Troisième née des Porsche à moteur avant, la Porsche 944 a longtemps été délaissée au profit des 911. Toutefois, elle a connu un certain succès et ses dix ans de carrière ont été bien chargés. On revient sur son histoire, et ses exploits.
La naissance des Porsche à moteurs avant
La Porsche 944 fait partie de la famille chez Porsche que l’on appelle les « PMA », autrement dit les Porsche à moteurs avant. Toutefois, ce n’est pas la 944 qui a lancé cette gamme un peu à part de Stuttgart.
La première Porsche à moteur avant à être imaginée, c’est la Porsche 928. Elle est née de la volonté des dirigeants de l’époque de sortir des sentiers battus tracés par la 911. Le moteur à porte-à-faux arrière a selon eux peu d’avenir et il faut alors proposer une GT à moteur avant, refroidi par eau ! Toutefois, ce n’est pas elle qui est commercialisée en premier.
Dans les années 70, Volkswagen est dans une mauvaise passe. La Coccinelle commence à s’essouffler, et il en est de même pour les ventes de la 911. Porsche et Volkswagen choisissent alors de s’associer pour développer un coupé sportif accessible au grand public. La 928 abrite un V8 et se veut donc plus luxueuse, et donc, onéreuse.
Pour produire une auto plus abordable, alors que la 928 est encore en développement, on prend sa base pour produire en parallèle la Porsche 924. Cette dernière s’appellera d’abord Projet EA 425 avant d’être abandonné par Volkswagen. Elle sera alors produite par Porsche qui la nommera 924. Toutefois, pour faire des économies, un maximum de pièces seront issues de la banque de pièces Volkswagen, comme les freins ou le train arrière, et l’auto sera elle équipée d’un 4 cylindre en ligne, une évolution d’un moteur Audi/VW. Un an après, la saga PMA continue avec la 928.



La 944 pour agrandir la gamme
Après la 928 et le succès de la 924, Porsche souhaite continuer dans sa lancée des modèles à moteurs avant. Prévues pour moderniser l’image de la marque, elles offrent aussi un comportement routier plus équilibré.
Au début des années 80, c’est donc la 944 qui entre en jeu et rejoint la famille des PMA. Esthétiquement, elle reprends les lignes de sa devancière la 924 mais en étant tout de même un peu plus sportive. Les ailes de la 944 sont légèrement renflées, ce qui la rend plus agressive que sa petite devancière. En fait, elle reprend la carrosserie de la 924 Carrera GT, la plus sportive des versions de la 924. On laissera tout de même de côté les prises d’air Naca.
C’est Anatole Lapine qui sera le responsable du dessin de la Porsche 944. Il était déjà à l’origine des lignes de la 928. Pour réduire les problèmes de corrosion, la 944 aura aussi le droit à une carrosserie galvanisée.


La Porsche 944 est annoncée en juin 1981, mais ce n’est qu’en septembre, au salon de l’automobile de Francfort qu’elle est présentée au public pour la toute première fois. L’argument par rapport à sa devancière, c’est son moteur. On garde le quatre cylindre mais celui-ci est 100% d’origine Porsche, contrairement à la 924 qui abrite un bas-moteur Audi. Le moteur de la 944 est donc plus puissant, il développe 163 ch pour 2.5 L de cylindrée.


En plus d’avoir le moteur à l’avant, la 944 se démarque par d’autres caractéristiques. Comme ses devancières, la Porsche 944 dispose de l’architecture « Transaxle ». Ce nouveau système de transmission proposé par Ernst Fuhrmann est typique des Porsche à moteurs avant. L’ensemble boîte de vitesses et pont est positionné au niveau de l’essieu arrière, ce qui offre une meilleure répartition des masses. C’est ça qui lui donne une meilleure stabilité que la 911 sur la route. Le châssis de la 944 est amélioré par rapport à la 924. Les suspensions et le système de freins sont meilleurs.

10 ans de carrière
Produite et commercialisée à partir de fin 1981, la Porsche 944 entame alors sa carrière. Avec la 944, Porsche décline une gamme homogène et performante.
En 1985, Porsche présente la Porsche 944 Turbo. Si elle conserve le même moteur, il est poussé à 220 ch grâce au turbo. Parce que oui, le Turbo chez Porsche c’est une longue histoire et que serait un modèle Porsche sans sa déclinaison turbocompressée ? La version Turbo se démarque aussi esthétiquement par un bouclier avant tout nouveau, dans lequel sont intégrés les clignotants et les antibrouillards. A l’intérieur aussi elle s’offre une toute nouvelle planche de bord, qui sera reprise sur les 944 phase 2.
D’ailleurs, 1985 marque aussi la mise à jour de la 944 pour l’arrivée d’une deuxième phase. En plus d’une nouvelle planche de bord, la Porsche 944 reçoit aussi de nouvelles suspensions avant et arrières.



On voit également une autre version faire son entrée dans la gamme 944, la Porsche 944 S. La puissance du 4 cylindre atmosphérique est poussée à 190 ch dans cette version qui reçoit, pour encaisser tout ça, la boite de vitesse de la Turbo.



En 1988, la puissance de la 944 Turbo est encore revue à la hausse. Grâce au nouveau turbo K26-70, elle atteint désormais 250 ch. Nouvelle puissance dit nouvelle appellation, elle se nomme désormais 944 Turbo S. La 944 Turbo S sera produite en série limitée à 1000 exemplaires et ne sera produite que pendant un an. En réalité, 1165 exemplaires seront produits.
En plus du moteur, les suspensions sont raffermies, l’embrayage est renforcé et le différentiel autobloquant est livré de série. En France, elle s’appellera aussi 944 Turbo Cup, à ne pas confondre avec la Turbo Cup de piste, dont on parlera un peu plus tard. Dès 1989, toutes les 944 Turbo profitent de l’amélioration et atteignent les 250 ch.


La même année, la version d’entrée de gamme de 160 ch est arrêtée remplacée par un moteur 2.7 L un peu plus puissant, 165 ch. Cette nouvelle cylindrée offre surtout un meilleur couple, ce qui rend meilleur le comportement de la 944. La Porsche 944 S sera aussi remplacée par la 944 S2. Elle reprend le look de la Turbo mais s’offre un moteur atmo de 3.0 L de cylindrée et 211 ch.
En 1990, la 2.7L est arrêtée et la Porsche 944 Turbo s’offre une version découvrable. L’usine annonce une production de 944 Turbo cabriolet, qui sera produite à 529 exemplaires. Ce sont les seules versions avec la 944 S2 à exister en cabriolet.


La Porsche 944 sera produite jusqu’en 1991. En 10 ans de carrière, 162.452 exemplaires seront sorties des usines de Stuttgart. C’est la Porsche 968 qui la remplacera. Construite sur la même base, elle reprends toutefois un esthétique plus proche de la 928 et de la future 911 type 993.



La Porsche 944 et le sport : la Turbo Cup
Avec une marque qui réussi autant en sport automobile, on ne pouvait que s’attendre à une version piste de la 944 de la part de Porsche. Cette version pistarde, elle s’appelle 944 Turbo Cup. Mais l’histoire est un peu plus compliquée que ça.
Au milieu des années 80, les clients les plus sportifs de la marque de Stuttgart se plaignent des coûts en compétition de plus en plus élevés. La clientèle Porsche ne peut plus se permettre de courir en sport automobile et l’usine ne reste pas insensible à ce problème. Porsche lance alors l’idée d’un championnat monotype. Le but est de pouvoir faire courir des amateurs de tout âge, dans des conditions ou seul le pilotage compte.
Il faut pour cela un modèle de course économique, rapide, et fiable. C’est sur la Porsche 944 Turbo que le choix se porte. A l’époque, la 944 Turbo est l’une des rares sportives à proposer la même puissance avec et sans catalyseur. Le Professeur Helmuth Bott, directeur de la Technique et du Développement chez Porsche à l’époque, décide de lancer cette série de courses avec des 944 Turbo catalysées.

Du coup, les ingénieurs de Weissach s’attaquent à la 944 Turbo pour concevoir une voiture de course performante. Le châssis est renforcé avec des ressorts plus durs et des amortisseurs Bilstein. Les pneus et jantes sont élargis, les 944 Turbo sont pour ça équipées de jantes Fuchs en 8×16 à l’avant et 9×16 à l’arrière.
Le poids de l’auto est aussi retravaillé, puisque les Turbo Cup sont dépourvues d’insonorisant, de lève-vitres électriques ou de revêtements anti-gravillons. L’auto sera aussi dôtée d’un capot moteur en composite GFK pour encore plus de légèreté. La direction assistée saute pour une direction plus directe, et un gain de poids supplémentaire ! Du coup, la 944 Turbo Cup pesait 1160 kg.
Le moteur aussi est amélioré puisque la 944 Turbo Cup reçoit un carter d’huile plus grand, coulé en magnésium comme le collecteur d’admission. De plus, elle obtient le Turbo KKK destiné à la compétition.
Après l’amélioration du châssis sur les mêmes lignes de production que les 944 Turbo de série, les Turbo Cup sont envoyées chez Wilfried Matter, spécialiste de la sécurité pour être équipées en conséquence. Les 40 voitures fabriquées pour la saison 1986 seront vendues en quelques semaines et les sept courses prévues voient leur grille de départ complètes.
Dès 1987, la Porsche 944 Turbo Cup devient la Porsche 944 Turbo Cup Internationnal. Les courses n’auront alors plus seulement lieu sur les circuits allemands, mais aussi sur d’autres circuits européens tels que Spa, Monza ou encore Jarama.


La Porsche 944 en collection
Le gros avantage de la 944, c’est ne reste « qu’une » Porsche à moteur avant, disposant d’un petit 4 cylindre. Si ça n’enlève rien au plaisir de conduite qu’elle peut offrir, cela permet au moins de faire que sa côte est nettement moins élevée que celle d’une 911 ! Enfin, pour les versions plus basiques du moins.
La Porsche 944 a tout de même été produite en grand nombre ce qui permet d’en trouver facilement. Vous trouverez une 944 basique pour un budget allant de 10 à 15.000 € selon l’état, et une 944 S sera entre 12 et 20.000 € pour les plus belles. La version Turbo côte plus, évidemment, on pourra en trouver aux alentours des 20 à 30.000 € pour la version 220 ch et cela peut aller jusqu’à 35.000 pour une version 250 ch. On se rapproche tout doucement des prix de certaines 911 ! Bien sûr, on ne dit pas qu’une 911 est mieux, car c’est tellement différent qu’il ne sert pas à grand chose de les comparer.
Les plus chères restent évidemment les Turbo S et Turbo cabriolet puisqu’elles sont les pus rares. Pour une Turbo S, aussi appelée Turbo Cup, comptez au moins 40.000 €, voire plus si elle est vraiment peu kilométrée et en bon état. Une Turbo Cabriolet sera à peu près du même budget.
L’inconvénient maintenant, c’est que si la 944 était une Porsche abordable, l’entretien lui reste un entretien Porsche. Il faut donc, si vous souhaitez en acquérir une, veiller à ce que celui-ci ai bien été réalisé. C’est le souci avec les voitures petit budget des grandes marques, l’entretien est parfois peu honoré car il représentait tout de même un certain coût.
Les Porsche 944 sont des autos fiables de manière générale. Il faut, comme avec toute voiture, bien respecter les fréquences de remplacement de courroie de distribution, de pompe à eau et des galets. Sinon, les trains peuvent fatiguer et les silent-blocs des triangles et des barres de suspension sont parfois à changer mais rien d’insurmontable !
Photos complémentaires : Wheelsage







Zorg
J’ai gardé 12 ans un cabriolet s2, que des bons souvenirs et elle est increvable, super fiable, performante, assez sobre à allure normale. Et les pop-ups font la joie des enfants…Seul défaut la complexité de la distribution avec 2 arbres à cames sur la s2 et un arbre d’équilibrage, confiée à une courroie et une chaîne. Ne faites pas confiance au garagiste du coin !! Specialiste obligatoire…
· · 22 juillet 2024 à 17 h 30 min
Clyde952
Bonjour à tous les connaisseurs, et merci à Valentine. Très bon article , synthétique et sans erreur ! Avec même les précisions concernant la monte des turbos ( le K26/70 pour la 250 CV alias Turbo Cup route ou Turbo S, et le KKK pour la pistarde d’usine alias Cup Piste qui comme précisé est aussi allégée et durcie en suspensions etc …). A titre personnel je conserve trois 944 Atmos et turbo . Le plaisir n’a jamais diminué ; La côte elle est au début de …son accélération ! C’est clair !
Clyde .
· · 16 août 2024 à 17 h 08 min