Qui, parmi nous, n’a jamais rêvé, un jour, de se retrouver presque seul au monde, au milieu des vignes du Périgord Pourpre, dans un magnifique magasin de jouets ? C’est que propose le Musée du château de Sanxet, une étape obligatoire pour des vacances de passionné !
Je m’explique, le lieu, un château aux pierres jaunes tout droit sorti de la guerre de cent ans, dominant une vallée à deux pas de Bergerac et de Monbazillac. L’heure un peu tardive me donnait une lumière d’une soirée d’été idéale pour les photos mais je n’osais déranger les occupants du lieu.
Je vis soudain un visage dépasser de la haie, sans doute intrigué par le son des graviers crissant sous nos pneumatiques. Pas de doute, nous étions bien au bon endroit. Guillaume de Passemar nous présenta l’historique du Musée du château de Sanxet, sa raison d’être et la démarche souhaité par les membres de l’association. Cet homme avait une lueur au fond des yeux indéfinissable, en présentant son musée, qui ne pouvait tromper sur la sincérité de la démarche. Déjà sous le charme et plein d’espérance, j’étais bien au-dessous de ce que j’allais découvrir quelques jours plus tard.
L’automobile dans tous ses états
Particularité du Musée du château de Sanxet, pour des raisons que je ne vous exposerais pas ici, l’accès est réservé aux membres de l’association du Musée. Ce qui pourrait paraître étrange à certains esprits méfiants est au final très intéressant. Pour une cotisation modeste, vous n’êtes pas seulement un visiteur de passage parmi tant d’autre mais un membre à part entière du musée du Musée du château de Sanxet !
Simple sympathisant, rien ne vous empêche d’apporter votre pierre à l’édifice en devenant un membre actif si vous le souhaitez. Cela change bien des perspectives. La trentaine d’automobiles présentées sont dans des états bien différents. En parfait état d’origine et prête à tâter du bitume pour certaines, à l’état de semi épave pour d’autres.
Mais croyez-moi ces dernières ne sont pas les moins attachantes. Quelques véhicules, 8 au total sont issus d’un don qu’un collectionneur passionné, le feu Général Rémi Delpit, fit à Bertrand de Passemar.



L’homme à l’origine du Musée du château de Sanxet est Bertrand de Passemar, aujourd’hui malheureusement décédé, il n’est pas impossible que son esprit veille sur le lieu. Lorsque son fils nous conte son histoire, il est facile de comprendre que cet homme était « habité » par sa passion.
Jeune, les vieilles mécaniques l’ont attiré de façon « magnétique » à l’heure où celles-ci n’intéressaient que peu de gens et étaient encore abordables pour un collectionneur compulsif. Parmi les premières pensionnaires, une Type E qu’il a acquis pour son mariage. Revendue quand la famille s’est agrandie, il l’a racheta plus de dix ans après, même si celle-ci entre temps était passé du bleu au blanc.
Vint ensuite une Clément-Bayard qu’il voulu de 1911, année de naissance de son père mais qui était en fait de 1913. Perfectionniste, un modèle de la bonne année rejoindra la collection. Cette dernière transformée en ambulance pendant la grande guerre a été re-modifiée en véhicule de tourisme. Cependant l’aménagement « secours aux blessés » à été conservé par le musée du château de Sanxet.
Des modèles uniques au Musée du château de Sanxet
Casimir Ragot, vous connaissez ? Pour ma part, j’avoue que non. Vous pourrez le découvrir au Musée du château de Sanxet un de ces modèle. La CRS001 (Casimir Ragot Spécial) 1930 sur base de moteur FIAT. C. Ragot rajoute un compresseur, des carburateurs Stromberg et un allumage magnéto Scintilla. Le tout développant 134cv pour 650kg. Pour le châssis, il s’inspira à priori de celui d’une BUGATTI (il couru sur un modèle de la marque). Au palmarès de l’auto, une cinquième place au Grand Prix du Comminges en 1932.
Mais comme si ce modèle ne suffisait pas, vous pourrez voir la première réalisation de cet entrepreneur Bordelais, pilote et ingénieur, une moto de 4 cylindres 985 cm³ de 1920, équipé également d’un compresseur pour une puissance de 50cv. Jeune permis s’abstenir…





Autre sportive d’avant guerre, une Rally, légère, à la tenue de route redoutable. L’aventure fût de courte durée puisque la marque apparut en 1921 disparut en 1933



Continuons avec un véhicule bien étrange au passé sans doute chargé. La base est une Citroën de 1923. Son moteur est un 4 cylindres de 1600 cm³. La carrosserie et les optiques évoques les premières 2cv. Elle serait née d’une évocation des tanks (pas les chars évidemment) de course du début des années 20




Restons dans la marque aux chevrons avec deux belles tractions avec lesquelles j’ai pu parcourir quelques kilomètres bien sympathiques. La doyenne est un modèle 11 de 1937, cabriolet non d’origine mais parfaitement réalisé dans les moindres détails.
Elle a fière allure dans la livrée rouge Bordeaux et noir. Une petite balade à travers les vignes vous plonge de suite dans cette atmosphère d’avant guerre avec en tête une mélodie de Charles Trenet. La seconde est une 15/6 de 1951 dans son état d’origine son confort m’impressionne encore, une vraie « reine de la route ».





Impossible de ne pas souligner la présence des productions Facel Metallon, stars des années 50 une Simca 9 Sport et une Ford Comète.




Une collection magnifique
Quittons un instant la France pour partir aux Etats-Unis. Le musée du château de Sanxet nous propose deux Cord.
La première une L29 de 1929 est équipé d’un 8 cylindres en ligne à soupapes latérales de 4893 cm³ pour 125ch. Ce modèle de prestige à l’époque était des plus raffiné puisque équipé de poignées de portes en argent par exemple. Devançant le modèle cité plus haut, la L29 de Cord fût une Traction avant la Citroën !
La seconde Cord est un modèle 812 de 1937, 8 cylindres toujours évidemment mais en V. Ses 170ch propulseraient ses 2 tonnes à 100km/h en 14 secondes. Précisons que les marques Auburn et Duesenberg appartenaient au même groupe automobile que dirigeait Erret Cord.



Autre monstre sacré de l’Amérique triomphante, citons la Cadillac type 62 de 1953 présentée ici en cabriolet. Son état d’origine et son intérieur défraîchi sont si authentique qu’elle fait partie de mon coup de cœur. Le modèle 1953 est pour moi le plus élégant des modèles dessinés par Hearley Earl pour Cadillac, inspiré par l’aviation militaire et le chasseur P38 Lightning (celui piloté par A. de Saint-Exupéry le jour de sa disparition).
Sans quitter complètement le Etats-Unis, mettons un pied en Italie. Le Musée du château du Sanxet, nous propose une rare OSI 2.0l M TS carrossée en Fastback. Suite au succès de la Ford Mustang, cette belle Italienne est motorisé par le V6 2,3l de la Taunus. Destinée aux USA, elle n’y rencontra jamais son public.





Modeste mais si attachant
Le Musée du château du Sanxet n’est pas un gros musée. Pourtant, il m’est impossible de vous citer ici toutes les richesses qui s’y cache. Quand je dis richesses, je ne parle pas forcément de la valeur marchande des véhicules que vous y verrez, mais de leur valeur historique, comme témoignage de ce que fût jadis l’automobile.
Vous trouverez dans cet endroit, ce qu’on ne trouve pas forcément dans ces temples automobiles que l’on visite parfois, une âme. Quand vous déambulez parmi ses beautés comme cette Panhard Dynamic recouverte de sa poussière et de ses toiles d’araignées, vous avez presque l’impression d’être tombé sur un trésor, sorte de collection Baillon, encore inexplorée.
Cela donne assurément au Musée du château de Sanxet un charme particulier. Et quand Marcello ou Guillaumevous propose de réveiller une de leurs merveilles, de vous installer à son bord, c’est le PARADIS. Juste à cet endroit en cet inégalable PÉRIGORD (avec la Bretagne peut-être).
Plus d’infos pratiques par ici si vous voulez y faire un tour.
Histoire de ne pas se quitter comme ça, quelques photos de plus :













bernard delage
Effectivement très belle collection qui mériterait que l’on s’y interesse encore plus. Guillaume de Passemar a repris le flambeau de belle manière et je vous invite à vous rendre au Château Sanxet
· · 31 juillet 2022 à 19 h 58 min