Fort de son histoire trèèès longue (il a été fondé en 1929), le Concours d’Élégance de la Villa d’Este a longtemps été une des références en Europe. Même si le niveau s’est relevé année après année avec l’arrivée de nouveaux concours sur notre vieux continent, l’événement était au top en Italie. Mais depuis 2020, un concurrent redoutable est apparu… en même temps et juste à côté, sur les rives du Lac de Côme.
« Miroir, miroir suis-je toujours la plus belle ? »
Non Majesté « Villa d’Este », il y a désormais «Fuori Concorso» à deux kilomètres et sa jeunesse, sa fraicheur, son enthousiasme ne souffrent pas la comparaison… Durant des décennies le Concours d’Elégance de Villa d’Este était considéré comme étant l’un des deux plus beaux au monde. Un lieu extraordinaire (le Palace Villa d’Este symbolise élégance et excellence), une organisation au cordeau et les moyens du constructeur BMW mais…
L’évènementiel est une discipline cruelle où l’on est condamné à faire mieux chaque année simplement pour se maintenir au même niveau. Alors quand BMW décide ostensiblement de réduire la voilure (fini la flotte pléthorique de séries 7, séries X et autres Rolls pour propriétaires et medias, fini la moto ce qui en faisait aussi une singularité dans le monde des concours, fini le gros soutien financier du groupe BMW qui utilisait (avec talent) ce Concours pour promouvoir les nouveautés 5, 6, 7, 8, X, Mini et BMW évidemment, cela se ressent. Cette année, le groupe ne présentait que séries 1 et 2 et une malheureuse Rolls qui devait regarder du côté des automobiles du Concours pour ne pas se sentir trop esseulée question luxe.





Quel que soit le talent d’Helmut Käs, il ne peut compenser la baisse de moyens décidée par BMW. Il possède intelligence, culture automobile et bonne volonté mais lorsque cette baisse de moyens se conjugue avec la montée d’autres concours tels qu’Oberoi, Salon Privé, Hampton Court, cela se voit.
Mais lorsque la comparaison se fait à 2 kms avec Fuori Concorso, hyper-talentueux nouvel arrivant, celle-ci n’en est que plus cruelle…
Alors oui, le lieu est et restera toujours magnifique, Villa d’Este est et restera l’un des plus beaux Palaces au Monde mais cela ne suffit plus…







Un Concours est fait pour promouvoir l’excellence, si la rentabilité est au rendez-vous tant mieux, mais celle-ci est plus qu’aléatoire. Un Concours demande aussi un panel de partenaires du plus haut niveau et là, il en manque, BMW s’est trop reposé sur le succès passé. Tout comme on ne va pas chez Bocuse pour un cheeseburger et du coca on ne va pas à Villa d’Este pour les séries 1 & 2. Si l’on ne veut plus assurer la promotion des séries 7 et 8 ainsi que des Rolls ce n’est pas un crime, mais dans ce cas pas besoin de Villa d’Este pour pousser les modèles d’accès à BMW…
Rester au sommet est dur et ne peut se faire qu’avec de gros moyens, alors quand on est challengé par une concurrence dynamique et ayant du goût, je suis désolé mais le déclin n’en est que plus visible. Chercher à rentabiliser l’évènement est une erreur qui laisse un sentiment de déception, voire de mesquinerie pour un constructeur « passion » tel que BMW. Ce n’est pas ce que l’on attend de lui.
Fragilité du succès ? Celui-ci est éphémère et ne dure qu’au prix d’un travail constant. Pourtant, dans un précédent article de 2019 nous évoquions le succès de BMW avec Villa d’Este. Alors que s’est-il passé entretemps ?
Entretemps il y eut le Dieselgate : un coupable, tous punis. Les autorités de Bruxelles ont transformé la législation en punition et changé les règles du jeu en laissant les constructeurs et les industriels dans le brouillard (ce qu’ils détestent le plus) en les menant à deux doigts de la faillite. BMW, qui était l’un des meilleurs motoristes, s’est vu poussé à devenir un constructeur de voitures électriques… Quand le politique s’improvise scientifique et législateur : tous aux abris ! La « réorientation stratégique et financière » (terme pudique pour dire « on coupe les budgets ») de BMW envers Villa d’Este y trouve ses racines.
Alors ne soyons pas « que » négatifs, le lieu est toujours sublime, les 60 autos en compétition sont toujours l’élite, les juges sont toujours sélectionnés avec soin et non pas par copinage consanguin, le speaker Simon Kidston est toujours un monument d’érudition et de classe.
Les milliers de car-spotters entre Cernubbio et Côme confirment que l’Automobile fait rêver plus que jamais, n’en déplaise aux technos de Bruxelles…














Quid de Blanche Neige ?
A 2 kms de Villa d’Este, on assiste depuis 4 ans à la montée de Fuori Concorso. C’est mon fils de 17 ans qui m’a alerté sur la progression exponentielle de cet évènement et je dois dire qu’il a eu raison !
FuoriConcorso est l’œuvre de Guglielmo Miani, c’est à dessein que j’utilise le mot « œuvre » que l’on emploie le plus souvent pour les réalisations majeures ou artistiques. Dans le cas présent, les deux se conjuguent, chapeau l’Artiste !





Quand on connait la difficulté de l’évènementiel automobile, avoir réalisé une telle œuvre en 6 ans mérite respect et encouragements. Ce ne sont pas 1, 2 ou 3 constructeurs qui exposaient aux Villa del Grumello et Villa Sucota, mais une bonne quinzaine dans le cadre d’un hommage à ce que l’automobile Italienne produit ou a produit de mieux. C’est simple, d’Abarth, Alfa Romeo à Pagani, en passant par Ferrari, Fiat, Kimera, Lamborghini, Lancia et Maserati, tous étaient présents.
Quelques constructeurs allemands étaient aussi de la fête, parmi lesquels Apollo, Gemballa, Mercedes, Porsche et on ajoutait Koenigsegg et VanWall pour l’exotisme.





La moto n’étant représentée que par une MV Agusta en avant-garde, en attendant Aprillia, Cagiva Ducati, Guzzi, Morini et autres mastodontes pour le gros des troupes. La mise en valeur était soignée avec une partie F1 calquée sur une ligne de départ, une partie « Rallye » où les Lancia étaient particulièrement mises en valeur ainsi qu’une section Endurance avec notamment la présence des dernières Ferrari victorieuse des 24 heures Mans 2024.







Un sacré spectacle. Spectacle qui n’a pas laissé insensibles les jeunes générations : la jeunesse des spectateurs est tout aussi flagrante que l’enthousiasme. L’organisateur a eu l’excellente idée de faire un tarif d’entrée très accessible pour les moins de 20 ans et même gratuit pour les moins de 17 ans. C’est dynamique, c’est habile et surtout cela montre que l’organisateur souhaite voir se transmettre la passion auto chez les jeunes générations.
Qu’il soit fier de lui : l’objectif est atteint et le niveau de connaissances des « jeunes » est impressionnant quand on tend l’oreille autour des supercars/hypercars. Ce Fuori Concorso a atteint un niveau de maturité et de qualité impressionnants mais surtout, cette qualité peut permettre à l’organisateur de viser des sommets. La marge de développement existe entre Bertone, Dallara, Pininfarina et des constructeurs de supercars hypercars de toute la planète sans compter toute la moto…










Alors demain ? Blanche Neige ou la Reine ?
Prenons Pebble Beach comme référence. La réponse est simple : la qualité a créé un biotope unique. Durant une semaine évènements d’exception et ventes aux enchères se succèdent non-stop pour ce qui est désormais la Monterey Car Week. Le schéma existe, il est simple à dupliquer. Villa d’ Este c’est un nom et une référence, c’est aussi l’un des plus beaux palaces du monde.
Le Concours de Villa d’Este est et reste une référence. Si l’on peut faire une humble suggestion à BMW c’est de redoubler d’énergie et de moyens et lorsque j’écris « moyens » je pense aux partenaires. HAGERTY & BORAD ARROW vont dans la bonne direction. Un Empire tel que LVMH a prouvé via le Championnat de F1 et Goodwood que l’Automobile passion pouvait être au cœur de sa stratégie de développement.
Pour un constructeur, trouver des partenaires ne fait pas obligatoirement partie de son quotidien mais la pérennité et la réussite de son événement sont à ce prix, le plus dur a été fait et Helmut Kas a prouvé qu’il avait talent et passion… Quand a Blanche Neige, FuoriConcorso, l’évènement est né sous une bonne étoile. Le chemin accompli en 6 ans est simplement impressionnant.
Tous les ingrédients sont désormais réunis pour qu’une « Como Car Week » devienne incontournable au même titre qu’un Goodwood ou un Mans Classic…
L’Automobile n’a pas fini de nous émerveiller et c’est tant mieux.
Des amateurs de palmarès ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître par rapport à son nom, FuoriConcorso n’est pas un concours ! En fait, le seul concours organisé l’est entre les photographes qui se rendent sur place !
Par contre, le Concours d’Élégance de la Villa d’Este est bien un concours dont voici le palmarès :
Class A : GLORIOUS EXCESS: THE EVOLUTION OF THE ‘MONEY NO OBJECT‘ MOTORCAR, 1920–1940
Vainqueur de classe :
Duesenberg SJ, 1933, Thomas Maoli, USA
Mention spéciale :
Duesenberg J, 1929, Donald Ghareeb, USA


CLASS B : SCULPTURE IN MOTION: THE DECADE OF THE AUTOMOTIVE ARMS RACE, 1928–1938
Vainqueur de classe :
Alfa Romeo Tipo B (P3), 1934, Auriga Collection, Allemagne
Mention spéciale :
Bugatti Type 59, 1933, Gregory Manocherian, USA

CLASS C : RENAISSANCE : THE POST-WAR EUROPEAN SPORTS CAR COMES OF AGE
Vainqueur de classe :
Ferrari 212 Export, 1951, Michael Weisberg, United States
Mention Spéciale :
Ferrari 275 GTB, 1965, Christopher Stahl, Allemagne

CLASS D : TITANS OF THE TRACK: WHEN THE BOSS SAYS “LET‘S RACE!“
Vainqueur de classe :
Ferrari 250 Monza, 1954, Giuseppe Prevosti, Italie
Mention Spéciale :
Ferrari 121LM, 1954, Elad Shraga, UK


CLASS E : FROZEN IN TIME : PRESERVATION ‘TIME CAPSULES‘ FROM 1900–1973
Vainqueur de classe :
Ferrari 330 GTC, 1967, Tony Owen, USA
Mention Spéciale :
Dino 206 GT, 1968, Fabio Colombo, Italie

CLASS F : “GO BIG OR GO HOME“ : AUTOMOTIVE EXCESS FROM THE ´80s TO THE NEW MILLENNIUM
Vainqueur de classe :
Bugatti EB 110 GT, 1993, Maurizio De Angelis, Italie
Mention Spéciale :
Ferrari F40 GTE, 1995, Chad Williams, USA

CLASS G : VANISHING ACT : GONE BUT PROUDLY NOT FORGOTTEN
Vainqueur de classe :
Talbot Lago T 26 Grand Sport, 1948, Robert Kudela, République Tchèque
Mention Spéciale :
Siata 208 CS, 1952, Nikolay Miroshnichenko, Monaco
CLASS H : STYLE MATTERS : OPULENCE MEETS ELEGANCE BEFORE TIMES CHANGE FOREVER
Vainqueur de classe :
Ferrari 410 Superamerica, 1959, Sam Lombardo, USA
Mention spéciale :
Mercedes-Benz 300 SC, 1957, Vin DiBona, USA


Et le Best of Show :
Alfa Romeo Tipo B (P3), 1934, Auriga Collection, Allemagne

Les autres prix sont donnés ici
Photos additionnelles : Concours de la Villa d’Este – BMW Group
Et on se quitte avec encore d’autres photos d’abord de la Villa d’Este :



































Ensuite de FuoriConcorso :























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