Collec’ Facile : la MGB

Après des autos populaires, on s’attaque à un cabriolet… lui aussi très populaire mais dans un autre registre. La MGB est évidemment le cabriolet qu’on voit le plus sur les événements dédiés aux voitures anciennes. Est-ce que c’est parce qu’elle est facile à acheter, restaurer, entretenir, bref à collectionner ? C’est la question qu’on se pose.

La MGB en bref

Après les T-Type puis la MGA, Morris Garage ne compte pas oublier le segment du cabriolet. Toujours porteur à la fin des années 50 quand commence le développement d’une nouvelle auto, on veut encore faire mieux. Ainsi, si le moteur est repris de la MGA, c’est un BMC passé à 1,8 litres tournant sur trois paliers et développant près de 100ch, on passe sur une structure monocoque plus moderne, tant par rapport à ses ancêtres que par rapport à la concurrence que lui livre, notamment, Triumph.

La MGB va connaître son lot d’évolutions. En 1964, le moteur passe ainsi sur 5 paliers. En 1965 la gamme est complétée par un coupé, c’est la MGB GT dont l’arrière élégant est signé Pininfarina. En 1967 on propose enfin une boîte totalement synchronisée tandis qu’on peut la doter d’une boîte auto ! La même année on propose une version plus puissante, faisant appel à un moteur 6 cylindres en ligne mais ce n’est plus une MGB mais une MGC.

Son essai :
Au Volant d’une MGC, deux cylindres qui changent tout

Et ce n’est pas fini ! Après que Costello eut commencé à greffer des V8 Oldsmobile sous le capot, les ingénieurs de MG mettent au point une version V8, avec le 3,5 litres « Rover » qui sort en 1973. La puissance est accrue et la sportivité conservée (au contraire de la MGC).

La MGB connaît une grosse évolution en 1974 quand le marché américain demande une mise à jour pour se conformer aux normes locales. La voiture est réhaussée et gagne ses pare-chocs caoutchouc ! L’intérieur est également modifié et c’est sous cette forme qu’elle va être produite jusqu’en 1980. Au total ce sont 514.852 autos qui sont sorties des chaînes. C’est tout simplement le roadster le plus produit de l’histoire jusqu’à ce que la Mazda MX-5 ne lui chipe le titre. On ajoutera même 1999 autos produites entre 1992 et 1995, les MG RV8 qui tentent de rappeler leur ancêtre.

L’achat d’une MGB

Après une belle carrière, la MGB a quasiment de suite embrayé sur une carrière en collection. Il faut dire qu’avec une production étalée sur 28 ans, les premières étaient des anciennes alors que les dernières n’étaient encore que des occases ! La MGB a toujours eu une belle cote d’amour. Jamais trop chère, c’est une auto qui était recherchée. En même temps, elle coche beaucoup de case. C’est une auto parfaite pour celui qui veut se lancer en collection sans trop savoir ce qu’il veut. Avec elle, on allie vite le plaisir et l’objet !

Côté fiabilité, la MGB est bien lotie. Si les premières autos, avec le moteur 3 paliers ont logiquement une mécanique un peu plus fragile en utilisation sportive, une utilisation normale, même avec des bornes au programme ne lui fait pas peur. Comme toutes les voitures anciennes, évidemment, plus elles sont anciennes, plus les problèmes techniques sont fréquents.

Il faut tout de même vérifier que l’auto n’a pas tapé, qu’elle n’a pas été réparée. De même, il faut vérifier la corrosion, même sur des autos déjà restaurées. Lorsqu’il s’agit d’une réparation ou d’une restauration ancienne, la faible cote de l’époque peut entraîner un travail pas forcément très soigné. Et puis sa cote n’est pas encore suffisamment montée pour qu’une restauration « concours » puisse être intéressante si l’auto est en trop mauvais état.

Côté prix maintenant, si les plus anciennes ne sont pas toujours les plus fiables, ce sont globalement les plus chères et une très belle auto dépassera les 20.000€ et les autos état concours ou peu kilométrées peuvent monter au-dessus des 30.000€. Les MGB « 5 paliers » avec pare-chocs chromés se trouvent en-dessous des 10.000€ mais, évidemment, des soins seront au programme. Une auto en très bon état monte aux alentours des 15.000€ et rares sont les autos à dépasser les 20.000€.
Reste le cas des autos avec pare-chocs US, moins recherchées et logiquement moins chères, environ 5000€ que les pare-chocs chromés.

Côté GT, les prix sont globalement les mêmes que sur les roadsters. Les versions V8 sont évidemment plus recherchées.

Ajoutez à ces prix, plutôt corrects pour une voiture plaisir, une certaine facilité à dénicher le modèle que vous voulez avec des configurations variées et on comprend que la MGB est une voiture ancienne plutôt facile, voire évidente, à acheter.

La restauration d’une MGB

La MGB est une voiture que certains qualifieront de rustique. Bonne nouvelle pour celui qui voudrait mettre les mains dans le cambouis. Néanmoins, il faudra tout de même faire attention à un « détail » : les pièces.

Pour nous éclairer sur le sujet, c’est Matthieu Bernard de Moss Europe, société spécialisée dans les pièces détachées pour véhicules anglais qui nous éclaire.

Est-ce qu’il est facile de trouver des pièces pour MGB ?

C’est plutôt facile… mais on ne trouve pas de tout. Parlons d’abord de ce qui fâche. C’est par exemple compliqué de trouver des compteurs et compte-tours. Si on trouve des refabrications pour la température d’eau par exemple, ces compteurs mécaniques doivent être reconditionnés ou faire l’objet d’un échange standard. Par contre, c’est long…

Pour la mécanique, que ce soit le moteur ou la boîte, on peut aussi passer par l’échange standard mais les pièces se trouvent en quantité suffisante. Pour le reste on trouve beaucoup de refabrication. British Motor Heritage refabrique par exemple les coques… mais il faut leur fournir la traverse avant qui n’est pas disponible.

Certaines pièces sont problématiques. On pense par exemple aux ressorts. Ils sont fabriqués en Inde par Mittal et le département technique doit s’assurer que l’acier spécial est bien utilisé et que la raideur est la bonne.

Attention aux voitures américaines. Certaines pièces sont différentes. On note le pot catalytique d’après 1977 mais aussi le pare-chocs caoutchouc ou le tableau de bord. Nous proposons un kit pour le « backdating » mais il y a un peu de carrosserie au programme et il faut faire attention à l’intérieur.

D’ailleurs, pour le tableau de bord, celui en métal avec peinture vermiculée des premiers exemplaires est très demandé… surtout par ceux qui veulent convertir leur MGB en conduite à gauche. La pièce existe mais n’est pas toujours en stock. Actuellement, la refabrication est en cours. Le covid a aussi rallongé des délais. On vient seulement de remettre en stock des filtres à huile et filtres à essence !

La disponibilité des pièces de MGB est un sujet mais la qualité en est un autre. Qu’en est-il sur ce point ?

Là on touche à un souci historique. J’ai commencé à vendre des pièces de MGB en 2005 et le marché a beaucoup changé. À l’époque, l’auto avait une cote basse et propriétaires étaient peu fortunés. De fait, les restaurations étaient faites avec des bouts de chandelle et les pros ont réagi. Ça a été un cercle non-vertueux. Les prix étaient toujours tirés vers le bas car il y avait du monde qui s’y intéressait. Et c’est la qualité qui a été entamée par ces baisses de prix.

Trouver des disques de frein à 8€ ou 12€ c’est pratique pour certains mais ça n’est pas très crédible. Quand on parle d’une Porsche 911 on est sur 350 ! Maintenant on en trouve des bons pour MGB aux alentours des 35€.

De nos jours, ça a changé. La cote de la MGB a augmenté et les propriétaires ont une plus grosse surface financière. Ils peuvent donc restaurer leurs voitures en y mettant plus de moyens. Un collectionneur peut acheter des bouts de caoutchouc de mauvaise qualité en guise de silent-bloc mais il les changera tous les deux ans ! Avec un kit polyuréthane à 600€, c’est parti pour 30 ans !

Il faut aussi faire attention au profil du collectionneur. Je l’ai dit, il a changé. Mais même maintenant il faut distinguer celui qui sortira sa MGB trois fois dans l’année et celui qui fera des rallyes tous les week-ends. Celui-là, il faut l’éduquer et lui faire comprendre qu’il vaut mieux investir dans de meilleures pièces.

Il reste quelques points problématiques. C’est commun à toutes les voitures anciennes mais les chromes sont très touchés. Les aciers utilisés pour fabriquer un pare-chocs ne sont pas toujours bons et les normes ont fait que le cuivrage est plus compliqué à réaliser. Du coup, le chrome s’écaille au bout de deux ans et il est compliqué de trouver un pro équipé pour le refaire. On nous demande aussi quels peintres sont « des bons ». Les peintures solvantées nécessitent des dérogations en préfecture et tout le monde ne peut pas les appliquer.

Pour conclure ?

La grande diffusion de l’auto est un avantage. Certaines autos en mauvais état ont servi de donneuses de pièces ce qui permet d’avoir des pièces d’occasion quand la pièce n’est pas refabriquée. Néanmoins la MGB est, de loin, la voiture ancienne anglaise la plus facile à restaurer et la plus simple quand il s’agit de se procurer des pièces.

Faire rouler une MGB

Facile à entretenir, la MGB n’en est que plus facile à faire rouler ! Évidemment, et contrairement aux populaires françaises évoquées dans les précédents « Collec’ Facile », ce n’est pas franchement une auto pratique. Un daily driver est envisageable mais oubliez la ville… et les enfants !

Par contre, pour toutes les utilisations loisir, l’anglaise est ce qu’il vous faut. Vous aimez rouler sans but ? Elle est suffisamment fiable pour cela et sa conso reste raisonnable. Et puis au printemps, vous aurez l’occasion de rouler cheveux au vent si vous prenez un roadster. Le coupé aura, lui, un avantage l’hiver et surtout il est plus logeable et vous pourrez emmener plus de bagages.

Pour des rallyes « saucisson » ou balades, elle sera donc parfaite. Pour tout ce qui est sport… aussi ! Affublée d’un kit Sebring et avec une bonne prépa, vous ne serez jamais ridicules sur les routes du Tour Auto, du Monte-Carlo Historique ou toute autre épreuve. Il n’y a que dans les Hunaudières que vous trouverez le temps long… mais certains le font bien en 4CV !

En bref, c’est la voiture ancienne idéale pour se faire plaisir dans quasiment toutes les situations. Et comme les pièces sont disponibles pour l’entretien, que la mécanique est à la portée de tous et que la consommation ou l’assurance ne sont pas prohibitifs, vous avez une voiture qui DOIT rouler !

La vie en clubs

Vue sa diffusion, la MGB se retrouve dans une bonne partie des clubs de voitures anciennes de France. Pour autant, ce n’est pas forcément là que vous trouverez de l’aide pour l’achat ou l’entretien de votre véhicule. Pour ça, l’idéal c’est de se tourner vers LE club français : le MG Club de France. Et oui, il semblerait qu’il n’y ait pas de club déclaré et uniquement orienté vers la MGB.

En dehors des grands salons (Rétromobile, Epoqu’Auto, mais aussi Toulouse, Rouen, Reims, etc), le salon est toujours présent et le nombre de propriétaires de MGB est suffisant pour que vous puissiez trouver des réponses à vos questions. Ajoutez des rallyes partout en France, organisés par le clubs et ses antennes régionales ou par d’autres, c’est LE club que vous devrez rejoindre.

Conclusion

Encore une fois, la réponse est oui ! Si la MGB est si répandue en collection, c’est aussi parce qu’elle est facile à entretenir, à faire rouler et pas si compliquée à acheter. Comparée aux autres autos passées dans cette rubrique, elle est, certes, moins populaire et un peu plus onéreuse mais dans des limites tout à fait acceptables.

Mais finalement, si elle est si présente et facile à collectionner, c’est qu’elle est devenue facile du fait de ses qualités qui a entraîné sa grande diffusion… et le fait que de nombreux pros s’y intéressent ! C’est un cercle vertueux qui ne se dément pas !