Monterey Car Week 2019, Chap. 5 : les Rolex Historic Races de Laguna Seca

Publié le par Patrick Hornstein

Monterey Car Week 2019, Chap. 5 : les Rolex Historic Races de Laguna Seca

Le développement du Concours d’élégance de Pebble Beach n’est pas sans conséquences. S’il est un talent que personne ne peut nier aux Américains c’est bien le marketing. Dès lors que le Concours prenait de l’ampleur, attirant collectionneurs et passionnés des Etats Unis puis du reste du monde, de nouveaux événements vinrent profiter de cette manne. Précédemment nous avons vu le «Concours on the Avenue» à Carmel qui lance cette fameuse Monterey Car Week. Il y a aussi les 6 ventes aux enchères. Aujourd’hui c’est aux Rolex Historic Races sur le circuit de Laguna Seca que nous nous intéressons.

Le circuit de Laguna Seca

Ce circuit a été construit en 1957. Il est situé à 20 kms de Monterey dans une cuvette au milieu de (petites) montagnes (tout est relatif, quelques centaines de mètres d’altitude) au milieu d’une végétation assez hostile : c’est très sec et chaud. Le circuit accueille des courses auto et moto dont les championnats AMLS et Grand Am ainsi que le MotoGP. Il compte 11 virages (dont le célèbre Corkscrew) pour un tracé de 3,6km. C’est un circuit très technique avec ses dénivelés. Situé en pleine nature (hostile rappelons-le) Laguna Seca bénéficie d’un avantage que peuvent lui envier nombre de nos circuits : pas d’habitations à proximité ce qui est synonyme d’ une absence de plaintes pour les nuisances sonores. Pour un circuit c’est sacrément appréciable : demandez donc à Albi, Charade, Dijon…

Les Rolex Historic Races

Les Rolex Historic Races existent depuis 1974 et sont d’ une richesse inouïe  accueillant pas moins de 14 plateaux représentant à peu près tout ce qui a roulé sur circuit :

  • Group 1A : Pré 1940 Sports Racing Touring & Race cars, 1927-1951 Racing Cars
  • Group 2A : 1955-1961 Sports Racing (sous/dessus 2000cm³)
  • Group 3A : 1966-1972 Trans-Am
  • Group 4A : 1966-1985 Masters Historic Formule 1
  • Group 5A : 1973-1981 FIA, IMSA, GT, GTX, AAGT
  • Group 6A : 1963-1966 GT de + de 2500 cm³
  • Group 7A : IMSA Prototypes – GTP, WSC, LMP, DP
  • Group 1B : 1947-1955 Sports Racing and GT cars
  • Group 2B : 1955-1964 GT
  • Group 3B 1967-1981 Formule Ford
  • Group 4 B1961-1966 GT de moins de 2500 cm3
  • Group 5B : 2 litres sport racers jusqu’ à 1984
  • Group 6B : 1981-1991 IMSA GTO/GTU
  • Group 7B : 1983-2016 Masters Endurance Legends

Avouons que quasiment toutes les disciplines sont représentées y compris celle(s) que nous ne connaissons pas en Europe. Lorsque l’on assiste à la course des muscle cars américaines avec des bagarres de Mustangs, Camaros, Ford Falcon et autres avec leurs gros V8 bien boostés qui donnent de la voix c’est quelque chose qui prend aux tripes. Ce n’est pas tout : de très nombreuses anciennes F1 sont aujourd’hui possédées par des collectionneurs coureurs américains.

Un état d’esprit à part

L’ambiance est excellente : c’est un week-end de plaisir et tout le monde est là pour prendre du bon temps que ce soient les propriétaires ou même les mécanos. J’ai été surpris par le nombre de mécaniciens retraités qui offraient leurs services à des coureurs afin de revivre « encore une fois » ce qu’ils avaient vécu durant leur carrière. La passion est là, bien palpable. Qui dit passion ne dit pas « amateurisme », les autos vont vite, très vite, parfois même plus vite que du temps de leur première gloire. Les fluides (essence, lubrifiants) ont fait des progrès, les pneus ont fait des progrès considérables, idem au niveau des amortisseurs et des freins…

Alors ? Et bien on se retrouve avec des autos qui marchent plus fort qu’ avant ce qui implique un besoin de sécurité lui aussi accru. Il y a quantité d’ambulances prêtes à intervenir, la sécurité n’est pas traitée au rabais, loin de là. Des aires de dégagement soigneusement étudiées puisque c’est un circuit homologué « modernes » (ça va encore plus vite). Le service médical est pointu et les pilotes sont pour leur grande majorité des gentlemen drivers conscients de l’être. Ils viennent pour s’amuser et prendre du bon temps entre copains, ce qui n’ exclut pas la bagarre sur la piste, mais ne se prennent pas pour les champions du monde qu’ils n’ont jamais été…

L’ambiance ? Elle est très très sympa. À vrai dire plus sympa encore qu’ à Goodwood et sans comparaison possible avec le Mans Classic.

Les tarifs sont extrêmement raisonnables : 170$ pour un billet de 4 jours vous donnant droit à tout, absolument tout : pas de supplément paddocks ou de supplément grille de départ ou tribune ceci ou tribune cela : tout est compris et sans (mauvaise) surprise… Comparez donc… Pas de spectateur de 1ère, 2nde, 3ème ou 4 ème classe. Des spectateurs, point !

Si vous ne pouvez y aller qu’une seule journée c’est 70$. Une meilleure surprise encore : le tarif d’engagement pour une auto 975$, 975$ seulement et cela garantit 16 vrais roulages, là mieux vaut ne pas comparer les tarifs hexagonaux seraient vite déprimants… Tout ceci contribue à faire une manifestation extrêmement agréable tant pour le public que pour les participants et si l’on trouve désormais de nombreux concurrents européens (dont pas mal de français) ce n’est pas le fait du hasard.

Bonne ambiance, excellente organisation, richesse des paddocks tout ceci respire la passion et non pas un pseudo statut social. Déambulant dans tous les paddocks avec un petit garçon de 11 ans (oui cher lecteur, j’ai pris TOUTES les autos en photo) j’ai eu le plaisir de voir de nombreux concurrents l’interpeller voyant ses yeux briller « Hey kid, come and sit in the car» (Hey petit garçon, viens t’ asseoir dans la voiture). C’est une gentillesse réelle, spontanée, non feinte. Objectivement je n’ai jamais vu cela au Mans Classic, rarement à Goodwood… J’ai trouvé que toutes les autos étaient dans des états absolument impeccables : aux USA les loisirs c’est sérieux mais sans se prendre au sérieux pour autant…

Autre détail qui m’ a bien plu : les petites navettes gratuites depuis les parkings pilotées par d’ex-militaires vétérans. Les passagers donnent ce qu’ils veulent pour les œuvres caritatives. C’est tout bête mais cela rend la vie des spectateurs bien agréable.

image 1- Rolex Historic Races

Les courses des Rolex Historic Races

Les essais et qualifications ont lieu les jeudi et vendredi, les courses les samedi et dimanche. Peut-être peut-on formuler un reproche : les finales se déroulent le dimanche après-midi empêchant de facto le passionné d’y assister en même temps qu’ au concours de Pebble Beach (dont on reparlera vite). Rolex étant le sponsor des 2 ne serait-il pas possible d’avancer d’une demi journée les courses et les conclure vers midi pour ne pas devoir choisir ?

Un autre demi-regret : ne pas voir de course se dérouler de nuit. Certaines catégories le permettraient je me souviens de la « magie » d’une meute de GT40 et Cobra abordant de nuit la ligne droite lors de la première édition du Mans Classic : c’était quelque chose ! Nous noterons qu’aux Rolex Historic Races au lieu de se banaliser avec le temps les plateaux s’améliorent constamment. Ici on ne fait pas de remplissage à coup de 911 et autres Austin Healey mais vraiment du « matériel » de tout premier ordre, de vraies raretés et en état impeccable.

Saluons notamment la présence de quelques-unes des autos de Peter Mullin qui les fait courir aux mains d’ amis notamment David Duthu qui pilotait sa Talbot T26 de course… Il sait la piloter et faisait le spectacle… On pouvait aussi apprécier des Audi d’endurance ex-usine ou encore une meute de Bentley avant-guerre présentes à l’occasion du centenaire de la marque. Mais, il y a tellement de belles autos qu’il est impossible de les citer toutes.

Coups de châpeaux

Nous terminerons par un double coup de chapeau : Brandy Falconer qui est la responsable medias du circuit. Gérant de main de maître la salle de presse et ce, toujours avec le sourire, toujours. Efficacité et gentillesse sont les maîtres-mots.

Timothy Mc Grane le nouveau Président du circuit. Il a déjà de très beaux partenaires : Michelin, Weather Tech, Mazda, Rolex et mérite de développer encore.

Aux Etats Unis les sports mécaniques sont populaires et personne ne critique, si l’on n’aime pas on n’y va pas mais on respecte la liberté et les goûts d’autrui…

Maintenant cher lecteur, place au plaisir des yeux, tu es invité à déguster le spectacle des paddocks et aussi des Rolex Historic Races avant, qui sait, de t’y rendre toi aussi l’ an prochain…

Pour nous ce fut un plaisir incomparable et comme le disait un ex-gouverneur de Californie : I’ll be back !

On termine par une belle vidéo :

Les Rolex Historic Races auront lieu en 2020 du 13 au 16 Août

Laguna Seca : 1021 Monterey Salinas Hwy, Salinas, CA93908

Tél : +1 831-242-82-01

Plus d’infos en cliquant ici.

Patrick Hornstein

Observateur éclairé du monde automobile, Patrick parcourt le monde et assiste aux plus grands événements du monde de l'ancienne.

Commentaires

  1. Chavoutier

    Au point de vue ambiance, c’était comme cela en France dans les années 90 notamment à Monthléry, Nogaro, le Mans , … avant que Peter ne mette la main sur ces manifestations pour soi disant élever le niveau « bobo » de ces courses VHC.
    Et ceci est vrai pour les spectateurs mais aussi pour les « compétiteurs » qui diminuent d’années en années . On rencontre toujours la même poignée qui ont de gros moyens.Les autres ne viennent plus ou ne peuvent plus courir faute de plateaux.
    Fini les monoplaces de Formule France, MEP, Monomill, …
    Dommage

    Répondre · · 17 septembre 2019 à 13 h 52 min

    1. Patrick Hornstein

      Votre commentaire est 100% pertinent mais je pense que c’ est aussi lié à « l’ évolution  » ( même si en la matière on devrait plus parler de régression) de la société. A mon avis Peter est plus une conséquence qu’une cause….

      Répondre · · 18 septembre 2019 à 15 h 38 min

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