Hommell Berlinette Échappement : la concrétisation d’un projet fou !

Publié le par Alexis Bonhomme

Hommell Berlinette Échappement : la concrétisation d’un projet fou !

Vous l’aurez compris aujourd’hui nous n’allons pas parler beauté ni courbes mais bien de sport. Après quelques essais déjà réalisés pour News d’anciennes, j’ai eu l’opportunité d’approcher un véhicule, somme toute discret, mais terriblement intéressant. Aimant l’artisanat et les délires fous, tout en étant très patriote, l’idée d’essayer un modèle rassemblant ces critères m’a fait un sacré effet je vous l’avoue. Laissez-moi vous raconter mon idylle avec la Hommell Berlinette.

L’histoire de la Hommell Berlinette

On reprend les bases. Si je vous dis Magazine Échappement à quoi pensez-vous ? Au fameux magazine auto Français. Et par qui ce papier a été créé ? Monsieur Michel Hommell.

Mais pourquoi je vous parle de tout ça ? Tout simplement car lui et Monsieur Gilles Dupré eurent l’idée de créer une automobile répondant aux besoins de leurs lecteurs. Pour ce faire, ils ont créé un sondage pour savoir à quoi correspondrait une auto de course homologuée pour la route. Plusieurs critères sont ressortis et, de là, est née la Hommell Berlinette Échappement. Cela se passe en avril 1991.

Erick de Pauw se voit confier le design de cette berlinette tandis que Gilles Dupré passe du statut de rédacteur en chef à celui d’ingénieur en chef, sur ce projet. Fin 91, la première esquisse est tracée et l’on comprend ce à quoi ressemblera l’auto finale. Pour ce qui est du sport, il a été décidé d’en faire une propulsion avec moteur transversal, le tout sur un châssis tubulaire, recouvert d’une carrosserie en polyester.

Maintenant me direz-vous, comment réussir à avoir des coûts de R&D et de fabrication assez faible ? Il ne faut pas se leurrer, ce projet est voué à être vendu sur un marché de niche, on oublie donc l’amortissement sur une grande série. Tout simplement en implantant des éléments déjà existants ailleurs. Quoi de mieux que d’aller piocher dans les banques de pièces des constructeurs français ?

De ce fait, la mécanique est un bloc XU10J4D de Peugeot 306 S16 « ACAV » et différents éléments extérieurs proviennent de Citroën ZX ou XM ainsi que de Peugeot 605. À ce moteur est greffée une boite 6 vitesses développée par le SMAN (Société Mécanique Automobile du Nord), société qui a été créée pour étudier et fabriquer les différentes boîtes de vitesses de chez PSA.

La base serait la boîte 5 vitesses de 306 S16 à laquelle a été mis en place un carter spécifique pour accueillir un pignon de 6ème. Le pont est évidemment court, ce qui permet toutefois à la Berlinette Échappement de plafonner à 222 km/h.

Concernant le châssis, celui-ci a été étudié pour les pneus et non l’inverse, je m’explique. Forts d’un bon carnet d’adresses, il se trouve que les têtes pensantes de ce projet eurent de bons contacts chez Michelin pour engager un mini-projet de pneumatiques répondant à leurs exigences. Les Michelin MXXX3 furent choisis et la conception du châssis pouvait débuter. Quoi de plus efficace qu’une double triangulation avant/arrière ? Rien, donc la Berlinette possède ce système de suspensions ! Les quatre coins de l’auto sont équipés de freins à disques ventilés histoire qu’elle soit endurante et puissante au jeu du freine tard.

Le projet voit débuter sa commercialisation par le châssis numéro 003 en 1994. Il en découlera 66 autres modèles. Les deux premiers restant dans les réserves.

La sauce à bien pris puisqu’une dizaine de commandes avaient déjà été passées durant le Mondial de l’Automobile de Paris en Octobre 1992. La production a été assurée dans le village de Lohéac, dans un ancien bâtiment qui abritait une fabrique de lait. La devanture était siglée AUTOMOBILES MICHEL HOMMELL. Les ambitions des deux compères étaient telles qu’en 1996, une barquette de la Berlinette Échappement a vu le jour, en même temps que la première Renault Sport, j’ai nommé le Spider.

La production de la Berlinette a continué au fil du temps avec quelques évolutions comme la Berlinette RS et RS2 mais l’histoire toucha à sa fin en 2003 à cause de normes trop exigeantes et trop coûteuses à respecter malgré des projets en cours d’études. La raison l’emporte sur le plaisir. Cette série restera l’une des dernières folies françaises et abordables pour le commun des mortels que nous sommes.

Notre Hommell Berlinette du jour :

Comme expliqué plus haut, le premier modèle commercialisé fût le châssis numéro 003. J’ai le plaisir de vous dire qu’aujourd’hui, celui-ci se trouve face à moi ! Un sentiment de privilège se fait ressentir à l’idée de pouvoir approcher un modèle comme celui-ci.

A l’extérieur : Du sport sans excès

Rendez-vous chez mon ami Jean-Philippe Cazor, il m’ouvre sa porte de garage et je découvre petit à petit ce à quoi va ressembler cette journée. Un museau qui porte un ensemble veilleuses et clignotants de 4L ne peut que me subjuguer ! On en revient toujours à nos premières amours.

Plus sérieusement, la face avant se fait douce et aérodynamique, du moins elle paraît l’être. L’éclairage est assuré par une paire de phares provenant de Citroën XM, tous deux encastrés et logés sous une vitre pour créer cette continuité sur la face avant. Il n’y a d’ailleurs pas de parechocs avants ni de capot séparé. Les deux ne sont qu’un bloc qui pivote sur son axe situé sur l’avant de l’auto. Ce capot englobe également le passage de roue qui permet, une fois ouvert, d’avoir un accès complet sur l’avant de cette Hommell.

Pour continuer notre visite des lieux et nous mettre encore plus dans le bain, les côtés de l’auto laissent apparaître deux très grosse ouïes de refroidissement. Elles sont ovales et complètent la ligne très arrondie de cette Hommell Berlinette. Manquerait plus qu’on y ait mis des ouïes de Testarossa…

Les vitres sont en plexiglass et une ouverture est présente comme sur toute bonne auto de course qui se respecte. Celle de derrière laisse la visu sur le capot moteur horizontal cachant la mécanique.

En parlant de l’arrière, celui-ci est l’antithèse de l’avant. Il est carré et ses courbes ne sont pas du tout arrondies. Il porte des feux arrière de Citroën ZX et arbore une espèce de déflecteur dans lequel est insérée la sortie d’échappement.

A l’intérieur : la course à sa juste valeur !

Maintenant que nous avons regardé notre diva du jour, intéressons-nous au plus important, c’est-à-dire le châssis, le moteur et l’intérieur.

Le châssis est tubulaire, donc quoi de mieux que de le mettre en valeur ? C’est ce qui se passe sur cette Hommell Berlinette, l’intégralité des tubes sont peints en jaunes… En contraste avec le bleu de la carrosserie, j’admets que c’est du plus bel effet !

Sous le capot avant nous retrouvons… et bien nous ne retrouvons pas grand-chose hormis la batterie et les éléments de direction et de freinage. Tout provient de banques de pièces d’autres constructeurs. Cependant une grosse spécificité est à noter, les maîtres cylindres de freins. Oui, je n’ai pas de compte à rendre à l’orthographe Française, il y a bien deux maîtres cylindres de freins.

Concernant ce montage, cela nous amène à filer à l’intérieur de cette Hommell Berlinette. Les deux maîtres cylindres sont actionnés ensembles via un double renvoi rotulé au pied de la pédale articulée par le bas. De chaque côté se trouvent respectivement les pédales d’embrayage et d’accélérateur. Seule cette dernière est fixée et articulée de manière conventionnelle.

En prenant du recul, nous découvrons un intérieur spartiate et sans fioritures. Le métal y est roi, un arceau a trouvé sa place ici et le tableau de bord, légèrement habillé de vinyle noir, repose sur le châssis apparent. Le volant est un trois branches en cuir d’époque, type after-market, et des manomètres VDO à fond blanc servent à indiquer plein d’informations au pilote.

Lui-même ainsi que son copilote éventuel sont installés dans deux baquets Ektor. Un extincteur prend place derrière le baquet passager et est facile d’accès. Au milieu de tout ça trône un grand levier de vitesse. Je ne l’ai pas précisé mais la majorité du plancher de l’auto, qu’il soit utile ou non est en tôle non peinte. Rudimentaire mais efficace pour l’ambiance !

Concernant le moteur, celui-ci provient de la Peugeot 306 S16 ACAV auquel a été greffé une sixième et un pont final plus court. Sur notre modèle du jour, un filtre à air type cône est la seule entorse à l’origine. Pour le reste, il y a énormément de place, le couvre culasse arbore fièrement le 16V d’époque, une barre anti-rapprochement est présente et l’échappement est sur-mesure et très court.

Au volant de la Hommell Berlinette

Mise en route et premiers tours de roues : l’art et la manière de cacher les choses

Maintenant, je prends place à bord de la Hommell Berlinette et, directement, cela donne un avant-goût du mot sport. Une fois engoncé dans les baquets (quand on est large du bassin, vous savez…) et avoir bouclé le harnais, un détail me choque dans la procédure d’allumage, mais quoi… La clef de contact ! On se croirait dans une bonne vieille 405 TD. Très déroutant mais efficace finalement.

Bref, contact et vin de diou ça craque ! La sonorité se fait très présente, le ronronnement flatte l’oreille et directement une interrogation nous interpelle tous. Le régime moteur éprouve des sursauts au ralenti, venus, non pas d’un problème d’injection, mais plus d’un profil d’arbres à cames différent voire d’une gestion moteur spécifique. En tout cas ce n’est pas de la 306 !

Quoiqu’il en soit voici le moment de partir. Comme à chaque fois, JP prend place et roule quelques kilomètres pour que je puisse avoir une première impression en passager. Directement un mot me vient à l’esprit : fermeté. C’est raide, dur, et exigeant à vue d’œil. Une auto qui va surement me donner du fil à retordre plus tard et à me lancer dans de la conduite très technique pour m’en sortir.

Direction est mise vers le Clos Vougeot pour les photos statiques en passant par nos belles départementales bourguignonnes. La sortie de Dijon se fait rapidement et nous voilà déjà dans le beau village de Couchey. La partie centre-ville en pavé est avalée sans encombres, et finalement sans trop mettre à mal nos dos. Plutôt bon signe.

Le reste du trajet permet de commencer à exploiter la mécanique dans sa bonne plage de fonctionnement. Une chose est sûre dès à présent : les moteurs multisoupapes, qu’est-ce que ça procure comme sensation ! Pourtant simple passager, je ne peux pas m’empêcher de rire bêtement ! Allez encore quelques kilomètres avant de pouvoir la prendre en main.

Arrivé au clos Vougeot avec un stock conséquent de photos, voilà le moment de partir au volant de la Hommell Berlinette. Au programme, un tracé d’une bonne grosse vingtaine de kilomètres qui aboutira sur la route aujourd’hui connue et reconnue, Urcy.

Essai dynamique : La révélation

Connaissant ce tracé comme ma poche, je pars confiant, ne me concentrant plus que sur la façon d’emmener cette Hommell Berlinette. Les débuts se font hasardeux, le moteur ayant besoin d’inertie pour ne pas caler une fois embrayé. Une fois en route, la précision du guidage de boîte saute aux yeux, tout comme la sélection des rapports assez rapprochée malgré un levier très grand.

Le moteur semble assez creux sous 4000trs/min mais on peut tout de même se la couler douce et flâner. Mais ce qui nous intéresse le plus arrive. Que va-t-il se passer en claquant la pédale au fond ? On est pas là pour amuser la galerie non plus.

Et bien, encore plus qu’en passager, la sensation de poussée se fait brutale et de plus en plus forte. À 4000 trs/min, notre berlinette du jour nous dévoile un autre visage, celui de la diva qui s’énerve. Passé 6000 trs/min, on passe dans le registre de la diva en furie ! On se prend donc deux claques au cul. Ça braille, ça tremble, ça sent, bref ça vit ! Les rapports de boîte, courts, aident à ne pas stagner en zone creuse et permettent de bonnes montées, franches, en régime.

Question comportement, à force d’avaler les kilomètres, j’ai toujours du mal à cerner la façon dont la Hommell Berlinette doit être exploitée. Elle vire à plat, on ressent tout au niveau du cerceau, on ressent également tout au niveau du fond du baquet, en soit une auto non aseptisée.

Cependant, quelque chose ne va pas, du moins je ne me sens qu’à 50% de ce qu’elle est capable de faire je le sens. A partir de là nous arrivons à Urcy et je donne le volant à Mark, en lui expliquant le fait qu’elle est exigeante et il part aussi sec. C’est en l’entendant monter que je comprends ce qui cloche : mon respect trop grand pour la mécanique. A l’oreille, il faut lui en mettre plein sa gueule pour l’emmener et l’exploiter. Guillaume applique cette méthode également et vient mon tour de reprendre le volant.

Dorénavant plus de pitié. Ça va jouer du cerceau brutalement, du levier sèchement et du placement en appui comme sur un fil. Allez, gaz en grand !

Premier virage en S, grosse savate dans les freins, ça freine et ça freine sec. On remet gaz pour atterrir dans une épingle serrée qui demande une grosse relance. Vous me croyez si je vous écris que j’ai fait ma première… première en roulant qu’après 5 ans de permis et plusieurs autos essayées ?

Et bien oui, un double débrayage rapide mais efficace et elle rentre sans craquer et sans à-coups. La relance se fait très franche et ça adhère fort malgré des gommes plutôt vieilles. La suite du tracé se fait selon la même envie, à fond ou rien.

Le châssis de la Hommell Berlinette travaille mais est beaucoup trop efficace. On transpire, on force sur le volant pour tenir notre cap, on se bat avec la machine en quelque sorte. La banane qu’affiche ma tête n’a jamais été aussi grosse, mes mains deviennent moites, quelques frissons m’envahissent. Oui, on peut dire qu’on vit avec la machine ! Un bel objet à sensation.

Une fois retourné en bas de la côte, une idée revient : Inexploitable à sa juste valeur. Malgré tous nos efforts pour l’emmener comme il se doit, malgré une superbe route, il n’en reste pas moins que nous sommes sur routes ouvertes et que pour commencer à sentir les limites de cette Hommell Berlinette il faudrait être sur un vrai circuit, si possible très sinueux. Elle est terriblement efficace à condition d’être brutal à son volant.

Nous voilà sur la route du retour, avec, tous, un super souvenir en tête, un JP content de nous avoir fait découvrir cette auto et une belle envie d’Hommell Berlinette pour le futur. Une fois garée, le contact est coupé et… nos oreilles nous remercient.

Elle ne fait pas autant de bruit que nos jeunes Français en Peugeot 106 échappement groupe N mais le moteur se fait entendre dans l’habitacle quand même. Mais à quoi bon se plaindre finalement tant la matinée vient d’être riche en émotion ? Personnellement, je dirais qu’elle a un sacré goût de reviens-y !

Conclusion :     

Comme vous l’avez compris, la Hommell Berlinette est une auto de circuit à peine homologuée, il faut être brusque, il faut savoir la dompter pour en tirer tout le potentiel. Cependant, elle est aussi à l’aise pour de la balade à basse vitesse, elle reste polyvalente même si c’est blanc ou noir. Avec cette Hommell Berlinette Échappement il n’y a pas de demi-mesure et ça en fait tout son charme et c’est ça qu’on aime !

Les plus Les moins
Projet Franco-FrançaisOu met-on les courses ?
Plus archaïque tu meursEt les enfants ?
Arme absolue sur rouesPas facile d’utilisation
Ressenti en roulantDemande certaines notions de conduite
Voiture qui vieVraiment exploitable sur route ?
CritèresNote
Budget achat10/20
Entretien16/20
Fiabilité16/20
Qualité de fabrication14/20
Confort10/20
Polyvalence12/20
Image11/20
Plaisir de conduite20/20
Facilité de conduite12/20
Ergonomie14/20
Total13,3/20

Guide d’achat :

Comme il n’existe que 67 exemplaires, il est dur de parler de vice caché ou autres « non-matching » puisque la majorité des Hommell Berlinette sont connues des amateurs.

Il n’en reste pas moins qu’il est de bon goût de vérifier les points habituels lors de l’achat d’un véhicule. Vérifier l’état du châssis si pas fissuré ou détordu, vérifier le bon fonctionnement du système ACAV, ainsi que la présence de la boîte spécifiques et son état dans l’instant T.

En soit, cette Hommell Berlinette est tellement un véhicule atypique, artisanal et plaisir qu’il est impossible d’en faire un vrai guide d’achat complet. N’hésitez surtout pas à vous rapprocher du club qui saura vous renseigner sur l’historique de l’auto. Peut-être qu’un des membres était un ancien propriétaire ! Le monde est tellement petit et riche en coïncidences…

Mot de la fin :

Je tiens à remercier encore une fois Jean-Philippe Cazor de Cazor Auto Passion pour sa disponibilité et sa passion. Le véhicule présenté aujourd’hui est encore en vente ici !

Fiche
Technique
de la Hommell
Berlinette Échappement
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en lignesVmax222 km/h
Cylindrée1998 cm0 à 100 km/h
Soupapes16400m D.A
Puissance Max155ch à 6500 tr/minPoids/Puissance6.32 kg/ch
Couple max190 Nm à 3500 tr/min
Boîte de vitesse6 vitesses
TransmissionPropulsion
ChâssisConso mixte
Position moteurTransversal central arrièreConso sportiveOn s’en fiche ?
FreinageDisques ventilés AV/AR (295mm/265mm)
Dimensions Lxlxh412 x 179
x 116 cm
Cote 2021En vente à 35990€
Poids980 kg

Alexis Bonhomme

Alexis est un passionné de photo et d'automobiles bourguignon. Il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en Juin 2018.

Commentaires

  1. blanckaert

    Vous en verrez une rouge la seule qui existe dimanche 29 aout sur le tracé de la course de ôte de Montgeux

    Répondre · · 16 août 2021 à 18 h 57 min

Répondre à blanckaertAnnuler la réponse.

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