Histoire de Carrossiers, épisode 2 : Pourtout, Eclipse et Aero

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, épisode 2 : Pourtout, Eclipse et Aero

Nous poursuivons notre nouvelle série qui vous donne rendez-vous chaque deuxième du mois. Dans histoire de carrossiers on va rendre hommage à ces maîtres qui ont habillé les plus belles autos du monde pendant des décennies. On commencepar évoquer les français. Après Saoutchik le mois dernier, on vous parle maintenant de Pourtout.

Marcel Pourtout, l’autodidacte

Le créateur de la Carrosserie Pourtout, c’est Marcel Pourtout. Né en 1894 à Saint-Aignan dans le Loir et Cher, il n’a que douze ans et un certificat d’étude en poche quand il commence à travailler, à Puteaux, comme bourrelier. Il y reste jusqu’en 1913 quand il rentre chez le fabricant de voitures électriques Krieger. Nom annonciateur (kriger signifie guerrier en allemand), il est mobilisé l’année suivante.

Il survit à la guerre et à son retour en 1919, le voilà embauché chez De Dion-Bouton. Il enchaîne dans un garage de Bougival puis travaille pour Manessius (comme un certain Flaminio Bertoni quelques années plus tard). En 1923 il officie comme contremaître chez Aubertin mais ce dernier arrête son entreprise en 1925.

La Carrosserie Pourtout

Avec une dizaine de collègues, Marcel Pourtout crée son affaire à Bougival. Nous sommes en 1925 et l’histoire débute. Les premières commandes ne tardent pas, dès 1928 il doit agrandir ses ateliers ! Ses réalisations se retrouvent sur de grands noms de la construction automobile de l’époque. On note ainsi Panhard, Georges Irat, Lancia, Peugeot ou Delage.

L’arrivée de Paulin et de l’Eclipse

En 1933, le concessionnaire parisien Emile Darl’Mat présente un dentiste du nom de Gorges Paulin à Pourtout. Celui-ci arrive avec un système qu’il a breveté : le système de toit Eclipse. D’abord monté sur une Hotchkiss en Septembre 1933, le système électrique va être adapté sur des Peugeot. La première est la 401. Suivront les 601 et 402. Le lion est tellement emballé que les autos, produites à Bougival par Pourtout, sont intégrées au catalogue de Peugeot. Par la suite le constructeur sochalien rachètera le brevet pour produire directement les autos.

Suite à ce coup de génie, Pourtout engage Paulin qui devient son directeur du style !

Grosses cadences et déménagement

En 1936 la Carrosserie Pourtout est florissante. Depuis quelques années elle produit de nombreuses Lancia (326 Belna sortiront des ateliers entre 34 et 37). Elle déménage de Bougival à Rueil-Malmaison pour s’agrandir. Là elle va produire des autos en nombre.

Les Lancia sont une bonne base mais c’est également à Pourtout qu’est confiée la fabrication des 302 puis 402 Darl’Mat, dessinées par Paulin. On note aussi de nombreuses productions sur base Delage, dont la plus connue est certainement le Coach D8-120 S de 1938. Quelques Renault sortent également des ateliers, mais aussi des Hispano-Suiza, des Talbot-Lago et autres Bentley. Les carrosseries ne sont pas aussi exubérantes que celles des concurrents. Ici on vise plutôt l’aéro.

Les changements d’après-guerre

Forcément la guerre ralentit grandement les activités de Marcel Pourtout. En 1941 il est désigné Maire de Rueil-Malmaison, en sa qualité de grand chef d’entreprise de la ville. C’est un mandat qu’il reprendra de 1947 à 1971 et auquel il ajoutera la qualité de Président du Conseil Général de Seine et Oise de 1957 à 1960 !

Après la libération, l’activité reprend. Pendant la fin du conflit, ce sont des ambulances qui sont carrossées sur des bases Chevrolet.

La fin de la guerre marque le retour aux activités « normales ». Cependant nombre de marques habillées par Pourtout disparaissent. Contrairement à de nombreux carrossiers qui doivent fermer boutique, Pourtout réoriente son activité. La carrosserie Pourtout se destine alors aux carrosseries industrielles et publicitaires. Ainsi on ne voit plus les autos dans les concours d’élégance mais sur le route du Tour de France, devant, dans la caravane !

Marcel Pourtout décédera en 1979. L’entreprise continuera, il avait déjà passé la main à ses deux fils Claude et Jean-Pierre, jusqu’en 1994. Cependant la carrosserie existe toujours ! Elle oeuvre à Reuil-Malmaison et s’est ré-orienté vers la « simple » réparation automobile. Plus d’infos ici.

D’autres œuvres automobiles signées Pourtout

On commence avec une série de voitures vues à Chantilly Arts et Elegance 2017 où le carrossier était à l’honneur.

On commence avec une rare Lancia Belna Eclipse de 1935.

Ensuite des Peugeot 402 Darl’Mat.

Une Delage D8-120 S de 1938. C’est elle qui a été primée dans la catégorie.

Une rare Lancia Ardennes, version française de l’Apilla. 36 exemplaires carrossés par Pourtout entre Septembre 37 et Juillet 39. Egalement vue à Marçon Classic 2017.

Autre Lancia Ardennes, une version cabriolet de 1938.

Ensuite une Talbot-Lago T150 C Roadster de 1937.

Pour terminer avec Chantilly, voici la Rémi Danvigne Spécial de 1939. Une auto créée par un artisan français qui reprend le moteur Ruby des Georges Irat.

Autre Talbot-Lago T150, une C-SS de 1939. Elle était à Chantilly mais en 2014.

La Delage D8-120S Aero Coupé est certainement la plus connue des réalisations de Pourtout. C’est du au simple fait que l’auto a remporté le Best of Show du Concours de Pebble Beach en 2005 !

Autre auto archi connue : la Bentley 4¼-Litre « Embiricos » Coupe de 1939. C’est une auto commanditée par l’armateur grec Embiricos pour les 24h du Mans. Fabriquée en 1939 elle n’y courut que plus tard en 1949. Celle montrée ci-dessous est une recréation vendue à Amelia Island en 2017.

Autre marque française, une Georges Irat Modèle A. C’est d’ailleurs la seule de la marque à être présente sur le sol américain !

Enfin deux Eclipse vues au Musée de l’Aventure Peugeot.

Photos additionnelles : Carrosserie Pourtout, Fondation Berliet, RM Sotheby’s, Automotivpress

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Robert-Louis BREZOUT-FERNANDEZ

    Cher Monsieur.
    J’ai possédé une Peugeot 402 Eclipse de 1937. C’était une véritable catastrophe automobile.
    Elle était restée 2 ans sans trouver preneur, première immatriculation 1939. Sa seule destination était les Concours d’Élégance Automobile des sous-préfectures de province, où son système de décapotage tirait des « OH! » et des « Ah! » à la foule ébahie, en roulant décapotée à 20 km/h.
    Pour le reste elle était proprement inconduisible, surtout en position décapotée ! Avec ses 4 vraies places, le très long porte à faux arrière, lesté du toit métal et des contre-poids en plomb du parallélogramme de sa manœuvre, plus le poids de la roue de secours sans compter les rares mais indispensables bagages, l’ensemble alourdissaient considérablement le poids sur l’arrière de la voiture. Celui-ci n’avait alors de cesse de vouloir tenter de rattraper l’essieu avant par la droite ou par la gauche . . . le moindre défaut de la chaussée lui en fournissant à chaque instant l’occasion rêvée. Les passagers arrière n’avaient d’autre moyen que la Dramamine pour rester à peu près en vie en évitant sur terre un mal de mer incoercible.
    Ajoutez à cela un système de freinage hypothétique, et un 6 cylindres qui n’admettait pas les restrictions : j’ai revendu la voiture 2 mois après la fin de sa restauration.
    La voiture est toujours visible au premier étage d’exposition du Musée Autoworld de Bruxelles, dans sa livrée gris tourterelle avec ses ailes bleu canard.
    Robert-Louis BREZOUT-FERNANDEZ

    Répondre · · 9 septembre 2019 à 10 h 35 min

    1. Benjamin

      Une « expérience » jusque dans sa conduite alors !

      Répondre · · 9 septembre 2019 à 10 h 44 min

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