Le Dakar Classic 2022 en Chevrolet Pro Truck

Publié le par Vincent

Le Dakar Classic 2022 en Chevrolet Pro Truck

Pour son édition 2022, le Dakar proposait une catégorie dédiée aux véhicules historiques. De retour de leur périple, Olivier et Thierry nous racontent leur première participation à bord de leur Chevrolet Silverado de 1986.

Le Dakar Classic 2022

Il y a tant à dire sur ce qui a fait la légende du Paris-Dakar. Aujourd’hui nous n’allons pas revenir sur l’histoire de l’épreuve lancée par Thierry Sabine en 1978 mais sur l’édition 2022. Le rallye-raid s’est disputé en Arabie Saoudite du 1er au 14 janvier. Cette année, ce sont plus de 150 équipages qui prenaient le départ en catégorie Classic. Cette dernière courait en régularité, en parallèle des catégories professionnelles. Pendant deux semaines, ce sont près de 8700 km de pistes et de sable qui attendaient les participants.

Pour participer en Classic, seuls les véhicules antérieurs au 31 décembre 1999 sont acceptés. Idéalement, il faut qu’ils aient couru sur une des manches du championnat de l’époque. Au sein des engagés, on retrouve donc des véhicules historiques ayant participé à l’épreuve mais aussi des évocations. Parmi les favoris il y avait une Peugeot 205 Grand Raid, une Porsche 911 Safari, une 504 Coupé V6 ou encore une Citroën CX…

Terre et Dunes Aventures

C’est en me plongeant dans les coulisses l’émission Direct Auto que j’ai fait la rencontre d’Olivier Guerin et Thierry Delgutte qui forment l’équipe Terre et Dunes Aventures. Ces deux passionnés de rallye-raid y présentaient un Mitsubishi Pajero Evo. Une machine ultra-performante qui a rapidement su assoir la réputation de la marque nippone sur les terrains les plus hostiles.

En avril 2021, les deux compères souhaitaient déjà s’engager au Dakar Classic. Pour cela, leur Pajero Evo nécessitait une réfection et une préparation qui se révéla trop coûteuse pour le projet. Il fallait donc trouver un nouveau véhicule pour partir à l’aventure. Leur choix s’est donc porté sur un Chevrolet Silverado de 1986, un pick-up à la mécanique simple et robuste. Et qui dit américain, dit bien évidemment V8. Le moteur Chevrolet cube à 5,3L et délivre une puissance estimée entre 350 à 400 ch !

« Quand on met le pied dedans, ça grimpe ! » – Olivier Guérin

Le cœur de la bête est couplé à une boîte trois rapports à crémaillère. Petit détail qui a son importance, le Chevy a un essieu rigide soudé.

« La prise en main de la direction a été assez particulière. Quand on tourne le volant, il ne se passe presque rien. Il faut lancer l’auto pour la faire tourner. » – Olivier Guérin

Côté compétition extrême, leur Silverado n’en était pas à son premier coup d’essai puisqu’il provenait du championnat US Score. Remonté à neuf en 2016, ce dernier n’avait pas resservi depuis.

Olivier et Thierry ont reçu la voiture début octobre. Ils n’ont eu que deux mois pour la préparer. Heureusement, pour affronter le désert, ils n’avaient pas à faire de trop grosses modifications dessus. Pour ce qui est de l’autonomie, le pick-up Chevrolet pouvait déjà compter sur son réservoir d’origine de 170 L ! Néanmoins il fallait tout de même apporter des adaptations réglementaires pour permettre l’homologation du Silverado : arceaux, fixations, sièges, extincteurs, coupe-circuit… Tout devait être homologué FIA. Ensuite, il restait la partie aménagement côté copilote avec les éléments de navigation.

Avec le Chevrolet Silverado, l’idée était de jouer la carte de l’originalité pour offrir une plus grande visibilité à leurs sponsors. Par le passé quelques grands noms de la compétition automobile s’étaient illustrés à bord de pro-truck similaires : Henri Pescarolo, Bruno Saby, Pierre Lartigue pour ne citer qu’eux ! D’ailleurs, l’exemplaire engagé par Olivier et Thierry est une évocation du modèle avec lequel Pierre Lartigue participa au Dakar en 1998 et 2001. Le pilote aux trois couronnes du Paris – Dakar (de 1994 à 1996 au volant de la Citroën ZX Rallye-Raid) est même devenu le parrain de l’aventure !

Un départ sur les chapeaux de roues

Les vérifications techniques débutaient une semaine avant le début de l’épreuve. Ensuite, les équipages bénéficiaient de deux jours de tests avant le début de la course. L’occasion pour Thierry et Olivier d’éprouver la fiabilité de l’auto.

Avec une 8ème place au général le second jour, les premiers résultats sont encourageants pour l’équipage de Terre et Dunes Aventures. Malheureusement, le Dakar reste une course d’endurance et les conditions extrêmes ont eu raison d’une rotule lors de la 5ème étape. Olivier et Thierry mettent deux jours avant de pouvoir repartir. Relégués à la 138e place, ils parviennent à en regagner 30 places malgré une voiture fragilisée. Seulement 125 véhicules termineront la course.

News d’Anciennes : Qu’est-ce que le Dakar représente pour toi ?

L’époque de Thierry Sabine m’a toujours fait rêver. C’était l’âge d’or du rallye-raid. Participer à un vrai Dakar était un Graal pour moi. La catégorie Classic partageait les bivouacs et les briefings avec les catégories modernes. On a même pu croiser des pilotes comme Stéphane Peterhansel et Sébastien Loeb.

Quelle est la journée type pendant un Dakar Classic ?

Le matin on était debout à partir de 4-5h. Chaque jour on roulait pendant 12h pour faire les 700 km de l’étape. Une fois arrivés, Thierry s’occupait d’animer les réseaux sociaux. De mon côté je voyais avec le team pour traiter les problèmes mécaniques. Une fois que tout roule, on va aider les autres voitures. Le temps de gérer l’assistance le soir, on se couchait vers minuit, voire 1h. Rapidement tout le monde comprend que la clé de l’endurance, c’est le sommeil. C’était mon 4ème rallye-raid mais mon premier en endurance. Malgré cela j’étais déjà physiquement habitué à ce type d’expérience. Je n’ai donc pas trop peiné sur ces deux semaines.

Comment était le climat des pistes d’Arabie Saoudite ?

Le matin on avait un léger vent frais mais il faisait rapidement 30°C en journée. Avec la chaleur du moteur et des combinaisons, c’était très vite étouffant. La voiture a aussi un peu peiné malgré ses deux circuits de refroidissement.

J’imagine que malgré les températures élevées, il y a eu quelques sueurs froides ?

Tout à fait. Avant de partir sur une spéciale, Thierry rentre les données pour la régularité, on refait la pression des pneus, on s’équipe et on s’attache. Au moment de partir, j’appuie sur le bouton de démarrage… Rien ne se passe. Ce dernier était grippé par le sable. Il a fallu prendre une décision rapide. J’ai fini par me détacher et passer sous le tableau de bord pour démarrer aux fils. C’est comme ça qu’on a volé notre propre voiture.

En régularité on a droit à 15 min de battement par jour pour être au départ. Avec 5 à 6 spéciales, chaque minute compte si on ne veut pas prendre trop de pénalités. Alors pour des surprises comme ça, c’est un véritable contre la montre.

Qu’est-ce qui te plaît le plus en rallye-raid ?

L’idée du rally-raid, c’est aussi de découvrir des paysages, des cultures différentes, une architecture, une gastronomie en plus de la compétition et du pilotage. Mais ce que j’aime le plus, c’est cet esprit d’équipe et cette entraide vraiment très forte en rallye-raid. En endurance, l’objectif principal consiste à atteindre la ligne d’arrivée. On sait qu’on aura forcément besoin les uns des autres à un moment. Le terrain est si extrême qu’on ne peut pas toujours réussir en solo. L’entraide est donc indispensable, que ce soit en anciennes ou modernes. Le second jour on a eu un problème d’alternateur. C’est une connaissance d’une connaissance de Thierry qui nous a dépanné avec la pièce manquante. C’est l’entraide des voyageurs. Comme le dit l’adage, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !

Avec une arrivée au bout de ce Dakar Classic, l’objectif était donc atteint ?

Exact oui mais l’objectif était double. Notre périple a été réalisé en soutient à l’AFPr (Association Française des Polyarthritiques et des rhumatismes inflammatoires chroniques). Nous essayons de faire connaître et d’aider cette association à notre façon. Une partie du budget sponsoring reçu pour l’aventure est directement reversé à l’association. Ça nous tient vraiment à cœur. On a la chance de pouvoir vivre cette aventure alors on veut partager ça.

Tous les jours, les membres et bénéficiaires de l’association attendaient nos nouvelles. C’était important pour eux de soutenir un équipage portant leurs couleurs. Cela les aide aussi à penser à autre chose que la maladie en s’impliquant dans l’aventure.

Quelle est la prochaine étape pour Terre et Dunes Aventures ?

La suite ? On réfléchit à refaire le Dakar Classic mais avec un véhicule mieux préparé pour pouvoir courir au maximum de nos capacités. Le Monaco Dakar sur le continent Africain est aussi une piste qui nous attire beaucoup. Dans tous les cas, nous voulons continuer en historique, c’est ce qui nous plait !

Crédits photos : Terre et Dunes Aventures

Vincent

https://vincentdecours.com

Ingénieur de formation, il se lance dans les anciennes en 2011 en écrivant "Auto d'Antan", une revue amateur sur les véhicules anciens. Trois ans plus tard il se lance sur la blogosphère puis rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2016 . Il partage la route avec sa Motobécane N40TS, son Vélosolex 3800 et sa Renault 5 GTL.

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