Peugeot 304 S Coupé, au volant d’un petit coupé suggestif

Publié le par Benjamin

Peugeot 304 S Coupé, au volant d’un petit coupé suggestif

Un de mes premiers essais, c’était la Peugeot 204 Coupé. Mais là, c’est autre chose. Déjà parce que j’ose penser que nos essais sont de bien meilleure qualité. Ensuite parce que ma sensibilité mécanique est également meilleure. Enfin, parce que notre auto du jour est sensée être bien différente : c’est une Peugeot 304 S Coupé avec une plastique qui joue aux 7 erreurs avec la 204 et un S qui suggère de belles différences mécaniques. Alors, hop, au volant pour en avoir le cœur net.

L’histoire de la Peugeot 304 Coupé en bref

Comme pour la berline, l’origine de la Peugeot 304 S Coupé remonte à 1965. C’est cette année là qu’on lance la Peugeot 204, le petit modèle de la gamme qui va ouvrir la marque à une nouvelle clientèle, plus jeune et plus urbaine. En plus de la berline, les coupés et cabriolets arrivent en 1966.

Trois ans plus tard, la 204 est secondée « vers le haut » avec l’arrivée de la 304. Cette dernière reprend la base mais allonge l’avant, qui se donne des airs de 504, et l’arrière pour en faire une auto plus spacieuse.

À peine 6 mois plus tard débarquent les Peugeot 304 Coupé et Cabriolet. La recette presque la même puisque cette fois on ne change que la face avant. Par contre, contrairement aux autres versions, ces nouvelles autos remplacent les 304 au catalogue.

Outre l’esthétique, la différence se fait à l’intérieur mais aussi sous le capot où on loge le même 1288 cm³ de 65 ch que sur les berlines.

La grosse évolution de ces autos, puisqu’il n’y en aura qu’une, c’est l’arrivée des Peugeot 304 S Coupé et Cabriolet dans la gamme en Mars 1972. Quelques modifications sont à trouver sur l’extérieur et l’intérieur mais c’est surtout sous le capot que ça se passe avec un travail effectué sur la culasse qui permet aux autos d’atteindre 80ch SAE. Le moteur sera proposé sur les berline 6 mois plus tard.

Les 304 Coupé et Cabriolet ne resteront pas si longtemps au catalogue. En 1975, alors que la 204 et la 304 sont encore là, elles tirent leur révérence.

Notre Peugeot 304 S Coupé du jour

Un petit coupé. Notre auto du jour fait partie d’une famille désormais éteinte. De nos jours un coupé c’est un SUV au pavillon qui redescend suffisamment pour que des passager de taille moyenne se sentent oppressés à l’arrière. Ou alors c’est une sportive. Mais on a beau chercher dans les gammes actuelles des constructeurs, les petits coupés n’existent presque plus. Du coup, la Peugeot 304 S Coupé n’en est que plus intéressante.

Chez Peugeot, c’était d’ailleurs quelque chose d’assez nouveau quand la 204 a été lancée, les 403 n’étant pas sorties en coupé, les 404 étant bien plus grosses. Par contre, la différence entre la 204 et la 304 n’est pas énorme. Et tout se passe à l’avant.

La Peugeot 304 S Coupé, et les 304 Coupé en général, semblent bien plus carrées que les 204. En fait le changement de face avant les rend plus suggestives et agressives. Et pour un coupé, c’est une bonne chose. Cet avant qui évoque la 504 est bien intégré. C’est le risque, quand on greffe un avant différent sur une auto : obtenir quelque chose de déséquilibré. Là, c’est bien fait et ça rend l’avant bien plus dynamique et moderne.

Il n’y a pas que les feux qui soient plus carrés. L’avant du capot n’est plus plongeant comme sur la 204. La calandre forme un rectangle complet et ne va plus jusqu’aux ailes puisque les veilleuses et clignotants occupent l’espace sous les phares, au dessus des pare-chocs. D’ailleurs ceux-ci sont plus épais, avec une bande caoutchouc au milieu. Ils contribuent à cette impression qui diffère totalement de la 204. Si on se limitait à cette seule partie avant, on pourrait croire que la Peugeot 304 S Coupé est une voiture totalement différente.

Au passage, cette face avant spécifique augmente la longueur… de 3 petits centimètres !

Sur le profil de la Peugeot 304 S Coupé on retrouve l’un des rares signes distinctif de cette version : les roues et leurs 20 trous. Là encore, c’est du détail, mais c’est plus suggestif pour ne pas dire sportif. Sinon, en la regardant par le côté, là, on peut vraiment douter : 204 ou 304 ? La ligne est la même, toujours élégante et bien dessinée, avec un pli de carrosserie prononcé sur la longueur et ce pavillon qui retombe en pente douce. On note d’ailleurs des surfaces vitrées qui semblent plus restreintes que sur beaucoup de coupés de cette époque entre une ceinture de caisse haute et le large montant de custode.

Concernant l’arrière, on retrouve peu ou prou… la poupe de la 204. Si les berlines ont été « étirées » des deux côtés, les coupés et cabriolets reprennent directement l’arrière des 204. Est-ce un mal ? Non, car il est très bien dessiné. Tellement qu’on retrouve d’ailleurs un dessin de lunette arrière similaire sur la 504.

Pour autant, on ne pourra les confondre puisque là aussi les feux sont plus carrés. Ce sont ceux de la berline qui s’intègrent parfaitement bien à l’arrière. Ils remplacent les jolies amandes de la 204 mais font beaucoup plus modernes. On retrouve également un des traits de la Peugeot 304 S Coupé : le fameux S placé entre la plaque et le feu droit.

À l’intérieur

On ouvre la porte et… on espère que vous aimez le marron ! On en retrouve partout, des moquettes aux panneaux de portes, et évidemment, sur les sièges en simili. D’ailleurs ces sièges étonnent, ils sont plutôt épais pour une si petite voiture. Au moins, les vertèbres ne prendront pas peur en les voyant. Spécificité du modèle S, ils reçoivent des appuie-tête.

Autant l’extérieur diffère assez peu de la 204 Coupé, autant l’intérieur de la Peugeot 304 S Coupé est complètement différent. On retrouve bien les trois cadrans. Sauf qu’ici on a l’odomètre, les différents voyants et jauges et enfin le compte-tours. Et ces trois compteurs ne sont pas intégrés sur une console séparée mais sur une planche de bord. D’ailleurs l’aspect métal brossé court jusque devant le passager. Pas de vide-poche sur toute la longueur, c’est simple, avec juste une montre et un cendrier, en dessous des commandes de la ventilation.

L’autre aspect très important de cet intérieur, c’est au sol. Je ne parle ni des moquettes ni des tapis. Non, au final, le levier de vitesse au plancher, c’est ça la nouveauté. Sur la 204 c’était au volant que ça se passait, là c’est au plancher avec dans l’idée de rendre la chose plus sportive.

L’intérieur de la Peugeot 304 S Coupé est donc simple mais distinctif, avec juste ce qu’il faut d’équipements. Tout ce qu’il faut pour un petit coupé.

Sous le capot

Elles ne sont pas visibles, mais c’est bien là que se concentrent nombre des nouveautés apportées par le S. On pourrait croire que l’appellation s’attache à une version beaucoup plus performante, à un plus gros moteur… mais c’est toujours le 1288 qu’on retrouve sous le capot.

Par contre on a revu sa culasse. D’un côté, pour l’admission est plus large et complétée par un carbu double-corps de 35 mm à ouverture simultanée, de l’autre côté, l’échappement sort en « 4 en 2 » avant de se retrouver dans un raccord 2 en 1 qui élimine le pot de détente.

Au lieu des 65ch, on atteint donc 80ch SAE ce qui se traduit en 74,5 ch réels. C’est la grosse différence de la Peugeot 304 S Coupé. Est-ce que cet apport de puissance est suffisant pour prétendre à un réel comportement sportif ? C’est ce qu’on va voir !

Au volant de la Peugeot 304 S Coupé

C’est mon tour. Il faut bien dire que l’excitation est moindre que si je m’attaquais à une sportive pure et dure. Pour autant… je suis curieux. Je garde de bons souvenirs de la Peugeot 204 Coupé que j’avais essayée, autant par sa polyvalence que par ses performances. Là, il y a quelques chevaux de plus.

Je cherche un peu pour démarrer, vu que la clé est à gauche et qu’elle n’est pas au tableau de bord. Le moteur s’ébroue et déjà, en voilà une différence. En retravaillant l’admission mais surtout l’échappement, Sochaux n’a pas donné que des chevaux à la Peugeot 304 S Coupé, il a aussi apporté une ambiance sonore différente. C’est plus rauque et plus suggestif.

En grand amateur des solutions peu prisées, je regrette, avant de rouler, l’absence du levier de vitesse au volant. C’est plus moderne et sportif, mais c’est aussi moins « ancienne ». Mais dès que je passe la première, je me dis aussi que ceux qui n’aiment pas les vitesses au volant seront plus à l’aise… surtout que le guidage est bon et le maniement du levier aisé.

La Peugeot 304 S Coupé démarre et aborde une bonne partie de ville. Qui a dit que les anciennes y étaient mal à l’aise ? Notre petite lionne y est parfaite. Son amortissement ne souffre d’aucun reproche quand il faut aborder les dos d’ânes, la boîte se manie bien et le couple est suffisant pour limiter les changements de rapports ou pour démarrer en montée. On peut même passer la quatrième sans faire brouter le 1288 et les freins nous arrêteront quand un piéton confondra le vert et le rouge. Le plus en ville ? Notre petite ancienne est quand même sexy et fait tourner les têtes. Je vous assure qu’il y a peu de chances que ce soit pour moi.

Pour autant, quand la route s’éclaircit, on retrouve une Peugeot 304 S Coupé encore plus à l’aise.

Le « cruising », elle est née pour ça. Je m’explique.

Non, le S, n’a rien de sportif. Il est Suggestif en fait, vraiment le maître mot de cette auto. Il vous fiat miroiter un coupé performant mais il ne faut pas oublier qu’il est apposé sur une Peugeot 304. Une auto qui n’a jamais été prévue pour le sport. D’ailleurs, on oublie pas que le passage au S ne s’est accompagné d’aucune modification du châssis et des trains. Du coup le comportement reste typé loisir, avec un amortissement souple et un freinage efficace mais peu agressif. Pour ce qui est de la direction, elle serait bonne dans à peu près n’importe quelle auto. La lionne est dynamique, on est d’accord, mais elle n’est pas sportive.

Le seul point où la Peugeot 304 S Coupé fait se rencontrer le Sport et le Suggestif, c’est sur la sonorité. Ce que j’ai entendu au démarrage se confirme lorsque je roule. C’est plaisant, c’est présent aussi. Pour autant, ce n’est pas un vacarme assourdissant.

Du coup, les longs trajets sont abordés sereinement. La bande son est parfaite et sied bien à l’auto. On se fait plaisir aux tympans en accélérant et on ne les maltraite pas à la longue. Quelle que soit la vitesse, même quand elle devient élevée, on peut discuter sans s’égosiller.

Côté confort, tout ce qui empêche la Peugeot 304 S Coupé d’être une sportive est bénéfique. L’amortissement doux et les fauteuils épais permettent aux plus sensibles du dos de voyager sans se fatiguer. À l’arrière ? Il ne faut pas être trop grand mais un trajet moyen de moins de deux heures reste envisageable. J’ai pas dit agréable !

Le paysage défile. Je manie le levier de vitesse sans souci, au gré des villages traversés. La direction ne me fait pas peur, même quand j’aborde des sous-bois ombragés avec ces températures hivernales. Les kilomètres s’enchainent, le soleil baisse, les phares s’allument. Ça sent déjà la fin.

Conclusion

En Peugeot 304 S Coupé, on roule à son rythme, bas ou élevé, on roule et on apprécie le moment. Pas la peine de se presser : arriver au bout du voyage voudrait dire qu’on lâche le volant !

Le S n’est pas sportif et n’est pas synonyme de sensations. L’auto n’est pas faite pour ça. Mais elle est vraiment suggestive, comme le serait tout coupé d’un côté, mais aussi comme le serait une auto au moteur un peu dopé. Vous aurez l’impression d’être un pilote alors qu’il n’en est rien. Mais vous ne pourrez pas dire que vous passerez un mauvais moment.

Les plusLes moins
Sa ligne mignonnePas sportive du tout
Ses performances suffisantesL’habitabilité arrière
Son confort appréciable
CritèreNote
Budget Achat18/20
Entretien16/20
Fiabilité15/20
Qualité de fabrication14/20
Confort15/20
Polyvalence15/20
Image14/20
Plaisir de conduite16/20
Facilité de conduite18/20
Ergonomie14/20
Total15,5/20

Rouler en Peugeot 304 S Coupé

Cela faisait longtemps qu’on avait pas abordé une auto avec un chiffre de production suffisant pour dire que ce ne sera pas une galère de trouver un bel exemplaire.

Les Peugeot 304 Coupé ont en plus un avantage, au même titre que les 204 d’ailleurs : les cabriolets sont plus en vogue. Du coup, ça se ressent au niveau des prix. Pour avoir les cheveux au vent, il faut débourser plus de 10.000 € pour un bel exemplaire. Pour les coupés, dépasser ce montant n’est pas obligatoire, on retrouve de très beaux modèles entre 9000 et 10.000 €. Mieux, on trouve des autos roulantes, où un peu de travaux sont à prévoir, dès 5-6000 €.

Pour ce qui est de la fiabilité, pas de souci à ce niveau. Seul le circuit de refroidissement peut être problématique au niveau de la mécanique. Sinon l’ennemi, vous l’aurez deviné, c’est la rouille qui viendra se loger au bas des portières, autour des charnières, sur les arches de roues et les longerons, autour des vitrages, etc. Essayer de repérer les réparations, malheureusement la valeur de l’auto fera qu’elles auront été souvent effectuées à l’économie, à grands coups de mastic et d’antirouille.

Les pièces seront disponibles chez la plupart des grandes enseignes françaises et relativement abordables. Faites juste attention à l’échappement des versions S, vu qu’il est spécifique.

Merci à Werner pour avoir permis cet essai. Cette belle Peugeot 304 S Coupé sera sur les routes auboises lors des 48 Heures Automobiles de Troyes 2022 en Septembre prochain.

Fiche techniquePeugeot 304 S Coupé
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1288 cm³
AlimentationCarburateur double corps
Soupapes8
Puissance Max74,5 ch à 5800 trs/min
Couple Max97 Nm à 4500 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Poisition MoteurTransversale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1320 mm / AR 1290 mm
Empattement2310 mm
Dimensions L x l x h3760 x 1570 x 1320 mm
Poids± 1000 kg
Performances
Vmax Mesurée160 km/h
0 à 100 km/hNC
400m d.a19,4 s
1000m d.a35 s
Poids/Puissance13,42 kg/ch
Conso Mixte± 7 litres / 100km
Conso SportiveNC
Prix± 9.000 €

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Moppet

    Une petite erreur dans la fiche technique : la position du moteur n’est pas longitudinale avant mais transversale avant.

    Répondre · · 17 mai 2022 à 4 h 34 min

    1. Pierre

      Effectivement, c’est corrigé

      Répondre · · 18 mai 2022 à 21 h 17 min

  2. Thomas

    Merci pour cet article fort intéressant et trés bien écrit. Und petit correction cependant me soit permis: Les feux arrieres du Coupé et Cabriolet ne sont pas les mêmes que sur la berline.

    Répondre · · 25 mai 2022 à 16 h 44 min

  3. Boff

    Merci pour votre essai. J ai voyagé durant mon enfance dans le coupé s 1973 de mes parents. Dans mes souvenirs la grille de calandre ( sur la s) était noire et pas de butoirs sur le pare-chocs

    Répondre · · 5 janvier 2025 à 3 h 57 min

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