Un concours d’élégance à la Française n’est pas un évènement commun (on vous explique ça ici). lls reviennent sur le devant de la scène ses dernières années en France et on ne peut que vous conseiller de tenter l’expérience. Cet événement breton est tout indiqué pour vivre ses émotions là. Sans doute parce qu’il ne ressemble à aucun autre. Le voyage va bien au-delà du simple spectacle, c’est une aventure aux pays des merveilles où les enfants que nous sommes, retrouvent leur exaltation d’autrefois. Faites le vide autour de vous, je vous prend par la main et je vous emmène à Dinard Élégance 2025, sur la côte d’Emeraude remonter le temps, bien plus loin que le week-end dernier finalement.
Un quelque chose en plus
Des concours d’élégance il en existe de plus en plus, avec des plateaux et des exigences diverses, mais Dinard Elégance a ses particularités.
À l’origine il y un couple de passionné Juliette et Denis Cohignac qui ont l’idée de redonner à Dinard ses lettres de noblesse, en redonnant vie à son concours d’Elégance à la Française. Né en 1921, il a attiré pendant les années folles et quelques temps après, ce qu’il y avait de plus précieux en terme de mode et d’automobile.
Ils sont aidé par une petite équipe mais diablement efficace. Parmi. les personnalités reconnues par le milieu automobile citons par exemple Patrick Rollet, organisateur du Rallye du pays de Fougères (à revivre ici), qui met son érudition et son expérience au service du public. Notons également une forte implication de la jeunesse dans Dinard Élégance 2025 et ce n’est probablement pas négligeable pour la fraîcheur de l’évènement.
Durant les 3 jours que dure l’évènement du vendredi après midi avec l’arrivée des véhicules au Dimanche après-midi et le concours d’état moto, les temps forts se sont enchaînés à un rythme soutenu mais pas insoutenable.
L’arrivée des artistes
Toute belle histoire débute toujours par une rencontre. L’arrivée des véhicules est un moment tout particulier. L’excitation d’enfin découvrir les modèles inscrits, souvent uniques et au palmarès prestigieux. De deviner les formes mystérieuses lorsqu’on ouvre les portes des camions ou des remorques.
Puis, vient le premier coup de clé dans le démarreur. Là, l’expérience prend une autre dimension. Deux sens supplémentaires sont en alerte. L’audition et l’odorat complètent la vue, les poils se dressent sur les avant bras. Emmanuel Bacquet, ancien directeur du musée National Automobile de Mulhouse et directeur de collection d’une collection privée est là et s’occupe de cette tâche délicate. Il n’est pas rare que je sache dés ce moment là quels seront mes coup de cœurs. Ce fût le cas pour cette édition de Dinard Élégance 2025. Réponse à la fin de l’article à comparer à votre choix.
Tour d’Élégance, attention au départ
Samedi matin 9h, show time.
Les véhicules du tour d’élégance, boucle d’une quarantaine de kilomètres sur la côte d’émeraude, arrivent par grappe et se garent en enfilade, avenue du prieuré à Dinard. Les véhicules du concours sont, eux, installés le long de la plage. Tous sont guidés par les jeunes bénévoles de l’équipe de Dinard Élégance 2025, dont les compétences polyglottes sont bien utiles. En effet prêt de 12 nationalités de 3 continents différents sont présents.
On peaufine les derniers détails, on installe les plaques de Rallye sur lesquelles figure la sublime affiche de l’évènement dessinée par Félix Bizien en 1924 (ici) pour la promotion de la ville de Dinard.
Les véhicules inscrits au tour d’élégance se joignent aux véhicules inscrits au concours du samedi soir. De quoi constituer un convoi bien improbable mêlant une Buccialli TAV 2 Saoutchik 1931 et une Triumph TR 3, une Maybach Zeppelin DS8 Erdman et Rossi et une Matra Bagheera.
Les véhicules prennent la route par Saint Lunaire, Saint Briac pour rejoindre la fabuleuse Malouinière de Montmarin, lieux du déjeuner. Sur la route, le public enthousiaste ne manque pas de prendre part au spectacle. Ce n’est pas le Tour de Bretagne (qui passait dans le secteur il y a peu, c’est à revivre par ici) mais Dinard Élégance 2025 attire !
Le tour se finit par un déjeuner qui réunis près de 220 convives, sur les bords de Rance. La cour d’honneur du château est mise à profit pour stationner certaines des vedettes de la journée et un parking ombragé, idéal en ce jour ensoleillé, est mis à disposition des autres véhicules.
Bain de foule pour les stars
Traditionnelle et attendue, l’exposition des véhicules du concours et du tour d’élégance de Dinard Élégance 2025 fût cette année encore un moment fort du week-end. Le public encouragé par une météo plus que favorable a répondu en masse à l’invitation de Dinard Elégance.
Les véhicules du tour se présentent d’un côté de la digue de Dinard alors que le véhicules du concours se présentent de l’autre côté. Chaque auto du concours dispose d’un panneau explicatif comportant le nom du modèle, son année de production et un QR code dirigeant vers la présentation complète du véhicule.
Certains véhicules comme cette Internationale Auto Buggy 1907 n’ayant pas participé à la balade matinale font leur apparition dans la danse. Doyenne du Dinard Élégance 2025 son esthétique très « hippomobile » est représentative des premiers pas de l’automobile. Son surnom « auto du fermier » illustrait sa conception rustique qui avait la réputation d’être robuste et simple à entretenir.
Cet exemplaire nous vient du Canada où elle est restée longtemps immobilisée (les plats sur les bandes en caoutchouc en sont encore la preuve). Elle a été importée en France par son propriétaire actuel. Moteur 2 cylindres de 8ch avec refroidissement par air au programme et vitesse maximale équivalente à mon Solex 3800 ! Elle a remporté le 1er Prix de la catégorie Vintage/Vétéran (1907-1931).
Très remarquée lors de cette édition du Dinard Élégance 2025, la Buccialli TAV 2 Saoutchik ne laisse personne indifférent. Ses jantes pleines et immenses, son capot démesuré, son pare-brise en meurtrière sont improbables et sont issus des ateliers de Jacques Saoutchik. Les frères Bucciali originaires de Corse s’installent à Courbevoie au début des années 20 pour concevoir des autos audacieuses techniquement.
Dotée d’un châssis de Cord L29 et d’un moteur Lycoming 8 cylindres en ligne de 4.9l, cette auto est une copie dûment validée par l’entreprise Bucciali. L’unique condition étant de ne refabriquer qu’un seul et unique exemplaire du seul coach décapotable TAV2 produite en 1931 et qui disparut en 1934.
Un saut de puce dans le temps nous transporte en 1953. Elle est italienne. Elle empreinte une mécanique FIAT 1400 fortement vitaminée, notamment au niveau de la culasse en y intégrant des soupapes en tête, de nouveaux collecteurs ainsi qu’un échappement Abarth. Extrêmement légère de part sa carrosserie entièrement en aluminium, ses performances en firent une concurrente redoutable en rallye ainsi qu’aux Mille Miglia. C’est une SIATA (Société Italienne d’Applications Techniques Automobiles et Aviation) Diana Berlinetta Bertone.
Extrêmement rare (200exemplaires), sa construction artisanale en fait un modèle très prisé des collectionneurs avertis. Moteur 4 cylindres 1394cm³, double carburateur, 900kg. Elle a remporté le Prix du design et de la plus belle voiture Italienne
Deux italiennes qui piquent les yeux
Il existe sur Dinard un catégorie à part, celle des protos et études de style. Pour cette édition de Dinard Élégance 2025 ce fût un festival. Forcément uniques, elles non plus ne laissent pas indifférent.
Honneur à la plus anciennes des deux, la Ferrari Rainbow Bertone 1976. Issue de l’imagination de Marcello Gandini, designer inspiré du carrossier Nuccio Bertone, la Rainbow est finalement rivale avec Pininfarina. Sachant Enzo Ferrari plus favorable au design conservateur de Pinninfarina, Gandini donna libre cours à son imagination pour dessiner une Ferrari qui ne ressemble PAS à une Ferrari.
Bertone présente sa création au salon de Turin en 1978 sur un châssis de 308 GT4 mais raccourci de 10cm. Anguleuse, agressive, la Rainbow reste fonctionnelle. L’innovation reste son toit qui peut se rabattre derrière les sièges. L’idée était séduisant puisque les coupé-cabriolet ont fait recette depuis. Le prix du public a récompensé la fort bonne idée de la « Bertone Collection » appartenant à l’Automoto Club Storica Italiano de faire le déplacement jusqu’au Dinard Élégance 2025.
Encore plus fort, toujours plus fort, la seconde la Lancia Sibilo Bertone de 1978, est une libre interprétation d’un modèle plus célèbre la Lancia Stratos. On découvre à Dinard Élégance 2025 une auto encore plus étonnante que la Ferrari. On retrouve les acteurs de la voiture précédente deux années plus tard. Imaginée en hommage à la fin de carrière de la Lancia Stratos, Bertone décide de clôturer l’aventure commencée avec le prototype Stratos Zéro. Gandini fusionne les parties vitrées en Perspex avec la carrosserie qui elle, est en acier martelé à la main.
L’idée de Gandini est d’améliorer les proportions et de libérer de l’espace pour le passager et le conducteur. Il augmenta l’empattement de la Stratos et conserva l’emplacement du moteur et de la transmission, juste devant l’essieu arrière. Son volant à moyeu fixe est également très particulier. La voiture a fréquenté les plus grands concours. Sa ligne vous dit quelques chose ? La Sibilo a inspiré en 1990 le film de science ficton « Total Recall ». Son moteur d’origine Fiat est un V6 de 2418cm³. moteur de la Stratos mais aussi de la Ferrari Dino.
Lors de Dinard Élégance 2025, la Sibilo a remporté le 1er prix de la catégorie Post Classique (post 1960).
Le clou du spectacle
Un concours d’élégance à la Française suit des règles précises. Tout d’abord il y a un jury, composé de 7 membres issu du monde de l’automobile ou non. Ce jury aura a noté le véhicule mais aussi la qualité de la présentation par son équipage (les toilettes présentées en adéquation avec l’époque du véhicule, déplacements, accessoires…). En fait tout ce qui faisait l’essence d’un concours d’élégance à leur grande époque des années 1930.
Le cadre est un acteur à part entière du spectacle. Les jardins de Port Breton sont en tous points adaptés pour ce type d’évènements. La douce atmosphère qui y règne est amplifiée par l’orchestre de jazz qui égrène les standards appropriés au véhicule présenté. Spectacle de près de 2 heures, les commentaires de Patrick Rollet, passionnants et pleins d’humour ont fait mouche auprès du public.
Le système de vote par QR code, déjà présent lors de la dernière édition 2023 (ici) permet d’impliquer les spectateurs de Dinard Élégance 2025. L’innovation géniale cette année, le temps imparti aux délibérations du jury a été utilisé pour une bien sympathique présentation de vélocipèdes et grand-bi du début du siècle. Davide Portinari et ses acolytes du cercle des vélocipédiste d’Ille et Vilaine nous ont régalé une bonne partie de la journée avec leurs démonstrations.
Une Journée au Parc
Dernière journée de Dinard Élégance 2025, le Dimanche matin se déroula en statique de l’autre côté du parc de Port Breton, la remise des prix du concours. Le palmarès complet autos et motos est visible par ici.
Là aussi, l’atmosphère de la matinée avait quelques chose de particulier. La météo ensoleillée, la superficie de ce parc ombragé, le stationnement des véhicules par « îlots », les stands des partenaires et la présentation des motos furent les éléments essentiels de la réussite de cette dernière journée de Dinard Élégance 2025.
À 4 mais aussi 2 roues
Depuis quelques années, les motos ont fait leur apparition lors de Dinard Élégance. Un concours d’état est organisé autour d’une dizaine de motos de tous âges. Les commentaires éclairés de Jean-François Legoff, collectionneur local passionnant et passionné ont permis au public de parfaire ses connaissances. La Peugeot 515 dans son jus d’origine m’a, moi qui n’i’y connait que peut de chose à la moto ancienne (et moderne), donné l’envie de m’initier à ce domaine.
On reviendra !
Pour ce Dinard Élégance 2025, toute l’équipe de Juliette et Denis Cohignac avaient mis les petits plats dans les grands. Des nouveautés intéressantes comme le déjeuner dans ce lieu magique qu’est Montmarin (je salue au passage Thibault de Ferran pour son aide), on été proposées.
Dinard Élégance a un parfum bien particulier qui ne ressemble à aucun autre. Une décontraction dans la sophistication, une fragrance du temps passé restituée par des moyens techniques des plus modernes et un plateau à chaque édition plus prestigieuse. On y fait des rencontres, on y a des coup de cœur. En ce qui me concerne ils sont trois cette année. Je décernerai le prix « prestige » à cette fabuleuse Maybach Zeppelin DS8 12 Cylindres Erdmann et Rossi.
Le prix « je la veux dans mon garage » de ce Dinard Élégance 2025 revient à cette Peugeot 202 Cabriolet de 1939 au passé intéressant. J’espère sincèrement la croiser de nouveau un jour, ainsi que ses sympathiques propriétaires.
L’arlésienne, la plus désirable du monde
On chuchotait son nom depuis quelques semaines quand on évoquait Dinard Elégance 2025. Les quatre anneaux et le H sur la calandre en fond déjà un évènement. Quand je vis la Horch 853 Spezial Steanlined Coupé Manuela 1937 stationnée dans son camion aménagé, mon rythme cardiaque s’accéléra.
Une rencontre furtive au musée Audi d’Ingolstadt l’hiver dernier m’avait laissé sur ma faim. Je ne fus pas déçu quand enfin je pu faire le tour. Le comble fut atteint quand on me proposa de monter à bord. Ce coupé à l’histoire mouvementé a été la propriété de du célèbre pilote Bernd Rosemeyer et fût baptisée du prénom de sa femme. Il s’agit d’une reconstruction par un immense collectionneur Lituanien passionné par les production Erdmann et Rossi, sur un châssis et un moteur d’époque. La véritable Manuela ayant disparu, probablement, dans les bombardement de Dresde en 1944.
La belle, malheureusement nous déclara forfait peu après sa descente du camion. La chance de l’avoir croisée (j’oserai même dire touchée) me rend encore tout chose. N’ayant pas participé au concours, peut-être aurons nous la chance de la rencontrer de nouveau au Dinard Elégance ?
J’ai presque honte de m’arrêter là, sans vous avoir décrit les incroyables merveilles que j’ai croisées. Le plus simple est peut-être d’être à l’affût pour les dates de Dinard Elégance 2027.
Je termine ces lignes en ayant une pensée émue pour Monsieur Louis Lamiré dont j’ai appris le décès cette semaine. Ancien secrétaire de la FFVE, il continua de faire bénéficier clubs et collectionneurs de son immense savoir. Membre fondateur de l’AVIV, il m’a accueilli au sein de son club alors j’étais un tout jeune homme sans connaissances particulières de l’automobile ancienne. Il sut me transmettre sa passion de l’automobile ancienne et plus particulièrement des Simca-Facel qu’il me fit découvrir par hasard. Je pense à lui très souvent au volant de ma Plein Ciel.
Retournons encore quelques instants au Dinard Elégance 2025.
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