Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là), même si aujourd’hui nous sommes décalés d’une semaine. Abordons la Ford GT90.
Reprendre le flambeau
Nous sommes en 1994, Ford souhaite présenter un concept car célébrant les 30 ans de la Ford GT40 et mettre en avant le savoir-faire de la marque.
Quoi de mieux pour marquer les esprits qu’une supercar au design pour le moins affirmé ? Pas grand chose, et le directoire de Ford en est parfaitement conscient.
Ils confient donc au département SVT (Special Vehicle Team), fraichement créé, la réalisation d’une voiture qui sera « un laboratoire pour des concepts techniques, d’ingénierie et de design, qui pourraient être utilisés dans le futur sur des véhicules Ford ».
Cependant les délais sont courts, très courts. L’équipe a seulement six mois devant elle, l’objectif étant le Salon de Détroit 1995. Pour pallier à une partie des problèmes, la direction laisse les coudées franches, au niveau budget, et on estime le coût du développement aux environs des 3 millions de dollars (l’équivalent de 5,3 millions actuels) !
La filiation avec la GT40 ne tient pas que dans la dénomination de la voiture. L’amateur attentif pourra remarquer tous les petits détails rappelant l’inspiratrice, intégrés dans un silhouette qui reprend de manière intensive le « New Edge Design », nouvelle orientation stylistique de la marque.
On pourra noter pêle-mêle les logements des anti-brouillards avant (et les ouïes qui les accompagnent), les quatre grilles dans le pare-chocs arrière, etc.
Une histoire américano-britannique, une fois encore
Pour gagner du temps, les ingénieurs de SVT vont se baser sur une supercar déjà existante dans le groupe. « Mais, il n’y avait pas de supercar chez Ford à cette époque » me direz-vous, eh bien, en fait, si. N’oubliez pas que Jaguar a été racheté par Ford en 1989, ils ont donc la XJ220 sous le coude, encore auréolée de sa victoire (puis disqualification) en catégorie GT au Mans 1993.
C’est donc la cellule de la belle anglaise qui va servir de base à nos Yankees. Elle fournira aussi ses suspensions et sa boite de vitesses, développée par FF Developments en partenariat avec Ricardo.
Du côté de a mécanique, le V12 est intégralement maison. Même s’il reprend le même nombre de cylindres que le moteur de la Ford Indigo présentée l’année suivante, le bloc n’est ici pas dérivé du V6 Duratec, mais du V8 Modular. Cela donne donc douze cylindres avec un inhabituel V ouvert à 90 degrés. Le tout se voit greffer 4 turbos afin de pousser la puissance à 720 chevaux, excusez du peu.
Une belle carrière numérique
La GT90 a définitivement marqué les esprits des développeurs de jeu vidéo. De tous les concepts que nous avons évoqués depuis l’avènement de cette chronique, c’est clairement celle qui a vu ses formes reproduites le plus souvent. Est-ce par ce que ces dernières, très anguleuses, se mariaient bien avec les capacités de modélisation 3D de l’époque ? Possible.
A l’instar de la Ford Indigo, on peut croiser la GT90 dans Need For Speed II. Comme L’Isuzu 4200 R ou la Mitsubishi HSR-II, elle apparait aussi dans la série Gran Turismo. On la voit également chez leurs concurrents directs : Sega GT (sur Dreamcast) et Project Gotham Racing (sur Xbox).
On peut également en prendre les commandes dans plusieurs épisodes de Ford Racing, ou dans TOCA Race Driver 2.
La Ford GT90 de nos jours
Même si la communication de Ford était ambivalente, il n’a jamais été question en haut lieu de produire la GT90. Cependant, la voiture était un démonstrateur du savoir-faire de Dearborn et a donc été conservée jalousement par Ford.
Elle apparait en 2008 au Goodwood Festival of Speed, ainsi que l’année suivante. En 2010, RM Auctions annonce la GT90 parmi les stars de la vente de Scottsdale. Cependant, la voiture est retirée du catalogue avant la date de la vente et semble disparaitre.
En fait, il n’en est rien. Des négociations avaient déjà commencé en amont de la vente. Brent Hajek, un industriel ayant fait fortune dans l’industrie pétrolière, s’était montré intéressé par le prototype. Elle a rejoint sa collection de 80 voitures installée dans le Hajek Motorsport Museum, à Ames en Oklahoma.
Crédits photo : WheelsAge, Ford, Zach Brehl, IGCD
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