Essai d’une Volvo 144 De Luxe, étonnante et fonctionnelle

Publié le par Fabien

Essai d’une Volvo 144 De Luxe, étonnante et fonctionnelle

Ayant déjà essayé une P1800S (c’est par ici) équipée du même bloc-moteur B20, quand il m’a été proposé d’essayer la Volvo 144, berline de la série, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté. D’autant que cette auto a permis à Volvo d’amorcer le virage des années 70 avec une rupture stylistique tournée vers des formes très cubiques. La « brique suédoise » était née… mais qu’est-ce que ça fait de conduire une brique ?

NOTRE VOLVO 144 DU JOUR

Du premier coup d’œil, même le néophyte saura que c’est une Volvo : trois volumes équilibrés pour une ligne banale mais typée. Pour le nom, là encore, Volvo n’a pas fait dans l’extravagance : Série 1, moteur 4 cylindres et 4 portes : la 144.

Volvo 144 9- Volvo 144

Notre Volvo 144 du jour est la version De Luxe, avec une finition améliorée. Cette finition DL vient s’intercaler entre la version Luxe « L » et la Grand Luxe « GL ». Et on détaillera ce niveau de finition tout au long de l’essai.

Maintenant, essayons de définir l’année de notre monture… Premier indice, la calandre noire, barrée diagonalement et au logo Volvo décentré : c’est une série 2, apparue au millésime 71. Pour rappel, la Volvo 144 est apparue en août 1966, avec une calandre chromée, et la troisième série, au logo de calandre recentré et aux feux arrières horizontaux, est quant à elle sortie en 1973. On limite déjà bien la période !

Ensuite, si l’on regarde les poignées de portières, chromées et à gâchette comme sur les premières séries, elles sont l’apanage des voitures de série 2 sorties de chaînes avant 1972. En conclusion, la Volvo 144 du jour est un millésime 71, qui rappelons le, débutait à l’époque au 1er juillet 1970.

A cette époque, le rétroviseur droit était en option mais le miroir conducteur était encore chromé. Tout comme la calandre, qui avait troqué sa grille brillante contre du plastique noir, et contribuait à rendre encore plus esthétique le jonc métallique qui la soulignait.

Quant au regard, les optiques de phares de la Volvo 144 sont délicatement maquillées par un encadrement là encore chromé. Chromé aussi le bouchon d’essence aux armes de la marque.

Au premier coup d’oeil, cette auto peut effectivement paraître rustique dans son design, mais c’est là le coup de génie du designer en chef de la marque, Jan Wilsgaard, qui avait déjà dessiné l’Amazon (que nous avons déjà essayé en break, et c’est par ici). Quand on s’attarde sur les lignes de la Volvo 144, finalement, peu de lignes tendues. Toujours un galbe, une souplesse et c’est probablement cela qui rend ce dessin intemporel.

Bien que produite à 523.808 exemplaires dans la déclinaison berline, la Volvo 144 est une voiture que l’on croise rarement sur nos routes françaises, ce qui est un des meilleurs prétextes pour en prendre le volant. Et d’autant plus dans cet état d’origine !

Bienvenue à bord

Quand on ouvre les portes, on découvre une ambiance très typée début des années 70, avec ces sièges qui ressemblent plus à des canapés qu’à des sièges auto, cette moquette marron, et un tableau de bord en plastique noir, minimaliste quand on le compare aux tableaux de bord des années 80.

Comme dans toute propulsion à moteur avant, le tunnel qui permet le passage de l’axe de transmission ne permet pas le confort optimal du cinquième passager. Mais les autres sont plutôt bien lotis. Une voiture idéale pour une famille de 4 personnes, l’accoudoir central arrière permettant de délimiter les espaces individuels.

A l’avant, ce tunnel supporte le long levier de vitesse, et une montre signée Volvo. Pour le conducteur et son passager de droite, la sécurité ayant toujours été une préoccupation majeure pour Volvo, des ceintures de sécurité trois points au réglage simple font partie de la dotation de base. Des appuie-têtes équipent également les sièges avant.

Quant au tableau de bord de la Volvo 144, il possède les éléments essentiels : commodos et boutons, ou plutôt tirettes et poussoirs, nécessaires à la conduite, commandes de chauffage, boîte à gants (à ne pas confondre avec la trappe de la boîte à fusible au centre de la console !). Mais aucun cadran ! Et pour cause. Le compteur de vitesse est un ingénieux système à ruban mobile dont la lisibilité est parfaite. Et à défaut de régulateur de vitesse, un curseur mobile que l’on déplace à son gré à la vitesse objectif pour un repérage facilité de la limite fixée.

Un petit tour dans le coffre permet également de voir le mécanisme de manœuvre du grand capot de malle. et la lumière associée. Les espace que l’on pouvait penser perdus, juste au dos de la banquette, ont été aménagés avec des paniers en fil métallique. Au passage, même le contenu du coffre est d’époque, avec un train mécanique et son circuit en tôle emboutie.

Et sous le capot ?

En soulevant le capot de notre Volvo 144, on reconnaît une auto conçue dans un pays où la nuit est une dominante de l’hiver : un éclairage est, comme dans la malle arrière, associé au mécanisme d’ouverture. Eclairage toujours fonctionnel sur la belle du jour.

Outre ce détail, on reconnaît le fameux B20. Ici alimenté par un simple carburateur Stromberg, il s’agit d’un B20A : 4 cylindres, 2 litres de cylindrée (1986 cm3 pour être précis), 82 chevaux à 4700 tr/min.

Volvo 144 27- Volvo 144

C’est la version la moins puissante du B20, mais celle dont le couple maximum est atteint au régime le plus bas, ce qui laisse présager d’un bel agrément de conduite… A vérifier.

Mais il faut aller plus loin dans les entrailles de la bête pour en découvrir un point clé, là encore lié à la sécurité, chère au constructeur : le système de freinage. Circuit hydraulique en « triangle » pour répartir l’effort sur les 4 disques qui équipent l’auto, ce système est même doublé sur les roues avant. En cas de défaillance un relai est automatiquement pris par l’une des roues arrières.

On peut même considérer que la Volvo 144 est équipée d’un système ABS, puisque des régulateurs de pression empêchent le blocage des roues en cas de freinage violent.

On retrouve également un châssis présentant des zones de déformation et une cage rigide de protection, systèmes qui ne se démocratiseront que vers le milieu des années 80. Toujours dans ce soucis de sécurité passive, la colonne de direction de la Volvo 144 est conçue pour se disloquer en plusieurs parties pour éviter à ce qu’elle ne pénètre dans l’habitacle en cas de choc avant.

AU VOLANT DE LA VOLVO 144 DE LUXE

En ouvrant la porte du chauffeur, il y a de l’espace, pourtant, le diamètre du volant à la jante fine ne laisse pas tant d’espace que cela pour se glisser. Avec mon gabarit, 1,80 mètre et un quintal, je dirais que je me faufile derrière le volant. mais une fois en place, pas besoin de réglage savant pour trouver la bonne position.

La ceinture de sécurité est réglée et bouclée sans mal. Décidément, j’aime la sobre facilité du système Volvo, qui n’a rien à envier aux enrouleurs actuels ! Les commandes tombent sous la main. Bref, on se sent très vite à l’aise. Par contre, pour celui ou celle qui aime voir le bout du capot, ce ne sera pas des plus agréable, tant il est long et finalement assez plongeant.

Essai Volvo 144 News dAnciennes 5- Volvo 144

Petit test de la pédale de frein, pour évaluer sa course et sa consistance. Pas de mauvaise surprise, course limitée et consistance ferme. Ça met en confiance. Contact. Le moteur s’ébroue tranquillement. Deux ou trois petits coups de gaz pour jauger la pression du pied droit et c’est parti.

Le parking engazonné et le sol gras ne posent pas de problème à la propulsion. Quelques mètres au ralenti sur chemin privé, premier freinage pour sortir de la propriété. Pas de soucis particulier. C’est parti pour une virée sur l’asphalte !

Les premiers kilomètres permettent de se sortir de la circulation. On ne peut pas la considérer urbaine sur la commune d’Echillais, en Charente-Maritime, mais elle a son lot de ronds-points et de ralentisseurs. Comme dans toute ville ou village de France aujourd’hui. Un bon moyen de se faire une idée de la prise de roulis et du confort de l’auto.

Dans ce contexte, avec même un bouchon de quelques dizaines d’autos au passage d’un stop, notre Volvo 144 s’en tire avec les honneurs : le moteur est souple et ne nécessite pas un recours intempestif au levier de vitesse, il reprend même aux plus bas régimes, et l’amortissement est tout à fait acceptable pour l’antique essieu arrière rigide.

La route s’ouvre et c’est l’occasion de monter les 4 rapports de la boîte. Une chose est certaine, nous ne sommes pas dans une sportive. La prise de régime est lente mais linéaire et le point de passage de la vitesse supérieure est une évidence. Malgré cela, l’auto s’insère parfaitement dans la circulation actuelle.

Pour ce qui est du comportement en virage, comme c’est une voiture que l’on ne cherche pas à pousser : il reste donc très neutre sur bon revêtement. C’est certain, l’essieu arrière à tendance à sautiller un peu dès que ça se dégrade. Mais pour le survirage, inévitable compte tenu de l’architecture de l’auto, je ne l’ai pas perçu durant cet essai. Ni sur route, ni sur les ronds-points.

Le voyage est agréable. Comme la Peugeot 404 que Benjamin a essayé la semaine dernière, qui est clairement une concurrente de la suédoise, cette dernière est une auto qui invite à rouler. À rouler en prenant en son temps, d’accord, mais le faire sur de grandes distances avec des départementales, des nationales ou même de l’autoroute, rien de tout ça ne vous fera peur.

Petit point noir sur ce tableau, celui qui pourrait vous dissuader d’utiliser une auto si facile au quotidien : la consommation de la Volvo 144. Déjà, les prix ne sont plus ceux de 1971. Et malgré tout, avec son gros moteur, la Volvo 144 engloutit pas loin de 10 litres au 100 kilomètres.

Je n’en ferai pas autant. Les quelques kilomètres d’essais se terminent les roues dans l’eau, à marée basse, un environnement serein qui sied bien à cette voiture bichonnée par son propriétaire. Un bon moment passé au volant.

CONCLUSION

Jamais poussive, notre Volvo 144 compense réellement sa faible puissance par un couple présent à tous les régimes. Souvent un gage de robustesse, que ne démentent d’ailleurs pas les milliards de kilomètres qu’ont couvert les moteurs B20 du constructeur suédois.

Mais aussi, la garantie d’une adéquation parfaite entre la philosophie de l’auto et son caractère. Après cet essai, on comprend tout à fait le succès de ce modèle auprès du public des années 70.

Les plusLes moins
une ligne caractéristiqueperformances modestes
souplesse moteurconsommation
robustesseaccès à bord chauffeur
sécurité active et passive
pour l’époque, dont les freins
défaut d’image
image 6- Volvo 144
Fiche technique(1)Volvo 144 De Luxe série 2
Années1971-1973
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1986 cm³
AlimentationCarburateur Stromberg ZS 175-CD2-SE
Soupapes8
Puissance Max82 ch à 4700 trs/min
Couple Max162 Nm à 3000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
Transmissionaux roues arrière
Châssis
Position MoteurLongitudinale Avant
FreinageDisques AV et AR
VoiesAV 1346 mm / AR 1346 mm
Empattement2616 mm
Dimensions L x l x h4623 x 1727 x 1441 mm
Poids1235 kg
Performances
Vmaxenv. 140 km/h
0 à 100 km/h14,3 s
400 m d.a– s
1000 m d.a– s
Poids/Puissance14,3 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive– litres / 100 km
Prix2.800 € (2) – 10000 €(3)

sources : (1) Inkstruktionsbok Volvo 142/144 – (2) Cote LVA – (3) moyenne web

Rouler en Volvo 144

Avec sa robustesse et sa côte contenue, la Volvo 144 est une voiture intéressante pour entrer en collection avec une auto décalée et qui ne manquera pas de faire tourner les têtes dans les rassemblements. Si à l’époque, ses formes cubiques ont été sujet de railleries, elles sont aujourd’hui plutôt synonymes de solidité et de sérieux.

Même si l’on n’en croise peu en France, sa diffusion dans le nord de l’Europe fait que ce modèle est assez simple à trouver si l’on n’a pas peur de négocier en anglais et de s’offrir un joli voyage pas loin de chez le père Noël ! Idem au niveau des pièces détachées qui se trouvent encore assez bien.

Merci à Michel pour son accord immédiat quand nous lui avons demandé de prendre le volant de sa superbe Volvo 144 De Luxe en état d’origine !

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. Clu

    Bravo de ces magnifiques photos, chaque détail est sublimé : tableau de bord, tringlerie, moteur, feux, bouchons, une ligne intemporelle, un chouette design et un artiste photographe. Merci de ce partage et cet article vivant de balade découverte.

    Répondre · · 29 mai 2023 à 10 h 53 min

    1. Fabien

      Photos collégiales, nous étions plusieurs autour de cette magnifique Volvo.
      Très heureux de vous avoir fait apprécié notre découverte !

      Répondre · · 29 mai 2023 à 12 h 02 min

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