Au volant d’une Volvo 262C, tout d’une allemande

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Volvo 262C, tout d’une allemande

J’avoue avoir un faible pour le V6 PRV, pas à cause de ses sensations mais depuis une précédente expérience pro. Parmi les autos motorisées par cette mécanique, la Volvo 262C est certainement l’une de celles qui m’a toujours le plus intrigué. Une auto massive, avec ce logo Bertone qui laisse songeur et une vraie rareté qui fait qu’on en croise pas à tous les coins de rue. Aussi, quand on m’a proposé d’en conduire une, je savais très bien que ce ne serait pas l’expérience de conduite de l’année… mais je n’ai pas hésité.

L’histoire de la Volvo 262C

En 1974 le constructeur suédois lance sa série des 240 en remplacement des 140. Techniquement, c’est une évolution de la précédente gamme, avec quelques ajouts notamment au niveau sécuritaire, le cheval de bataille de Volvo qui suit le Volvo Experimental Safety Car de 1972, mais aussi sous le capot. Ainsi les versions les plus cossues peuvent recevoir un V6 : le fameux PRV.

La gamme se décline vite : berlines (244 en 4 cylindres et 264 en V6), le coupé 242 et le break 245. La gamme aura une belle carrière puisque les 240 (et 260) termineront leur carrière presque 20 ans plus tard en 1993 après plus de 2.5 millions d’exemplaires produits.

Volvo 262 GL- Volvo 262C

La Volvo 262C apparaît en 1977 et prend le relai de la 262 « tout court ». On retrouve évidemment le V6 sous le capot. Mais la plus grosse évolution concerne le style. Si la Volvo 262 d’origine est une version 2 portes de la berline, la Volvo 262 C va plus loin en se dotant d’un style propre. On la reconnaît avec son toit vinyle résolument 70s.

Bien équipée avec notamment une clim, un régulateur de vitesse, des sièges chauffants, une direction assistée, elle se positionne bien au niveau tarifaire. Du coup, la série qui devait être limitée va être un succès. Le restylage de 1980 ne lui changera pas grand-chose, l’auto est retirée de la gamme dès 1981. Ce sont alors 6622 exemplaires qui ont été produits et 75% des autos sont parties pour les USA !

Volvo 262 C- Volvo 262C

Notre Volvo 262C du jour

On va commencer par détailler le style de notre auto du jour. Pour ceux qui connaissent un peu l’auto, vous aurez remarqué qu’on a pas évoqué un détail : la participation de Bertone. Et vous avouerez que les formes de la suédoise ne sont pas trop dans les canons habituels de l’italien. Rien de plus normal en fait puisque Bertone n’a pas dessiné la Volvo 262C.

Notre suédoise l’est jusqu’au coup de crayon, 100% Volvo. En réalité, c’est l’outil industriel du carrossier italien qui va être mis à contribution. Ce sont les éléments spécifiques qui sont fabriqués en Italie : piliers de toit, pare-brise, capot et une partie des portières. En fait Volvo n’avait pas l’outil industriel pour réaliser une petite série et c’est l’italien qui gagna le marché.

volvo 262c 8- Volvo 262C

Du coup, vous comprenez tout de suite mieux ce style massif, bien plus germanique qu’italien. Et quand on dit massif, on est vraiment en plein dedans. Les lignes sont droites et tendues. L’avant est à lui-seul un exemple que même les fabricants des armoires les plus connues du monde n’ont pas repris à leurs compatriotes. La calandre est plutôt étroite mais cernée par deux phares rectangulaires énormes. Ceux-ci sont encadrés par les clignotants tandis que le pare-chocs en impose… Sa forme et son volume sont autant dus au besoin de robustesse des modèles du constructeur qu’aux normes américaines en la matière. Contrairement aux premières séries, il n’y a pas de spoiler en dessous.

Le capot est long et n’offre pas beaucoup de relief. Ensuite, nous voilà sur la partie qui différencie vraiment une Volvo 262C d’une 262 « pas C ». Voilà qu’arrive l’habitacle avec son toit « choppé ». Le pavillon est bien plus bas que sur la berline. La forme est aussi différente avec un montant de custode beaucoup plus épais. Sur notre auto de la deuxième série, le toit n’est plus en vinyle, mais peint en noir. Ça fait moins vintage, mais l’impression visuelle reste identique. La ligne de caisse est clairement dessinée avec un gros jonc chromé bien épais.

L’arrière ne dépareille pas avec l’avant. Le pare-chocs est toujours aussi massif et le dessin de la malle ne laisse aucune place aux courbes. Les surfaces sont plates, les angles vifs et c’est une vraie malle, bien haute, qui ne s’ouvre qu’au-dessus de la ceinture de caisse. On passera sur les feux, que seule la taille rend originaux.

On a fait le tour rapidement mais on aurait du mal à s’attarder sur le style de cette auto. Mais il faut bien se dire que la Volvo 262C s’attaquait, notamment, à des coupés Mercedes dont la finesse du dessin n’était pas du tout un argument de vente. Du coup, ce style massif reste passe-partout… et garde malgré un côté « dynamique«  (oui, des gros guillemets) avec son pavillon bas.

Sous le capot : la bête

N’en faisons pas trop non plus. Sous ce capot on ne retrouve « QUE » un V6. Par contre on peut être un peu chauvin puisqu’il s’agit du V6 PRV et qu’il était fabriqué en France, à Douvrin.

La Volvo 262C est apparue avec ce V6 dans sa première configuration : 2664 cm³. Cependant, en 1980 le constructeur suédois en inaugure une nouvelle version qui se retrouve sous le capot de la seconde série du coupé. L’alésage est passé de 88 à 91 mm pour atteindre 2849 cm³. La puissance reste autour des 130ch pour le marché américain mais atteint 155 ch en Europe.

Une bonne nouvelle pour une auto qui n’est pas légère, du tout, avec pas moins de 1550 kg sur la balance !

À l’intérieur : c’est carré !

Comme pour le style, si pour vous seules les allemandes peuvent faire du massif et carré, regardez un peu ce que proposent les suédois, vous ne serez pas déçus du voyage !

L’intérieur de la Volvo 262C est donc particulièrement sombre. Pourtant le constructeur suédois vantait une touche de luxe avec du bois… mais ces placages se limitent aux panneaux de porte. Un peu chiche donc.

Pour le reste on se retrouve avec un dessin des fauteuils assez original. Leur dessin ne laisse aucune place au doute : le sport n’est pas au rendez-vous, le confort par contre, il est bien là. Et puis on sent bien que ces assises sont prévues pour des morphologies nordiques ou étasuniennes. Profonds, larges, épais, ces sièges accueilleront les plus costauds ! Par contre le côté européen se voit entre les sièges : une boîte manuelle ! Pour le coup, dites vous que c’est une vraie originalité sur une Volvo 262C, vu le nombre d’autos vendues aux USA.

Côté instrumentation, la suédoise est également originale. Le grand compteur de gauche, c’est la vitesse, rien d’original. Par contre celui de droite est dévolu à la température et à la jauge à essence. On sait le V6 gourmand, donc on fait en sorte que personne ne tombe en panne avec un indicateur très visible. Pourquoi pas… Du coup, pas de compte-tour ? Et bien si, il est logé entre ces deux gros compteurs, au centre, en plus petit !

On ajoute à ce tour de l’intérieur des commandes bien placées, avec des commodos accessibles et le reste est sur la console de bord. Celle-ci est surmontée par un gros bac vide poche. Le tout est bien assemblé, tellement que rien ou presque n’a bougé malgré les années !

Et puis on passe quand même à l’arrière. Ce n’est pas parce qu’on monte à bord d’un coupé qu’on ne doit pas tester. Et pour le coup on retrouve de vraies places par là. On pourra y caser des adultes sans qu’ils ne soient trop à l’étroit.

Au volant de la Volvo 262C

J’ouvre la lourde portière et je me laisse choir à bord. Rien de très emballant dans cette installation mais c’est la forme des fauteuils qui m’y « pousse ». Comme un bon vieux fauteuil en cuir dont on connaît par cœur l’effet des ressorts, aucune appréhension avant de se laisser tomber sur ces épais sièges. Le réglage est plutôt simple mais la position pourrait être meilleure. C’est un savant mélange de position vraiment assise avec une position plutôt qui paraît basse mais ne l’est pas vraiment. Est-ce que la faute revient à l’habitacle de la Volvo 262C ou à sa ligne de caisse particulièrement haute ? Pas vraiment puisque le volant est haut lui aussi.

Le moteur démarre du premier coup et c’est parti. Première, la suédoise s’arrache. C’est vraiment le mot car, même à bord, l’impression de lourdeur dégagée par l’auto est palpable. En tout cas, sur les premiers mètres. Très vite la souplesse du V6 PRV permet à la Volvo 262C de prendre de la vitesse. Et puis en roulant, l’impression de lourdeur s’estompe peu à peu.

Au freinage, la suédo-italo-française se montre efficace. Le frein moteur n’est pas énorme, c’est le système qui fait la majeure partie du travail. Le toucher de la pédale n’est pas exceptionnel par contre, avec une impression spongieuse qui ne colle pas à la réalité de la décélération. La direction aussi fait le job. Même si le volant est plutôt haut, il est incliné comme il le faut et vous ne devrez pas fournir plus d’effort que dans n’importe quelle populaire de la même époque.

La Volvo 262C n’est pas une ballerine. Mais sur les grandes courbes, vous ne la reprendrez pas. Et quand ça serre un peu plus, comme sur les inévitables ronds-points, vous aurez suffisamment de précision pour rester sur votre trajectoire. Même à rythme soutenu, en gérant bien avec le pied droit, vous ne vous ferez pas piéger.

Au final, le rythme soutenu ce n’est pas vraiment son truc, personne n’a jamais essayé de vendre la Volvo 262C comme étant une auto sportive. Pour autant, c’est un coupé, c’est le haut de gamme de la marque et, que ce soit sur les autobahn ou les interstates, elle se doit de pouvoir garder un certain rythme. Alors on va voir ça.

Mon pied droit s’enfonce plus franchement. On assiste au réveil du PRV ? Oui… toutes proportions gardées. Ce moteur sait se montrer doux et se faire oublier à bas régime. Mais si vous voulez absolument le cravacher il sait changer de visage. Attention, ce n’est pas Jekyll et Hyde, non, là c’est un petit relooking qui débute à 2500 tours. La sonorité se fait plus présente mais toujours pas mélodieuse pour un sou.

Le couple maxi est atteint à 3000 tours et laisse ensuite la puissance faire le reste. Mais elle ne vous collera pas au siège. En tout cas, pas sur la Volvo 262C, contrairement à une Alpine A310 dont le châssis est plus adapté aux « qualités » du bloc sorti de Douvrin.

Les équidés déboulent un à un. Pour autant la vitesse augment vite. La Volvo 262C se change en grande routière, voire en autoroutière. Elle parvient à tenir un rythme de voyage plutôt intéressant et, au final, en rapport avec les attentes. Pour autant, on réserve ce genre de traitement à des portions de longues lignes droites ou de voies rapides. Sur une route départementale classique, la lourdeur qui avait disparu à rythme « normal » fait son retour avec des kilomètres/heure en plus. Les trajectoires ont tôt fait de s’élargir et le freinage ne vous mettra pas forcément en grande confiance.

Mais jamais on aura envie de faire le Rallye Monte-Carlo avec cette suédoise (qui n’est même pas éligible). Par contre, descendre jusque Monaco, par l’autoroute ou de grosses nationales sera une partie de plaisir à bord de la Volvo 262C. Vous pourrez profiter du confort des sièges, d’un bruit à bord très feutré… et vous pourrez y aller à 4 adultes, avec des bagages et un rythme qui vous invitera à faire comme votre paternel qui ne parlait que de « moyenne » en arrivant au camping début août.

Volvo 262C par News dAnciennes 24- Volvo 262C

Conclusion :

Sans trop de surprise, la Volvo 262C se montre agréable. Ce n’est pas à son bord que vous prendrez prendre votre shoot d’adrénaline ni même de sensations. Vous allez vous retrouver au volant d’une auto confortable avec des performances adaptées au grand voyage. Des voyages que vous pourrez faire sereinement, et au long cours, sans être trop fatigué. Et pour une ancienne, c’est plutôt agréable. À ce titre, on la mettrait volontiers en face des Mercedes de la même époque… plus que des BMW en tout cas. Car le dynamisme, ce n’est vraiment pas son truc.

Et puis une fois arrivé au bout du voyage, vous pourrez profiter des lignes de votre suédoise. Certes, la Volvo 262C est réalisée « by Bertone » mais sa ligne n’a rien d’italienne. Pour autant, il s’en dégage un côté bien plus original que sur les berlines et break de la gamme. Un mélange de plein d’éléments qui en fait une bonne auto… une excellente auto si on ajoute son prix dans la balance !

Les plusLes moins
Robustesse à la VolvoPas sportive pour un sou
Prix attractifAgrément de conduite moyen
Habitabilité au topDifficile à trouver
Confort excellentLigne massive
CritèreNote
Budget Achat16/20
Entretien14/20
Fiabilité16/20
Qualité de fabrication18/20
Confort17/20
Polyvalence13/20
Image15/20
Plaisir de conduite14/20
Facilité de conduite18/20
Ergonomie17/20
Total15,8/20

Rouler en Volvo 262C

Un coupé, d’une marque reconnue, avec de vraies qualités routières, ça doit chiffrer ça non ?

Et bien pas du tout. La Volvo 262C reste un coupé très abordable. Vous en trouverez en très bon état pour moins de 10.000 €*. Évidemment, à ce prix-là, le kilométrage peut être élevé mais la qualité de fabrication ne devrait pas vous rebuter. Et puis le V6 PRV, même s’il n’est pas le plus adorable des moteurs, présente lui-aussi une robustesse louable.

Évidemment vous pourrez trouver des modèles moins chers, généralement importés des USA avec boîte auto et encore plus de kilomètres, ou des modèles en état concours dont la cote peut même aller jusqu’aux 20.000 €. Par contre, quel que soit le prix, il sera difficile d’en trouver une, rappelons que la production, même jugée bonne par rapport aux ambitions initiales, est restée faible.

Pour ce qui est des pièces, la famille des séries 200 (puis 700) assure une disponibilité assez bonne, il faudra juste trouver le bon spécialiste pour se les procurer en Europe.

Merci à Stéphane et Arthur du CNVA pour cette balade.

Fiche techniqueVolvo 262C
Mécanique
Architecture6 cylindres en V
Cylindrée2849 cm³
AlimentationInjection Indirecte
Soupapes12
Puissance Max155 ch à 5500 trs/min
Couple Max234 Nm à 3000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV etAR
VoiesAV 1430 mm / AR 1359 mm
Empattement2462 mm
Dimensions L x l x h4890 x 1709 x 1369 mm
Poids (relevé)1550 kg
Performances
Vmax Mesurée185 km/h
0 à 100 km/h± 10s
400m d.aNC
1000m d.aNC
Poids/Puissance10 kg/ch
Conso Mixte± 12 litres / 100km
Conso Sportive± 18 litres / 100 km
Prix± 12.000 €

*Source : Collector Car Value

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Philippe

    Une sorte de mélange entre Jaguar XJC (d’où le vinyle) mais sans en avoir la grâce – il est vrai que les berlines étaient toute à l’opposé – et des anciens coupés W114 Mercedes, également dérivés des berlines éponymes par la voie du crayon magique de Paul Bracq. Celui-ci avait eu l’idée de « pagoder » légèrement le toit de la Mercedes et cela donnait un coupé élégant bien loin de la « brique » Volvo.

    Répondre · · 22 novembre 2021 à 21 h 09 min

  2. Pascal

    6622 dont 75% au USA ? Et bien, si ma mémoire ne me joue pas des tours, j’ai donc eu une sacrée chance d’en avoir vu une quand j’étais pec, à Sète ! Alors par contre, mon souvenir me dit qu’elle était … verte !!! À voir si cette couleur a bien existé sur cette voiture ? Si oui, alors j’ai bien eu la chance d’en admirer une, à Sète, au début des années 80′, et … verte donc !

    Répondre · · 26 novembre 2021 à 21 h 30 min

    1. Benjamin

      Les autos de la première série étaient grises ou dorée.
      Celles de la seconde série pouvaient aussi être noires, brunes ou bleu-clair métallisé. N’étai-ce pas une 262 « pas C » comme celle présentée en début d’article ?

      Répondre · · 30 novembre 2021 à 12 h 07 min

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