Essai d’une Opel Calibra, un coupé performant, élégant et (très) discret

Publié le par Benjamin

Essai d’une Opel Calibra, un coupé performant, élégant et (très) discret

C’est une représentante d’une race éteinte. Celle des grands coupés venus des catalogues des marques généralistes. Celle de coupés qui se voulaient être des voitures plaisir (au moins d’agrément) sans être des voitures sportives. Enfin, une race de voiture qui n’a existé que sur une période assez réduite, entre la fin des années 80 et le milieu des années 2000. En fait, l’Opel Calibra est plus qu’une représentante de cette race de coupés puisque c’est l’une des premières à s’être positionnée sur un segment où on retrouvera par la suite les Ford Cougar, Fiat Coupé et, évidemment, la Peugeot 406 Coupé. Au delà du modèle, est-ce que le genre a bien vieilli ? C’est l’intérêt de cet essai.

Notre Opel Calibra du jour

En prenant le temps de regarder notre Opel Calibra, on retrouve deux des signatures des coupés évoqués ci-dessus. La première chose qui frappe, c’est le gabarit. Effectivement, on délaisse les petits coupés sportifs pour des coupés plus gros. Avec 4,5m de long, l’allemande n’est pas du format ballerine, et puis il faut signaler qu’elle est basée sur la plateforme d’une vraie berline, pas d’une compacte. L’avantage, par contre, c’est qu’elle propose une habitabilité très intéressante.

L’autre signature, c’est la ligne. Une ligne très fine et très aérodynamique, étirée et élégante. Elle est due à Wayne Cherry (GM) et Erhard Schnell (Opel). D’ailleurs, niveau aérodynamisme, elle est très étudiée. L’Opel Calibra est passée en soufflerie avec des résultats assez fous. Quand elle sort en 1989 c’est la voiture de série avec le plus petit Cx du monde, 0,26 et il faudra attendre 10 ans pour qu’elle ne soit détrônée, par la Honda Insight qui ne propose pas vraiment la même élégance.

Cette recherche aéro se voit dès l’avant. L’Opel Calibra a demandé du travail… à Hella. C’est l’équipementier allemand qui réalise ces phares minuscules. 7cm de haut, ce n’est rien du tout et ça a obligé les ingénieurs à sortir des habitudes et passer des classiques projecteurs ronds à une forme plus elliptique. En plus d’offrir une vraie signature visuelle, ils participent donc à l’aérodynamisme de l’auto.

Cette recherche aéro se remarque aussi par la forme générale de l’avant. C’est un vrai coin (c’est là que les phares sont importants pour éviter une surface trop importante). La calandre est plutôt réduite. D’ailleurs, notre Opel Calibra du jour montre que c’est une série 2 (après 1994) avec le blitz dans la calandre et plus sur l’avant du capot. Le pare-chocs est lui-même en forme de coin et le bouclier est très simple.

On a parlé d’élégance aussi. C’est vrai que l’Opel Calibra a vieilli, surtout face aux concurrentes citées précédemment. Son style est plus banal surtout avec cette version qui ne cherche pas à montrer des muscles (qu’elle n’a pas, on en reparle). Il n’en reste pas moins qu’elle est simple et plutôt jolie tout en restant très discrète.

On retrouve certaines des caractéristiques sur le profil. Regardez à l’avant, tout en bas, le « boudin » devant la roue avant, et bien il contribue à la finesse aéro. L’ajustement des portes panneaux est également travaillé en ce sens et même la forme de la vitre de custode joue. On n’a rien laissé au hasard.

On peut aussi jeter un coup d’œil aux jantes de l’Opel Calibra. Là, ça trahit clairement le côté populaire et les années 90. Les roues ne sont pas des 21″ travaillées mais des jantes alliages très classiques et en série sur cette série Cool Line. On ajoute les bandes plastiques sur le côté et un léger stripping qui crée une ceinture de caisse artificielle. Peu de détails sur cette allemande. On est bien est dans les années 90, plus de chromes, et pas encore dans les années 2000 avec des fausses prises d’air.

L’arrière de l’Opel Calibra renvoie lui aussi aux années 90. Les feux LEDs, c’est pas au programme. Autant ceux de l’avant sont très fins, autant ils sont massifs à l’arrière. La lunette arrière est énorme et elle est reliée au coffre pour faire un vrai grand hayon. Le pare-chocs n’offre aucune aspérité. Pas de côté sportif avec un aileron ou un diffuseur, le premier sera tout de même au programme de certaines séries limitées sportives.

En bref, on retrouve une ligne réussie, fine et élégante. Oui, certaines concurrentes sont plus jolies mais l’allemande est bien travaillée et plus discrète. Sa couleur y contribue également.

Technique : du simple

Comme la plupart des coupés de sa classe, l’Opel Calibra est une voiture dérivée d’une berline. Elle ne s’appelle pas Vectra Coupé mais c’est bien l’idée. Pour autant, ça reste une voiture d’agrément. Alors on n’a pas casé un bête moteur d’entrée de gamme sous le capot. Notre voiture du jour reçoit un 2L à 16 soupapes. Quand même !

Certains pourraient sourire à la vue de la fiche technique. Oui, un 2L de 136ch et 185Nm, de nos jours ce n’est pas grand chose. Mais à l’époque, c’était déjà sacrément bien. Les performances étaient au rendez-vous puisqu’on pouvait emmener l’Opel Calibra à plus de 200km/h (l’aéro joue encore). Pour le coup, le châssis avait été revu par rapport à la Vectra et se montrait plus rigide. Par contre, le grand coupé héritait évidemment de la traction.

Notez d’ailleurs qu’il n’y a pas eu que ce moteur de proposé… et pas que de la traction non plus. Un 4 cylindres 8 soupapes de 115ch marquait l’entrée de gamme. La phase 1 proposait aussi une version 150ch du 16 soupapes, dont une partie du haut moteur était revue Cosworth. Il a été remplacé par cet Ecotec en 1994. À partir de 1992 une version 16 soupapes et Turbo offrant 200ch était aussi au programme. C’était l’Opel Calibra la plus puissante et elle était uniquement proposée en 4 roues motrices. Une transmission que les version V6 ne proposeront pas. D’ailleurs, elles étaient moins puissantes en culminant à 170ch.

En bref, la technique n’est pas la plus poussée mais elle semble faire le job. On se retrouve avec une voiture d’entrée de gamme au niveau motorisation mais avec quelques promesses. Va falloir vérifier ça sur la route.

Intérieur : german style

Sans trop de surprise, on ouvre la grande porte de l’Opel Calibra pour découvrir un intérieur… noir. Il y a bien quelques touches de… blanc ou de gris, mais c’est bien un style très allemand. De toute façon, il faut préciser que cet intérieur était également repris de la Vectra. Forcément, ça limite les folies.

Le bloc d’instrumentation est bien lisible. Le fond blanc des compteurs est un vrai plus. On retrouve le compte-tours à gauche, le tachymètre au centre et la température d’eau et la jauge de carburant à droite. En-dessous on a potentiellement une guirlande complète de voyants alertant sur la santé de l’auto. On ajoutera quand même, sous l’autoradio, un mano de pression d’huile et un autre pour la charge de la batterie.

La sellerie a moyennement vieilli mais reste plutôt correcte. Elle est recouverte de housses pour éviter de l’abimer plus. On passe par l’arrière pour constater que, oui, on est en présence d’un coupé 4 places et pas d’une 2+2. Un adulte qui ne fait pas de basket pourra loger sous le pavillon… sans espérer non plus étendre ses jambes.

Enfin, il faut préciser que la série Cool Line n’apportait pas que des jantes alliage à l’Opel Calibra. L’intérieur recevait son lot d’équipement avec la clim (qui donnait le nom à la série), les vitres électriques, un autoradio avec 6 haut-parleurs et la direction assistée. De quoi voyager en fait.

Au volant de l’Opel Calibra

Ce n’est pas si souvent qu’on peut s’installer dans un coupé de plus de 30 ans sans avoir besoin de se contorsionner… et sans qu’il ne vienne de Détroit ! On est plutôt bien assis et la position se règle bien… sauf le volant qui reste fixe. Pas grave, ça suffira. Le moteur démarre du premier coup. Pas de grande envolée lyrique, ce n’est pas non plus ce qu’on attend de cette mécanique.

Première et c’est parti. L’avantage d’une auto comme l’Opel Calibra, qui n’impose pas de position de conduite trop spéciale, qui ne propose pas une fiche technique trop pointue… c’est que le temps d’adaptation est très rapide. On se sent tout de suite en confiance et le gros coupé allemand évolue parfaitement dans la circulation moderne. Elle n’est pas très ancienne, c’est ça qui aide aussi.

Franchement, on ne voit pas trop quoi reprocher à l’Opel Calibra. Facile et assez performante, elle sait aussi se montrer bonne voyageuse. La conso ne semble pas si élevée et le confort est bon. C’est parfois le souci des coupés, mais les gros coupés soignent bien les occupants et cette Calibra est de cette veine. D’ailleurs, le son du moteur ne se fait pas trop entendre non plus. L’insonorisation est bonne et on peut discuter tranquillement. En fait il n’y a que le fait qu’on soit assis assez bas qui peut faire une différence… et encore, certaines populaires plus anciennes nous assoient encore plus bas.

On a pas grand chose à lui reprocher et on lui trouve des qualités. L’Opel Calibra se démarquait en investissant le segment des coupés 4 places abordables… et en étant moins orientée sport que nombre de coupés précédents. Moins orientée sport, d’accord, mais un coupé reste une auto plaisir et on ne proposait pas 136ch en 1996 pour rien. Alors on va se sortir de cette routine qui fait penser à la conduite d’une moderne (qu’elle est finalement), on se crache dans les mains, on avale un dernier ralentisseur et on attaque une route un peu plus technique, une route sur laquelle on va vraiment jauger les performances.

Au lieu de passer la 4e en accélérant doucement en sortie de village, j’inverse. Je suis à 40 donc je repasse la seconde. Allez, pied tôle. L’Opel Calibra se lance mais sans impressionner. Alors, oui, ça pousse et le moteur prend ses tours mais la puissance maxi est atteinte à 5600 tours et ça ne sert pas à grand chose d’aller chercher plus loin… de toute façon, à peine la troisième passée que la vitesse maxi (autorisée) est atteinte. Alors, oui, c’est performant mais l’allemande est plutôt avare en sensations. Même au niveau sonore, on a réveillé le moteur sans en prendre plein les tympans.

On repasse en mode croisière avant d’attaquer une série de virages. En rythme cool, l’Opel Calibra passait sans qu’on se pose de question… et on ne va pas s’en poser beaucoup plus en accélérant. Le train avant est plutôt efficace quoi qu’un peu lourd. Si on passe un poil fort, le sous-virage s’invite dans la partie. Parce qu’au final, oui, on peut passer fort. Le freinage est plutôt bon, la direction plutôt précise et l’Opel Calibra n’est pas si lourde vu son gabarit ce qui évite qu’elle ne se vautre dans les virages. Une fois la corde passée, hop, on remet la seconde et on repart sans faire de virgule… oui, c’est une traction !

Là encore, pas de quoi se faire de grosse frayeur et pas de quoi non plus s’enthousiasmer énormément. En fait l’Opel Calibra est une très bonne voiture mais une voiture certainement trop neutre. Elle va vite mais ne le montre pas et ne le fait pas sentir. Alors on peut toujours appuyer sur l’accélérateur et aller vite, mais ça va jouer sur le temps de trajet, beaucoup plus que sur les sensations ressenties. Le trajet est terminé et aucune mauvaise surprise n’a été rencontrée.

Conclusion :

L’Opel Calibra, c’est une auto ancienne un peu spéciale. Son aura n’est pas énorme, surtout avec ce moteur 4 cylindres mais le 6 en ligne ne semble pas bien meilleur. Ses principaux atout seront certainement son style, avec des lignes élégantes et réussies, sa praticité, avec 4 places et puis ses performances toujours d’actualité.

Néanmoins, elle manque de piquant cette allemande. Son intérieur de Vectra n’a rien de très séduisant, les sensations de conduite sont quasiment absentes et sa sonorité est très banale. En bref : une auto qui ne manque pas de qualité et sera une voiture ancienne originale pour quelqu’un qui a un petit budget et qui veut pouvoir avaler des bornes sans se fatiguer, en étant différent sans pour autant se faire remarquer.

Enfin, pour répondre à la question du départ : le genre n’a pas si bien vieilli que ça. Pour preuve, on recherche surtout les mécaniques les plus puissantes. Au final, ces gros coupés mixaient le pratique, le pas cher, leurs lignes et leurs performances dans le monde des voitures modernes. Dans le monde des voitures anciennes, toutes les motorisations sont disponibles mais c’est souvent vers les plus performantes qu’on se tourne. Comme quoi, le frisson, c’est important (même quand on roule à 80).

Les plus de l’Opel CalibraLes moins de l’Opel Calibra
Les performancesLe manque de sensations
L’habitabilitéIntérieur trop classique
Le confortSouvent kilométrée / massacrée
La ligne éléganteGlobalement très discrète
Les notes de notre Opel Calibra
Fiche techniqueOpel Calibra
Années1989-1997
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1998 cm³
AlimentationInjection
Soupapes16
Puissance Max136ch à 5600 trs/min
Couple Max185Nm à 4000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Position MoteurTransversale avant
FreinageDisques Ventilés AV et Pleins AR
VoiesAV 1426 mm / AR 1446 mm
Empattement2600 mm
Dimensions L x l x h4492 x 1688 x 1320 mm
Poids (relevé)1335 kg
Performances
Vmax Mesurée213 km/h
0 à 100 km/h9,5s
400m d.a17,0s
1000m d.a30,9s
Poids/Puissance9,81 kg/ch
Conso Mixte± 7,1 litres / 100km
Conso Sportive± 14 litres / 100 km
Prix± 6.000 €
Cote : Le Parking

Acheter une Opel Calibra

Avec l’Opel Calibra, on trouve de tout. Globalement, ce gros coupé a su rester fidèle à ce qu’il proposait à l’époque : de l’agrément, des perfs, de l’habitabilité avec un prix vraiment réduit ! Les prix sont donc attractifs, bien plus que ceux d’une Peugeot 406 Coupé notamment. L’entrée de gamme, avec les autos phase 1 en 115ch est évidemment la plus abordable mais les perfs sont bien plus limitées.

La majeure partie des voitures présentes sur le marché (et il en reste puisque l’Opel Calibra a été produite à plus de 230.000 exemplaires) est composée des moteurs 16 soupapes. Le 136ch qu’on a eu entre les mains constitue une bonne base et seules quelques autos très faiblement kilométrées dépassent les 8000€. Car, oui, dans le cas de ces coupés, le kilométrage peut se montrer très important sera une vraie différence niveau prix. D’ailleurs, notre auto du jour avec ces 178.000 kilomètres au compteur est en vente et affichée à 5500€. C’est par ici.

Pour chercher plus haut, on parlera souvent les version V6 (même si elles débutent autour des 6500€ avec gros kilométrage et une pointe de tuning selon les annonces) et évidemment les versions Turbo qui vont vite chercher au-dessus des 10.000€. Notez que toutes les séries spéciales se payent, évidemment.

Pour ce qui est à surveiller ? Que l’entretien a été bien suivi et la distribution faite à temps. Posez aussi des questions sur l’usage, surtout pour les versions Turbo, pour vous assurer que les temps de chauffe et de refroidissement ont été respectés. Enfin, visez des autos bien équipées. À ces prix là, vous n’êtes pas à l’abri de bonnes surprises !

Merci à Arthur pour avoir laissé le volant de sa voiture.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Régis V

    Qu’il me soit permis d’apporter un petit bémol à la description de la motorisation 150 ch, référencée C 20 XE et partagée avec les Kadett GSi et Astra GSi. Dans mon entendement elles n’ont pas été élaborée par Cosworth, mais cette entreprise fournissaient une partie des culasses, très similaires mais clairement identifiées et de meilleure réputation par l’emploi d’une qualité d’alliage qui les rendaient plus fiables.
    (Exploitant une version de ce moteur qui délivre 193 ch à 6950Tr/mn, j’ai collecté ces informations lors de mes recherches de pièces spéciales).
    Et un ajout: il existe aussi des versions quatre roues motrices, à moteurs V6 2.5 ou 2.0Turbo (C 20 LET), certainement rares dans notre hexagone.

    Répondre · · 24 février 2025 à 21 h 22 min

    1. Benjamin

      Merci pour les précisions !

      Répondre · · 25 février 2025 à 8 h 00 min

  2. teddy BIRÉ

    bonjour, vous avez homie que le train arriere des Calibra est une copie de celui des Omega, c’est un train à triangles oblique et multi bras qui n’a rien à voir avec celui des vectra (pourtant meme plate forme) qui est un essieu semi rigide à bras tiré.

    Répondre · · 28 février 2025 à 12 h 25 min

  3. Gilles

    Pas de moteur 6 cylindre en ligne tel que ça figure dans votre conclusion. Il faut préciser que toutes les versions disposaient de la direction assistée et jantes alliage, ce n’est pas une particularité de la cooline. Enfin pour répondre au commentaire de Régis V, non il n’y a pas eu de modèle V6 en transmission 4×4

    Répondre · · 5 mars 2025 à 12 h 12 min

Répondre à BenjaminAnnuler la réponse.

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