Essai d’une Citroën BX GTI, sagement efficace

La BX est une quarantenaire régulièrement moquée. Alors même qu’elle fut un vrai succès commercial. Déclinée en de nombreuses versions, on pense tout de suite à la 4TC quand on parle de sport. Mais celle-ci, on l’a déjà essayée. Alors, avant qu’elle ne soit vendue aux enchères par Boisseau-Pomez, on va s’attaquer à une version un peu plus normale, celle qui fut un temps le vaisseau amiral de la gamme : la Citroën BX GTI.

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Notre Citroën BX GTI du jour

Pour être précis, c’est une Citroën BX 19 GTI. Pourquoi c’est important ? Parce qu’en fait la BX « Tout Court » GTI n’a en fait jamais existé. Ce n’est pas bien grave, on va continuer sur notre lancée. On se retrouve donc devant une auto qui n’a, extérieurement, rien à voir avec la majeure partie des autos siglées GTI. La seule qui me vient à l’esprit, dans ce genre, c’est la 604 du même nom. Par contre, impossible de ne pas reconnaître les traits de Gandini alors chez Bertone. Oui, c’est une BX.

La sobriété est donc de mise. La Citroën BX GTI est bien une GTI mais ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler une bombinette. Si les liserés rouges des 205 et Golf GTI ne sont pas repris, la version Citroën du sigle mythique s’accompagne de quelques particularités.

Ainsi, l’avant de la BX GTI est spécifique. Oui, il faut entrer dans le détail, mais c’est bien pour ça que je suis là. Le capot est une version « courte », en fibre. Il s’arrête plus haut que sur les autres modèles de BX laissant ainsi une petite aération entre les deux phares rectangulaires et le pare-chocs. En dessous de ce dernier, des antibrouillards sont intégrés. On en profite pour noter que les chevrons ne sont pas argentés sur ce haut de gamme de la BX mais noirs.

Le profil est toujours celui d’une BX. Sur ce point, on peut quand même remarquer les jantes spécifiques de la BX GTI. Autre point, un monogramme GTI est présent sur le montant de custode arrière. Ce profil révèle aussi une particularité de la Citroën BX GTI, partagée évidemment avec l’ensemble de la gamme : son avant très long. Le moteur est en porte à faux avant, d’où ce « déséquilibre » (partagé avec l’Audi Quattro pour les mêmes raisons).

L’arrière de la Citroën BX GTI est finalement là où on trouve le plus de différences. Je ne parle pas du bas, identique à celui des autres BX. Je ne parle pas non plus du support de plaque d’immatriculation, bien qu’il soit noir et que ce soit une spécificité de la GTI.

Non, je parle évidemment du gros aileron. Désolé mais je ne peux vraiment rien dire d’autre que « gros » en le voyant. loin de la fine lame, il est épais de ses supports à sa lame. C’est bien la grosse différence avec les autres BX.

Au final, que dire du style ? Peut-être que c’est trop sobre. Ou bien est-ce simplement parce que le badge GTI amenait généralement une touche originale dont la BX est totalement dépourvue. En tout cas, pour aller vendre des autos aux clients Citroën de l’époque, c’était sûrement la bonne recette.

Sous le capot de Citroën BX GTI

Le « petit » capot nous permet donc d’accéder à ce qui fait vraiment la particularité de la Citroën BX GTI : son moteur. Techniquement, c’est le même que celui de la Citroën BX Sport qui a précédé la GTI sur la phase 1. C’est d’ailleurs là que le fameux « BX 19 GTI » est important puisqu’il nous indique la cylindrée du moteur : 1905 cm³. Ça vous dit quelque chose ? Normal, c’est bien le moteur de « LA » GTI, la 205.

Par contre, attention, on est chez Citroën et l’auto ne doit pas faire d’ombre à la bombinette au lion. L’astuce est toute trouvée et, hop, on enlève 5 ch. Heureusement, on sera moins radin quand il faudra sortir une auto plus performante, la plus performante de la famille hormis la 4TC : la GTI 16 qui proposera 160 ch.

On en a pris le volant :
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Ce moteur 1,9 litres développe donc 125ch à 5500 tours. Le couple est haut perché, les 175 Nm sont atteints à 4500. La boite 5 vitesses est au programme. Le poids est plutôt contenu, surtout si quand on voit le gabarit de la Citroën BX GTI qui semble énorme par rapport aux Peugeot du même nom : 1100 kg avec les pleins.

Évidemment, on est chez Citroën et même au milieu des années 80 on a droit au système hydropneumatique. Celle-ci offre un véritable avantage en terme de confort avec sa garde au sol constante, parfaite pour les routes un peu cassantes.

À l’intérieur : … il n’y a plus d’espoir

Et oui. Noir, c’est noir. J’avoue ne pas ouvrir la porte d’une Citroën BX GTI pour retrouver un intérieur luxueux comme celui d’une anglaise ou original comme celui d’une italienne (qui a dit mal foutu ?), mais là, j’avoue qu’un peu de gaieté n’aurait pas fait de mal. Ce n’est pas parce qu’un gros moteur donne l’ambition d’aller chercher les allemandes qu’il faut les copier là où ils pêchent.

Évidemment, le plastique c’est fantastique. Du coup, on en a mis partout ! Le tableau de bord est classiquement celui d’une BX. La console centrale est d’une banalité affligeante avec juste les commandes de ventilation, un cendrier, un vide-poches/portemonnaie et l’indicateur d’ouverture des portières. Le volant est, lui, spécifique. Pour faire plus sportif, il a trois branches au lieu d’une mais son dessin rappelle le massif volant des autres BX.

Côté finitions, ça n’a pas bougé. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. On aurait aimé que ça s’améliore avec le temps, mais ce n’est pas le cas.

Le levier de vitesse est très bas, perdu entre les deux sièges. Ceux-ci sont spécifiques aux GTI. Ce sont des semi-baquets avec un velours qu’on ne retrouve que sur les sportives de la gamme. Si vous voulez du cuir ou l’ordinateur de bord, passez votre chemin, ces options sont supprimées à l’arrivée de la GTI en 1987.

À l’arrière, puisque c’est une 5 portes, on a de la place, pour deux adultes et éventuellement un enfant de plus. La Citroën BX GTI ne paraît pas si grande mais elle est plutôt logeable grâce à son architecture.

Au volant de la Citroën BX GTI

Pour le coup, je ne vais pas vous mentir, la présentation de l’auto ne m’a pas spécialement mis en joie. Mais je suis là pour tester alors j’y vais. Le moelleux du siège me surprend et je m’y vautre littéralement dès qu’il est réglé. L’ergonomie est bien pensé, tout tombe sous la main, sauf le levier de vitesse puisque c’est là la main qui tombe.

Démarrage. GTI ? Bah on ne l’entend pas ce moteur. Certes, personne n’a dit qu’une sonorité envoutante devait accompagner chaque auto qui se veut un tant soit peu sportive. Mais ça aide quand même. Le moteur de la Citroën BX GTI émet un son assez quelconque. Dommage.

Allez, dernier réglages et première. Je fais bien attention en enlevant le frein à main à ne pas raccrocher la commande qui fait varier la hauteur de caisse. C’est parti !

La ville en Citroën BX GTI, comme dans beaucoup de Citroën d’ailleurs, c’est un plaisir. J’exagère un peu mais avec les dos d’âne qui prolifère encore plus que les différents Virus identifiés par l’OMS, je suis bien content de les aborder avec la vitesse que je veux (en respectant la limite qui logiquement devrait être de 30 km/h, mais l’urbanisme dans les petites communes…) sans avoir à redouter le tassement de vertèbres.

La chevronnée roule sans aucun souci. Vraiment rien à noter en fait. Si, elle est particulièrement en forme. Le moteur arrive à me mettre à bonne vitesse sans souci, les freins répondent sans vous envoyer dans le pare-brise (oui, c’est pourtant une Citroën) et le confort est bon. Clairement, un daily moderne ne ferait pas forcément mieux puisqu’il accuserait certainement plus de poids sur la balance et donc sur la direction. Celle-ci est juste parfaite et guide la voiture là où les yeux de votre serviteur veulent aller.

Quelques kilomètres sur les routes départementales du sud de l’Aube confirment ces impressions. Même en cas de mauvais revêtement, la Citroën BX GTI est à l’aise. Pas de souci à se faire ni sur l’accélération, ni sur le freinage. La boîte 5 est bien étagée et vous permet de rouler à un rythme légal sans voir le compte-tours partir vers la droite. Du coup, j’en oublie le son quelconque puisque je voyage dans un certain confort acoustique. Et niveau confort, je n’ai toujours pas bougé dans le velours des semi-baquets.

La Citroën BX GTI m’étonne quand même par son comportement. Elle prend un peu de roulis en virage. Le sigle GTI me faisait m’attendre à une auto plus verrouillée. Après, le confort y gagne sûrement.

Je suis une véritable caricature. Je roule dans une voiture de papy, comme un papy qui ne ralentirait pas pour autant les autres conducteurs. Sauf que je reste quand même sur ma faim. Elle a bien piqué le moteur des 205 GTI ? Elle doit pouvoir faire quelque chose cette mémère.

Je profite alors du dernier dos d’âne, proche du panneau de fin de village pour rester en seconde. Je pourrais d’ailleurs changer de vitesses tant le maniement, du guidage au verrouillage, du levier est aisé. Mais je veux la préparer. Parce que maintenant, fini de rigoler.

Le pied droit attaque la pédale de droite. La Citroën BX GTI n’en a cure. On dirait qu’elle s’y attendait et répond directement. Le moteur grimpe dans les tours. Passé 4000 tours, voilà enfin ce que je cherchais. Le moteur pousse toujours et commence même à se faire entendre ! Du genre, « tiens, t’es là toi ». La puissance déboule et pousse la compacte, pousse encore. Le poids contenu est alors un allié. Le couple maxi est dépassé, la zone rouge approche, troisième et c’est reparti.

La Citroën BX GTI m’a montré son côté Mister Hyde. Ça y est, la Citroën est sortie de sa léthargie et c’est le côté lion du moteur qui se révèle. Je ne sais pas vous dire si les 125ch de notre auto de 1989 sont toujours là mais ça pousse.

Je fais l’essai, et même en 5e, ça pousse encore. Le moteur n’est pas énorme mais il a quand même du couple. Bon, il faut quand même l’aider avec un grand coup de pied et la reprise sera meilleure en tombant des rapports. Surtout, on sortira mieux des courbes. Les courbes, je découvre que la Citroën BX GTI adore ça. Elle y entre avec une certaine force, les freins aidant naturellement à la placer, mais surtout, elle peut y passer vraiment fort.

Le roulis que j’avais décelé à basse vitesse est toujours aussi prononcé. Oui, mais il ne l’est pas plus. Et c’est ça la force de l’auto. Elle ne glisse pas, ne se vautre pas, et passe toujours fort dans la courbe, qu’elle soit serrée ou non. Son comportement est particulièrement neutre, vive la traction ! Le tout est un avantage puisque cela permet clairement de laisse le moteur dans les tours sans avoir à jouer du levier de vitesse !

Tandis que je calme le rythme, une évidence me vient : il ne faut pas se fier aux apparences… ni aux premiers tours de roue. La Citroën BX GTI est vraiment une auto plaisante et surprenante. Mais il faut y aller pour qu’elle le montre !

Conclusion :

La Citroën BX GTI mérite-t-elle son blason ? Après quelques hésitations, la réponse est oui. Car elle est indéniablement performante, et c’est ça le premier objectif d’une GTI non ? Alors, d’accord, elle n’a rien de fun. Justement, son efficacité l’en empêche ! Après, elle reste une chevronnée du milieu de gamme et pas sûr que la clientèle de l’époque ait été adepte des glissades.

En tout cas, c’est une auto à conseiller. Une auto qui peut faire un parfait daily, à la limite du sleeper !

Sinon, on vous résume tout ça en vidéo :

Rouler en Citroën BX GTI

Vous voulez rouler en Citroën BX GTI ? On vous l’a dit, elle sera en vente lors des 48 Heures Automobiles de Troyes le Dimanche 11 Septembre. Son estimation est située entre 3000 et 8000 €, dans la bonne fourchette pour une auto dont l’état est nickel. Toutes les informations sont ici.

Qu’elles soient d’avant ou d’après 1990, les BX GTI sont dans la même fourchette de prix : 3000 € pour les moins belles quand celles vraiment bien préservées dépassent les 6500 €. On ne parle pas vraiment d’état concours parce que… rares sont les concours qui acceptent des autos aussi jeunes ! Par comparaison, il faudra rajouter environ 500 € pour une version 16 soupapes.

Côté « guide d’achat », ne vous faites pas de souci avec les BX Phase 2 (et toutes les GTI le sont). Elles sont bien protégées contre la rouille. Pour le moteur, comme sur les 205, il est suffisamment robuste pour que vous ne vous posiez pas trop de question. Évidemment, il faut qu’il ait bien été entretenu. Dans ce cas, un fort kilométrage sera d’ailleurs un bon signe. Le dernier point ? Les sphères. Oui, c’est un système compliqué et il faut vérifier qu’il ne fuit pas et que l’auto monte à sa garde au sol de roulage sans à-coup.

Merci à JM et Geoffrey pour avoir permis cet essai et merci à Valentin pour les précisions sur le modèle.