OSI Ford 20M TS Coupé, un bouche-trou venu d’Italie

Publié le par Benjamin

OSI Ford 20M TS Coupé, un bouche-trou venu d’Italie

De loin, elle évoque tout de suite un coupé italien. Mais lequel ? Et quand on s’avance, on découvre un badge original. Ce coupé, c’est une OSI Ford 20M TS Coupé. Une auto à la carrière ultra-courte due, tout simplement, à un besoin urgent et éphémère.

Les Officine Stampaggi Industriali S.p.A

Commençons par présenter la marque qui sera derrière cette auto. OSI est fondée en 1960 par Luiggi Segre, alors directeur de la Carrozzeria Ghia et par Arrigo Olivetti, qui officie chez Fergat. En fait la nouvelle société est sise en face de Ghia et a pour but la fabrication des autos, en petites séries, crées par Ghia. Tous les carrossiers italiens prennent à l’époque ce tournant industriel. Il faut produire en interne pour se trouver de nouveaux débouchés, en remplacement des commandes sur-mesure des décennies précédentes.

On fabrique d’abord l’Innocenti 950S avant d’inaugurer une belle page avec la fabrication des Fiat 1300 et 1500 Familiale, les break, ou les belles 2300S Coupé. Si Segre décède en 1963, la firme est bien lancée et produit plus de 50 autos par jour. Elle s’est même dotée d’un bureau d’étude et propose sa première création avec l’OSI 1200S Spyder sur base de Fiat 1100-103.

Au salon de Turin 1965, c’est une nouvelle auto qui sera fabriquée par OSI qui est dévoilée. C’est la première collaboration avec Ford : l’Anglia Torino. Le but était de produire une Anglia mais revue en Italie. C’est le voisin d’en face, Ghia, qui aurait dû s’occuper du style mais c’est finalement Michelotti qui va s’attaquer au projet. Et c’est OSI qui se chargera de la fabrication. Elle occupe vite plus de 50% des ressources de l’atelier et il sera produit 10.007 exemplaires de cette version destinée au marché italien mais aussi exportée au Benelux.

Ford Anglia Torino- OSI Ford 20M TS Coupé

Ford a besoin d’un coupé !

La marque Ford s’est rapproché d’OSI et ne va pas tarder à le refaire. Dès la fin des années 50, le géant à l’ovale, ou du moins ses divisions européennes et en particulier l’Allemagne, alertent sur le fait qu’aucun coupé n’est disponible dans la gamme. Certes, on propose des versions trois portes, mais rien d’équivalent à ce que proposent les géants Fiat ou même Peugeot. L’étude est lancée dès 1959. Mais une demi-décennie plus tard, rien n’est encore proposé.

La Ford Capri va arriver, c’est une certitude. Mais Ford veut coiffer ses gammes d’un coupé séduisant, au style italien. C’est là qu’OSI va être mis à contribution.

Ainsi naquit l’OSI Ford 20M TS Coupé

Les premières Ford Anglia Torino sortent à peine de l’atelier que déjà les deux marques sont de retour. C’est au salon de Genève 1956 qu’est dévoilée l’OSI Ford 20M TS Coupé. L’auto a été créée dans un temps record. En même temps, le travail était, somme toute, assez réduit.

La base technique est la Ford Tanus 20M, comme le nom de l’auto l’indique. Le moteur 6 cylindres de 2,3 litres est à l’avant et sort 110ch. Le châssis ? Les trains roulants ? Intégralement repris de la berline, ça fait des économies.

En fait, la vraie plus-value de la OSI Ford 20M TS Coupé, c’est bien son style. Attention, elle n’est pas signée Ghia… mais par un ancien de Ghia ! C’est Sergio Sartorelli qui en est le créateur. L’homme a un beau CV en ayant créé les Volkswagen Karmann-Ghia ou encore la Fiat 2300S. D’ailleurs, la ligne peut faire penser à la Fiat 2300S, en particulier le profil avec cet habitacle bien dessiné au pavillon bas.

L’avant peut faire penser à une « Alfa Bertone » ou une Fiat Dino Coupé. L’arrière reprend un Fastback que la Ford Mustang est en train de démocratiser. L’extrémité peut également faire penser à une Fiat 850 Sport étirée au maximum.

Sans être très novatrice, l’OSI Ford 20M TS Coupé est indéniablement élégante.

La carrière éclaire de l’OSI Ford 20M TS Coupé

Le temps de la courte mise au point et du début de l’industrialisation, les premières OSI Ford 20M TS Coupé sont proposées à la clientèle, surtout via le réseau allemand, en 1967. La seule différence esthétique avec la version dévoilée, c’est l’absence des ouïes sur les ailes avant. La production est correcte, l’auto se vend de façon assez confidentielle mais Ford n’en attend pas plus.

Les critiques sont assez nombreuses. Clairement, le ramage et le plumage font deux. L’OSI Ford 20M TS Coupé ne peut pas rivaliser, sur la route, avec les autos que ce son style évoque. Ses performances sont décevantes, mais ce n’est pas un vrai coupé sportif, c’est une berline maquillée. Et ça change beaucoup de choses !

En Novembre 1967, le constructeur propose une version décapotable de l’OSI Ford 20M TS Coupé. Ford est intéressé mais ne donne pas suite.

Finalement, la carrière du beau coupé ne va pas durer. Les premières Ford Capri sont produites à la fin de l’année 1968 et le modèle est officiellement lancé à Bruxelles en 1969. Dès la fin de l’année 1968, la commercialisation des OSI Ford 20M TS Coupé s’arrête.

Selon OSI, ce sont 2200 voitures qui ont été construites. Par contre Ford indique en avoir vendu 3500 ! En tout cas, l’auto reste rare. D’ailleurs, son arrêt va être fatal à la branche automobile d’OSI. Le bureau de style ne trouve plus de clients, Ghia a fermé ses portes, l’Anglia n’est plus produite. On propose bien des concepts comme la Scarabeo ou l’originale Silver Fox avec sa double carrosserie, mais rien ne se concrétise.

OSI Silver Fox- OSI Ford 20M TS Coupé

Pourtant, la société va continuer, absorbée par Fergat, et continue son activité d’emboutissage de carrosseries.

Alors quand vous voyez une OSI Ford 20M TS Coupé, arrêtez vous et contemplez. D’ailleurs, vous pouvez en voir une, tout le temps, au Musée du Château de Sanxet dans le Périgord.

Photos supplémentaires : Wheelsage

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. LUCAS Jean-Jacques

    Une auto cossue pour le marché de la RFA, en pleine ascension économique, un peu comme les Opel Commodore A coupé (1967-1972), gréées à la même aune (mais un L6, au moins 2,2 litres, sortant 130 ch avec le 2,5 litres en GS), comme sur la couverture du catalogue Dinky Toys 1968. Elle a un petit quelque chose de l’immense Monteverdi 375 L (1968), et le coupé Audi 100 S (à partir de 1970, L4, 1,8 litre, 115 ch) lui doit bien quelque chose, à moins d’aller aussi chercher du côté de la Humber Sceptre de 1968. De toute façon, la Monteverdi appartient à un tout autre univers, au moins celui des De Tomaso évoquées dans un autre sujet. On pourrait même songer à l’Isuzu 117 – 1968, mais trop frêle sorte de Fiat 124 coupé, dessinée par Giugiaro. La filiation avec la Capri semble moins pertinente, question de cible. En revanche, les grosses Ford Granada/Consul coupé (1972), moins élégantes et plus conventionnelles ont repris le flambeau. L’OSI était une coquetterie. Pas mal pour une coquetterie

    Répondre · · 11 août 2022 à 19 h 20 min

    1. Benjamin

      Le mot coquetterie ne m’est pas venu à l’esprit au moment d’écrire l’article, mais c’est vrai qu’il lui va bien !

      Répondre · · 12 août 2022 à 10 h 32 min

  2. Patrick-Oliver Rosselet

    Très belle voiture, je me souviens qu’un de mes voisins en avait une. Mais à lire votre article, probablement valait il mieux d’acheter une vraie voiture Italienne, une Lancia (elles étaient merveilleuses à l’époque) ou une Alfa

    Répondre · · 11 août 2022 à 20 h 25 min

  3. Philippe L'HOMME

    Bonsoir , comme d’habitude un article très intéressant sur auto conçu avec une très belle ligne !

    Répondre · · 11 août 2022 à 22 h 21 min

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