L’Humeur d’Hugo : Jeunes, achetez des avant-guerre !

Publié le par Benjamin

L’Humeur d’Hugo : Jeunes, achetez des avant-guerre !
Hugo Baldy 1-

Hugo Baldy est depuis des années (toujours en fait) plongé dans la voiture ancienne. Après des années au sein d’une célèbre maison d’édition, il est spécialiste des véhicules de collection chez Aguttes. Il nous livre son billet d’humeur une fois par mois.

Je suis « bien né » ! J’ai en effet la chance d’avoir pu rouler avec les autos de mes parents bien avant l’âge légal d’obtention du permis de conduire. Et en particulier avec des avant-guerre, parfois poussives, souvent sportives.

Aujourd’hui, je croise quelques jeunes en avant-guerre, mais pas assez. Il y a bien Baptiste qui roule avec la Bugatti familiale, Félix qui a également la chance de jouir d’un magnifique cyclecar ou d’avaler les kilomètres au volant d’une Auton tourer des années 1920, ou encore Clément, grand manitou Motobloc qui a remis en circulation une rare survivante de la marque bordelaise…

Mais nous ne sommes pas assez ! Car oui, du haut de mes 35 ans à peine révolus, je pense encore appartenir à la catégorie des « jeunes », et je vais donc donner un conseil à mes semblables : achetez des avant-guerre !

Nous sommes dans une période où, il faut bien le dire, le marché des avant-guerre est plutôt calme, voir morose, pour ne pas dire en déclin, et au moins une fois par an, on découvre une collection de belles endormies aux enchères. Et bien foncez, faites-vous plaisir et achetez donc ce tas de rouille, de bois, de cuir et de caoutchouc qui n’attend que vous pour quelques centaines ou quelques milliers d’euros. Les caisses carrées et autres torpédos qui étaient à la mode hier n’ont plus le vent en poupe ; pas de chance pour les vendeurs, une aubaine pour nous. Pour les cyclecars et les autos de sport ou de course, il faudra encore attendre un peu…

Ne vous précipitez pas vers une auto prête à rouler, c’est trop simple et sans saveur, ni forcément vers une populaire. Privilégiez les autos à restaurer ou à redémarrer, et les marques disparues ou inconnues.

La France, n’a jamais eu autant de constructeurs automobiles que dans les années 1920, et le Georgano (du nom de son auteur, dictionnaire des marques automobiles) en témoigne avec des centaines et des centaines de marques, aux noms parfois imprononçables, parfois poétiques, ou acronymes géniaux (SARA par exemple, pour Société des Automobiles à Refroidissement par Air). A cette période-là, ne soyons pas chauvins, la France avait d’incroyables talents et une certaine longueur d’avance, et vous découvrirez des engins très modernes, souvent en avance sur leur temps.

Il faudra ensuite « mettre les mains dedans ». Ne cherchez pas la revue technique sur Internet, vous ne la trouverez pas. Mais le bon sens – et un peu d’entraide – vous permettra de démonter, nettoyer, refaire et remonter chacune des pièces tel un jeu de Meccano basique. Pas d’électronique, pas de capteur improbable, pas de fuite d’hydraulique (vive les embrayages mécaniques et les freins à câbles) : si ce n’est pas trop usé et que vous n’avez pas deux mains gauches, aucune panne ne vous résistera…

Alors oui, il faudra investir un peu sur la boiserie, la tôlerie, le régule de la ligne d’arbre ou les pneumatiques (pas d’inquiétude, toutes les tailles sont disponibles chez 3 ou 4 marchands bien connus), mais bien moins que pour restaurer un youngtimer dont la cote s’envole et pour laquelle le coût de la moindre pièce NOS (new old stock) semble calqué sur le cours mondial des céréales.

Une fois l’immense satisfaction d’avoir redonné vie, de vos mains, à la façon d’un artisan, à l’engin tant convoité, place au plaisir d’en découvrir l’utilisation. Oubliez tout ce que vous savez de la conduite, laissez vos réflexes au placard, et partez du principe qu’une avant-guerre ne freine pas, n’a pas de puissance, et que sa direction est floue. Vous n’en serez que plus épaté pars ses capacités et ses performances ! Et, après à peine 100m parcourus, vous vous demanderez pourquoi vous n’avez pas franchi le cap avant. Petite ou moyenne cylindrée, caisse ouverte ou fermée : il est grand temps de redécouvrir les avant-guerre et le plaisir simple de leur conduite !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Robert-Louis BREZOUT-FERNANDEZ Responsable des Concours d'Etat et de Restauration Automobile de la FFVE

    Dans le « caillé », j’aime bien le « petit lait ». Ça tombe bien je viens d’en boire tout mon saoul.
    Merci M. Baldy. Mes premières voitures dataient de la fin des années 30′, et j’en ai gardé un souvenir amoureux : mais là où je m’inscrit en faux c’est qu’une voiture ancienne bien reconditionnée ça freine, la direction est précise, pas un vent-coulis à l’intérieur (et un 128 km/h chronométré pour ma Packard 120 B Formal Sedan de 1936, sur le circuit de Reins Tinqueux). Alors, les plus jeunes, venez vers les avant guerre (pas celle du Golf) histoire de vous faire des souvenirs inoubliables !

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 11 h 36 min

  2. Passion Darmont

    Si vous hésitiez, il ne faut plus ! Merci Hugo pour ce partage plein d’entrain !

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 12 h 15 min

  3. Antoine Lannoo

    C est une grosse reflexion de mon côté depuis quelques temps….

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 12 h 36 min

  4. PE

    Il a du être journaliste ce garçon dans une autre vie ;-). Bon point sur toute la ligne, les fondamentaux et le plaisir sont omniprésents dans l’avant guerre. Le saut est une expérience enrichissante mêlant les savoir faire artisanaux et une sensation dans le roulage enthousiasmante, toutes les autres voitures vous paraissent être des véhicules d’occasion.

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 12 h 41 min

  5. Didier Mahistre

    Eh Hugo, un cyclcecar ce n’est pas une voiture automobile mais une motocyclette, c’est pas la culture qui t’étouffes MDR

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 18 h 05 min

    1. Antoine Lannoo

      Didier, quand on cherche à donner une leçon de culture, même avec un « MDR » pour se donner bonne conscience malgré un ton peu avenant, le minimum est d’être intouchable sur l’orthographe (« étouffe » ne prenant pas de « s » dans ce contexte) ainsi que sur la leçon en elle même, le cyclecar faisant partie des voiturettes….

      Répondre · · 10 décembre 2022 à 22 h 28 min

  6. Jany Coeur

    Bien vu j’attends la suite !

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 18 h 59 min

  7. Jacques

    Que le ciel t’entende Hugo ! mais j’ai bien peur que la tendance actuelle ne te donne pas raison, à commencer par tous les médias et surtout les revues qui ne montrent plus que majoritairement des « yougtimeurs » donc les avant-guerre et autres ancêtres sont vouées à l’oubli ou à trainer dans les musées. Il ne restera plus que quelques VRAIS amateurs de véhicules anciens qui les aiment pour ce qu’ils sont et non pour l’image que leur véhicule donne d’eux ou pour le prix qu’ils peuvent en retirer… C’est peut-être le point de vue d’un « vieux » mais c’est le mien.

    Répondre · · 12 décembre 2022 à 9 h 10 min

  8. Julien A

    Etant aussi propriétaire d’avant guerre de moins de 40 ans, je ne peux qu’encourager d’autres jeunes à s’essayer à ces voitures à sensations (il n’y a pas que dans les GTI ou les grosses sportives qu’on peut avoir des sensations).
    Les avant-guerres sont devenues plus abordables mais il ne faut pas tomber dans une espèce de « Vintage Mecanic » mania : une ligne d’arbre chez un professionnel sérieux coute 2 500€, des phares d’origine pour Citroen 5CV s’échangent à 400€ la paire quand on en trouve. Privilégiez donc un exemplaire bien restauré quitte à faire quelques petites choses par vous-même. Pour le reste, n’ayez pas peur de mettre les mains dans le cambouis car de nombreuses pannes peuvent se solutionner sur le bas-côté sans un grand nombre d’outils.

    Répondre · · 12 décembre 2022 à 14 h 53 min

  9. Xavier S.

    Complètement en phase, roulez en avant-guerre ! C’est une autre vision de l’automobile, de la mécanique et beaucoup de plaisir ! Merci Hugo, je pensais que nous étions trop « rares » dans les « jeunes » a aimer ca !

    Répondre · · 15 décembre 2022 à 10 h 13 min

  10. Claude

    Merci pour cet article. Une avant-guerre devrait être le Graal de tout collectionneur. Négocier un rond-point avec une 5HP citroën ou une Ford T à fond ( 50 km/h) est une expérience qu’il faut connaitre absolument.

    Répondre · · 15 décembre 2022 à 12 h 11 min

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