Stupeur : la réorganisation de l’équipe Alpine se poursuit et c’est l’unité moteur de Renault qui est sacrifiée. Pourtant, Alpine reste en F1 et l’équipe sera donc motorisée par un autre constructeur dès l’an prochain. Avant de voir une Alpine-Mercedes (c’est l’option qui se dessine) on peut se dire que finalement ce ne sera pas inédit. Quelques autres originalités du même type ont émaillé l’histoire de la F1.
Lancia… sous le capot d’une Ferrari !
Aussi étonnant que cela puisse paraître, même la plus grande des écuries n’a pas couru qu’avec ses propres moteurs. Pour être précis, la Scuderia a même couru avec un châssis et un moteur qu’ils n’avaient pas conçu ! En effet en 1955 quand Lancia est rachetée, la D50 qui vient à peine de faire ses débuts est vendue à Ferrari ! C’est la Scuderia qui va l’engager… sans en faire une voiture de premier plan pour autant. Si vous voulez rentrer dans le détail, c’est par ici :
McLaren : l’historique
Et oui, finalement, voilà un constructeur automobile qui fait appel à des moteurs extérieurs pour ses F1. Historiquement les McLaren de F1 ont utilisé des V8 Serenissima (!), Ford, Ford-Cosworth, Alfa Romeo, TAG-Porsche, Honda, Peugeot, Mercedes et Renault. Côté voitures de route, là aussi on a pioché ailleurs, d’abord chez BMW pour la McLaren F1 puis c’est une véritable collaboration avec Mercedes (alors actionnaire) qui a donné naissance à la SLR.


Sauf qu’en 2012, McLaren débarque dans le monde des supersportive puis des hypercars avec des voitures aux moteurs « maison ». Pourquoi ne pas faire de même pour la F1 ? En fait les moteurs McLaren ne sont pas si maison que ça. C’est du côté de Ricardo qu’on va chercher le V8 Bi-Turbo qui équipe la MP4-12C puis, dans différentes versions, les autres voitures du groupe. Ricardo est un sous-traitant historique dans le monde des transports… à tel point que le moteur est en réalité un dérivé de celui qui fut badgé Nissan sur les R390 d’Endurance.
McLaren ne produit donc pas réellement des moteurs donc ce n’est pas demain qu’on retrouvera une McLaren « tout court » en F1.



BRM : pris de court
BRM a disparu depuis longtemps et pourtant c’est un constructeur qui comptait dans les premières années du championnat du monde de F1. Créée en 1951 (avec le fameux V16) mais réellement engagée à partir de 1956, British Racing Motors est aux avant-postes de la F1 avec ses P25 puis P48.
En 1961, il faut néanmoins abandonner le 4 en ligne maison puisque la F1 passe à une cylindrée maxi de 1500 ! BRM se lance dans le développement d’un V8 mais il n’est pas prêt à temps pour le coup d’envoi de la saison. Finalement on va utiliser le V8 Climax utilisé par Lotus et Cooper (mais aussi Gilby, JBW et Ferguson). Si Lotus se classe 2e du championnat, la P48/57 de BRM est à la beine et ne signe qu’un podium final aux Etats-Unis.
La voiture évoluera assez peu pour devenir la P578 de 1962 mais surtout le moteur P56 sera bien plus performant au point d’offrir le titre à Graham Hill tandis que le titre constructeur revient à BRM. La P57 sera d’ailleurs utilisée l’année suivante pour la seconde place au classement constructeur. Finalement, on n’est jamais mieux servi que par soi-même !


Matra : des efforts en tous sens
Les débuts de Matra dans la catégorie reine sont difficile à suivre au niveau des voitures utilisées ! En 1966 la MS5 est une monoplace multi-tâche qui court en F3 mais aussi en F2… et même en F1 en Allemagne. Dès ce moment, on note plusieurs écuries qui l’utilisent : Matra Sports, l’équipe d’usine, et Tyrrell Racing Organisation. Les premiers utilisent des moteurs Ford, les second des moteurs BRM. L’année suivante, même chose, ce sont des Matra Ford qu’on voit à Monaco et en Allemagne tandis que la MS7 fait son apparition.
En 1968 la F1 repasse aux moteurs 3 litres. Et c’est là qu’on va avoir vraiment différentes approches de Matra. D’ailleurs, Matra va enfin utiliser son propre moteur, le fameux V12, sur sa MS11. Mais il existe toujours Matra International, l’équipe de Ken Tyrrell qui utilise alors le fameux moteur Cosworth DFV sur des châssis MS9 mais surtout MS10. L’écurie officielle ne signe qu’un podium tandis que Jackie Stewart gagne 3 course et Matra International se classe à la 3e place !


Matra Sports ne s’engagera plus en 1969, laissant Tyrrell seul en Grand Prix. Les MS10, MS80 et MS84 vont se montrer impériales. Stewart signe 5 victoires, Beltoise trois podiums de plus et Matra International va donc obtenir les titres pilotes et constructeur avec un moteur Cosworth !


Dès l’année suivante, Tyrrell développera son propre châssis et Matra reprendra à son compte l’engagement de la MS120 équipée du V12 maison. Les résultats ne seront jamais là. Il faudra d’ailleurs attendre que Matra ne redevienne qu’un simple motoriste de Ligier pour retrouver le succès !
Jaguar : stratégie de groupe
Tout commence avec Paul Stewart Racing, une écurie qui commence en F3 avant de monter en F3000 puis, en 1997 l’écurie devient Stewart Grand Prix et se lance en F1 à partir de Milton Keynes. Après trois saison ponctuées par une victoire et 5 podiums, Ford, qui a progressivement pris des engagements auprès de l’écurie, rachète l’écurie et la badge avec le nom d’une de ses marques : Jaguar.
On se dit qu’on va avoir des « Jaguar-Jaguar » mais vu que le géant à l’ovale a officiellement racheté Cosworth juste avant… on ne va même pas badger les moteurs qui motoriseront les monoplaces vertes pendant 5 saisons. En 85 courses, seuls deux podiums sont crédités aux Jaguar-Ford grâce à des coups d’éclat d’Eddie Irvine et l’écurie termine, au mieux, 7e. Après la saison 2004, c’est Red Bull qui va racheter Jaguar.


Ils sont à part : les constructeurs non-motoristes
Oui, il reste beaucoup d’autres constructeurs de voitures de route qui ont roulé en F1 à citer. Mais ils sont nombreux à ne pas être vraiment concernés puisqu’ils n’ont jamais vraiment été motoristes.
On commence avec Lotus. Le constructeur Britannique n’a jamais utilisé de moteur maison en F1. Les différents titres mondiaux ont été emportés avec des V8 Climax puis des Ford-Cosworth DFV. Pourtant un département moteur a été créé, celui qui a produit les 4 cylindres qu’on retrouvait sous le capot des Lotus Elan puis des Esprit notamment. Mais ce « moteur Lotus » était surtout un moteur Ford entièrement revu par le constructeur et, forcément, les compétences nécessaires à la F1 n’étaient pas là.
Enfin on notera même un constructeur… de tracteurs ! En 1961 Rob Walker engage la Ferguson P99 au Grand Prix de Grande Bretagne de F1. Un engagement remarqué puisque c’est la première F1 à 4 roues motrices ! Le moteur n’est évidemment pas repris d’un des tracteurs de la marque puisque c’est un Climax qui va être utilisé. Fairman aura finalement un souci mécanique et sera disqualifié avant de remporter une course hors-championnat.


On retrouve également une myriade de constructeurs plus petits qui ont financé des entrées en F1 plus ou moins opportunément. Le point commun entre Marussia, Spyker ou même Caterham, De Tomaso ou Venturi c’est qu’aucun de ces constructeurs n’avait de moteur maison dans ses autos de route… alors évidemment on ne les a pas vus en F1.
Vallet
Excellent article.
N’oublions pas également le moteur ERA monté dans une 1500 Delage championne du monde en 1927, qui permettra à cette extraordinaire et dernière virtuosité du constructeur français de participer à des épreuves jusque dans les années (50 ?)
Bien amicalement
· · 1 août 2024 à 11 h 51 min
dominique scellier
N’oublions pas ausi un petit constructeur qui courrait avec des moteurs Hart, Toleman dont l’heure de gloire fut la révélation au grand prix de Monaco d’un certain Ayrton Senna.
· · 7 août 2024 à 10 h 13 min
Benjamin
Oui, les petits constructeurs ont été très nombreux mais on s’attarde là sur ceux qui ont également produit des voitures de route.
· · 7 août 2024 à 10 h 19 min