rarement nécessaires. Pourtant, il existe de très belles collections de ces modèles, surtout si on rajoute l’ère Talbot. Pour ma part, j’apprécie beaucoup cette marque, ma première voiture ayant été une Simca 1301 Spécial, déjà plus vieille que moi à l’époque. »

« Pour en revenir à leurs valeurs, elles ont quand même bien augmentées ces dernières années, même si rares sont les modèles dont la valeur dépasse les 10000€. Et du coup, on voit sortir de très belles restaurations, y compris sur des modèles « basiques », bien que les primes à la casse des années 90 aient grandement éclairci les rangs. Cela fait un bon moment que les 1000 Rallye sont collectionnées et restaurées, mais les modèles classiques des années 70 (1000, 1100, Horizon…) commencent seulement à tirer leur épingle du jeu.« 

« Le très dynamique Club Simca France, avec qui nous sommes partenaires de longue date, n’y est pas pour rien, car il concourt grandement à faire sortir la marque de l’ombre avec de nombreuses présences sur les différentes manifestations françaises. C’est d’ailleurs lui qui a géré les plateaux exposés à Epoqu’Auto et je les en félicite, vue le nombre et la qualité des véhicules présentés. »

Ce volume moindre dans les collections d’autos ancienne se traduit aussi par le fait que les Simca soient moins faciles à trouver. Un petit point de comparaison en allant sur trois sites d’annonces, le premier généraliste, les deux autres spécialisés dans la voiture ancienne. En recherchant des autos avec la marque (et des années comprises entre 1950 et 1980) on obtient ces résultats :

Site GénéralisteSite Spécialisé 1Site Spécialisé 2
Simca2395624
Renault72520938
Peugeot56012943
Citroën137234398

Notons d’ailleurs que le site généraliste ne référence pas la marque Simca… et que certaines annonces trouvées ne concernent pas du tout des Simca, ce qui gonfle un peu le chiffre. C’est moins le cas pour les autres marques. En tout cas, quel que soit le site, on voit bien que la marque à l’hirondelle n’est pas bien représentée. Un bon indice de la difficulté à en trouver un véhicule.

Ensuite, il faut aussi regarder un autre souci que peuvent rencontrer les collectionneurs. Certes, le coup de cœur existe, mais pour quelqu’un qui voudrait se lancer en collection sans avoir trop de connaissances, il vaut mieux bien se renseigner, notamment sur la dispo des pièces. Et là c’est la douche froide pour les impétrants collectionneurs de Simca : on trouve beaucoup de pièces mais les pros qui s’intéressent à la marque sont beaucoup moins nombreux qu’avec les autres constructeurs français.

De quoi en refroidir certains surtout que toutes les références ne sont pas disponibles. La force de Simca est devenu sa faiblesse. Sur la P60 par exemple, avec de nombreuses options d’équipement, de teinte ou d’accastillage, il n’est pas toujours facile de restaurer son auto. Si on ajoute le fait que le moteur Flash ne soit pas chemisé, on peut vite se retrouver face à des gros ennuis. De fait, ces restaurations peuvent vite chiffrer alors que les autos conservent des cotes assez basses.

Le vieillissement a aussi été problématique, particulièrement sur les autos des années 70. Les défauts de fabrication ont pu être nombreux et les traitements anti-corrosion trop faibles sur des autos pétries de qualités qui n’ont pas survécu au delà de la deuxième ou troisième main…

Un manque d’aura ?

Les points précédents ne suffisent donc pas à expliquer l’absence de Simca dans le cœur et les garages des collectionneurs. Est-ce que l’image ne serait pas ce qui fait la différence. On l’a dit, les trois constructeurs n’hésitent pas à faire ressortir les modèles du passé. Mais c’est aussi possible car ils sont restés très présents dans la tête et les cœurs des collectionneurs. Peut-être est-ce là que la différence se fait avec Simca.

Évoquons d’abord la marque en elle-même. N’oublions pas que Simca n’a jamais été totalement indépendante. Même dans sa période faste de la fin des années 50, Fiat était toujours présent et Ford a eu des billes dans la société également. Ensuite c’est Chrysler qui a pris le contrôle de la marque. Pour autant, on ne peut pas dire que ces participations de constructeurs étrangers au capital de l’entreprise en ait fait une marque moins française que les autres.

Simca a même été un constructeur à part. D’un point de vue technique, sans aller jusqu’à ce que proposait Citroën, Pigozzi n’a jamais hésité à proposer des innovations rarement vues, comme avec la Simca 1100 qui reprenait les codes de l’Autobianchi Primula pour créer une compacte dont la définition sera adoptée par l’ensemble de la production automobile ou presque !

Patrick Conjard, président du Club Simca France nous confie aussi :

« Au niveau marketing, la marque à l’hirondelle était bien placée. Les différentes personnalisations de la bien nommée P60 permettaient de la rendre remarquable plus de 50 ans avant que la mode ne revienne ! Ajoutez le fait que des stars comme Brigitte Bardot ou Mireille Darc soient régulièrement mises à l’honneur dans les pubs, le dynamisme était de mise. »

Par contre, la marque a rarement été mise en avant. On s’explique : le constructeur ne s’est, par exemple, jamais mis sur le devant de la scène dans les grandes compétitions internationales, que ce soit l’endurance, la F1 ou le rallye. Elle y a parfois été représentée, mais sans volonté de l’usine, ni les autos pour gagner le titre.

Et puis parlons des modèles. La Simca Aronde a été en tête des ventes : mais elle s’est tout de même moins vendue que les 4CV et Dauphine entre lesquelles elle s’est intercalée… et parce que ces deux autos se sont phagocytées ! La Simca 1000 est devenue une légende, notamment avec ses versions Rallye, mais le concept était celui de la R8 Gordini qui venait de se retirer.

Ajoutez le fait que la marque n’ait jamais proposé de modèle avec de grosses innovations technologiques comme a pu le faire Citroën ou que les modèles des années 70, hors Simca 1100, n’ont pas forcément eu un énorme succès, malgré deux titres de Voiture Européenne de l’Année (1307/1308 et Horizon) vers la fin de l’aventure.

Des éléments qui ne font malheureusement pas de Simca une marque incontournable dans la collection.

Conclusion : on veut voir des Simca !

On vient de vous parler d’une marque à part. Celle qui fut un des quatre piliers de l’automobile française, même après la disparition du 5e (Panhard qui mériterait le même genre d’article mais les problématiques sont similaires). Une marque avec des modèles emblématiques mais trop souvent oubliés ou alors laissés au second plan dans l’univers de la collection.

Mais pour voir plus de Simca et faire que la marque soit plus visible, il faut avant tout qu’elles soient plus visibles. Il faut que les collectionneurs sortent leurs autos le plus possible. Il faut que ceux qui veulent se lancer y voient une opportunité avec des autos fiables dans des budgets plus serrés que les modèles équivalents d’autres grandes marques. Surtout, il faut que les organisateurs de salons et d’événements en tous genre pensent un peu plus à cette marque pour la mettre à l’honneur.

On peut cependant se poser une question, pour laquelle on attend vos réponses : n’est-ce pas trop tard ?

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Girard

    Matra Simca : 3 victoires aux 24h du Mans !!! Et en F1 et en rallye avec les Mille R2 et les CG y compris CG MC …. Cet article est bien tendancieux

    Répondre · · 18 novembre 2021 à 19 h 54 min

    1. Benjamin

      Vous l’avez bien dit : MATRA Simca a remporté trois fois les 24h du Mans. Pour le coup, Simca était un sponsor plus qu’autre chose (le V12 était déjà là avant que le partenariat ne soit signé). En F1, je ne vois pas à quoi vous faites allusion, Gordini a utilisé des Simca, mais pas en F1 et les V12 étaient toujours des Matra.
      Pour ce qui est de la CG, on est absolument d’accord sur les victoires des 1000 Rallye ou des CG mais ce ne sont pas des victoires internationales comme celles qu’on pu engranger Peugeot ou Alpine.
      Et pour le côté tendancieux : je suis propriétaire de Simca et toutes les personnes interrogées également.

      Répondre · · 19 novembre 2021 à 22 h 32 min

      1. Girard

        Sauf que le motoriste de Simca père du Poissy de 954cm3 à 1592 cm3 en passant par les 1108, 1204, 1294 et 1442cm3 , est aussi celui du V12 Matra !
        Gordini a bien couru en F1 avant 1950 avec moteurs Simca 8 très affûtés.

        Répondre · · 27 juillet 2022 à 22 h 10 min

        1. Benjamin

          D’accord, c’est le même motoriste. D’accord c’était marqué Simca sur les Matra… mais l’effet est le même que l’écurie actuelle Alfa Romeo.
          Et même chose pour Gordini, les Grand Prix d’époque étaient nombreux mais il faut bien dire que la marque Simca n’était pas spécialement mise en avant après-guerre.

          Répondre · · 28 juillet 2022 à 11 h 15 min

  2. fred simca

    Il est jamais trop tard , je pense même que le faible prix attire des nouveaux collectionneurs et bienvenu au jeunes !!!! pour les clubs de marque a une époque pas si lointaine la génération Aronde ne les intéressaient pas , a mon avis le gros problème reste les différentes modifications de tissus ,de baguettes , de finition , il y a eu trop de changement pour certains et les bidouilles sont nombreuses.

    Répondre · · 18 novembre 2021 à 23 h 21 min

  3. Gerard Arbib

    Oui j’j’ai eu plusieurs simca c’était très confortable et économique et des mécaniques fiables. J’ai dû me résoudre à changer vu que simca avait disparu. Un souci quand même les derniers modèles genre horizon avaient une direction très dure. Il fallait une direction assistée qu’on ne trouvait pas toujours en occasion. Toute une époque

    Répondre · · 19 novembre 2021 à 8 h 55 min

  4. guy moerenhout

    bonjour ,dans notre musé ilya maintenent grand collection des simca
    Fiat Simca ,Simca 8 sport,simca 8coupe ,simca 9 sport ;coupe de Ville ,Simca barchetta,Balilla Sport Sport,Le premier type Aronde,Simca abarth 1150,Simca abarth 1300,Simca 8 Coupe 1100/1200 etc ,et beaucoup de pieces Simca Gordini

    Répondre · · 19 novembre 2021 à 10 h 01 min

  5. DEHAIS

    Il n’est jamais trop tard pour bien faire !!
    SIMCA un jour, SIMCA pour toujours.

    Répondre · · 21 novembre 2021 à 21 h 45 min

  6. Ilya

    Et que dire des dernières Simca… les Talbot des années 80 qui sont généralement totalement exclues quand la marque Simca est évoquée (articles ou reportages divers). Et c’est bien dommage car c’est se priver d’une partie des collectionneurs jeunes et qui entrent dans le monde du véhicule de collection.

    Répondre · · 21 novembre 2021 à 23 h 01 min

  7. Hélice 88

    Mon grand-père avait une Chambord break je rêve aujourd’hui à 57 ans d’en trouver une et de la remettre en route elle me fait beaucoup penser à la nomade Bel Air de Chevrolet

    Répondre · · 26 novembre 2021 à 3 h 29 min

  8. Guy Moerenhout

    bonjour ,jai jolie collection des simca,3 x simca 8 sport coupe;3 x 9 sport x2 x 8 sport cabrio;3 x 8 coupe 1100/1200;b2 x berline 8 ;1 8 (faux) coupe,simca 5 fourgonne, Chambord, Aronde 1951,Coupe de ville ,Comette,3x Simca 2 x barchette,2 x Balilla Sport Spider , 1 x Balilla Spider ;Simca Abarth 11500 SS; 2 x Simca Abarth 1300 corsa, 2 x Simca 8 1200 berline Simca 8 Camerano(grand fils)abarth works museum Belgique

    Répondre · · 24 février 2022 à 10 h 26 min

  9. RIVAS Philippe

    Et oui, il faut y avoir goûté pour apprécier. Inconditionnel de la marque, je roule régulièrement avec ma 1000, mais effectivement rares dans les rassemblement. Un soucis moteur il y a 3 jours, elle va donc rester à l’arrêt pendant quelques temps malheureusement. 2 autres Simca (1000 coupé) en espérant avoir le temps d’en restaurer 1 à l’abri dans ma grange… Merci pour cet article. Bonne continuation.

    Répondre · · 27 juillet 2022 à 16 h 36 min

  10. Pascal Trémeau

    Amateur de la dernière génération Simca, donc Talbot. Ayant possédé 3 Solara une LS 81, SX 85 et SX 82. Depuis 15 ans une Tagora GLS 83, beaucoup de satisfactions avec ces autos et maintenant beaucoup de personnes viennent discuter et aiment vraiment cette dernière…

    Répondre · · 28 juillet 2022 à 18 h 12 min

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