On continue nos histoires de carrossier avec un deuxième gros morceau. Après avoir évoqué l’histoire de Zagato avant-guerre, place maintenant à son histoire et ses réalisations d’avant 1960.
Du panoramique au sport
L’usine Zagato n’a donc pas résisté à la seconde guerre mondiale et en particulier à un bombardement anglais. C’est Via Giogini à Milan qu’il va reconstruire une usine.
L’activité repart sur une idée de son styliste en chef, Vieri Rapi. Celui-ci propose à Isotta Fraschini une Monterosa, habillée toute en rondeurs mais avec de très larges surfaces vitrées. En utilisant du plexiglas, la Carrosseria Zagato va doter les autos de vitres latérales qui remontent jusqu’au toit. Les pare-brise sont également agrandis dans ce sens.
De petites Fiat 500 sont ainsi carrossées mais on trouve aussi de plus grosses 1400 et évidemment des Alfa Romeo 8C, on ne change pas une équipe qui gagne. Les petits roadsters sont toujours au programme, là aussi elles sont souvent sur base Fiat.
En 1949 Zagato s’attaque à sa première Ferrari, une 166 qui devient Panoramica à la demande d’Antonio Stagnoli. C’est d’ailleurs le premier coupé Ferrari !
Les années 50 vont avoir des saveurs plus sportives. En 1951 c’est une auto carrossée par Zagato, la mythique Alfa Romeo 159 « Alfetta » qui domine la Formule 1. Sur la route, on retrouve le Z sur une Fiat 8V, sur d’autres Ferrari 166MM. Maserati s’ajoute à la liste des marques avec ses A6 et Alfa, encore et toujours, voit sa gamme 1900 agrémentée d’une SSZ qui n’est que le point de départ d’une longue lignée.
Mais c’est surtout avec des petites autos que Zagato se distingue. La carrozzeria habille des Fiat, Moretti, Abarth, et même des D.B et autres Renault qui courent en GT, une nouvelle classe avec des autos proches de la série. Le poids des carrosseries milanaise est apprécié par les petites cylindrées et nombreux sont les artisans à faire carrosser leurs autos avec un Z avant de les engager sur les plus grandes courses, des Mille Miglia aux rallyes.
Si la ligne Panoramica disparaît, elle est remplacée par un nouveau trait stylistique qui fera date : la fameuse double bosse de toit qui se généralise progressivement.
Les succès s’enchaînent et Zagato est un nom qui compte.
Quelques réalisations signées Zagato entre 1947 et 1959
On démarre donc en 1947 avec l’Isotta Fraschini Tipo 8C Monterosa. La ligne « Panoramica » s’installe doucement avec des surfaces vitrées qui s’étirent.
La même année, le concept est abouti sur cette Fiat 1100. L’originalité est là, pour le style, on vous laisse juge.
La même ligne s’applique d’ailleurs à des autos plus petites comme cette 500B, toujours de 1947.
La ligne reste présente sur des autos encore plus grosses jusqu’à la fin de la décennie. Ici c’est une Alfa Romeo 8C 2300 M qui s’en habille.
On reste en 1949 avec cette Ferrari 166 MM, toujours avec la ligne Panoramica.
Impossible de ne pas évoquer l’Alfetta. Elle domine l’année 1951 en Championnat du Monde de Formule 1 et offre son premier titre à Fangio avec trois victoires (plus une pour Farina). Et c’est une des dernières F1 à pouvoir dire qu’elle est signée par un carrossier !
L’année suivante on retrouve une carrosserie Zagato sur une auto bien française : une D.B qui obtiendra de bons résultats dans les courses de GT italiennes. Le dessin est presque le même que celui d’autres autos à petits moteur, Fiat 1100EZ GT ou Moretti 750.
En 1953 le carrossier italien, comme ses concurrents, s’attaque aux Fiat 8V, une formidable base pour toute la profession.
C’est la même année qu’il sort la première de ses trois Lancia Aurelia B20 avec un dessin très bas et dynamique.
Le milieu des années 50 est celui des premières collaborations avec Maserati. En 1954 naît l’A6G/54 2000 Spyder, un seul exemplaire très réussi qui sera suivi par une berlinetta l’année suivante, produite, elle, à 20 exemplaires. On note par ailleurs la proximité stylistique avec la Fiat 8V.
C’est la même année qu’apparaît l’Alfa Romeo 1900 C SSZ avec sa carrosserie en alu qui se destine avant tout à la compétition mais deviendra vite une beauté prisée des plus grands.
En 1956, le dessin de la Fiat 8V a un peu évolué, ce sont les dernières de la série.
La même année, le Z est apposée sur une carrosserie qui se monte sur la toute nouvelle Alfa Romeo : la Giulietta qui devient SVZ.
Toujours en 1956 apparaît la mythique Fiat Abarth 750 GT qui reprend le dessin des « petites » Z avec le double bossage de toit et un avant allongé.
Même année pour les premières Ferrari 250 GTZ. La ligne n’est pas sans rappeler les 8V et Maserati A6G, mais c’est toujours aussi beau, léger et efficace.
Toujours en 1956, un dessin semblable à l’Abarth 750 se retrouve sur un prototype de Renault, une 5CV préparée pour les Mille Miglia mais qui ne courra pas ! Un coupé est également réalisé sur base de Dauphine, mais avec un châssis tubulaire. Et il n’y aura pas de suite non plus.
En 1957 sortent les premières Lancia Appia revues par Zagato. Plusieurs versions seront proposes, GTZ, GTE et Sport, jusqu’au début des années 60.
Sur un dessin de Frank Costin, le carrossier milanais réalise également un coupé Maserati 450S. Baptisé « le Monstre » il est piloté par Harry Shell et Stirling Moss aux 24h du Mans mais abandonne vite.
1958 voit l’apparition de la Lancia Flaminia Sport. Le dessin est élégant, beaucoup moins torturé, c’est en fait la direction que prend la carrozzeria qui se dirige petit à petit vers les séries.
La même année on retrouve une première collaboration avec Porsche, sur une base de 356A. Ensuite un coupé est produit l’année suivante mais le projet n’ira pas plus loin et c’est finalement Abarth qui continuera, on en parle ici.
La suite, le mois prochain !
Illustrations supplémentaires : Zagato
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