La DKW Monza, un coupé original pour s’attaquer aux records… et au Mans !

Publié le par Benjamin

La DKW Monza, un coupé original pour s’attaquer aux records… et au Mans !

Le Mans Classic 2022 approche et on vous en parlait déjà avec notre guide complet. Et en inspectant la liste des engagés, dans le plateau 2, on a retrouvé non pas une, mais deux DKW Monza. L’auto nous avait déjà étonné lors des précédentes éditions alors on vous propose d’en apprendre un peu plus sur ce coupé taillé pour la vitesse !

Un raccourci mathématique comme point de départ !

En 1953 la firme Auto Union présente sa DKW F91. Celle qu’on appelle aussi la Sonderklasse pour la différencier du modèle précédent fait appel à un moteur de 896cm³, comme sa devancière la F89, qui possède deux particularités. D’abord, c’est un moteur à trois cylindres en ligne. En plus, c’est un moteur deux temps. En partant de ce principe, DKW va faire la promo de sa voiture avec le « slogan » qui deviendra le surnom de la voiture : 3=6.

Ce 3=6 signifie que, vu que c’est un deux temps, le moteur produit de la puissance dans chaque cylindre et à chaque rotation du vilebrequin. Donc, en faisant un raccourci, le moteur trois cylindres produit autant d’efforts qu’un 6 cylindres ! Il faut dire que la puissance de 34ch est plutôt bonne pour la cylindrée à l’époque.

On en dérive la F93 avec un coach, un coupé et un cabriolet en 1955 et ces deux derniers font monter la puissance à 40ch.

À une époque où les petits moteurs performants se retrouve souvent dans des autos taillées pour la course, ça donne des idées à Günther Ahrens et Albrecht W. Mantzel qui vont proposer d’utiliser ce moteur dans une auto des records. Ils contactent les carrossiers Dannenhauer & Stauss à Stuttgart qui réalisent une carrosserie acier qui servira de base puisque, très vite, on réutilise LA technique en vogue pour les petites sportives, à petit moteur, qui doivent donc être légères : le plastique renforcé de fibre de verre.

C’est ainsi qu’apparaît le petit coupé DKW au salon de Genève 1956. Son style n’a rien à voir avec la F93, plus massive… et c’est le cas de le dire puisque la nouvelle carrosserie permet d’économiser plus de 110 kg sur le poids total ! La base technique reste celle de la F93, l’empattement fait 2,35 m. Le moteur, on le connait. Mais c’est vraiment son style qui démarque la nouvelle auto. Une forme fuselée, basse, prête pour pénétrer l’air… mais résolument artisanale. Les phares viennent de chez Opel, les clignotants sont empruntés à la Karmann-Ghia et le volant est déjà vu sur certains Combi VW !

Les clients sont intéressés mais pour le moment, l’auto est surtout un démonstrateur et on ne parle pas encore de production en série.

La DKW prend la direction de Monza

Il faut quelques mois pour parfaire la mise au point. Une fois que c’est fait… on doit changer de plan ! La petite DKW devait aller signer ses records sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry. Problème : en France la disponibilité du carburant a été largement réduite par la crise de Suez. C’est donc sur un autre anneau de vitesse qu’on va aller tourner avec la 6e auto produite : en Italie, à Monza.

Là, ils sont quatre pilotes. D’abord Günther Ahrens et Heinz Meier, les deux allemands, accompagnés par Roberto Barbay et Georg Theiler, les deux suisses. La voiture va tourner pendant 72h, ne s’arrêtant que pour les ravitaillements. Ainsi, ils enlèvent 5 records internationaux dans la classe de cylindrée :

  • 4000 miles à 140,839 km/h
  • 48 Heures à 140,961 km/h
  • 5000 miles à 138.656 km/h
  • 10.000 km à 139.453 km/h
  • 72h à 139.459 km/h
Records DKW Monza- DKW Monza

Auto-Union est plus que satisfait. On décide donc de donner suite aux demandes d’information reçues lors du salon de Genève pour une petite production de ce coupé « sportif ». Il manque juste un nom à la voiture. Mais il est finalement assez évident : DKW Monza pour ne pas oublier où l’auto a brillé !

La production difficile de la DKW Monza

La DKW Monza de série arrive donc à la fin de l’année 1956. La forme est quasi inchangée par rapport au concept initial. DKW est partie prenante de la fabrication en envoyant ses châssis motorisés chez Dannenhauer & Stauss à Stuttgart où la carrosserie et l’intérieur sont ajoutés.

Publicite DKW Monza- DKW Monza

Au delà des quelques demandes reçues à Genève, les ventes de la DKW Monza s’essoufflent bien vite. Son prix est conséquent : 10.500 DM, c’est bien plus que pour les versions « normales » F91 et F93. Finalement, Dannenhauer & Stauss abandonne vite la fabrication : fin 1957, après quelques exemplaires produits, Fritz Wenk doit trouver une solution de rechange !

Pour les DKW Monza de 1958, il obtient la livraison de bases de F94, la nouvelle mouture du moteur 3 cylindres délivre alors 44ch. C’est Heidelberg Massholder qui assure la production. Ce spécialiste de la remorque se retrouve vite dépassé. 25 exemplaires plus tard, environ, retour à la case départ pour Wenk.

DKW Monza 12- DKW Monza

C’est Robert Schenk, toujours à Stuttgart qui prend le relai et qui fabrique encore 40 autos. Mais à la fin de cette fabrication, c’est l’arrêt de la production des DKW Monza. La firme vient de lancer son propre coupé, l’Auto Union 1000 SP, dont le prix est sensiblement identique à celui de la Monza. Même si elle est plus typée « confort » que performance, celle qui s’inspire de la Thunderbird du géant Ford ne doit pas pâtir de la concurrence de la DKW Monza.

DKW cesse donc de livrer les bases techniques et la production s’arrête dès la fin de l’année 1958. Complètement ? Pas vraiment puisque l’outil de production n’est pas abandonné. Simplement on ne fabrique plus de DKW Monza neuves : c’est une transformation qui est réalisée sur base d’une F91 ou d’une F93 d’occasion !

DKW Monza 11- DKW Monza

Cette valse des fabrications est difficile à suivre et ne permet pas vraiment de chiffrer la production. Si certaines sources contemporaines parlaient de 230 à 240 voitures, elles sont largement surévaluées. On estime plutôt qu’entre 70 et 80 DKW Monza ont été produites en deux ans. On estime également que les autos ont été correctement conservées puisqu’environ 50 autos seraient encore sur leur roues !

Les DKW Monza au Mans

Si deux DKW Monza se retrouvent dans la liste des engagés du plateau 2 du Mans Classic, ce n’est pas avec ses records de Monza.

En 1957, pour parachever la démonstration de performance des DKW Monza, l’une d’elles se retrouve aux 24h du Mans. Engagée par Wolfgang Seidel pour lui même et Heinz Meier, la petite auto court dans la classe des Sport 1.1… contre des Lotus Eleven ou Cooper T39 à moteur Climax !

Vaillante, la DKW Monza frappée du numéro 45 va parvenir à boucler 151 tours avant que son moteur « 3=6 » ne décide de rendre l’âme.

phoca thumb l 24hdumans1957 0074- DKW Monza

On reverra les DKW Monza sur d’autres courses moins importantes, notamment en Angleterre où British Motors Ltd. en engagera lors de nombreuses courses avant que ce ne soit DKW qui prenne le relai en 1959, alors même que l’auto n’est plus produite !

Photos additionnelles : dkwmonza.de

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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