Peugeot 403, la discrète et conservatrice première millionnaire du lion

Publié le par Benjamin

Peugeot 403, la discrète et conservatrice première millionnaire du lion

Classique, discrète, un peu bourgeoise, oui, assurément la Peugeot 403 est dans la droite ligne des productions de Sochaux de l’époque. Si elle est encore très courante dans les rassemblements d’anciennes, c’est en parti dû à sa robustesse qui lui a permis de traverser les ans. Mais également au fait que, sans faire trop de bruit, elle a été la toute première lionne à dépasser le million d’exemplaires produits !

La genèse de la Peugeot 403 : évolution plus que révolution

Après avoir relancé sa production après-guerre avec la 202, Peugeot a lancé la 203 sur le marché en 1948. C’est une voiture de 7cv fiscaux. Une auto du segment « moyen-haut » qui est relativement bien placée puisque aucun concurrent français n’est présent à ce moment là.

Et même si la 203 possède une gamme complète, berline, coupé, cabriolet, fourgonnette, c’est tout de même le seul modèle automobile proposé par le lion. On s’affaire alors à préparer une auto qui devra en partie la seconder et en partie la remplacer !

Côté technique on ne va pas trop changer la recette gagnante de la 203 : structure monocoque, 4 cylindres en ligne à l’avant et propulsion. Le moteur ne sera pas totalement identique. En faisant passer l’alésage de 75 à 80 mm on augmente la cylindrée qui atteint 1468 cm³ au lieu de 1290 cm³. La culasse en Alpax à chambres hémisphériques est aussi spécifique. Avec cette cure de vitamines, la puissance atteint les 58 ch DIN. Les trains roulants seront eux aussi dans le même esprit que ceux de la 203 : roues indépendantes à l’avant et essieu rigide à l’arrière. Par contre, on garde les ressorts à lames !

Eclate Peugeot 403- Peugeot 403

C’est côté style qu’on va plutôt se démarquer. Quand la 203 reste une auto à deux volumes aux accents clairement américains, sa remplaçante sera une auto à la ligne plus classique et surtout un tri-corps qui permettra d’avoir beaucoup plus de place dans le coffre. Important quand on vise une clientèle familiale et voyageuse.

Pour la dessiner, Peugeot va aller chercher une des références de l’époque : la Peugeot 403 sera en effet la première collaboration entre le lion et Pinin Farina (encore en deux parties). Néanmoins l’italien n’a pas les coudées franches pour une auto qui doit rester très classique, maître mot chez Peugeot.

Là encore, il ne s’agit pas que de la création d’une berline. C’est toute une gamme qui va être pensée, incluant dès le départ… des déclinaisons qui ne verront pas le jour !

Le dessin est néanmoins réussi. Alors que certains bruits évoquent une sortie en 1954 il va encore falloir attendre pour voir la nouvelle lionne.

La Peugeot 403 de 1955 à 1960

Les premières années de la Peugeot 403

Présentation Peugeot 403 en 1955- Peugeot 403

C’est finalement le 20 Avril 1955 que Peugeot « convoque » la presse pour présenter sa Peugeot 403 au Palais de Chaillot à Paris. La nouvelle auto se place donc au dessus de la 203, sa cylindrée la faisant mathématiquement entrer dans la catégorie des 8CV.

Peugeot ne présente à ce moment là qu’une seule auto, la version luxe avec toit ouvrant et une présentation poussée. En fait, il faudra attendre le salon de Paris en Octobre de la même année pour retrouver une version plus bas de gamme qui abandonne le toit ouvrant. Si l’auto reste en 8cv, elle devient une alternative à la 203.

La Peugeot 403 est alors à peu près seule sur son marché. Néanmoins, il y a de la concurrence venue du dessus. Cette concurrence, ce sont les 11cv. Si la Renault Frégate ne marche pas tellement au niveau commercial, on peut avoir un peu peur des chevrons. Au salon de Paris ils ont lancé la DS, elle aussi en 11cv mais avec une technologie embarquée qui ringardise la 403… qui saura en tirer parti !

Les retours de la presse et des clients sont élogieux. La partie technique, déjà éprouvée il est vrai, est fiable dès le départ et les performances (135 km/h en pointe) largement suffisantes pour le segment. La boîte de vitesse entièrement synchronisée est saluée, tout comme le volume du coffre à bagages.

En Août 1956 la Peugeot 403 lance la première de ses déclinaisons. Comme la 203 auparavant un seul modèle constitue une vraie gamme du côté de Sochaux. La première à apparaître, c’est le haut de gamme : le cabriolet rendu célèbre par un policier en pardessus. Plutôt cher (25% de plus que la berline), cette fois il est seul. Pas de coupé au programme. Si le cabriolet 203 avait trouvé sa place au bout d’un certain temps, le coupé n’a jamais marché.

En Septembre 1956 les versions longues arrivent. L’empattement passe de 2,66 m à 2,91 m. La longueur atteint alors 4,61m contre 4,47m pour la Peugeot 403 berline. La familiale reprend les finitions de la berline, la commerciale laisse de côté tous les chromes et une fourgonnette tôlée est également de la partie. Enfin en octobre on dévoile la camionnette bâchée (ou pick-up si vous voulez).

L’année suivante le principal changement est l’adoption de clignotants au lieu des flèches directionnelles. Ce n’est pas la seule modification sur l’éclairage puisque les codes européens font leur apparition à l’avant.

En 1958 les changements sont mineurs sur les Peugeot 403. D’abord les essuie-glace ne se croisent plus, ensuite on dope la puissance… en installant un ventilateur débrayable. C’est toujours ça de pris !

Aparté : Peugeot attaque le marché américain !

La même année les 403 prennent le bateau pour traverser l’Atlantique. Poussé par le gouvernement de l’époque le lion exporte ses autos vers les USA pour tenter d’équilibrer la balance commerciale. Les autos sont adaptées au marché avec notamment un taux de compression plus élevé, la disparition du lion de capot, ou un habillage intérieur en tissu synthétique.

Là où l’aventure prend une tournure insolite c’est que Peugeot va s’allier… à Renault ! Le losange vend alors sa Dauphine sur place et des synergies vont s’opérer. Les autos arriveront séparément par bateau mais seront ensuite dédouanées ensemble et vendues dans le même réseau !

Ce sont 7500 autos arrivent en Mars 1958 pour former un premier lot. Elles se vendent plutôt bien, à 2200 $ pièce, et c’est bientôt 10% de la production qui s’en va outre-atlantique ! En 1959 ce sont 15.000 Peugeot 403 qui y sont vendues !

Sauf que ces succès sont vraiment éphémères. Renault n’a pas rencontré le succès escompté et quitte le navire. Peugeot voit ses ventes dégringoler et lui emboîte le pas dès 1961… devant même rembarquer 1502 autos stockées sur place… et en laissant 3500 derrière. Pourtant, le lion reviendra avec la 404 !

Pour ce qui concerne notre vieux continent, la Peugeot 403 voit son lot de nouveautés en 1959. D’abord elle abandonne le mythique lion de bout de capot. Trop dangereux en cas de choc avec un piéton il est remplacé par une insigne et une baguette chromée. Si on trouve encore autant d’autos qui le portent… c’est parce que rien n’empêche de le refixer par la suite (et notamment en collection) !

La Peugeot 403 de 1960 à 1966

La Peugeot 403 descend dans la gamme

À partir d’octobre 1960, certaines Peugeot 403 fume un peu plus noir. On propose en effet le diesel Indenor sous le capot. Les 1816 cm³ fournissent 48ch, suffisant pour atteindre 120 km/h et suffisamment convaincant pour séduire les taxis qui se rueront sur cette version dont le plein est bien moins cher.

Pour l’année modèle 1960, ce sont les grandes manœuvres. La Peugeot 404 va débarquer et il faut lui faire de la place.

D’abord, cette apparition signifie la fin de production de la 203. Pour ne pas laisser vide l’entrée de gamme, le lion dégaine la Peugeot 403-7, comme le nombre de chevaux fiscaux. Pour descendre à ce niveau, elle récupère en fait le bloc de 1290 cm³ de la 203 mais garde la culasse spécifique.

Pour la rendre plus abordable, on la simplifie au maximum. Ainsi, on va la reconnaître à sa calandre sans moustaches, à l’absence des butoirs de pare-chocs et aux enjoliveurs de 203. À l’intérieur, on retrouve une banquette à l’avant et l’absence du neiman… et du ventilateur de chauffage !

Au passage la Peugeot 403 « normale » devient 403-8. À la fin de l’année 1960, le cabriolet 403 pour laisser sa place… évidemment à la 404 du même nom. Le succès est resté très mesuré avec 2043 exemplaires.

À partir de ce moment là, on sait que la Peugeot 403 a atteint sa mi-carrière. D’ailleurs on se concentre plus sur la 404 que sa devancière qui doit attendre 1962 pour évoluer de nouveau. C’est la Peugeot 403-8 qui adopte une nouvelle calandre avec des barrettes verticales et sans moustaches, qui s’inspire beaucoup de celles de la 404.

Peugeot 403 ap 1962- Peugeot 403

Hormis ce petit changement esthétique, la Peugeot 403 n’évolue plus du tout et ne bénéficie surtout pas des raffinements proposés par la 404. En 1963, on décide que les versions longues, Familiale et Commerciale doivent s’arrêter pour laisser place nette aux 404 du même nom, sorties deux ans auparavant.

Par contre, c’est en août 1963 que la « vieille » Peugeot 403 est célébrée comme il se doit. Pour la première fois une production sochalienne passe la barre du million d’exemplaires. Une belle étape pour une auto jugée tellement dépassée qu’on a accéléré la sortie de la 404, plus moderne. Mais justement, son conservatisme a été un vrai plus commercial face à la DS. Cette dernière était peut-être « trop » technologique. Et pour la clientèle conservatrice, la Peugeot était une valeur sûre !

La gamme se réduit encore petit à petit. Le dernier millésime de la Peugeot 403 est celui de l’année 1966, même s’il sera poussé exceptionnellement jusqu’en Novembre. L’acheteur potentiel n’a alors plus le choix qu’entre la 7cv et la berline diesel. Les versions économiques en fait.

Une fois les dernières autos produites, on atteint le chiffre de 1.214.126 Peugeot 403 produites en 11 années.

L’étonnante : la 403 Coupé Bernard

On vous l’a dit, Peugeot n’a pas étudié de coupé pour sa 403. Cependant un certain René Bernard n’était pas vraiment d’accord et a proposé sa vision d’un coupé 403.

La Peugeot 403 de nos jours

La 403 est une valeur sûre en collection. Rare sont les rassemblements qui n’en voient pas s’exposer, on en a même vu récemment sur le Tour Auto !

Pour les prix, la cote moyenne est un peu au dessus des 8000 € et augmente lentement. En dessous vous retrouverez les 7CV et les versions diesel. Les versions longues seront trouvables aux alentours des 8000 € et les beaux exemplaires 8cv seront annoncés entre 8 et 10.000 €… voir plus si l’état est vraiment exceptionnel. N’oubliez pas que le cabriolet est presque intouchable. Déjà il faudra en trouver un, ensuite son prix se situera au dessus des 70.000 € et on a pas rajouté de 0 !

Pour ce qui est des pièces, la plupart sont refabriquées et se trouvent chez les spécialistes français des populaires. Ne soyez pas étonnés, certaines pièces valent un prix conséquent, surtout comparé au prix de l’auto, ce ne sont pas des consommables comme les pneus pour votre voiture ancienne et de collection. Les meilleurs adresses, comme les pièges à éviter vous seront indiqués par les clubs.

Source : Club 403
Illustrations complémentaires : Lignes Auto

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Pascal

    La 1ère voiture de mon père, une 403 berline grise qui avait les flèches de direction, qu’il avait masqué et installé les clignotants dans les feux avant et arrière. Ma mère avait mis des housses de siège rouge. Bref on était heureux avec notre Peugeot qui nous a bien promené.

    Répondre · · 12 juin 2020 à 18 h 30 min

  2. Guy Marcoux

    La notre était noire avec des pneus flancs blancs immatriculé 10 CE 25

    Répondre · · 22 décembre 2021 à 8 h 07 min

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