La Traboulée 2019, à la découverte de la région Lyonnaise

Publié le par Fabien

La Traboulée 2019, à la découverte de la région Lyonnaise

La canicule n’est plus au rendez-vous et c’est un temps variable aux températures agréables qui a accompagné les participants de la Traboulée 2019 pour découvrir les routes du pays Lyonnais. Un beau rendez-vous organisé pour la 11e année par les 3A, Amateurs d’Automobiles Anciennes, le club qui est à l’origine du Salon Epoqu’Auto dont la prochaine édition aura lieu du 8 au 10 novembre 2019.

« Traboulée » : un nom chargé d’histoire Lyonnaise

A l’origine, la Traboulée était une traversée de Lyon d’où son nom tiré de ces fameuses ruelles Lyonnaises. Entre le Vieux-Lyon et la Croix-Rousse, les Traboules sont des passages piétons plus ou moins secrets, mais regorgeant de mystères, qui permettent de passer d’un immeuble à l’autre sans sortir dans les rues. Il y en a 230 référencées, ce qui est de bon augure pour les 3A qui ne sont qu’à la 11ème édition de leur balade Lyonnaise !

Quel rapport avec la traversée de Lyon me direz-vous ? Outre le côté typique des lieux, ce nom associé à la ville Lyon vient du verbe trabouler, utilisé pour la première fois en 1894 par Nizier du Puitspelu, dans un journal, qui étymologiquement est la contraction de « tra » (trans, traverser) et de « bouler » (rouler). Et traverser en roulant, c’est bien ce que font les participants à l’événement ! CQFD. Cette mise au point faite, rendez-vous au moint de départ : l’hippodrome de Parilly, à Bron.

Le parcours de la Traboulée 2019

Rendez-vous à l’hippodrome de Parilly

Quoi de plus logique que de rassembler des chevaux à l’hippodrome de Bron ! En ce dimanche matin gris et pluvieux, la couleur des carrosseries apporte une touche de gaité et de bonne humeur. Distribution des road-books devant l’entrée du manège autour d’un petit déjeuner pour les participants. C’est l’occasion de faire connaissance et de se préparer aux presque 80 km d’itinéraire fléché, sans compter la liaison de Bron au Pont de la Mulatière, où se situe la confluence du Rhône et de la Saône, point de départ du compteur journalier sur le road-book.

Un itinéraire qui ceinture la ville

La Traboulée 2019 sort de la ville de Lyon pour se balader dans la partie sud de l’agglomération. Du Pont de la Mulatière jusqu’au château de Rajat à Heyrieux, en passant par la route des Aqueducs et en traversant le Rhône à Vienne. Trouver des spots photos sur ce parcours n’a pas été simple, non parce que les raccourcis manquaient, mais un dimanche de chassé-croisé estival, ces liaisons rapides le devenaient beaucoup moins compte tenu du trafic et du manque d’expérience routière de beaucoup de ces conducteurs… du dimanche !

Cependant, du point de vue des participants, il en a été tout autrement, puisque les quelques personnes consultées ont bien apprécié les routes et chemins de traverse empruntés. Et c’est bien là le principal ! Quant au cadre des jardins du Château de Rajat, il a fait l’unanimité et m’a permis de largement compenser cette frustration.

Les voitures de la Traboulée 2019

Parmi la grosse cinquantaine de voitures présentes, toutes les périodes étaient représentées, de l’avant-guerre aux années 90. C’est d’ailleurs sur cette base chronologique que nous allons passer en revue les plus marquantes.

Les avant-guerre

La plus ancienne du plateau était une Peugeot 301 CR de 1934, bicolore. Ce modèle, produit sur 1 année entre 1933 et 1934, est reconnaissable à sa calandre inclinée et ses trois ouïes latérales à trappes disposées sur 2 niveaux. La berline décapotable rencontrée est dans un état exceptionnel et son propriétaire n’hésite pas à rouler sur de longues distances, malgré une vitesse de pointe de l’ordre de 90 km/h. Sa participation à la Traboulée 2019 est une preuve de cette affirmation !

Et puis il y a les Salmson

Voir une Salmson S4 lors d’une manifestation, c’est déjà quelque chose. Mais se trouver nez à nez avec 3 exemplaires, c’est un vrai moment de bonheur ! Deux versions d’avant-guerre, des coupés, et une version berline d’après-guerre, reconnaissable à ses phares calandrés.

Pour les coupés, on reconnaîtra un S4 D faux cabriolet, modèle dont nous vous avons déjà parlé (c’est par ici), et un S4 E en version coupé 4 places, de 1939. Les lignes sont proches, mais en y regardant bien, c’est au niveau de la liaison du toit avec la caisse que la différence se fait la plus flagrante : la ligne de soudure du toit apparaît en prolongement de la ceinture de caisse sur la S4 D, tandis qu’il y a continuité sur la S4 E, dont cette version porte encore les stigmates des fameuses flèches de changement de direction.

A l’intérieur, peu de différences, sachant qu’à cette époque et à ce niveau de prix presque 2 fois plus élevé qu’une Citroën Traction 11CV, les personnalisations de détail étaient de mise. On y retrouve la boîte de vitesse électromagnétique de type Cotal, chère à la marque, tout comme sur la S4 E/61 berline (l’essai du cabriolet est par là). En restant à l’intérieur, on constate la montée en gamme et en luxe, mais aussi la modernisation du tableau de bord.

La voiture, bien que française, reste avec conduite à droite. Ceci était plutôt courant sur les modèles d’avant-guerre, et trahit ainsi l’âge de ce modèle. Pour sortir, rien de plus simple en l’absence de montant de portière. Plus profilée, de la calandre au coffre de malle, cette voiture marque néanmoins la transition entre deux époques.

Les après-guerre

Là, il va falloir un peu de rigueur car les voitures de cette époque constituent le gros du plateau. Le mieux étant d’y aller par origines.

Citroën

A tout seigneur, tout honneur. Commençons donc par la Traction. Une belle 11 BL très classique et en parfait état. A côté de cette « star » Citroën, l’inévitable armada de 2cv. Presque toutes les époques sont présentes, ce qui est intéressant pour voir l’évolution du fer de lance d’après-guerre de Citroën. Evolution du coffre, de la toile de toit, du capot, de la calandre, du moteur… Evolution des intérieurs aussi.

C’est en ayant ce type d’échantillon représentatif que l’on comprend en partie le succès de ce modèle qui a su s’adapter pendant 2 décennies jusqu’à devenir un mythe vivant : construire une voiture de 1948 jusqu’en 1990 dans son pays d’origine… Peu de constructeurs peuvent se vanter de cela !

Parmi ces 2cv, une Dyane 6 s’est glissée (l’essai est ici). La Dyane, fille Panhard & Levassor aussi bien dans le dessin d’origine que dans le nom, dérivé de Dyna d’où le Y du nom de la déesse romaine de la chasse… à la R4 ( ?) puisque ce modèle se voulait être la réponse du chevron à la Régie. Pourtant, au milieu de ces 2cv, on voit assez clairement la modernité de la ligne avec les optiques intégrées aux ailes, les portes concaves, des lignes plus tendues.

Au final, en regardant les chiffres, la Dyane en 15 ans de carrière s’est aussi bien vendue que la 2cv en 50 ans (un peu moins de 1,5 million d’exemplaires de Dyane vs. un peu plus de 5 millions pour la 2cv)… Une oubliée qui ne démérite pas et qui montre de plus en plus souvent le bout de ses ailes dans les sorties d’anciennes !

Du côté du Lion

Outre la 301, de belles Peugeot étaient de sortie à la Traboulée 2019, toutes en tenue d’été. Dans la série 3, ce seront non pas une mais deux 403 coupé cabriolet et leur état aurait fait pâlir ce bon vieil inspecteur Columbo ! De petits bijoux de la capote au bout des pneus. Ceci pour le début des années 60.

Lorsque la 403 tire sa révérence, la 404 a déjà 5 ans de production derrière elle. Le cabriolet est designé et partiellement assemblé en Italie chez Pininfarina. Le logo du célèbre carrossier transalpin figure en arrière de la portière, en bas de caisse. Le modèle vu lors de la Traboulée 2019 est équipé du moteur à injection, principe d’alimentation en essence inauguré chez Peugeot par la 404.

Dans la revue de famille, une 304 et une 204 cabriolet étaient également présentes. Là encore, avoir ces 3 modèles simultanément rassemblés n’est pas commun et permet de voir les différences esthétiques de cette série.

Mais ce qui distingue ces deux modèles de la 404 ne se voit pas : la 204, contemporaine de la 404 et la 304, plus récente, sont des tractions avant, les premières de la marque au Lion. Là encore, les deux exemplaires présents à la Traboulée 2019 ont bouclé le périple dans leurs superbes livrées rouge pour la plus petite et bleue pour l’autre.

Et les autres françaises

Seule une estafette représentait le losange. Mais peu importe. Il est toujours bienvenu de voir que les utilitaires se mêlent aux autres pour le plus grand bonheur des badauds et curieux. Et cette portière coulissante, témoin d’un temps que les moins de quelques années ne peuvent pas connaître, où il fallait se cramponner eu volant pour rester dans l’habitacle, mais où l’accès et la ventilation étaient parfaitement assurés. Et de la ventilation, il en fallait, le moteur, en saillie dans l’habitacle, générant pas mal de calories et d’odeurs ! Souvenez-vous, nous en avions essayé une de la Gendarmerie et c’est à relire ici.

Pour finir chez les françaises, une rare Facel Vega Facellia F2 en version coupé 4 places. Ce modèle était à l’origine destiné à recevoir une version modifiée par le Moteur Moderne du « moteur de verre » Pont-à-Mousson, dont le défaut de fiabilité ne laissait planer aucun doute et qui coûta très cher à la marque. Sur le modèle présent à la Traboulée 2019, le tableau de bord avec revêtement en faux bois issu des Facel V8 en lieu et place du cuir des Facellia précédentes, est conforme à la définition du modèle.

En voyant cette auto, on se prend à soupçonner Jean Daninos de s’est inspiré de « l’invitation au voyage » de Baudelaire : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté. » Et là encore, l’état du modèle croisé est tout simplement impeccable.

Chez les étrangères

Essentiellement, allemandes, anglaises, italiennes et américaines étaient de sortie.

De l’autre côté de la Manche

Triumph, MG, Morgan, Austin-Healey, Jaguar et Rolls Royce… Tout le gratin était là, haut en couleur, de la sportive au passé prestigieux en courses à la voiture symbolisant le luxe et l’excellence à la simple prononciation de son nom. Mais l’attention se fixe sur certains modèles, moins fréquents, comme cette belle MG-TF, lancé fin 1953 pour évoluer en TF 1500 dès mi-54, elle est reconnaissable par ses feux intégrés aux ailes avant et sa calandre inclinée. C’est le dernier modèle de la lignée type T née en 1936 chez MG, et il ne sera produit qu’à un peu plus de 6000 exemplaires.

L’Austin-Healey 100-6 ne démérite pas dans le genre qu’on ne croise pas à tous les coins de rues, avec moins de 15000 exemplaires produits!

Comme les Salmson, ce n’est pas tous les jours que l’on tombe nez à nez avec 2 Rolls Royce Silver Shadow phase 1, reconnaissables à leurs ouïes soulignant les optiques avant. Ce qui est intéressant, ce sont les différences entre les deux modèles : carrosserie unie et ouïes apparentes pour l’une et carrosserie bi-ton et ouïes masquées par les projecteurs anti-brouillard pour l’autre. Ces deux finitions sont assez caractéristiques de ce modèle qui fut commercialisé de 1965 à 1977.

Première carrosserie Ponton de la marque et aussi première Rolls conçue pour une conduite par le propriétaire et non par un chauffeur. Un peu de Citroën se retrouve à bord, puisque la suspension hydro-pneumatique exploite le brevet de la marque au chevron.

Des invitées d’outre atlantique

3 représentates charismatiques de l’Amérique avaient fait le détour pour participer à la Traboulée 2019. Une Corvette C3 Stingray (en un seul mot, Sting Ray étant réservé aux C2) de dernière génération, compte-tenu de la forme de son pare-choc avant. Il s’agit d’un modèle L81, de 1981 équipé du V8-350 ci « small block » de 5700 cm³ développant 190 ch.

La seconde est un de ces fameux coupé pick-up. Puisque construit par Ford, il s’agit d’un Ranchero. Compte-tenu de son design, c’est le dernier modèle produit, entre 77 et 79, sur base Thunderbird et non Gran Torino. C’est un modèle qui ne court pas les rues, plus rare que le Chevy El Camino.

Pour finir avec les « Ricaines », le symbole de la démesure de l’Amérique des années 50/60 était là. Une Cadillac DeVille Coupé Cabriolet 1959 – série 63. C’est la 4ème génération pour ce modèle qui en comptera 15.  Démesure donc, avec sa proue à 8 projecteurs entourant une grille chromée surmontée du logo de la marque créé en 1957. Mais aussi avec son pare-brise panoramique et les essuie-glaces en opposition, se positionnant comme en miroir du « V » soulignant le blason. Et enfin ce profil interminable de près de 6 mètres pour un empâtement de 3,3 mètres rappelle ces années où l’automobile américaine voulait dominer par la taille.

Sur ce modèle, la poupe est digne des plus grands films de science-fiction, avec des ailerons surdimensionnés logeant les feux arrières de manière à les faire ressembler aux réacteurs de ce vaisseau de la route. Et sous le capot, un bloc de 6,4 litres qui développe 325 ch.

De retour en Europe avec les Italiennes

Du côté des italiennes, on ne peut que craquer devant une belle Coda Longa, Alfa Romeo Spider Duetto des années 60. Le fameux « osso di seppia » (l’os de seiche) de première génération avec ses feux protégés par des globes. Une rencontre toujours marquante tant cette auto est emblématique de la dolce vita italienne de cette époque.

L’autre italienne est beaucoup plus rare, puisque moins de 9000 unités sont sorties des chaînes de chez Zagato, même si sa ligne est signée Pininfarina : la Lancia Beta 1600 Spyder/Spider. Elle intègre élégamment l’arceau de sécurité et rend le modèle totalement différent de sa base : la Lancia Beta Coupé.

Pour rouler cheveux au vent, Lancia et Pininfarina ont créé un savant mélange entre toit rigide amovible que l’on retrouve sur les modèles Targa, et vitre arrière montée sur toile, qui s’escamote comme sur un cabriolet classique. Le modèle croisé à la traboulée 2019 est un modèle d’avant 1978 puisque la calandre est encore de type nid d’abeille.

Toujours côté Lancia Beta, une berline Trevi 2000 IE accompagnait sa sœur découvrable. Pour définir ce modèle de Beta, Lancia ne s’est pas foulé, puisque Trevi signifie « tre volumi », c’est-à-dire 3 volumes ! Certes, Trevi reste le nom de la plus célèbre des fontaines romaines, ce qui a probablement joué en la faveur de ce nom… La version ici présente est sortie en 1981, équipée d’une injection électronique Bosch permettant au 2 litres de sortir la coquette (pour l’époque) puissance de 122 ch.

Et pour finir les allemandes

Chez les Allemandes, BMW, Mercedes et Porsche ont répondu présent. Essentiellement des véhicules des années 80/90, hormis une très belle BMW 2002 TI.

C’est également toujours avec plaisir que l’on croise un coupé Volvo Amazon 122 S, comme le mentionne le petit logo en avant des portières. Est-il encore besoin de rappeler que l’Amazon fut la première voiture de série à être équipée de ceintures de sécurité 3 points en 1956?

Pour finir, et c’est assez rare pour le souligner, je mentionnerai cette Toyota Corolla 1.6 GTI de 1990 « full stock », forte de 130cv. Une concurrente sérieuse, bien que peu diffusée, aux GTI européennes des années 80/90.

Photos allemandes et autres

Le mot de la fin

Une belle randonnée que cette Traboulée 2019. Peu de spectateurs pour cet événement intimiste, entre passionnés, mais un joli moment de convivialité. Il ne faudra surtout pas oublier de noter dans son agenda l’édition 2020 et surtout, de s’y inscrire !

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. Thibaudon

    Encore un superbe article très complet et bien structuré
    Merci !

    Répondre · · 1 août 2019 à 19 h 56 min

    1. Fabien

      Merci! Ces retours sont toujours très motivants!

      Répondre · · 1 août 2019 à 20 h 33 min

Répondre à ThibaudonAnnuler la réponse.

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