Où s’arrêtera le prix des Peugeot 205 GTI ?

Pierre Novikoff :
Ce qui rend cette auto exceptionnelle, c’est sa provenance. C’était une première main, dans un excellent état. Quand on nous l’a proposé on l’a envoyé chez un spécialiste du modèle, à Poissy. Il a confirmé nos impressions. L’auto a réellement peu roulé et tout était exceptionnellement préservé, de l’intérieur aux bas de caisse. C’était l’auto de la maison de campagne du vendeur, et elle roulait peu. Quand elle a cessé d’être utilisée, elle n’a pas été oubliée et elle a roulé, assez peu, mais de façon régulière.

Ça fait une réelle différence entre une Peugeot 205 GTI classique, puisque c’est un modèle qui a quand même dépassé les 300.000 exemplaires, et un modèle d’exception.

C’est ce qui nous a motivé à l’inclure dans la vente de Rétromobile. Une très belle 205 GTI, qui a été superbement restaurée mais qui totalise 160.000 kilomètres n’est pas vraiment adaptée à cette vente. Ici on retrouve une clientèle qui cherche des occasions uniques, qui ne se représenteront peut-être pas, des autos qui se démarquent. Celle-ci cochait réellement toutes ces cases.

Jean-Pierre Adam :
Rappelons que la 205, avant sa présentation officielle, avait pour but de sauver la marque Peugeot qui était en pleine crise financière. Les enjeux était énorme et, après 4 ans de gestation, le projet M24 (NDLR : dont on parle ici) est enfin présenté au grand public et il connaîtra un succès immédiat. Peugeot crée l’une des voitures les plus réussies et les mieux accueillies de son histoire.

Jamais le succès d’un modèle n’a dépassé aussi largement les prévisions du constructeur. La 205 va vendre 5.278.154 exemplaires sur une longue carrière, dont 332.942 exemplaires de 205 GTI.

Pour revenir à la question de départ, ce qui la rend si mythique, le premier point c’est son design intemporel, une ligne reconnaissable au premier coup d’œil, son histoire et la nostalgie des années 80-90.

On est nombreux à avoir été bercé par la 205, de près ou de loin, et aujourd’hui cette part de nostalgie se traduit par un fort intérêt pour la GTI et par l’envie d’avoir la sienne dans son garage. Un autre point qui à beaucoup participé au succès de la gamme, ce sont les victoires en groupe B, en rallye raid avec la 205 Turbo16, elle a évidemment permis de booster les ventes et renforcer son image de voiture performante. La GTI permet de s’approprier un morceaux de cette histoire automobile et de se prendre un court instant pour Vatanen, dans ses plus belles prouesses de pilotage.

JPA :
Les profils sont très variés, mais je dirais un peu des trois. D’abord, le quarantenaire qui, pour plusieurs raisons, à l’époque a dû vendre sa GTI et qui rêve aujourd’hui de retrouver ce modèle. Ça peut être aussi un passionné du lion qui réalise son rêve de gosse, ou même la nouvelle génération qui rêve de remonter le temps et rouler en youngtimer.

Je vous partage une petite anecdote : une année au club GTIPOWERS nous avions 2 jeunes passionnés… en conduite accompagnée ! Tout juste âgés de 16 ans, ils roulaient sur leur propre 205 GTI. Aujourd’hui ils ont le permis et toujours leurs voitures. La passion était déjà là avant même de savoir conduire.

Pierre Novikoff :
On retrouvera surtout des voitures d’origine, bien préservées, sur des ventes aux enchères. Au final elles sont rares, puisqu’il y a eu de la casse avec des pseudo-pilotes et que beaucoup d’autres ont été bricolées avec plus ou moins de réussite.

Mais on peut aussi retrouver des autos en parfait état avec un certain historique. Dernièrement Artcurial avait proposé une auto entièrement restaurée, la voiture de Grégory Galiffi. Elle était superbe et elle a atteint 39.000 €, un prix logique en ce moment.

Dans tous les cas c’est une auto qui attire. Le côté générationnel joue à fond et les collectionneurs peuvent se faire plaisir avec une auto vraiment utilisable.

Jean-Pierre Adam :
À mes yeux la 205 GTI type, vendue aux enchères, c’est un modèle exclusif ou rare. J’entends par là un faible kilométrage, une provenance d’un pays étranger, des équipements spécifiques rarement montées de série, ou avec une histoire particulière. C’est ça qui permet de faire la différence à mes yeux et de faire monter les enchères.

PN :
La magie des enchères joue à fond. Il est certain que ça influe énormément sur le prix. L’acheteur ne vient pas chercher une Peugeot 205 GTI « normale » sur une vente aux enchères. Il veut celle-ci, son histoire, son passé, son état. Du coup, il place une offre, il a l’auto… et on lui enlève aussitôt. Il remet une enchère et le prix monte.

JPA :
Je ne pense pas, car même avec une cote en hausse, certains prix de vente ont atteint des « records » stratosphérique qui à mes yeux ne représente pas la vraie valeur moyenne du modèle. Il sera difficile de faire un retour sur investissement avec de tels prix.

PN :
On parle ici d’une Peugeot 205 GTI 1.9L « normale ». Il est donc possible qu’une Griffe, moins courante et donc plus exclusive encore, dans un état de conservation identique à celle de la semaine dernière, parvienne à faire encore mieux en salle des ventes. Sinon une Gr.A de l’époque peut aussi monter très haut. Une auto bien préservée, avec sa boîte 6 et un palmarès pourrait valoir cher.

Il ne faut pas oublier non plus les précédents propriétaires. Prenez une auto qui aurait appartenu à Jean Todt ou à un autre membre de l’équipe Peugeot Talbot Sport par exemple. Une Peugeot 205 GTI ex-Ari Vatanen pourrait monter très haut, tant le personnage est lié à ce qui a créé une partie de l’image de la voiture : le passé en Groupe B et les victoires au Dakar.

JPA :
Avec l’augmentation des prix du carburant, la réglementation des normes anti pollution qui nous oblige à changer nos mentalités et nous orienter vers l’électrique, la nostalgie de ces modèles va faire que croître à mes yeux et la cote avec. Par contre il me semble difficile de l’estimer aujourd’hui.