
Hugo Baldy est depuis des années (toujours en fait) plongé dans la voiture ancienne. Après des années au sein d’une célèbre maison d’édition, il est spécialiste des véhicules de collection chez Aguttes. Il nous livre son billet d’humeur une fois par mois, les autres sont ici.
L’été dernier, alors que j’étais – et une grande partie d’entre vous également – en train de profiter du Mans Classic, l’un de mes héros s’en est allé.
Malgré son nom franco-français, il était l’incarnation parfaite du sujet britannique, élégant et distingué, bien élevé et raffiné, charmeur et roublard… Fruit de l’union d’un pilote de chasse français réformé par la Royal Air Force pendant la Deuxième Guerre mondiale, et d’une actrice anglaise qui avait tourné dans quelques films de série B à Hollywood, il était bien né, et sa « gueule de cinéma » comme son parcours de playboy l’ont naturellement amenés à vivre une vie de roman.
Après des études en finance et une – très – courte carrière dans la banque, il décide de devenir… photographe de mode ! C’est ensuite en accompagnant l’une de ses petites amies sur un circuit qu’il attrapa le démon de la course automobile. Nous sommes au milieu des années 1960 et mon héros décide de devenir pilote, en commençant à piloter une AC Bristol, puis une Porsche 904 et une Dino 206… pas moins !
Il évolue vers des autos plus performantes et plus en phases avec leur époque et décide de se consacrer aux 24 Heures du Mans mais, échouant à acheter une Ferrari 312 PB, il va se lancer dans la construction de son propre proto pour courir la classique mancelle, embauchant pour l’occasion un jeune designer prometteur du nom de Gordon Murray. La barquette, construite sur la base d’une « vieille » Brabham F1 et baptisée Duckhams du nom du pétrolier principal sponsor va terminer 12e de l’édition 1972. Elle prendra encore le départ de deux éditions du Mans, tandis que son pilote participera à l’épreuve treize fois, avec une troisième place en 1976 pour meilleur résultat ! L’histoire est en marche.

Pur passionné de mécanique et de belles automobiles, notre émérite pilote-constructeur est aussi marchand de voitures classiques à ses heures, et utilise au quotidien une Alfa Romeo 8C ex Mille Miglia, achetée en 1972, et qu’il gare négligemment dans la rue… La voiture, a l’incroyable palmarès, est encore aujourd’hui l’une des plus authentiques et sûrement la plus kilométrée.
En 1988, le Gentleman Driver raccroche le casque et devient commentateur de Grand Prix et animateur TV, aussi à l’aise pour parler technique et histoire, sur les voitures et les avions, que sur… les timbres à l’effigie du roi George V, dont il est le deuxième collectionneur au monde, derrière la reine Élisabeth !
C’est un peu plus tard que je le découvre, au travers d’émissions TV rediffusées sur Internet fin des années 1990, début des années 2000. Le concept génial de Victory by Design est de retracer l’histoire d’une marque au travers l’essai de ses principales voitures de courses. Le pilote patron d’écurie, redevenu irrésistible playboy, goggles sur la tête, et gants de cuir cramponnés sur le cerceau, conduit vite et bien tous les monstres sacrés, de manière chronologique et complètement folle. Ces émissions, regardées en cachette le mercredi après midi au lieu de faire mes devoirs, ont forgé une grande partie de ma culture automobile, tout en perfectionnant mon apprentissage de la langue de Shakespeare.
Alain de Cadenet était mon héros. Il n’est jamais trop tard pour se souvenir de ses héros…

jeanmarch2005
Ravi de retrouver votre blog qui s’était interrompu pour moi je ne sais pas pourquoi .
Merci de rendre hommage à Alain de Cadenet et j’espère que vous pourrez reprendre et développer son histoire …
Ayant assisté aux 24 h du Mans pour la première fois en 1973 j’ai découvert cette mystérieuse Duckhams for bien conduite au milieu du duel fantastique Ferrari-Matra (Ah le hurlement symphonique des V12 dans la nuit sarthoise !) .
Le V8 Ford n’est pas mal non plus . Et tous les ans on retrouvait sa personnalité décalée de gentleman-driver au volant de ces voitures d’ « amateur » luttant seul contre le rouleau compresseur des grosses écuries .
Ces hommes exceptionnels tant pas leurs qualités au volant que leur qualités humaines , je pense aussi à son compatriote Vic Elford lui aussi récemment décédé , nous manqueront infiniment .
Je souhaite longue vie au blog et présente aux membres de l’équipe mes vœux de bonne année avec toujours plein de découvertes et de retours sur l’histoire de l’automobile et de la course .
Bien courtoisement .
· · 15 janvier 2023 à 22 h 49 min