Les Lotus Europe et Europa, Lotus-Renault acte 1

Publié le par Benjamin

Les Lotus Europe et Europa, Lotus-Renault acte 1

Alpine et Lotus s’allieront prochainement sur le secteur du coupé électrisé. Pendant des années les deux constructeurs furent pourtant concurrents. Une anglaise partageait même sa mécanique avec la berlinette, c’est la Lotus Europe.

Quand Ford se détourne de Lotus… tout n’est pas perdu

En 1963 Lotus est consulté par Ford pour créer ce qui va devenir la GT40. Le constructeur à l’ovale n’a pas la connaissance des voitures de course qu’a acquise la firme de Colin Chapman qui brille en endurance avec ses autos légères et qui vient de terminer trois fois deuxième au championnat (le titre sera pour la fin de cette même année).

La firme de Hethel prépare donc un châssis à moteur central et carrosserie en fibre. Le châssis poutre ressemble à celui d’une Elite, mais inversé puisque le moteur sera monté en position centrale arrière. Les trains roulants sont directement dérivés de ceux proposés sur les autos de compétition de la marque. Enfin la carrosserie est une création commune de Chapman et Frayling.

Etude Lotus Ford- Lotus Europe

Mais finalement, on le sait, c’est Lola qui sera retenue en dérivant sa Mk6 (qui a aussi été dessinée par Frayling). Outre le fait que la Lola embarquait déjà le moteur V8 Ford, et malgré le fait que les deux marques collaborent déjà sur les Cortina et sur la motorisation des petites autos de la marque, la proposition de Lotus déplait à Ford sur deux points : le prix, jugé trop élevé et le fait que Chapaman voulut faire nommer la voiture Lotus-Ford.

Une fois le refus acté… tout n’est pas perdu pour autant. Lotus a une bonne base de travail et on décide que cette auto sera une sportive routière, la première de la marque à moteur central.

La Lotus Europe S1 débarque

Le 20 Décembre 1966 la Lotus Europe est présentée à la presse, elle rejoindra les marchés continentaux (elle n’est pour le moment pas vendue en Grande-Bretagne) à partir de Février 1967.

Sa définition est celle d’une sportive. Outre les solutions retenues de la voiture de course, on reconnaît la patte Lotus sur bien des points.

Ainsi la carrosserie participe à la structure de l’auto. Le châssis est noyé dans la résine. Les sièges sont d’ailleurs moulés dans cette carrosserie, c’est le pédalier et le volant qu’il faudra ajuster ! Pour limiter le poids on a fait des choix plus drastique comme les vitres qui sont fixes. Par contre le dessin est soigné. Qu’on aime ou pas la ligne, on ne peut que louer sa finesse et son Cx de 0,29.

Concernant le moteur, pas de Ford au programme ! La Lotus Europe est européenne avant l’heure (le Royaume-Uni n’a pas encore rejoint la CEE) en adoptant un moteur et une boîte française. Le moteur est un Cléon Alu, emprunté à la Renault 16 TL ! Sa cylindrée de 1470 cm³ est conservée, par contre les techniciens de Lotus, en plus de l’inverser pour qu’il convienne à une propulsion, le dopent. Il atteint désormais 82 ch !

En parallèle de cette première Lotus Europe Type 46, on présente une version de compétition, c’est la Type 47. Là le moteur et bien un Ford Twin-Cam revu par Cosworth qui sort 165 ch ! Autre changement, elle reçoit 4 freins à disques, au lieu des 2 placés à l’avant de la version routière. Cette auto va se produire en petite quantité mais se révéler diablement efficace !

Dès Octobre 1967 on doit cependant revoir certains points sur l’auto, suite aux retours des premiers clients. C’est la Type 46 S1A avec ses vitres démontables, mais déflecteurs fixes et son tableau de bord en bois. Les capots sont désormais montés sur charnières. Viendra ensuite la S1B qui modifie les feux et la jupe arrière.

Mais un des principaux problèmes n’est pas résolut par ces nouvelles versions. Le châssis noyé dans la carrossier rend le tout presque inréparable en cas de choc. Lotus doit revoir sa copie.

La Lotus Europe S2 débarque

En Avril 1968, après 644 voitures, Lotus présente la nouvelle mouture de son auto. Cette Type 54 est beaucoup plus accueillante et pratique.

Ainsi on retrouve des vitres coulissantes, des sièges réglables et surtout une carrosserie boulonnée et non plus collée. La planche de bord est redessinée et les options sont nombreuses : vitres électriques, assistance de freinage, radio, pare-brise teinté. Le poids a grimpé, il est passé de 610 à 710 kilos !

Quelques semaines plus tard, la voilà disponible sur le marché anglais. Simplement elle ne s’y appelle pas Lotus Europe mais Europa.

En parallèle on a développé une Lotus Europe S2 spéciale, la « Fédérale » de Type 65. Pour être précis, son appellation est Europa. Cette auto est spécifiquement prévue pour le marché américain. Premier changement : pour que les feux soient à une hauteur réglementaire, les ailes sont modifiées. En plus les suspensions sont adaptées et sont plus hautes. On ajoute également de petits clignotants entre les phares ou un deuxième balai d’essuie-glace.

Autre changement, le moteur de la R16 doit être dépollué. Suffisamment pour qu’il perde de sa puissance. Pour contourner le problème, on remplace le moteur de la TL par celui de la TS et ses 1565 cm³. Au final, la puissance est identique.

Finalement ces modifications vont devenir la norme des S2, versions européennes comprises.

Cette Lotus Europe S2 va connaître un joli succès puisqu’en 1971, quand elle laisse sa place, ce sont 4293 exemplaires qui ont été produits.

La Lotus Europa Twin Cam

En 1971 arrive donc la nouvelle auto. D’ailleurs ce n’est plus une Lotus Europe. Quel que soit le pays de vente, y compris s’il est francophone, Europe laisse sa place à Europa.

Le principal changement est politique : le moteur. D’un côté la Lotus manque de noblesse avec une mécanique Renault. Mais surtout, elle commence à être dangereuse pour… les Berlinettes ! On y revient. Il semblerait que Rédélé n’apprécie guère que son partenaire, et désormais propriétaire, fournisse ses mécaniques à ses concurrents.

Quoi qu’il en soit la Lotus Europa Type 74 qui débarque en 1971 abandonne le moteur Renault. C’est le moteur « Lotus-Ford » qui se retrouve sous le capot, le même qui équipe les Elan Sprint. Avec 1558 cm³ la cylindrée est proche. Mais ce Twin-Cam développe 105 ch dans cette version civile. Les versions Fédéral reçoivent des carbus Zenith-Stromberg en lieu et place des Dellorto double corps. Les performances sont en hausse, les 200 km/h sont presque atteints.

Quelques autres améliorations sont apportées à l’auto, notamment dans le but d’améliorer la rigidité. La carrosserie est montée légèrement plus haute et le châssis lui-même est plus long. On la reconnait à sa carrosserie découpée autour du capot moteur afin de permettre une meilleure visibilité vers l’arrière et à son spoiler à l’avant.

En Septembre 1972 on va présenter l’ultime auto de la lignée. C’est la Lotus Europa Special. Le but est de célébrer le 5e titre de champion du monde des constructeurs de Lotus en F1. La filiation est visuelle : l’auto est peinte avec les couleurs de JPS, sponsor emblématique du Team Lotus. L’autre changement c’est l’utilisation d’une version à soupapes plus grosses du Twin-Cam qui fait passer la puissance à 126 ch tandis qu’une boîte 5 (d’origine… Renault !) peut être montée en option. 100 exemplaires sont fabriqués.

Cette année là marque d’ailleurs l’année la plus prolifique pour la Lotus avec 1782 exemplaires produits. Le changement de moteur paie !

L’auto ne sera plus améliorée et la dernière Twin-Cam sort en 1975.

Au final, Lotus Europe et Europa confondues, ce sont 9887 autos qui ont été fabriquées sur 9 années.

Les Lotus Europe et Europa de nos jours

Décalées, faut quand même aimer cette ligne si particulière, rares, les Lotus Europe sont bien moins visibles que les Elan, qui n’ont pas été beaucoup plus produites.

Étonnamment c’est la routière la plus rare qui est la plus chère. La Type 46 et sont châssis collé se trouve entre 16 et 25.000 €, pour une auto en très bon état. Les Lotus Europe S2 Type 54 grimpent au dessus des 20.000 € et les plus belles se négocient pour environ 30.000 €. Les versions Federal sont au même prix.

Ensuite les Twin-Cam sont moins chères, plus répandues, avec des prix compris entre 17 et 25.000 €. Les versions Special, si on en trouve, peuvent dépasser les 30.000 €.

Évidemment les plus chères sont les Type 47, les versions de compétition qui sont très rares. Les plus belles autos débutent à 45.000 € et le top est au dessus des 60.000 € !

Du coup… c’est une option à considérer ! Le châssis et le comportement de ces autos a toujours été loué. Et vous serez original comme ça !

Photos complémentaires : Lotus Cars, Autodrome Paris, Bonhams, Mecanic Gallery

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Plas

    Superbe auto qui m’a longtemps fait rêver.
    J’ai eu la chance de m’asseoir récemment dans une Europa, j’aurais dû dire me coucher, car on conduit quasiment couché dans cette voiture.
    Le défi est de « descendre » de ce bolide. Réservé aux jeunes.

    Répondre · · 30 mai 2021 à 16 h 17 min

  2. Trinquet

    Possesseur depuis 12 ans d’une S1B ce n’est que du plaisir tant pour les yeux que pour le pilotage.

    Répondre · · 27 janvier 2022 à 17 h 31 min

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