La Peugeot 505 : la dernière berline allemande à la française

Publié le par Valentine

La Peugeot 505 : la dernière berline allemande à la française

Souvent oubliée et mise de côté en comparaison avec sa grande soeur la Peugeot 504, la Peugeot 505 a pourtant de bons arguments. Si son look ne fait pas l’unanimité, elle n’a rien à envier aux berlines allemandes des années 80. On revient pour vous sur l’histoire de cette berline familiale.

Une berline pour la classe moyenne

Dans les années 70, Peugeot rachète Citroën et forme le groupe PSA. En 1978, Simca aussi est acquis par Peugeot et les modèles de la marques seront commercialisés sous le nouveau nom de Talbot. Le tout nouveau groupe PSA sort donc de plusieurs années de grosses dépenses, et la gamme Peugeot se démode et n’attire plus la clientèle.

Après 11 ans de bons et loyaux services, la Peugeot 504 doit laisser la place à la descendance pour se renouveler. Devenue une référence sur le marché automobile français, la 504 avait bel et bien conquis le public. Pour prendre le relai, et dans la logique des numérotations Peugeot, c’est à la 505 d’entrer sur scène.

Le but de la marque sochalienne avec cette Peugeot 505, c’est de commercialiser une berline tricorps destinée à la classe moyenne. C’est une auto à l’apparence simple, elle est spacieuse et garde tout de même des performances notables. Son empattement était de 2.74 mètres et son châssis misait sur le confort, ce qui lui donnait le rôle d’une voiture de tourisme longue distance.

La Peugeot 505, c’est aussi la fin d’une ère. Elle est la dernière Peugeot a adopter l’architecture moteur avant et propulsion. Cet héritage issu de la Peugeot 203, repris sur les 403, 404 et enfin sur la 504 se clôt avec la 505. Finalement, on comprend vite en étudiant la recette que le but de Peugeot avec cette auto, c’est de rivaliser avec les berlines allemandes de BMW ou Mercedes.

Une 504 recyclée ?

Lorsqu’il faut sortir la 505, les usines de Sochaux font simple, ou presque. La plateforme de la 504 est conservée pour donner naissance à la 505. Si elle est construite dans la continuité de son aïeule et qu’elle lui ressemble beaucoup, la 505 bénéficiera tout de même d’une carrosserie entièrement revue. Quand on s’y intéresse un peu mieux, on se rend compte qu’elle ne ressemble à une 504 que pour un myope qui a perdu ses lunettes.

Nouveaux numéro, nouvelle robe. Comme pour les précédentes, les 305 et 504, c’est à Pininfarina que Peugeot confie la ligne de la 505. D’ailleurs, certains détails du design sont empruntés à la 305, comme les panneaux latéraux coupés par une nervure. On retrouvera aussi une moulure creuse allant du phare avant jusqu’au coffre, qui accentue le côté anguleux de l’auto. Elle reprend également les poignées de porte de la 305.

Une 305 et une 505 pour la comparaison :

La Peugeot 505 reprendra aussi une version restylée de la calandre et des phares inclinés de la 504. Le regard de Sofia Lauren, comme l’appelait Pininfarina lui-même, est donc plus « agressif » que celui de sa devancière. Par rapport à cette dernière, la 505 est plus anguleuse et les lignes sont très sobres. Trop sobre ? Lors de sa sortie, la 505 fut critiqué pour cette raison puisque la berline était considérée comme trop classique.

Si je vous décrit une berline aux lignes carrées, destinée à la classe moyenne et quelque peu pionnière dans la catégorie vous pensez à ? La BMW Série 5 E12 évidemment. Son habitacle a été dessiné par un certain Paul Bracq, exactement comme notre Peugeot 505 ! Ce dernier sera réimaginé en 1985 lorsque la 505 est amélioré. Il sera alors plus moderne et plus massif.

Sous le capot, Peugeot ne se renouvelle pas beaucoup. On comprend bien pourquoi quand on connait la robustesse des moteurs de la 504. Sa petite soeur la 505 reprendra donc ses motorisations, sur les premières versions du moins.

L’évolution de la Peugeot 505

La Peugeot 505 est lancée pour la toute première fois en 1979. La gamme démarre avec les versions 505 GR et SR qui auront chacune trois motorisations disponibles : GR, TI et GRD et SR, STI et SRD. Peugeot mise alors beaucoup sur les éléments de sécurité, et entrée de gamme ne signifie par forcément bas de gamme.

Les moteurs carbu seront repris sur les bases des moteurs déjà présents dans la Peugeot 504. A contrario, les moteurs injection seront eux produits par la société Française de Mécanique à Douvrin, sauf pour la Turbo Injection, dont nous parlerons plus tard.

A l’étranger, en 1980, Peugeot vend 1200 505 Diesel à New-York et à Los Angeles pour en faire des taxis. Etonnant puisqu’à l’époque, les motorisations diesel étaient très rares sur les routes américaines.

D’ailleurs, la Peugeot 505 connait un certain succès sur le marché nord-américain puisque 20.000 exemplaires seront vendus jusqu’en 1984. Elle sera la première 4 cylindre turbo-diesel à être vendue aux Etats-Unis. Les ventes baissent considérablement après cette année là et Peugeot se retire finalement de ce marché en 1991. A noter que la 505 sera également vendue en Amérique du Sud, notamment au Chili et en Argentine, ainsi qu’en Afrique du Nord.

Peugeot 505 Taxi

C’est seulement trois ans après le lancement, en 1982 donc, que Peugeot lance la GL. Elle est une version simplifiée de la GR et représente la version économique de la gamme. Economique mais aussi sécuritaire et pensée pour les familles à plus petit budgets.

La même année, la 505 apparait aussi la seule autre carrosserie : la version break. Ce sera la seule autre version disponible de la 505. Cette version break a d’ailleurs existé en 4 roues motrices, elle était transformée par l’entreprise alsacienne 4X4 Dangel. Certaines d’entre elles ont tenté leur chance au Paris Dakar, mais une seule d’entre elle ne parviendra jusqu’à l’arrivée.

Oui, contrairement à la 504, la Peugeot 505 n’aura pas le droit aux versions coupés et cabriolet, qui resteront à l’état de prototypes ! Elles étaient d’ailleurs surtout destinées au marché US.

Un an après, la 505 GLD, en version diesel, fait son apparition. Cette dernière reçoit un nouveau moteur, un atmosphérique de 2.5L qui développe 76ch.

Arrivée de la Turbo-Injection : nouveau souffle

En 1983, Peugeot prépare aussi une version turbo-essence du moteur 4 cylindres 2.2 Simca-Chrysler à arbres à cames en tête, créé pour être greffé dans la Chrysler 160. C’est ainsi que nait la Peugeot 505 Turbo-Injection. La TI est considérée comme l’un des modèle les plus mythiques parmi les Peugeot 505. Uniquement disponible en berline en Europe, elle sera proposée en break sur le marché des Etats-Unis.

GTI : les lettres magiques

C’est en 1984 que la GTI fait son entrée dans la gamme. La Peugeot 505 ajoute encore une corde à son arc en ajoutant les lettres GTI à sa carrosserie. Très sobre esthétiquement, elle ne se démarque pas vraiment du reste de la gamme par rapport à sa petite soeur la 205 GTI. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la 505 GTI, qui sera la plus sportive de la gamme. Cette dernière ne fait « que » 130ch (on a vu que c’était déjà bien suffisant pour s’amuser).

1984 est aussi l’année d’une première évolution pour la Turbo Injection, cette dernière passe à 160ch grâce à un échangeur. Peugeot Talbot Sport commercialise dans la foulée un kit permettant de porter la puissance de 160 à 200ch sur cette nouvelle version.

Toutes les versions de la Peugeot 505 vont aussi avoir le droit à un restylage en 1985. Elles reçoivent notamment une toute nouvelle planche de bord, toujours signée par Paul Bracq. La calandre avant est légèrement redessinée et la 505 berline reçoit des feux arrières intégrés, un peu comme sur la 309.

En 1986, la TI connait une ultime amélioration et son moteur passe à 180ch.

1987 : Ajout de la du moteur V6 à la gamme 505

Si vous doutez encore du côté noble de la Peugeot 505, c’est sûrement parce que vous n’avez jamais croisé une 505 V6. C’est en 1987 que Sochaux entre encore un peu plus dans la cour des grands en proposant un tout nouveau moteur pour la berline. Un 2.8 PRV développant pas moins de 170ch est greffée dans la lionne La 505 V6 sera considérée comme un nouveau step, faisant du modèle une berline haut de gamme. Avec toutes ces versions, la 505 n’a vraiment plus rien à envier aux allemandes !

Si la Turbo Injection se voulait sportive, la V6 se veut luxueuse. D’ailleurs, elle disposait de l’ABS, des quatre vitres électriques et d’un toit ouvrant électrique. Plus tard, la V6 S, une version simplifiée et donc moins chère sera également commercialisée. L’arrivée de la Peugeot 605 en 1989 sonnera la fin de la 505 V6.

Peugeot 505 V6

La Peugeot 505 Production et superproduction

Les Peugeot 505 Production et Superproduction sont des versions qui s’éloignent grandement de la berline classe et familiale. Pour parler de cette 505 là, il faut un peu revenir en arrière, en 1976, pour être précis. Cette année là, la FFSA lance le Championnat de France de Production. Pour comprendre ce que cela pouvait être, on peut comparer ces courses à celle de DTM en Allemagne. Le pilote Jean-Pierre Beltoise, qui y participait lors des premières années en BMW, était un soutien particulier à l’existence de ce championnat.

Pour faire la promotion du championnat, Jean-Pierre Beltoise cherche à attirer les constructeurs français. C’est là que la 505 entre en jeu : il engage en 1980 une 505 préparée et allégée qui développait 188ch. Deux ans plus tard, il gagne avec cette même auto. L’année suivante, Peugeot sort la 505 Turbo, qui servira de base à la 505 Superproduction, une version encore améliorée et pas avec parcimonie : cette dernière développait 440 puis 550 chevaux ! Finalement, les 505 du Championnat de France de Production auront à leur palmarès 8 victoires.

Carrière

La Peugeot 505, bien qu’elle soit dans l’ombre de la 504, a obtenu au cours de sa carrière des résultats tout de même notables. En Europe, elle fut donc produite jusqu’en 1992 et au total Peugeot aura construit environ 1.4 million de 505.

En Amérique Latine, en Chine et en Egypte, la 505 sera produite un peu plus longtemps, jusqu’à la fin des années 90.

La Peugeot 505 marquera aussi la dernière série 5 avant un long moment, puisque la suivante ne sera présenté que pour la série des 08 : la Peugeot 508. Celle qui remplacera réellement la Peugeot 505 sera la 605.

La Peugeot 505 en collection

C’est là qu’on arrive à l’un des meilleurs arguments de la Peugeot 505 pour les collectionneurs : son prix ! Qui dit voiture laissée de côté dit prix abordable, et c’est le cas de la 505.

Si vous trouverez les plus petites motorisations pour des prix allant de 1500 à 3000 € selon l’état, il faudra plutôt se rapprocher des 6/7000 € pour une Turbo Injection ou une GTI. En tout cas, la Peugeot 505 se trouve en dessous des 10.000 € contrairement à beaucoup d’autres voitures anciennes actuellement. Une Turbo Injection dans un parfait état peu toutefois dépasser les 10.000€.

L’inconvénient des voitures plus boudées, c’est qu’il est plus difficile d’en trouver une en bon état. La plus compliquée à dénicher étant la version V6 qui est plus rare. Comme toute voitures anciennes, il vaut mieux trouver un exemplaire en bon état ce qui vous garantira une meilleure fiabilité dans le temps. Pour la version Turbo, il faudra éviter une auto qui a déjà été préparée.

Photos supplémentaires : Wheelsage

Valentine

Passionnée d'automobile depuis de nombreuses années, Valentine, étudiante en journalisme, rejoint l'équipe de News d'Anciennes en tant qu'apprentie. Les voitures anciennes, elle aime en parler, les prendre en photo mais surtout en prendre le volant !

Commentaires

  1. Patrick Morel

    LA PEUGEOT 505 : LA DERNIÈRE BERLINE ALLEMANDE À LA FRANÇAISE
    Publié le 23 février 2024 par Valentine
    Ne serait-ce pas plutôt :
    « La dernière berline française à l’allemande  » ?

    Répondre · · 24 février 2024 à 12 h 08 min

    1. Valentine

      Je pense que ça fonctionne dans les deux sens !

      Répondre · · 26 février 2024 à 15 h 58 min

  2. Lucas Rouer

    Très étrange que vous ne fassiez aucune mention du kit carrosserie Evolution dont est équipée la 505 sur la plupart des photos de cet article, alors qu’il n’est pas du tout standard, c’est un kit carrosserie vendu en seconde monte par Peugeot Allemagne et qui n’a jamais été commercialisé en France.

    Répondre · · 24 février 2024 à 20 h 42 min

  3. Vincent Meyer

    Article très intéressant et accompagné de belles photographies.
    Cependant, il ne contient aucune référence à la 604, et c’est bien dommage !

    Répondre · · 25 février 2024 à 4 h 40 min

    1. Robert

      Le problème c’est que la 604 n’est pas une référence…
      Elle n’a jamais trouvé son public.

      Répondre · · 2 mars 2024 à 17 h 23 min

  4. Buck

    J’ai 87 ans; je cherche un connaisseur d’automobile pour reprendre mon véhicule de Collection ( depuis 2009) : Peugeot 505 GRD avec BA de ZF. Sortie de Sochaux en automne 1979. Très peu utilisée, à ce jour 143 014 km. Bon à savoir: À la sortie d’usine= Traitement ANTIROUILLE du Châssis et des Corps Creux, attelage pour petite remorque 500 kg.

    Répondre · · 11 novembre 2024 à 17 h 58 min

    1. LAURENT

      Bonjour Buck, votre 505 GRD est elle toujours disponible ? Si oui pourriez vous m’envoyer quelques photos (intérieur et extérieur). C’est bien une première main avec environ 143 000 KM de 1979 ?
      Quel prix en souhaiteriez vous ? et dans quelle région êtes vous ? (moi en Bourgogne)
      Merci d’avance

      Répondre · · 17 avril 2025 à 14 h 42 min

  5. PION DIDIER

    bonjour je possède une 505 v 6 de 1988 33000 km origine je roule une fois semaine avec

    Répondre · · 17 mars 2025 à 13 h 50 min

  6. Fali

    Bonjour je cherche une 505 v6 . 06 76 20 93 65 merci cordialement

    Répondre · · 2 avril 2025 à 0 h 00 min

Répondre à MonblusAnnuler la réponse.

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