Les 80 ans du D-Day : un Musée à ciel ouvert exceptionnel

Publié le par Bruno Lelievre

Les 80 ans du D-Day : un Musée à ciel ouvert exceptionnel

A bien des égards cette année du 80e anniversaire du D-DAY était exceptionnelle par la quantité et la diversité des véhicules d’époque, essentiellement militaires, qu’on pouvait voir en statique et en circulation sur les routes bas normandes.

Bien qu’étant moi-même normand d’origine je n’avais jamais eu l’occasion de participer à ces événements d’anniversaire du 6 juin qui ne cessent de prendre de l’ampleur depuis leurs débuts dans les années 80.

Comme l’avait bien expliqué Bertrand dans son reportage en 2017 (commemorations-du-debarquement), il faut préparer à l’avance son périple car le nombre d’événements et de commémorations est tel pour le D-DAY qu’il est impossible de tout voir, même sur plusieurs jours. Ma localisation familiale m’a permis de rayonner en secteur américain dans la Manche (zones d’Utah, Ste Mère église, Carentan, Crasville et même Mortain au Sud), et dans l’Ouest du Calvados dans la zone d’Omaha.

LES « AUTOMOBILES D’EPOQUE » AUX 80 ANS DU D-DAY

Les « voitures anciennes » ne sont pas les véhicules qu’on va rencontrer le plus souvent au D-Day, mais elles sont malgré tout présentes un peu partout dans certains camps ou défilés.

Impossible de passer à côté des traditionnelles Traction avant (dont c’est le 90e anniversaire cette année), en versions civiles ou avec leurs incontournables peintures de guerre « FFI » (qui masquent parfois des modèles postérieurs), et même cette plus rare version US Army à calandre spéciale Tonneline.

On trouvait quelques autres françaises de l’époque juste avant-guerre comme une Citroën Rosalie ou une Simca 8 dans des ambiances de village français libéré.

Incontournables également les pick-up US civils Chevrolet Série AK et les grosses berlines US dans des livrées militarisées, authentiques voitures de commandement ou plus souvent adaptées dans cette configuration avec leurs plaques d’étoiles de généraux.

J’ai ainsi croisé des Chevrolet 1938, des berlines Buick Special et Plymouth Special De Luxe 1941 Sedan

Dans les autres véhicules de commandement on citera deux rares allemandes, une Horch et la Stoewer Typ40 Kfz2, ainsi qu’une anglaise, la Humber. 

LES MOTOS AUX 80 ANS DU D-DAY

Côté alliés on trouvait quelques motos françaises

Mais le gros des troupes était évidemment constitué des incontournables Harley Davidson WLA

Parmi ces Harley on trouvait une belle version civile de 1938 et une rare version tricycle Navy. A noter également des petites motos parachutées Airborne Scooter Cushman Model 53, dont cette version Navy.

Côté allemand on trouvait quasiment tous les modèles, depuis les grosses bicylindres à plat BMW et Zundapp (celles-ci partagent d’ailleurs quelques éléments communs avec les BMW comme les fourches issues de la rationalisation de production en temps de guerre)

Jusqu’aux plus légères monocylindres DKW NZ350, en passant par la NSU moto-chenille Kettenkrad.

LES JEEP AUX 80 ANS DU D-DAY

Jamais je n’avais vu une telle concentration de Jeep, elles étaient omniprésentes, dans les camps et sur toutes les routes de Normandie impossible de passer à côté. Leur capital sympathie est toujours aussi fort, mais on pourrait craindre l’overdose lorsque ce sont des centaines et des centaines de Jeep qu’on croise.

Après une première phase ou l’on aurait tendance à les éviter pour rechercher d’autres véhicules plus insolites, on se prend finalement au jeu de rechercher des Jeep originales, et on peut dire qu’il y en avait, comme ces livrées gris bleuté des versions Navy ou même quelques rares exemplaires en jaune sable en configuration SAS comme ici une FFL, qui bien qu’elle ne soit pas historiquement liée au D-Day, ne dénotait pas avec le soleil présent tout au long de ce 80e anniversaire. Cette semaine de commémorations du D-Day rassemble d’ailleurs des collectionneurs d’engins de la 2e guerre mondiale au sens large, et pas seulement ceux qui ont fait le Débarquement, mais c’est pour notre plus grand plaisir.

Des Jeep aux livrées originales également avec les versions « Airfield » et leurs damiers blanc/noir ou Jaune/noir

La Jeep est très courante en collection de par sa grande production, on s’attardera moins sur les fabrications françaises Hotchkiss des années 60 (réalisées à l’époque sous licence pour l’armée française quasiment sur le modèle Willys original) puisqu’elles n’ont pas vraiment l’authenticité « D-Day », mais on recherchera par exemple celles qui ont des attributs particuliers ou « historiques », avec brancards d’infirmiers, mitrailleuses US ou anglaises, des trophées ou panneaux indicateurs (authentiques ou de reconstitution), ou encore une Jeep porteuse d’une mini moto anglaise Welbike (un modèle parachutable) de cet équipage Belge (car des collectionneurs viennent de toute l’Europe au D-Day)..

Un certain nombre de Jeep sont également plaquées d’étoiles de généraux, je suppose que peu d’entre elles sont d’authentiques véhicules de commandement mais c’est sympa. Dans les autres originalités on trouvait également une Jeep embarquée dans un planeur (aéronef de reconstruction).

Et puis si ce n’est l’auto elle-même c’est les symboles que véhicule la Jeep qui donnent cette ambiance D-Day si particulière, avec la plupart des occupants qui font l’effort d’être en tenue adaptée d’époque civile ou militaire (même si c’est souvent des refabrications, beaucoup de tenues reluisaient le tissu tout neuf..)

Quoi de plus typique que de retrouver les Jeep au petit matin du D-Day  sur les plages d’Utah Beach ou le soir sur celle d’Omaha beach, car certains n’hésitent pas à « mouiller » leur monture sur les bras d’eau de mer de la plage, et ça prend tout son sens lors d’un D-Day.

Un clin d’oeil enfin lorsqu’un papy normand, ayant connu la libération dans son enfance, ne pouvait résister de monter dans une Jeep et retrouver les sensations à son bord, ou mieux encore lorsque c’est les quelques rares vétérans du D-DAY ayant pu faire le voyage qui embarquent en Jeep, quelle émotion…

C’est peut-être une hérésie historique mais je vais terminer cette revue des Jeep avec les « Jeeps » allemandes, prenant le parti pris du caractère générique donné au mot Jeep puisqu’il s’emploie pour toutes sortes de véhicules de même nature (les tout-terrain rustiques, civils ou militaires). C’est donc quelques rares jeep type Kübelwagen et Schwimmwagen (la version amphibie) que l’on pouvait croiser, des voitures conçues par Porsche avec les bases de la Coccinelle.

LES TRUCKS AUX 80 ANS DU D-DAY

Après les Jeeps les véhicules les plus représentés au 80e D-Day sont les camions militaires. On trouve évidemment  beaucoup de Dodges WC dans différentes versions, avec ou sans cabine, transport de troupes, command cars, ambulances…

Également de nombreuses versions de camions GMC, les classiques cargos 6×6 cabine ouverte ou fermée, avec ou sans bâche pour transport de troupes ou de marchandises, parfois avec leur tourelle pour mitrailleuse ou en livrée Navy.

Présence de quelques versions plus rares comme un GMC avec compresseur LEROI, ou encore des versions GMC semi-remorque porte barques.

Comme pour tous les véhicules anciens on a pu rencontrer quelques soucis mécaniques, rapidement réglés car le matériel militaire c’est simple et rustique.

Citons également des camions moins courants comme un General Motors Truck 1940 civil version Navy Coast Guards, l’imposant camion Diamond T en versions cargo ou dépannage, cabine tôlée ou bâchée, le tracteur semi-remorque de la société Autocar modèle U ou l’énorme camion Mack NO 7 ½ ton (seulement 2050 exemplaires produits).

Notons également un camion Brockway B666 poseur de pont, un rare ensemble tracté de DCA avec son générateur et son projecteur, et quelques camions porte chars comme un M25 Pacific.

Côté allemand j’ai croisé aussi plusieurs camions, comme l’infatigable Opel Blitz, mais surtout pas moins de 5 Half Track (autochenilles) qu’on voit rarement. En versions transports de troupes/tracteurs d’artillerie, deux légers Sdkfz10 et Sdkfz11, mais surtout un gros Mercedes DB10 (moteur Maybach) Sdkfz8, et un FAMO Sdkfz9 encore bien plus puissant et qui grâce à son moteur (également Maybach) V12 de 280cv pouvait servir de dépanneur de chars. En complément un half track Sdkfz7 en version véhicule de lutte anti-aérienne avec ses éléments de blindage  ajoutés et son affût de canons quadruples Flack 38, ainsi qu’ rare tracteur chenillé d’artillerie/transport de troupe RSO/1 de Steyr.

Je poursuis cette revue des « trucks » avec le fameux dépanneur de chars US Ward LaFrance, un série 2 vu ici sur la route, et un série 5 en démonstration dans les champs, vraiment impressionnant.

Enfin les Trucks qui symbolisent le mieux le débarquement sont les véhicules amphibies, j’ai croisé quelques chenillettes de transport M29 qui possèdent des déclinaisons amphibies, mais surtout le célèbre amphibie DUKW de GMC, et j’ai eu la chance d’en voir un exemplaire manœuvrer sur la plage et en mer à Omaha Beach.

LES BLINDES AUX 80 ANS DU D-DAY

Pour cette dernière catégorie de véhicules du 80e D-DAY on reste dans les « lourds » avec les véhicules blindés. Quelques blindés « légers » comme le M3 en version Scout Car et en classique Half Track, ou encore le blindé 6×6 à roues M8 Greyhound avec canon de 37mm et sa variante M20 sans canon tourelle avec simple mitrailleuse.

Mais c’est surtout des blindés « lourds » de combat US qui attiraient l’attention avec une belle quantité de chars M4 Sherman, quelques M3, M7 Priest, ainsi que des M24 Schaffee bien que pour ces derniers leur présence n’est pas liée au Débarquement du 6 Juin puisqu’ils ne sont arrivés en France que fin 44.

Lorsqu’on peut assister à des manœuvres de chars en défilé en ville ou sur route ce sont vraiment des véhicules fabuleux avec un bruit extraordinaire des moteurs.

Et le mieux c’est encore lorsqu’ils sont en démonstration dans les champs ou l’on ressent toute la puissance des engins (moteur Continental en étoile 9 cylindres de 400cv pour le M4) et c’est un spectacle gratuit qu’on apprécie au D-Day surtout lorsqu’on connait leur budget de fonctionnement avec une consommation qui peut aller jusqu’à 400 litres d’essence à l’heure en tout terrain ! 

Une puissance qu’il faut toutefois bien maitriser, un équipage de M4 Sherman en fera les frais lors des cérémonies des combats de Mortain le 8 juin. Son propriétaire et conducteur était lancé à pleine vitesse dans un champ lorsqu’il a percuté un rocher en voulant virer à 180° et le blindé a terminé sa course dans un sous-bois 10 mètres en contrebas après avoir fendu quelques chênes. Par chance tout l’équipage s’en est sorti indemne, ceux qui étaient debout sur la tourelle ayant sauté avant l’impact. Et le soir même le char était sorti du ravin avec l’aide de quelques grues et même reparti par la route pour la fin des festivités du D-Day, c’est costaud ces engins !  

Autre anecdote sur les chars du D-Day je citerai la présence du célèbre Sherman FURY qui a servi dans le film éponyme, et qui ne possède plus son moteur en étoile, remplacé par un gros V8 diesel 2 ou 3 fois moins gourmand..

PAS QUE DES VEHICULES AU 80 ANS DU D-DAY

Je ne vous relaterai pas en détail les autres expériences à vivre lors de ce 80e D-Day, mais en complément des véhicules historiques on pouvait aussi trouver son bonheur avec les avions et les parachutages modernes ou historiques.

Et je n’oublierai pas l’aspect commémoration car le D-Day ce n’est pas qu’un vaste Musée à ciel ouvert d’engins de la seconde guerre mondiale, c’est aussi et avant tout l’occasion d’honorer les vaillants libérateurs ayant donné leur vie, au cours de cérémonies officielles ou d’autres moments de recueillement plus intimes et personnels, j’y ai notamment croisé des familles de vétérans amérindiens, c’était une belle émotion.

CONCLUSION du 80e D-DAY

Assurément une sacré édition que ce 80e D-Day, le public était d’ailleurs venu très nombreux pendant la semaine et les week-ends entourant le 6 juin, et si cela pouvait entrainer de fortes perturbations de circulation et quelques frustrations surtout lorsque c’était couplé avec des déplacements d’officiels (j’ai moi-même plusieurs fois marché sur de longues distances pour atteindre certains sites emblématiques), cela en valait vraiment la peine car les amoureux de véhicules militaires historiques ont été comblés. Le tout avec une météo magnifique quoique bien fraiche le matin (5°C à 5h30 le 6 juin à Utah, les équipages étaient frigorifiés). C’est certain que je reviendrai au D-DAY.

Je vous met quelques images complémentaires pour le plaisir et pour l’ambiance D-DAY

Bruno Lelievre

Après une longue carrière dans l'industrie automobile ce passionné collectionneur de Coupés et Cabriolets Peugeot rejoint News d'Anciennes en 2022 pour partager ses nombreuses photos.

Commentaires

  1. ThierryW

    Très beau reportage reflétant bien cette superbe édition.

    Répondre · · 20 juin 2024 à 12 h 15 min

    1. Bruno Lelievre

      Merci. J’ai adoré l’ambiance, et si la quantité des véhicules et engins WW2 était impressionnante c’est certainement quelque chose qu’on pourra revoir à l’avenir, par contre croiser les vétérans c’était probablement une des dernières occasions.

      Répondre · · 21 juin 2024 à 19 h 47 min

  2. Olivier Baudry

    Super reportage. En plus, on peux me voir au volant de ma jeep avec un vétéran à bord. Superbe photo. Merci

    Répondre · · 22 juin 2024 à 13 h 46 min

Répondre à ThierryWAnnuler la réponse.

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