[Lexique de la voiture ancienne] #16 l’Overdrive

Son nom est anglais et il est vrai que la plupart des autos ayant proposé un overdrive sont anglaises. Mais elles ne sont pas les seules puisque de nombreux constructeurs ont compris l’utilité du système pour leurs autos. Tombé en désuétude dans les années 70, l’Overdrive est bien plus qu’un gadget de voiture ancienne.

Le contexte

Nous sommes à la fin des années 50 et les autos commencent à repartir de l’avant en introduisant de nombreuses innovations techniques. Mais certaines fois, cela coûte cher. Et c’est là que débarque l’Overdrive. Ce système créé par Laycock-De Normanville a eu du succès simplement parce qu’il était ingénieux, utile, peu cher… et qu’il rendait de fiers services.

Le but de l’Overdrive était en fait tout simple : proposer une transmission surmultipliée. Au moment de son introduction, la plupart des boîtes à 3 ou 4 rapports proposaient un dernier rapport en prise directe. Si c’est une solution simple, elle a l’inconvénient d’être ultime, ne pouvant être améliorée qu’en changeant les rapports de boîte. Avec l’ajout d’un overdrive, puisque c’est un système qui venait s’ajouter à la boîte déjà montée « de base » sur l’auto, on pouvait descendre sous le rapport 1 pour 1 et ainsi aller plus vite sur le même rapport ou, à l’inverse, faire descendre le moteur en régime.

Comment marche l’overdrive ?

On nous l’a demandé, on s’exécute ! L’overdrive est en fait une seconde boîte de vitesse qui vient s’ajouter à la première, se montant généralement en bout de celle-ci.

Il utilise un train épicycloïdal avec le planétaire (A), les satellites (B) et un porte-satellite qui est en fait une couronne dentée. Il fonctionne avec un actionneur électrique qui va venir immobiliser le planétaire avec un embrayage solidaire du planétaire (l’arbre qui sort de la boîte en temps normal). Celui-ci étant bloqué, ce sont les satellites qui vont transmettre le couple et faire tourner la couronne. Le rapport entre les dents des différents éléments donne le rapport de transmission.

Un besoin ponctuel, une utilisation pas seulement britannique

Le besoin de l’overdrive s’est fait sentir quand les anglais ont commencé à « s’armer ». Les petits roadsters étaient prisés, en particulier par les militaires américains revenant d’Europe. Seulement, si leurs mécaniques évoluaient dans le bon sens en proposant des puissances de plus en plus conséquentes, le développement n’en allait pas de même avec les boîtes de vitesse, clairement à la traîne avec leurs 3 ou 4 rapport et leur prise directe.

Ce n’est pas forcément un gros souci quand on roule à bon rythme sur de petites routes. Mais quand on pousse les rapports sur de grands axes, en restant longtemps haut dans les tours, ce n’est pas idéal. L’ajout de l’overdrive permet donc de filer sur ces grands axes tout en réduisant les tours pris par le moteur. Du coup, celui-ci est moins sollicité, mais le conducteur y gagne deux fois : en roulant car le volume sonore descend (et vu que ces roadsters sont déjà bien bruyants c’est un vrai plus) et puis cela permet aussi de gagner un peu en consommation !

Les modèles varieront selon les utilisations. On pourra ainsi enclencher l’overdrive seulement sur le rapport supérieur (le 4e rapport la plupart du temps) ou, dans certains cas, dès le troisième rapport enclenché.

Au registre des inconvénients on retrouvait le manque de reprise entraîné par un rapport surmultiplié, parfois résolu par les constructeurs et permettant de créer un vrai-faux kickdown quand on enfonçait l’accélérateur ce qui désenclenchait l’overdrive mais aussi une ergonomie perfectible puisque l’interrupteur permettant d’enclencher le système n’était pas toujours idéalement placé. Il faut quand même dire que ça a été partiellement résolu dans les années 60 et 70 quand c’est directement sur le levier de vitesse qu’a été installé l’interrupteur.

Concernant les applications, si on pense directement aux voitures anglaises, l’overdrive a finalement été monté sur des autos variées. Ainsi, Volvo en a été très friand au point que près d’un tiers des overdrives ont été montés sur des Suédoises !

Côté américaines, même si les automatiques étaient reines, certaines autos s’en dotaient, à l’instar des Ford Thunderbird. En France, on en a retrouvé sur des Simca Vedette (le Rushmatic) ou sur les Facel Vega équipées des boîtes manuelles Pont à Mousson.

On notera d’ailleurs d’autres applications, même chez… Ferrari ! Ainsi la 250 GT 2+2 pouvait recevoir un overdrive. Il est vrai que le manque de dynamisme du système était contrebalancé par le fait que l’auto était plus prévue pour l’agrément que pour le grand sport.

L’overdrive a « sauvé » bien des autos. Mais le développement technique va finir par prendre le dessus. Les constructeurs vont ainsi développer des boîtes 5 qui vont rendre l’utilisation des overdrives inutiles au cours des années 70.