La Ford Comète, un échec commercial loin de l’ovale

Publié le par Benjamin

La Ford Comète, un échec commercial loin de l’ovale

Lorsqu’on croise une Ford Comète sans la connaître, on a bien du mal à l’identifier ! En même temps cela n’arrive pas tous les jours, l’auto est particulièrement rare et cache bien sa parenté avec l’ovale bleu de Détroit.

Une auto française, aux accents italiens et pas très américains

Depuis la fin des années 1920, Ford est bien implantée en France avec une filiale presque indépendante qui fabrique d’abord des Ford T. De l’alliance avec l’alsacien Mathis découlent les Matford. Après-guerre Ford SAF s’installe dans une usine flambant neuve à Poissy et lance sur le marché sa Vedette en 1948. Une auto refusée par les américains car trop petite et qu’on veut mettre en concurrence avec la traction.

Mais François Lehideux, qui prend la direction de Ford SAF en 1950 a de l’ambition. Beaucoup d’ambition. Séduit par la ligne des Simca 8 Sport réalisées chez Facel-Metallon et dessinées par Farina en Italie. Son idée ne va du coup pas être très novatrice puisqu’il va repartir avec les mêmes acteurs.

C’est ainsi que la Ford Comète est dévoilée dans le sud-ouest en Août 1951. On identifie vite que c’est une Comète, c’est marqué dessus. Par contre aucune référence à Ford, aucun monogramme, aucun ovale bleu !
Niveau technique on part d’une Ford Vedette autant pour le châssis que pour le moteur. Le résultat n’est pas forcément celui que l’on attend d’un coupé de standing, le moteur est certes un V8 mais ses 2.2 litres de cylindrée le cantonnent à une puissance modeste de 68 ch ! Surtout que l’auto est lourde avec presque 1.2 tonne sur la balance.

Si la technique est somme toute banale, la grande réussite de la Ford Comète c’est sa ligne. Son blason absent est peut-être ce qui a motivé Farina à dessiner une poupe massive, mais elle devance bien le capot relativement long et le pavillon rebondi qui s’inspire de la Simca 8 Sport, mais qui trace aussi certaines lignes qu’on retrouvera sur les Facel par la suite.

À l’intérieur l’habitacle est grand et lumineux, bien aidé par un vaste pare-brise panoramique. La planche de bord métallique est du plus bel effet.

Par contre, là où le bat blesse vraiment c’est le prix de l’auto, qui la place en face des Talbot-Lago, Delahaye, Hotchkiss et autres Salmson dont les mécaniques et l’image sont bien différentes.

La carrière de la Ford Comète : fidèle à son patronyme

En Septembre 1951 les premières Ford Comète sortent donc des ateliers de Facel à Colombes. Mais les acheteurs sont peu nombreux… À Détroit, même si l’auto plaît, l’absence de logos et le fait que le board n’ait pas été consulté entraîne une perte de confiance dans la Ford SAF. De toute façon on a déjà décidé de recentrer les activités européennes en Allemagne et en Angleterre, et on cherche déjà un acheteur.

Pour essayer de dynamiser la Ford Comète, on dynamise son moteur pour les modèles 1953. La cylindrée atteint 2.3 litres et la puissance est de 74 ch, juste ce qu’il faut pour accrocher les 140 km/h de pointe. Mais cela ne suffit pas à en faire un succès. Les ventes sont toujours aussi faibles et Détroit place à la tête de Ford SAF un cost-killer… qui ne sabre pas tout de suite la Ford Comète.

La Ford Comète Monte-Carlo

En Janvier 1954 on présente une nouvelle version au salon de Bruxelles. Il s’agit de la Monte-Carlo qui change beaucoup de choses.
D’abord le moteur, exit le Ford, bonjour à un V8 3.9 litres Ford / Mercury qui atteint les 105 ch dans l’auto. Revers de la médaille, le poids monte à 1.4 tonne et la puissance fiscale à 22cv… augmentant encore son prix de vente final.

Côté style toutes les Ford Comète abandonnent la grosse barre centrale de la calandre pour la remplacer par une grille chromée tandis qu’une fausse prise d’air apparaît sur le capot.

Néanmoins mi-1954, Ford SAF est absorbé par Simca, plus intéressé par l’usine de Poissy que par les Vedette et Comète… même si au final la nouvelle Vedette sera bien commercialisée sous le nom de Simca !

L’héritage de la Ford Comète

Une fois Pigozzi à la tête de Poissy, la Ford Comète ne s’arrête pas tout de suite. Il reste des autos qui seront vendues sous le nom de Simca Comète. C’est surtout pour garder Facel sous le coude, les dérivées des Simca Aronde sont toujours produites par Daninos.

Finalement le score s’arrêtera à 3064 autos parmi lesquelles on retrouvera 699 Monte-Carlo.

Si Simca ne reconduira pas de coupé à moteur V8 par la suite, l’idée de mettre un moteur américain sous le capot d’une belle auto fabriquée en France a séduit Daninos ! Alors que tous les constructeurs de luxe ferment les uns après les autres, il reprend la recette, et un peu le dessin pour sortir sa Facel Vega qui côtoie d’ailleurs les dernières Ford Comète dans ses ateliers !

De nos jours les Ford Comète sont encore plus rares qu’à l’époque mais on en croise régulièrement, particulièrement sur les stands du très actif Club Vedette.
Niveau prix, comptez entre 30 et 50.000 € selon l’état de l’auto. La vente Osenat de ce Mercredi en propose une estimée entre 30 et 40.000 €. Surtout écoutez bien les conseils des connaisseurs pour bien choisir le spécialiste qui l’entretiendra !

Source et photos additionnelles : l’Automobile Ancienne

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Philippe

    Allez on joue aux 7 erreurs 🙂 François Lehideux, ancien ministre de l’industrie de Pétain, neveu pas Alliance de Louis Renault – qui l’avait embauché mais finalement ne l’aimait pas beaucoup et qui s’était illustré par son action répressive lors du Front Populaire – ne s’appelait donc pas « Pierre ». Le 3.9 n’était pas plus Mercury que Ford c’était simplement une extension du vieux « 75 » de 3.6L qui aura équipé nombre de Ford, Matford et de Mercury aux US, en Grande-Bretagne, en France, sur les camions Cargo également et sera étendu jusqu’à 4.0 sur les fameux 4×4 SUMB de l’armée. Il n’empêche que la Comète reste une très belle voiture, dommage qu’elle n’ait reçu qu’un vieux V8 latéral mais finalement les Delahaye, Talbot, Bugatti, Salmson n’auront pas eu plus de succès malgré des motorisations plus élaborées et des prix largement supérieurs. Etonnant que Pigozzi et Revelli di Beaumont n’aient pas été tentés de lui donner une succession sur la base des Versailles/Regence. Il est vrai qu’ils avaient racheté Talbot pour équiper les dernières T14 du V8 2.2(!) et qu’ils avaient confié leur ligne de coupés dérivés de la gamme 9/Aronde à Facel.

    Répondre · · 25 mai 2020 à 20 h 39 min

    1. Benjamin

      Alors pour le prénom je ne sais pas du tout d’où vient l’erreur… Pour le moteur ça vient du fait que toutes les sources que j’ai (y compris notre article sur les Vedette) parlent du Mercury…
      Et pour sa descendance… c’est effectivement un coup manqué mais est-ce qu’un coupé Vedette avait sa place dans la gamme Simca ?

      Répondre · · 25 mai 2020 à 21 h 05 min

  2. CORRE

    Certaines ont été livrées avec une boîte Cotal

    Répondre · · 2 juin 2020 à 14 h 42 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.