Essai d’une Alfa Romeo 164 QV, alternative bien latine aux allemandes

Publié le par Benjamin

Essai d’une Alfa Romeo 164 QV, alternative bien latine aux allemandes

Vous cherchez une berline des années 90 performante ? Vous avez fait le tour des 405, R25 et des différentes versions proposées par les constructeurs allemands ? Et bien à l’époque, les italiens savaient y faire. Le vaisseau amiral de l’époque, si on oublie la confidentielle Maserati Quattroporte, venait d’Arese. C’était la 164. Et tout en haut, on trouvait même une version plus performante. Ça tombe bien, c’est justement le volant d’une Alfa Romeo 164 QV que va nous confier Patrick.

Notre Alfa Romeo 164 QV du jour

Extérieur : moins sage qu’il n’y paraît

L’Alfa Romeo 164 s’inscrit dans le style des voitures de son époque. Lignes anguleuses et rectilignes, jantes en alliage bien remplies, ici en 15 pouces, et optiques de phares texturés. Mais l’Alfa Romeo 164 n’était pas avare d’atouts pour se démarquer, surtout dans cette version Quadrifoglio Verde, que tout le monde appelle QV, qui adoptait un kit carrosserie.

Alfa Romeo 164 QV par News d'Anciennes

En s’en approchant, on lui trouve immédiatement un certain charme. Les pare-chocs pour commencer, peints couleur carrosserie et apparus sur la phase 2 de l’Alfa Romeo 164 lui confèrent une belle touche d’élégance. Les bandes sillonnées qui y sont accolées et traversant tout le pourtour de la carrosserie permettraient une meilleure circulation de l’air, mais personne ne nous a prouvé leur efficacité.

L’aéro était un point important lors de sa conception et de son design, placé sous la direction de Enrico Fumia et Emanuele Nicosia de Pininfarina. Le Cx de l’Alfa Romeo 164 QV a aussi été amélioré grâce aux rétroviseurs profilés apparus sur la deuxième phase et sa valeur de 0,30 était idéale pour réduire les bruits, les frottements d’air et assurer une bonne tenue de route. 

Pour continuer à se distinguer on retrouve à l’arrière un becquet posé sur la malle de coffre qui lui donne tout de suite plus d’assise. On remarque aussi le trèfle à 4 feuilles placé à côté du monogramme 164 symbolise la version Quadrifoglio Verde. Ce symbole de chance n’aura pas sa place au Japon car l’Alfa Romeo 164 est devenue 168 pour des raisons de superstitions.

Un bandeau traverse toute la largeur et mêle phares et catadioptres. Une unique sortie d’échappement ovale apparaît à gauche. Cela nous fait sensiblement penser à l’arrière de la SZ, mais on risquerait de mettre deux carrossiers en porte-à-faux…

De profil, sa ligne est fluide et tendue. Les vitres cerclées de chrome lui apportent du raffinement et la plaque Pininfarina située sur le flanc rappelle l’empreinte laissée par le carrossier italienne. Mais sa ligne n’est pas sans rappeler celle de la Peugeot 405, surtout dans ses versions musclées et ce n’est pas pour rien. Pininfarina avait aussi vendu un design similaire à la marque au lion pour une berline trois volumes, sortie quelques mois auparavant. On retrouvera notamment le montant de son pare-brise courbé sur l’Alfa Romeo 164. C’est donc surtout avec sa rivale de style que l’Alfa Romeo 164 devait appuyer ses différences. 

Alfa Romeo 164 par News dAnciennes IMG 1619- Alfa Romeo 164 QV

À l’avant, on retrouve un faciès propre à Alfa Romeo avec une calandre en triangle inversée en relief. Sa position, inclinée vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur, comme vu sur la gamme jusqu’au début des années 80, est conforme au nouveau style adopté par la marque et déjà introduit par la 33 et la 75.

Deux nervures, sur le capot, rejoignent la base de la calandre. Celui-ci est prolongé jusqu’à hauteur des phares et une fine grille rejoignant les optiques se place en dessous. Les phares rectangulaires sont, somme toute, dans le style de l’époque. Le bas du bouclier avant, spécifique à notre Alfa Romeo 164 QV, intègre deux grands feux antibrouillard et celui-ci a la particularité d’être assez plongeant vers l’extérieur.  

Avec son kit carrosserie Quadrifoglio Verde et sa robe toute noire, l’Alfa Romeo 164 paraît encore résolument ancrée dans les années 90 et si vous le trouvez vieillot,  il n’avait rien à envier avec ses concurrentes de l’époque. 

Un moteur aussi beau que légendaire

On ouvre la capot, maintenu par ses deux vérins hydrauliques et on découvre ce magnifique bloc 6 cylindres 12 soupapes. Ce genre de moteur qu’on admire tant sa finition est belle, travaillée et donne envie de s’y intéresser. 

Le V6 Busso de l'Alfa Romeo 164 QV

Comme c’est certainement votre cas, voici quelques unes des caractéristiques de l’Alfa Romeo 164 QV. Vous avez sous vos yeux un V6 atmosphérique 3.0 l de 2959 cm³ en alusil conçu par l’ingénieur Busso qui lui donna son nom. Placé en position transversale pour la première fois sur la 164, il était associé à une boîte manuelle à 5 rapports et entraînait les roues avant. C’était là aussi une première pour une Alfa Romeo 6 cylindres. L’injection est gérée par le système électronique Bosch multipoints M 1.7.

Le moteur sort 200 ch et offre un couple de 269 Nm à 4 400 tr/min. De quoi propulser cette Alfa Romeo 164 QV jusqu’à 237 km/h avec un 0 à 100 km/h en 7.7 secondes. Cette version sportive comprend aussi des trains roulants améliorés avec, notamment, des suspensions pilotées issues de la Lancia Thema et une assiette abaissée de 12 mm.

Bien que de forme relativement compacte, le moteur s’intègre de justesse dans le compartiment moteur car il avait été conçu initialement pour un implantation longitudinale. De ce fait, l’admission et l’échappement ont dû être retravaillés. Il est plus souple et réactif que le V6 2.0 L turbo de puissance similaire, même si ce dernier permettait d’avoir une fiscalité plus avantageuse en Italie.

Intérieur : On demande qu’à y entrer !

De l’extérieur déjà, la sellerie en cuir camel contraste magnifiquement bien avec l’extérieur noir de l’Alfa Romeo 164 QV. On découvre d’abord l’intérieur par les places arrière, des places qui invitent au voyage tant leur dessin est enveloppant et l’espace accueillant. Les passagers disposent d’un accoudoir central et de deux spots de lecture placés sur le montant latéral. Dans l’ensemble, l’habitacle de l’Alfa Romeo 164 QV est riche et lumineux, impression renforcée par la couleur des sièges. 

Alfa Romeo 164 par News dAnciennes IMG 1639- Alfa Romeo 164 QV

À l’avant, les sièges se règlent électriquement mais leur maintien ne semble étrangement pas à la hauteur des sièges arrière. La planche de bord que nous avons ici est donc celle de la version 2 de l’Alfa Romeo 164 et a subit de légers changements. Le panneau de commande regroupant la climatisation et les feux, a été modifié et affiche quatre rangées de boutons. Au-dessus, on retrouve deux aérateurs en forme de parallélogramme. Le tout donne un aspect très électronique, très typé années 90. 

Face au conducteur, on retrouve un volant 3 branches, encore sans airbag (il apparaîtra plus tard sur l’Alfa Romeo 164) et un combiné d’instruments sur deux étages. Sur l’étage inférieur, on retrouve quatre demi-cercles indiquant respectivement le voltage de charge de la batterie, la pression d’huile moteur, la température d’eau et la jauge à essence. Sur l’étage supérieur, on retrouve les deux compteurs principaux de l’Alfa Romeo 164 QV que sont le compte-tours et le tachymètre, toujours en demi-cercle. Les deux sont estampillés du biscione. 

La qualité de l’intérieur de l’Alfa Romeo 164 QV est accentuée par la présence d’inserts décoratifs en bois. La console centrale, placée bas et faite du même matériau et est relativement épurée. On y retrouve les boutons de réglages des rétroviseurs, de la condamnation centralisée et des vitres électriques. On retrouve donc un intérieur dans les codes de fabrication des autres voitures de sa génération et qui a le mérite d’être chaleureux, fonctionnel et ergonomique. 

Au volant de l’Alfa Romeo 164 QV

C’est parti. L’italienne a beau être sportive, elle reste avant tout une berline taillée pour aller chercher les allemandes sur leur terrain de jeu. Du coup, elle reste de bonne taille et l’ergonomie est bonne. Première chose, je règle le siège avec les petits boutons situés sur le côtés mais pas très faciles d’accès. Ceinture bouclée, tour de clef… et le moteur s’ébranle.

Le V6 Busso est connu pour ses vocalises sympathiques. Sauf que vous êtes là à bord d’une grande routière, une auto qui n’a rien de radical sur le papier et dont l’insonorisation est bien pensée. Du coup, au ralenti, vous ne percevrez pas forcément toutes les notes de la mélodie.

La première rentre facilement. Bon, il faut bien dire qu’elle ne sert qu’au démarrage. Très vite je me retrouve sur une toute petite route, à faible allure, mais déjà en 4e. Le V6 de la Alfa Romeo 164 QV n’est pas que puissant, il est aussi coupleux. Sur un filet de gaz, je remonte vers la déparmentale, à faible allure, tandis que je profite des sièges et du soleil couchant. Le moteur remonte doucement en température.

Alfa Romeo 164 par News dAnciennes IMG 1783- Alfa Romeo 164 QV

Une fois le Stop passé, je peux déjà tâter du Busso. Je pousse un peu la première, un peu plus la deuxième, encore plus la troisième et j’y reste pour avaler en un rien de temps le tracteur qui rentre à la ferme. La ligne droite aurait été plus courte que ça aurait été pareil, il y a de la réserve là-dessous.

Évidemment, en ligne droite et sur un revêtement correct, rien à redire du confort à bord de l’Alfa Romeo 164 QV. Je mettrais presque la radio, mais j’ai (enfin) quelques vocalises venues de l’échappement et je n’ai pas tant envie de m’en priver. À vitesse réglementaire, je passe évidemment la 5e sans que le moteur ne semble peiner à grimper les collines qui parsèment le Charolais.

Alfa Romeo 164 par News dAnciennes IMG 1870- Alfa Romeo 164 QV

Par la suite… deux choix. Le soleil se couche et il faut rentrer. Mais rien n’oblige à prendre le chemin le plus court ! C’est parti pour les petites routes dans ce cas. Là, je n’ai pas vraiment d’appréhension avant de souder avec le pied droit. Pas un chat, des routes sinueuses, la 3e bien orangée sera mon maximum avant le prochain virage. Et finalement, avec une Alfa Romeo 164 QV, c’est déjà pas mal !

C’est là que le V6 Busso fait des merveilles. Deux cas de figure se présentent. Soit, ça m’arrive, je ne rétrograde pas avant un virage en aveugle qui est plus serré qu’attendu. Dans ce cas, l’Alfa Romeo 164 QV arrive quand même à s’en sortir avec le couple du 3L. Soit, ça m’arrive aussi, je sens le truc arriver et je rétrograde en deuxième. Et là, en sortie, le V6 montre qu’il aime monter dans les tours.

La poussée est franche et linéaire. L’aiguille de droite monte, monte… même si au final je ne fais qu’effleurer la zone rouge puisque le compteur l’indique jusqu’à 8000 tours… mais que le régime maxi est à 6500 ! Pas très grave puisque la puissance max est, elle, à 5800 tours. Il fallait bien une petite bizarrerie italienne !

L’Alfa Romeo 164 QV file et enchaîne les virages avec la petite lourdeur caractéristique d’une bonne vieille traction. Pour autant, la direction ne souffre d’aucun reproche. Le volant est grand avec une jante fine et il permet de se place exactement où on veut. Si la route tressaute, ce n’est pas pour autant qu’il vous oblige à corriger la trajectoire. Les freins ? Largement à la hauteur. L’amortissement ? J’y viens.

De base, en mode normal, l’Alfa Romeo 164 QV reste à la fois confortable et verrouillée. Elle ne se vautre pas en virage. Pourtant, il existe le mode sport. Rien à voir avec les autos actuelles. L’assistance de la direction ne change pas, pas plus que la carto moteur ou la réponse de l’accélérateur. Ici, cela ne fait qu’affermir les suspensions. Est-ce qu’on y gagne ? En efficacité un tout petit peu. Mais la différence est à peine sensible et honnêtement on y perd suffisamment en confort (tout en restant correct) pour avoir envie de vite repasser en auto.

L’Alfa Romeo 164 QV continue d’enchaîner. Une ligne droite se profile et j’avoue me faire plaisir. La vitesse est élevée mais, clairement, pas TROP élevée. L’Alfa Romeo 164 QV est à son aise. Les déformations de la route ne la font pas dévier, la direction est toujours précise et le moteur volontaire. Il reste encore un rapport mais ça envoie déjà bien assez !

Dans tout ça, j’oublie le V6. Après la discrétion des premiers instants, il sait se montrer plus bruyant, dans le bon sens du terme, quand je le sollicite plus fortement. Pour autant le curseur de l’Alfa Romeo 164 QV est clairement orienté confort sur ce point précis et à ces vitesses là, rouler les fenêtres ouvertes pour l’entendre n’apporte rien !

La nuit tombe. Les virages sont toujours au programme mais je calme un peu. Les sangliers sont presque aussi nombreuses que les célèbres vaches locales. L’occasion de louer le confort. Les sièges crème de l’Alfa Romeo 164 QV ne sont pas QUE beaux, ils sont aussi confortables. Sur un filet de gaz, en 4e, l’auto évolue dans le bocage. Ni la direction ni les freins ne se sont révélés moins sympas au fil des kilomètres.

Qu’est ce qu’il y a à redire ? Je sèche un peu.

Alfa Romeo 164 par News dAnciennes IMG 2628- Alfa Romeo 164 QV

Conclusion

L’Alfa Romeo 164 QV est bien une latine. Son comportement moteur n’est peut-être pas « de feu », mais on a sous le capot une mécanique qui apporte une grosse part du charme de l’auto. Sans lui, le confort, la qualité de l’intérieur ou la ligne n’auraient finalement que peu d’intérêt.

Mais faut-il réduire l’Alfa Romeo 164 QV à son Busso ? Non, car le cocktail est bien dosé ! C’est le cœur italien qui change tout et qui la démarque franchement d’une allemande. En tout cas c’est une très bonne surprise et son originalité ajoute une touche de piment bienvenue.

Les plusLes moins
Le V6 BussoLa sonorité étouffée
L’intérieur sympathiqueLa ligne qui a vieilli
Le comportement sainManque de reconnaissance
Le prix
image 5- Alfa Romeo 164 QV
Fiche techniqueAlfa Romeo 164 QV
Années1990-1992
Mécanique
Architecture6 cylindres en V
Cylindrée2959 cm³
AlimentationInjection Multipoints
Soupapes12
Puissance Max200 ch à 5800 trs/min
Couple Max269 Nm à 4400 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Poisition MoteurTransversale avant
FreinageDisques Ventilés AV et AR
VoiesAV 1515 mm / AR 1488 mm
Empattement2660 mm
Dimensions L x l x h4555 x 1760 x 1400 mm
Poids (relevé)1430 kg
Performances
Vmax Mesurée237 km/h
0 à 100 km/h7,7s
400m d.a15,9s
1000m d.a28,6s
Poids/Puissance7,6 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive± 21 litres / 100 km
Prix± 8.000 €

Rouler en Alfa Romeo 164 QV

Pour le coup, vous l’aurez compris, on vous encourage à le faire. D’accord, ces autos ne sont pas si courantes. En tout cas, c’est une auto plaisante pour vous et votre porte-monnaie. Comptez aux alentours des 8000 € pour une Alfa Romeo 164 QV 12 soupapes, sachant qu’un modèle rincé sera moins cher. Qu’est ce qu’un beau modèle ? Un qui ressemble à notre auto du jour.

Vous pourrez aussi trouver des Alfa Romeo 164 QV un peu plus performantes et un peu plus chères : les 24 soupapes et leurs 232 ch. À priori le caractère moteur est encore plus sympa avec un appétit pour les hauts régimes décuplé. Le graal ? L’Alfa Romeo 164 Q4, avec boîte 6 et 4 roues motrices mais le prix dépasse alors facilement les 10.000 € si l’auto est belle… et vu que c’est le haut de gamme, il y a des chances qu’elle le soit !

Côté vie quotidienne, n’oubliez pas la conso, à l’ancienne, et la dispo des pièces. Tout se trouve, mais pas forcément rapidement ni « gratuitement ». La fiabilité est très correcte, presque parfaite côté mécanique, moins côté électronique, mais ça reste courant à cette époque là. L’intérieur vieillit bien, les cuirs mieux que certains plastiques. Enfin, la corrosion est à surveiller mais on a vu bien pire venant d’Arese.

Un grand merci à Patrick Scampa de Classic Car Charolais pour cet essai.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Edouard Rousseau

    Bonjour, avez vous des details sur la Lancia Delta de1996 , helas il me manque une piece que je n’arrive pas a trouver, pour la faire sortir de mon garage,

    Répondre · · 27 février 2023 à 19 h 12 min

  2. Pierre Chavinier

    Un train avant qui n’a jamais été capable d’encaisser une telle puissance.
    Un tableau de bord sans charme.
    Reste une ligne qui belle au départ manque finalement de classe.
    À l’époque je me serais plus tourné vers sa cousine Saab 9000 qui avait une personnalité plus marquée

    Répondre · · 1 mars 2023 à 11 h 55 min

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