Le Tour Auto 2019 débriefé par son vainqueur : Raphaël Favaro

Publié le par Benjamin

Le Tour Auto 2019 débriefé par son vainqueur : Raphaël Favaro

Deux de suite. L’équipage suisse composé de Raphaël Favaro et Yves Badan a remporté samedi dernier son deuxième Tour Auto d’affilé. Quoi de mieux pour débriefer la course que de s’adresser à son vainqueur ?

« Ça fait bizarre de sortir de notre bulle »

« Je suis revenu dès le lundi au travail. Je gère un garage Alfa Romeo que mon père a fondé il y a 50 ans. Il y avait du travail en retard, des mails des messages. Ça fait bizarre de sortir de notre bulle. »

Avant de revenir avec le vainqueur du Tour Auto 2019 sur la course, Raphaël Favaro nous parle un peu de son auto.

« J’ai fait mon premier Tour Auto en 2017. Je devais être copilote sur une Jaguar en VHC mais mon pilote est tombé malade. Je suis passé pilote principal sur une auto que je ne connaissais pas. Lucien Charles Nicolet m’a copiloté et nous avons fait de bon temps. On termine deuxième derrière Smith et Cottingham, c’était une belle performance. »

« Au Mans, sur la première épreuve circuit, je me fais doubler en trombe par la Lotus Elan 26R de Damien Kohler.

Je décide alors de m’intéresser à la voiture et je me rends compte qu’elle n’est pas inabordable, en plus d’être performante. Et puis c’est une mécanique simple sur laquelle je vais pouvoir travailler moi-même.

Mon père a fait la tête, ce n’est pas une Alfa… J’ai démonté l’auto, je l’ai révisée et je l’ai préparée moi-même. Je faisais mes 18h de travail au garage, je rentrais, je couchais mes enfants et ensuite je partais au garage travailler jusque 2 ou 3 heures du matin… pour ré-attaquer à 7h ensuite ! J’ai tout fait moi-même, c’est super gratifiant.

En 2018 nous gagnons car nous avons toujours été placés et les problèmes mécaniques de nos concurrents nous offrent la victoire. »

Le Tour Auto 2019 de Raphaël Favaro

Passons maintenant à la course de cette année.

« Deux victoires de suite, c’est cool ! C’est une récompense pour nous, mais aussi pour nos familles, qui nous soutiennent et nous laissent partir plusieurs jours. Et puis c’est génial quand on a une petite équipe comme nous. Il ny’a que mon ami Laurent m’aide sur l’assistance !« 

Vainqueurs en 2018, ils partaient avec le numéro 211 mais n’étaient pas forcément favoris.

« Au vu des forces en présence j’étais sceptique sur nos chances sur le Tour Auto 2019. Je me suis dit qu’un top 5 serait fabuleux. Et puis dès la première spéciale, on fait 2e à 9 secondes de la Cobra de Smith et Cottingham (tous les résultats ici), devant Jean-Pierre (Lajournade), Caron, les autres Cobra et la GT40. J’ai su qu’il y avait quelque chose à faire. »

Raphaël Favaro et Yves Badan sont donc au rendez-vous en spéciale. Mais cela ne se passe pas pareil sur circuit.

« Sur circuit on devait batailler pour rester au contact et on devait aussi performer dans les spéciales. Le deuxième jour on fait quelques petites erreurs. La première nous coûte le meilleur temps de la spéciale vu qu’on ne finit qu’à deux secondes. Sur une autre spéciale, je suis les indications de Yves, même si j’avais vu qu’il fallait aller de l’autre côté. Marche arrière et encore du temps de perdu. Yves était furax de s’être trompé, mais aussi rassuré que je suive ce qu’il me disait. »

La troisième étape va rebattre les cartes. Une nouvelle variable arrive sur le Tour Auto 2019 : la météo.

« Au départ d’une spéciale, tous les favoris qui étaient devant nous partent sur le sec. Pendant que la 210 attend son départ, il se met à tomber des trombes d’eau. Au moment de notre départ, la route est détrempée, je n’arrive pas à chauffer les pneus et je n’ai aucun grip. On perd 20 à 30 secondes sur cette spéciale. »

Malgré tout à l’arrivée à Vichy, Raphaël Favaro et Yves Badan sont second derrière Jean-Pierre Lajournade. Les résultats sont ici.

La route vers la victoire

À partir de là, l’équipage commence à assurer.

« On avait de l’avance et on a commencé à assurer. Nous voilà à Charade, un circuit que je ne connais pas et il pleut énormément. Jean-Pierre me dit « fais attention sous la pluie elle peut être piégeuse cette auto. »

Lajournade a gagné le Tour Auto sur Lotus Elan, il sait de quoi il parle.

« L’auto est souple sur le sec, parfaite en spéciale, mais je la trouve dure sous la pluie. Je ne la conduit presque qu’au Tour Auto. Et puis les pneus Avon sont compliqués. En tout cas je n’ai pas fait de folie, je n’ai pas cherché à aller chercher Jean-Pierre. Mon objectif était de garder la Cobra de Freeman derrière moi. Damien était devant, mais j’ai été refroidi en voyant la sortie de piste de la 218. Il fallait vraiment assurer et ça n’a pas été ma meilleure expérience sur le Tour Auto. »

6e place tout de même et contrat rempli car la Cobra est plus de 30 secondes plus loin.

« Au Mont d’Or, on part après Jean-Pierre. On le voit sorti, sur le bord de la route. J’étais très déçu pour lui, on s’était bien marré sur le début de ce Tour Auto 2019. En tout cas nous voilà en tête.

Ensuite on a contrôlé, mais il faut quand même faire attention en liaisons. On a peu de temps, pour ne pas pouvoir faire de mécanique certainement, mais c’est court et ça oblige en fait à rouler fort. Pas autant que les Ferrari qui suivent la course, mais quand même. 10 minutes de plus pour chaque partie seraient appréciables.

À ce moment là on a quand même eu très peur. On était en convoi dans les sous-bois avec 4 ou 5 autres voitures quand la Cobra de Freeman et Armstrong commence à nous remonter à fond. Bertrand et Anne (Penlae) doivent s’écarter pour la laisser passer mais je la vois trop tard. Il nous tape à l’arrière gauche. On passe pas loin de l’élimination. Lui casse sa bielette de direction mais pour nous il n’y a que le pare-chocs arrière qui traîne. Tous les autres concurrents sortent et nous rescotchent la voiture ! Je n’ai rien eu à faire, je parlais avec Freeeman à ce moment là. »

À midi, alors que la photo de Jean-Pierre Lajournade fait le tour de « radio Tour Auto » et du web, voilà Raphaël Favaro et Yves Badan en tête de la catégorie VHC.

Assurer, mais pas trop

« Sur les épreuves suivantes il fallait assurer. Nous étions en tête ce n’était pas le moment de sortir. Sur une spéciale je me relâche un peu trop et on perd du temps. Derrière, s’il y a deux équipages en bagarre pour une place, ça peut vite revenir. »

À une journée de la fin, ils comptent une 1min30 d’avance sur les Penlae.

« Après l’épreuve du Mans on a eu une grosse alerte. L’embrayage faisait des siennes et quand je relâchais la pédale ça restait débrayé. Pour les arrêts devant les magasins Optic 2000 je coupais le moteur pour économiser la mécanique. Mais j’ai trouvé la parade. Je n’appuyais que 2 à 3 centimètres sur la pédale pour faire glisser les disques. C’était dangereux, mais c’était la dernière étape. J’avais la jambe dure comme un bout de bois.

Après la dernière spéciale, les autres concurrents partent devant nous… et puis ils nous ont attendu plus loin pour qu’on passe la ligne presque ensemble. C’était vraiment sympa. Il y a une ambiance très cool entre les participants. On est dans la même bulle, la même galère pendant une semaine. Alors on rigole ensemble et il y a un vrai esprit de camaraderie.

On était relax en passant la ligne. C’était fait. On avait gagné notre deuxième Tour Auto d’affilé. Autant l’an dernier c’était la mécanique qui nous avait permis de gagner, autant cette année ce sont les erreurs des autres et puis on a quand même signé quelques scratchs !

C’était marrant, au moment de me placer sur l’herbe je me retrouve à côté de la Ferrari de Hamoniau et Lotthe. On ne se connaissait pas, mais les deux vainqueurs VHC en compétition et en régularité étaient côte à côte ! »

Un beau résultat quand on est pas favoris en tout cas !

La suite pour Raphaël Favaro, Yves Badan et leur Lotus Elan

« On va retourner au Tour de Corse Historique. L’an dernier quand notre rupteur nous lâche on était 6 ou 7e à batailler contre des M3 ou des Escort Cosworth. « 

« L’an prochain on espère être au départ du Tour Auto. Ce n’est pas forcément facile de réunir le budget mais cette année Rébellion nous a bien aidé. Pas en Alfa Romeo en tout cas, une GTAM n’est pas éligible en VHC et une GTA est bien trop chère… »

L’appel est lancé ! En tout cas, félicitations à eux et rendez-vous l’an prochain… ou sur le Tour de Corse Historique qui se déroulera du 7 au 12 Octobre.

Un grand merci à Raphaël Favaro pour cet échange très sympathique.

Photos : News d’Anciennes, AutomotivPress et Peter Auto

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Lotus18

    Merci pour cette belle interview qui nous montre que le TA n’est pas de tout repos et qu’il faut mériter son classement.

    Répondre · · 11 mai 2019 à 9 h 43 min

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