Metropolitan, la citadine sauce américaine

Publié le par Fabien

Metropolitan, la citadine sauce américaine

Début des années 50, Nash crée la Metropolitan. Cette auto, fabriquée en Angleterre prend le contre-pied de la production américaine de l’époque. En d’autres mots, la Métropolitan, c’est l’opposé de la Ford Thunderbird, que l’on vous a présenté ici.

La génèse

Au départ, l’idée vient de chez Nash. Elle est simple et visionnaire : de nombreux ménages vont avoir besoin d’une seconde voiture, dans cette société en pleine reconstruction, au sortir de la guerre. Pour l’anecdote, le projet était de faire une auto facile à conduire pour permettre à Madame de se déplacer aisément, avec ou sans enfants, ou à Monsieur d’avoir une petite auto facile à garer sur le parking de la gare ou de l’aéroport. Une autre époque assurément !

C’est le designer William J. Flajole qui dessine la NXI, dans le respect du cahier des charges qui imposait que le modèle soit économique et léger. Le souci d’économie est tel que les pare-chocs avant et arrière sont identiques jusqu’à la grille de radiateur sur ce prototype NXI. Cette grille disparaîtra sur la « Metro ».

Le 4 Janvier 1950, George Mason, président de Nash, confronte son prototype NXI à 450 hommes d’affaires au Waldorf-Astoria Hotel de New-York. La NXI présentée est équipée d’un petit moteur Fiat, mais, à côté de l’auto, est exposé un moteur d’origine Austin de 36 chevaux.

L’accueil est suffisamment chaleureux pour sauter le pas et lancer la « NKI Custom » qui, 2 mois après sa présentation au public, devient la Metropolitan.

Bien conçue et bien équipée

Conçues pour être économique, la NXI d’abord, puis la Metropolitan, ne sont pas des voitures au rabais et fourmillent d’innovations ! L’interchangeabilité de certains des composants de l’auto, comme les pare-chocs ou les panneaux de portes, est une idée plutôt intelligente pour limiter les coûts de production.

L’autre innovation, c’est l’abandon de la structure châssis et caisse indépendants : le châssis et la caisse sont ici soudés ensemble. Cette monocoque est produite par Fischer et Ludlow, en Angleterre, à Birmingham. C’est également en Angleterre, et à Birmingham, chez Austin Motor Company, que sont réalisés les trains roulants et les suspensions.

Le premier prototype de la Metropolitan sort de l’usine Austin le 2 septembre 1952. Quatre autres prototypes de pré-production sortent par la suite, avant le lancement officiel de la première série, composée d’un modèle à conduite intérieure et d’une décapotable.

La Metropolitan est en fait la première voiture conçue par des Nord-Américains, pour le marché Nord-Américain, et entièrement fabriquée en Europe !

Bien que conçue pour être économique, la Nash Metropolitan embarque quelques équipement souvent proposés en option sur des modèles plus haut de gamme à l’époque : lecteur de carte, essuie-glace électrique, allume-cigare et une roue de secours « type continental » (la roue est positionnée à l’arrière du coffre de malle, à l’extérieur et capotée). Une image luxueuse est même donnée par l’utilisation de capitonnages en cuir, à l’image des autres modèles de la gamme. Et ça ne s’arrêtait pas là : radio AM, système d’air conditionné Nash (appelé « Weather Eye »). Et cerise sur le gâteau, des pneus à flancs blancs !

Compte tenu de la cible annoncée d’une clientèle prioritairement féminine, Nash joue la carte marketing à fond et n’hésite pas à demander à Evelyn Ay Sempier, Miss America 1954, de faire la promotion de l’auto à sa sortie.

Une évolution tourmentée

Selon les sources, sont répertoriées 3 ou 4 séries. Mais peu importe. Les différents millésimes sont repérables par quelques évolutions marquantes que l’on va détailler ici.

Metropolitan Série I, 1954 – 56

Pour la Nash Metropolitan, c’est le moteur Austin qui est choisi. Ce moteur « série A40 » de 1200 cm3 et 4 cylindres en ligne utilise la technologie OHV, moderne pour l’époque : soupapes en tête de cylindre et arbre à came latéral. Un atout de ce moteur était de pouvoir tourner avec de l’essence de mauvaise qualité, ce qui augmentait, de fait, sa fiabilité.

Après 10000 autos produites, le moteur Austin série A est remplacé par un série B, toujours en 1200 cm3.

Plus classiquement, sa puissance est transmise aux roues arrières par une boîte 3 rapports dont la commande est montée sur la colonne de direction.

Côté carrosserie, 4 couleurs sont disponibles au catalogue pour la caisse, tandis que le toit, par contraste, reste gris clair (mist grey). Les couleurs sont les suivantes : vert épicéa (spruce green), rouge canyon (canyon red), vert croton (croton green) et bleu caraïbes (Carribbean blue).

En Mai 1954, Nash fusionne avec la Hudson Motor Company pour former l’American Motor Company alias AMC. Hudson commercialisera les Metropolitan à partir d’août 1954.

Metropolitan version 1956 – 57

En 1956, de belles évolutions redonnent un coup de jeune à cette sympathique auto et permettent de relancer les ventes.

Côté moteur, la Nash Metropolitan embarque désormais le moteur Austin « Série A50 » de 1489 cm3, ce qui conduit AMC à renommer l’auto Metropolitan 1500. Ce moteur qui développe ici 52 chevaux est accouplé à une nouvelle boîte de vitesse. Cette série 2 est plus lourde de 23kg et sera produite jusqu’en novembre 1955.

Mais c’est à l’extérieur que l’évolution la plus importante est visible : une superbe peinture bi-ton, les deux couleurs étant séparées par un liseret chromé du plus bel effet. Côté sellerie, sièges « pied de poule » et vinyl blanc, contrastant avec un tableau de bord noir.

Evolution 1957

Le moteur 1500 évolue. C’est maintenant une « série A55 » de 55 chevaux qui équipe la Metropolitan.

Septembre 1957, la Metro est vendue via le réseau Rambler, d’où un nouveau changement de nom. Exit AMC, Nash ou Hudson, Metropolitan est le seul nom de l’auto, et le médaillon de calandre au « M » prend désormais tout son sens.

Clap de fin : 1959 – 61

La dernière série produite, apparaît en Janvier 1959. L’évolution essentielle de cette version consiste en un capot de malle. En effet, les modèles précédents imposaient de passer les bagages dans le coffre par l’habitacle.

La production cessera en avril 1961, alors que les stocks nécessiteront presque 1 an de plus pour être écoulés. La production n’atteindra pas les 100000 unités, avec 94.986 véhicules vendus.

En Amérique, mais pas que…

Austin fournissant les moteurs et quelques autres éléments de l’auto, la firme obtient, en octobre 1956, l’autorisation de commercialiser la Metropolitan dans certains pays du Commonwealth où AMC n’est pas présent.

Détail croustillant, pour la Grande Bretagne et les autres pays où la conduite à droite est de mise, Austin aurait utilisé les photos américaines en conduite à gauche, qui auraient été inversées. Ceci afin de pallier à l’absence de ces modèles pour les photos, au moment de la publication de la brochure !

Près de 10.000 de ces « RHD » ont été vendus au Royaume Uni et en Nouvelle Zélande. Et, malgré l’absence de logo Austin, l’auto reste connue comme étant l’Austin Metropolitan, ou l’Austin Metro, au charme plus exotique que la plupart des productions d’Outre-Manche de l’époque. Un certain parfum « d’American way of life » qui ne déplaisait pas…

Une Austin Metropolitan spéciale, « black and gold », a été offerte en cadeau de mariage à la Princesse Margaret en mai 1960. Voiture qui fut volée à Londre en février 1961, au moment même où la production Austin prenait fin.

Sympathique et économique

La Metropolitan est une petite auto moderne et attachante, avec une bonne tenue de route due à ses suspensions élaborées. Il est certain que les roues directrices carénées ne permettent pas d’offrir une bonne maniabilité en ville, la faute à un rayon de braquage excessif.

Sans être un foudre de guerre, le 1500 emmène l’auto à près de 130 km/h, et en moyenne, la consommation d’essence tourne autour de 6 litres aux 100. Question accélérations, elle pulvérise la Cox, en atteignant les 100 km/h (60 mph plus exactement) en moins de 23 secondes quand l’allemande en nécessite presque 40 !

Durant sa carrière, les atouts de cette voiture ont su séduire, preuve en sont certains de ses propriétaires. Paul Newman, notamment, fait partie des célébrités qui ont possédé une Metropolitan. Tout comme Steve Jobs, Elvis Presley, Bridget Fonda et bien d’autres moins célèbres aujourd’hui. Mais les compactes des « Big Threes » (souvent à 4 places) ont eu raison de la Metropolitan, certes économique, mais finalement trop chère sur ce marché très concurrentiel.

En voiture à bord de la Metropolitan !

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

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