« Les véhicules d’hier sur les routes d’aujourd’hui et de demain ».
Pour ce dimanche gris en Alsace, 1540 véhicules anciens ont coloré la barrière de péage d’Ittenheim sur ce qui sera la future A355 (Grand Contournement Ouest de Strasbourg) pour le moment pas encore ouverte à la circulation et dont les portes ouvertes ce feront ce weekend.
Une idée folle
C’était un grand honneur pour tous ces passionnés de pouvoir être les premiers à rouler sur ce goudron tout neuf avec leurs vieilles dames !
A l’initiative de cette folle manifestation, le Retrorencard de Strasbourg, association à but non lucrative de passionnés de véhicules anciens. Pour l’occasion, ce dernier a délocalisé son rendez-vous mensuel qui se tient habituellement tous les premiers dimanches de chaque mois, de 10h à 13h à la
Meinau à Strasbourg.
Au départ, 750 véhicules étaient prévus, 1050 étaient inscrits le samedi matin et c’est finalement plus de 1500 véhicules que nous avons pu admirer durant la matinée !
Un succès fou
A 9H, les premiers véhicules sont arrivés, accueilli jusqu’à 11h avec brioche et café, pour une exposition statique accompagné du groupe de musique Les Mojitos.
Là, les passionnés ont pu admirer, discuter et partager leur passion commune.
1540, c’est 2 à 3 fois plus que les 500 à 600 véhicules qui ont constitué leur record lors du salon Auto-Moto Classic d’il y a quelques années, c’est dire ! Comme durant les Rétrorencards « habituels », c’est toute une panoplie de voitures, deux roues, utilitaires et véhicules militaires qui ont été exposés.
L’ami Fabrice Reithofer, président de l’association nous en parle :
« C’est du jamais vu dans la région, c’est historique ! J’étais impressionné, d’autant plus pour un mois de novembre ! Des habitués, des clubs, des particuliers et des personnes que je n’ai pas vu depuis 10 ou 15 ans sont venus malgré le temps,
c’était formidable ! En tant que délégué FFVE, j’ai voulu montrer qu’on était là, qu’on existe. Les passionnés d’anciennes forment une grande famille. Le but était d’en faire un grand moment de convivialité, de rencontre et d’échange de faire circuler les véhicules d’hier sur les routes d’aujourd’hui et de demain. »
Quelques véhicules notables
Ce Retrorencard a en effet démontrer que cette grande famille est solidaire, prête à sortir leurs anciennes malgré les petits 7°C humides, et ce, même en décapotable !
C’est le cas par exemple d’une Bugatti T44 faite par Bugatelier faite sur un châssis 3 litres transformé en remorque fin des années 40 à Strasbourg.
C’est aussi le cas d’une magnifique Mathis MYN Torpedo Skiff de 1930 dont la coque à été réalisée par le père de Fabrice Reithofer, un homme de 78 ans. A bord, un squelette nous souriait.
Un Tracteur Lanz Bulldog de 1939 à boule chaude nous a offert un spectacle unique. Construit par l’usine Lanz à Mannheim dès 1921, ce monocylindre horizontal de 10.266 cm³ pouvant tourner dans les deux sens, ses 45ch et ses 3700kg était très répandu dans les campagnes suisses jusqu’au début des années 1950. Dans un premier temps le moteur était un 6,3 litres avec 12 chevaux. Il a ensuite été porté à 10,9 litres et 54 ch. Le Bulldog était un tracteur bon marché, simple et facile
d’entretien. Il a été tellement populaire que cela a été copié à l’étranger. On comprend donc pourquoi ils sont rare ceux qui ne se sont pas au moins arrêté pour admirer l’engin.
Nous avons pu entre autres admirer également ce magnifique Saviem S53M excursion de 1970, exposé par l’association des autocars anciens de France de Wissembourg en Alsace qui leur avait été offert par les Ets Brémond (groupe Transdev) de Flayosc (Var). Avec un poids total de 14.5 tonnes, un
moteur MAN 846 6 cylindres couché de 165ch DIN, une boîte R 107 6 vitesses cet autocar transportait les Français dans les années 70 sur le chemin du collège ou des entreprises sans des liaisons interurbaines ou durant des voyages scolaires ou même pour les colonies de vacances. D’après l’association, c’était « le car par excellence » et 90% des transporteurs l’utilisaient pour sa robustesse, sa fiabilité et sa longévité.
Pourquoi S53M ? S pour Saviem, 53 pour le nombre de places,
et M pour le moteur MAN. Ce dernier était le plus répandu (le Fulgur 150ch était plutôt utilisé pour les cars urbains). Le fait que le moteur était placé horizontalement sous le plancher entre les deux essieux permettait une répartition équilibrée des charges dispensant ainsi les roues arrière jumelées. C’était sans compter la neige, le verglas ou encore la chaussée mouillée ou grasse. Mais en temps ensoleillé, les conducteurs pouvaient jouir d’un excellent freinage à air comprimé et de suspensions faite de ressorts à lames doublés d’amortisseurs et de coussin d’air en fin de course.
Une belle diversité d’autos
Etaient présents également des Combi T2, des R4 (dont une super F6 de 1979 bicolore et ses jantes delta mics, bon ok, c’est la mienne…), des Ford Mustang, des Talbot H75, des Coccinelles, des Tractions, et bien d’autres modèles, qu’ils soient d’origine ou modifiés, et c’est ça la beauté des
passionnés. Il y en a pour tout le monde !
A partir de 11h et par vague de 300 véhicules, les participants ont pu s’élancer avec fierté en cortège sur la future A355 pour une balade de 20 km, limitée à 80km/h. C’est là que plusieurs dizaines de spectateurs, postés sur les ponts jonchant la parcelle, ont pu admirer plusieurs kilomètres de véhicules allant des années 20 aux années 2000 pour les youngtimers, ces derniers étant exceptionnellement acceptés pour l’occasion.
En tête de cortège, cette R11 de l’association Police d’antan Alsace. Elle a été rééquipée en R11 de la police (en effet, les R11 officielles de la police sont envoyées en école de police ou dans un musée afin de finir leur carrière) grâce aux dons de la police de Saint Louis (68), des CRS d’Alsace mais également des sapeurs-pompiers de Saint Louis (68) afin qu’elle soit la plus réaliste possible. La sérigraphie a été réalisée main par l’entreprise Chouket’elsass.
On remercie chaleureusement les 20 bénévoles de l’association soutenus par 10 autres bénévoles pour ce Retrorencard exceptionnel réalisé en toute sécurité.
La suite ?
Vous pourrez, le 5 décembre, retrouver le Retrorencard pour un rassemblement à nouveau délocalisé, mais cette fois ci sur la friche industrielle militarisée de l’ancienne usine Heinrich List à la Rhinau (ex-Schlumpf) construite par l’architecte allemand de renommée mondiale Ernst Neufert. En 1941-1942 c’est là qu’étaient construit des Messerschmitt ainsi que des fusées V1 et V2.
À cette occasion, une vente aux enchères d’une quarantaine de véhicules épave sera organisée par la maison Osenat de Fontainebleau avec, en lot phare, l’Hispano-Suiza vue à Epoqu’Auto le week-end dernier.
En attendant, on s’en remet un petit coup !
Vue aérienne : J.O. Visual
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