Essai d’une Toyota Celica, coupé sous influences

Publié le par Benjamin

Essai d’une Toyota Celica, coupé sous influences

C’est rare de pouvoir essayer des japonaises des années 70. Elles ne sont tout simplement pas nombreuses, surtout en Europe. En plus, notre voiture du jour a quand même une gueule plutôt étrange. Je vous le dis de suite, c’est pour son côté pony-car qu’elle m’a tapé dans l’œil. Du coup, je vais me mettre au volant d’une Toyota Celica ST bien française pour remonter aux origines d’une belle lignée.

Notre Toyota Celica du jour

Vous connaissez mal la Toyota Celica, surtout ces modèles des premières années ? On ne vous en voudra pas, c’est vraiment une auto rare et, par conséquent, méconnue. Une voiture qui mixe diverses influences pour une vraie ambition. Et si vous voulez vous replonger dans l’histoire de l’auto, on l’a déjà fait.

Je vous en ai déjà parlé, notre auto du jour a une gueule d’américaine. Une gueule originale car, finalement, on est habitué à retrouver ce genre de design sur des autos de bien plus grande taille que ce coupé japonais. Cette Toyota Celica est finalement une petite auto avec ses 4,16m de long. À défaut de muscle-car, on partira donc sur une analogie de pony-car.

Toyota Celica par Mark pour News dAnciennes 10- Toyota Celica

Les ressemblances commencent à l’avant. Comme une Camaro par exemple, la calandre est strictement rectangulaire, creusée, avec les phares rejetés de chaque côté. Pour renforcer le côté américain, on retrouve sur la Toyota Celica un gros pare-chocs chromé, bien intégré aux lignes et intégrant lui-même deux optiques et se prolongeant avec les clignotants verticaux (ils étaient inclinés vers l’arrière de l’auto sur les premiers modèles). Le capot est long, en tout cas dans les proportions de la voiture et pour couronner le tout, comme sur une ricaine, une bande court en son centre.

Le profil de la Toyota Celica trahit, lui, les dimensions de l’auto. On remarque une certaine hauteur, comparée à la longueur. L’impression n’en est que plus forte avec une garde au sol généreuse, les conducteurs seront rassurés sur les dos d’ânes. Sur le côté, une bande décorative laisse juste se découper l’emblème de l’auto : un Drakkar. Pas très japonais mais au moins ça parle au monde entier ou presque.

Côté ressemblance, on reste sur un brin de Camaro… mais l’aspect haut sur patte et finalement assez compact évoque également une autre « américanisante », une Opel Manta.

L’arrière maintenant. Ici on est dans un mix entre un fastback, mais la Celica se déclinait aussi sous cette forme, et un coupé hard-top. La lunette arrière replonge doucement, créant de gros piliers arrières, mais laisse quand même de la place à une vraie malle. Celle-ci se termine avec un gros becquet et surmonte une barre noire séparant les feux. En dessous, comme à l’avant, le pare-chocs chromé de la Toyota Celica ST est imposant.

Côté ressemblances, de ce côté là, on notera toujours un air d’Opel Manta tandis que la forme du pavillon et du becquet renverront à une Ford Capri. Par contre, cet arrière râblé ne fera pas l’illusion… On aura eu le temps d’y croire.

Sous le capot : on zappe les muscles

Si on a encore un doute sur le fait que la Toyota Celica puisse tendre vers une voiture américaine, il suffit d’ouvrir le capot pour se rendre compte de son erreur. Oui, même les Mustang ont embarqué (et embarquent encore) des 4 cylindres. Mais dans les années 70, ce n’était pas encore le cas.

Toyota Celica ST par Bruno pour News dAnciennes 15- Toyota Celica

Les Toyota Celica n’ont d’ailleurs jamais eu recours à d’autres motorisations. Les 4 pattes ont fait de 1407cm³ à 1968cm³ et leur puissance de 84 à 145ch. Certes, c’était économique, mais ce n’était pas forcément la panacée côté performances.

Sur notre Toyota Celica ST du jour, c’est un brave 1588 cm³ de 93ch qui loge sous le capot. Le couple culmine à 126 Nm. Voilà que les rêves de drag race dans la banlieue LA s’envolent avec 13,4s pour le 0 à 100. Néanmoins, la bête a quelques arguments qui méritent qu’on ne la zappe pas tout de suite. Tout d’abord la boîte, manuelle pour les européens, c’est bien, et c’est une 5 rapports ce que les coupés 1600 de notre vieux monde ne proposaient pas forcément au milieu des années 70 (de base en tout cas). Ajoutez un poids contenu sous la tonne à vide et vous obtenez une auto qui file à 170km/h.

Bref, sous le capot, rien d’américain.

À l’intérieur : archi-classique

Dernier coup d’œil avant de prendre le volant : l’intérieur. Pour le coup, la Toyota Celica la joue bien plus discrète qu’à l’extérieur. Là, il faut faire simple, efficace, mais sans que ça paraisse cheap pour autant.

Toyota Celica par Mark pour News dAnciennes 7- Toyota Celica

Alors comment éviter le cheap ? Avec un dessin sympathique et des matériaux qui ne sont pas 100% plastiques. En tout cas, au niveau de leur apparence.

Du coup on fait appel à un faux bois pour habiller le tableau de bord. Niveau dessin, rien de novateur mais on se rend compte qu’à défaut de proposer un V8, on ne lésine pas sur l’équipement. L’instrumentation est complète, on retrouve une large commande de ventilation, l’habituel combo allume-cigare – cendrier et même un autoradio, sans fioritures mais bien présent. L’habillage noir est propre et on se permet de texturer les panneaux de porte tandis que le dessin des sièges est plutôt sympa.

La seule originalité à l’intérieur de la Toyota Celica viendra du volant. Classique, à trois branches avec une jante plus claire, il ne comporte pas de cerceau ou de partie centrale pour actionner le klaxon… mais de deux boutons par branche ! Avec 6 boutons, vous allez pouvoir vous défouler dans les bouchons.

Bon sinon, le volant, il serait peut-être temps de le prendre en main non ?

Au volant de la Toyota Celica ST

Et c’est parti. Après l’avoir bien détaillée, il s’agit de prendre le volant de notre Toyota Celica ST du jour. En fait, ça va être une vrai évaluation puisque je vais devoir répondre à la question « Est-ce qu’elle est intéressante malgré le fait qu’elle n’embarque qu’un 4 cylindres » ? En résumé : Que de de la gueule ou pas ?

L’intérieur n’est pas que classique dans son visuel, il l’est aussi niveau ergonomie et position de conduite. Je suis bien assis, sans être allongé, et avec toutes les commandes qui tombent sous la main. Rien d’autre à ajouter, je lance le moteur. Pas d’explosion sonore, non, le 4 cylindres est plutôt discret. On a connu des 4 pattes plus expressifs, mais on entend aussi qu’on est pas en présence d’un petit moteur pour autant.

Première et c’est parti. Pour conduire notre japonaise, c’est sur la route des crêtes en Alsace que ça se passe. Un itinéraire qui mixe quelques lignes droites, de beaux virages et un superbe panorama. Pour les premiers hectomètres, j’avoue que je prends le temps de le regarder ce paysage.

Toyota Celica ST par News dAnciennes 6- Toyota Celica

Il faut s’habituer à la voiture mais, en fin de compte, ça se fait vite. La Toyota Celica est une bonne voiture à un rythme normal. C’est un coupé qui ne cherche pas à se mentir, donc on a zappé les amortisseurs ultra-fermes et on conserve un certain confort. Seul le train arrière rigide pourra vous secouer un peu sur les bosses mais rien de bien méchant.

Dans ce confort, on ajoute les sièges qui sont bons, tant en maintien qu’en moelleux et puis, le son… même si quelques décibels en plus et un caractère plus expressifs n’auraient pas été de trop. Les kilomètres s’enchaînent, les freins sont bien appréhendés et plutôt efficaces, la direction ne souffre d’aucun reproche. En gros, à rythme classique, celui de la balade entre copains, après le restau et son assiette de charcuterie, j’ai fait le tour de notre Toyota Celica. Maintenant, va falloir hausser le rythme.

J’évoluais paisiblement en 5e, un rapport qui apporte surtout du confort. Mais pour pouvoir tirer le meilleur d’un moteur dont le couple n’est pas la meilleure ligne de stats, il faut tomber quelques rapports. Une épingle approche. Freinage appuyé, retour en troisième et gaz. C’est parti, le 4 pattes part à l’abordage et l’aiguille du compte-tours s’agite et grimpe vers la zone rouge. Si la puissance n’est pas si haut placée (ok, 6000 quand même), le couple est à 4200 tours, donc la pédale de droite est une bonne alliée !

Le poids est contenu et la Toyota Celica accélère bien. La mise en vitesse est correcte et franche. Bref, ça pousse sans pour autant coller au siège. Niveau sonore, ça se réveille un peu ! La commande boite est bonne et permet d’enchaîner les rapports. 4e passée, la vitesse comment à se faire sentir. Pas besoin d’aller le rapport supérieur, le 4 pattes pousse encore… et puis le prochain virage arrive.

Nouveau saut sur les freins. Le système est toujours efficace, les disques avant et les tambours arrière n’ont pas non plus une énorme masse à ralentir, même avec deux occupants à bord. Je tombe deux rapports, la direction enroule et la Toyota Celica accuse un certain roulis et une tendance au sous-virage assez rassurante. La corde est passée, gaz et je remet une pièce dans la machine.

Les lignes droite, ce n’est pas forcément son truc. On arrive finalement assez vite aux limites du moteur. Et puis, de toute façon, les limitations de vitesse et les virages qui reviennent vite nous empêchent de vraiment « taper dedans ». Mais on se contente de qu’on a et c’est déjà vraiment pas mal !

Toyota Celica ST par News dAnciennes 9- Toyota Celica

Clairement, la Toyota Celica, dans cet exercice un poil sportif, n’a rien à voir avec une américaine. Le comportement est bon et on ne sent pas trop le poids de la voiture. Certes, les accélérations n’ont rien d’un dragster mais on peut les faire plus tôt et sans arrière-pensée. La conduite est plutôt facile, la voiture saine, bref, sans atteindre des vitesses astronomiques, on s’amuse quand même… mais il faut cravacher.

Je fais encore un peu mumuse et je termine plus lentement. La japonaise m’a tout montré et finalement elle est bien plus intéressante que ce qu’on pourrait penser. Le reste de la route défile sans encombre. Même pas fatiguée notre auto du jour !

Conclusion :

Que de la gueule ? Clairement, oui, la Toyota Celica n’a rien d’une muscle-car ou d’une pony-car malgré son esthétique. Mais si on arrête les comparaisons et qu’on la juge pour ce qu’elle est, l’approche sera forcément différente.

La japonaise est un petit coupé vif, plutôt amusant, qui était destiné à des jeunes qui trouvaient là une monture sexy et plutôt performante sans avoir à se ruiner ou trop risquer de s’enrouler autour d’un platane. En somme, c’est un coupé original qui changera des productions européennes et américaines en mixant des influences venues d’un peu partout.

Les plus de la Toyota CelicaLes moins de la Toyota Celica
Une gueule originaleUn moteur « juste »
Un châssis bien néSa rareté en collection
Une jap d’avant les 80sSon amour de la corrosion
image- Toyota Celica
Fiche techniqueToyota Celica ST
Années1971-1977
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1588 cm³
AlimentationDeux carbus double corps
Soupapes8
Puissance Max93 ch à 6000 trs/min
Couple Max126 Nm à 4200 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale Avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1280 mm / AR 1285 mm
Empattement2425 mm
Dimensions L x l x h4165 x 1600 x 1310 mm
Poids (relevé)1075 kg
Performances
Vmax Mesurée173 km/h
0 à 100 km/h13,4s
400m d.a17,9s
1000m d.a33,9s
Poids/Puissance11,55 kg/ch
Conso Mixte± 8,5 litres / 100km
Conso Sportive± 18,1 litres / 100 km
Prix± 15.000 €
Stats Zeperfs

Conduire une Toyota Celica

Vous aussi vous voulez tâter de cette auto originale ? Il va falloir vous activer niveau recherches, la Toyota Celica n’a pas été importé en très grand nombre en Europe. En fait, comme beaucoup d’autres japonaises de l’époque, il sera plus simple d’en importer une qui vient des USA. Notez d’ailleurs que les versions différent entre les marchés. En plus de la diffusion totale assez restreinte, la corrosion adore cette première génération et a déjà fait disparaître de nombreux specimens.

Question prix, sur le marché, vous trouvez de tout. Certaines démarrent à moins de 10.000 € mais pour ce prix soyez prêts à faire quelques concessions. Plus généralement, on tournera autour des 15.000 €, avec les ST comme notre auto du jour, légèrement en-dessous et les version liftback (Fastback) et plus grosses motorisations au-dessus.

Visez dès le départ une auto saine et complète : la dispo des pièces est aléatoire et là aussi il faudra parfois vous tourner vers le marché américain. Et on vous le redit : faites attention à la rouille !

Merci à Didier pour le prêt de son auto et à Jean-Michel et Gilles pour avoir organisé la journée.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. denis

    vous savez, benjamin, on ne cherche pas forcément la puissance, la sportivité, avec une voiture ancienne, moi avec la nsu tt, je me promène, pas de sport, et je fais des km, mais à mon rythme…………………..merci pour vos reportages, tout de même

    Répondre · · 14 août 2023 à 22 h 00 min

    1. Benjamin

      J’ai une Simca 1100 5CV 🙂 donc je ne la recherche pas non plus. En parler dans cet article, c’est pour comparer avec les américaines au look approchant, rien de plus.

      Répondre · · 16 août 2023 à 11 h 59 min

  2. Pascal

    Mon frère a eu la Celica fastback verte, elle avait un petit air de Mustang.

    Répondre · · 15 août 2023 à 8 h 22 min

  3. Boulet

    J’ai conduit une Toyota Starlet de 1980 pendant 4 ans. Je possédais la version 1200 avec une boite 5V. De bon souvenir. La qualité de fabrication mécanique de cette marque
    étais au rendez-vous. Si vous en trouvé une à l’essai. Waitt and see.

    Répondre · · 15 août 2023 à 19 h 15 min

  4. Dixies44

    Très bonne et belle voiture celle ci est une ta 22 deuxième phase la 1 er avait le réservoir entre les feux arrière qui était plat le volant avait 3 boutons sur le volant pour le klaxon et les 4 vitres baissé elle avant une gueule d américaine vue de côté en plus petit

    Répondre · · 15 août 2023 à 22 h 35 min

  5. BONATRE Guillaume

    Bonjour,
    Merci pour cet article…Pour information j’ai une Celica TA22 de 1972 (1ère génération – le remplissage du réservoir est à l’arrière sous le plancher du coffre) conforme à celle homologuée par TOYOTA en groupe 2 et j’ai le plaisir de la piloter sur certaines épreuves comme the Tour de Corse Historique. Si ce n’ai pas la plus performante – même équippée du moteur double arbres 2TG elle remporte l’adhésion du public car elle rapelle de nombreux souvenirs..
    Elle a fait l’objet d’un article dans Autorétro de Janvier

    Répondre · · 24 août 2023 à 13 h 57 min

  6. Vincent

    Merci pour cet article, dans le temps je lorgnais sur ce modèle. C’était indiqué « 1600 st », mais le moteur de modeste puissance me laissait perplexe, j »avais acheté en 1600 coupé bertone alfa roméo.. Je sais maintenant qu’il existe un modèle avec un moteur double arbre, mais je n’avais jamais croisé une GT à l’époque, donc j’ignorais son existence. Il est dommage qu’il n’y ai pas d’essai de célica grée avec ce moteur. le 1600 gt développait 115 ch, était-il autant jouissif que le mythique 4AGE sortit plus tard sur la celica 3 ( ou la corolla bien sur) ? quant au 2 litres 145 chevaux, la voiture devait carrément talonner la ford capri RS !

    Répondre · · 26 septembre 2024 à 9 h 41 min

Répondre à Dixies44Annuler la réponse.

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