La Healey SR, dernière du nom à l’assaut des 24 Heures

Publié le par Benjamin

La Healey SR, dernière du nom à l’assaut des 24 Heures

Lors du Mans Classic 2018 (tous nos articles sont là) on a pu découvrir de belles auto méconnues ayant écrit la légende des 24h du Mans. Parmi celles-ci, une auto du plateau 5. Au premier passage, sans faire attention, on aurait pu croire à une Lola T70. Mais non, il s’agit d’une Healey SR et on vous raconte son histoire.

Healey n’est pas mort !

En 1968 la Donald Healey Motor Company n’est plus que l’ombre d’elle même. Austin-Healey est absorbé par la BMC et la coopération avec Jensen n’est pas encore lancée. La gamme se résume à une seule auto : la Sprite qui est en fin de vie.

Mais Healey veut se montrer en compétition. Une Sprite est préparée pour les 24h du Mans 1968 mais un second projet voit le jour.

Naissance de la Healey SR

L’idée d’engager un prototype est d’abord incarnée par un châssis de Sprite modifié et un moteur performant situé à l’avant. Finalement on s’oriente vers une auto plus ambitieuse avec moteur central.

La cellule centrale est faite de panneaux d’acier tandis que l’arrière reçoit également une structure tubulaire. À l’avant c’est la suspension à barres de torsion de la MG C qui fera office.
Les freins viennent de chez Girling, les instruments de chez Smith, le faisceau de chez Lucas et Dunlop fournit des roues en alliage et écrou central en plus des pneumatiques.

Le moteur est pioché chez BMC. Le conglomérat anglais vient d’absorber Coventry-Climax. Du coup ce sera un V8 de 2 litres, conçu pour la F1 et développant 240 ch qui sera installé à l’arrière. Il est accolé à une boîte 5 rapports Hewland DG300.

Pour ce qui est de la carrosserie, ce sera celle d’un coupé, en alu, avec comme particularité une ouverture des portes papillon.

Elle s’appellera Healey SR, pour Sub Rosa.

La Healey SR prend la piste

Les premiers essais réalisés en 1968 montrent de nombreux défauts. Notamment pour la fixation du moteur dont la plaque n’est pas adaptée à la Healey SR. L’auto pèse 720 kg, bien plus que la F1. Une fois ces défauts rectifiés, l’auto est présente aux 24h du Mans 1968.

Pilotée par Baker et Hedges elle signe le 37e temps des essais en 4:22.100… la meilleure auto de la catégorie, une Alfa Romeo 33/2 s’est classée 14e en 3:53.6…

La course ne va pas être brillante. La Healey SR sera contrainte à l’abandon après seulement 20 tours. Lors d’un arrêt aux stands, la voiture ne redémarre pas. Les vibration du moteur ont bloqué la boîte…

Back in 1969

Malgré l’échec de l’aventure en 1968, la Healey SR est de nouveau en piste pour l’année 1969. Malgré l’arrêt du support de BMC, le V8 Climax est toujours monté dans l’auto. Le seul véritable changement concerne le refroidissement puisque le radiateur passe de l’arrière à l’avant de la voiture.

Harris accroche une 16e place encourageante aux tests de fin Mars 1969.
Au mois de Juin il fait équipe avec Clive Baker. La 27e place en qualification en 4:13.700 montre une progression.

Malgré tout, le moteur vibre toujours. Et cette fois c’est son système de refroidissement qui en sera la victime. La voiture ne fera que 14 tours avant de renoncer…

La SR devient XR37

En 1970 la Healey SR doit courir au Mans. Mais il va falloir faire des changements. Déjà parce qu’une même configuration ne peut courir plus de deux éditions sans changements. De plus, les prototypes ouverts ont désormais les faveurs des règlements. La Healey SR devient donc XR37… par un décapsulage. L’idée n’est pas mauvaise, les vitres et le système des portes papillons représentent un poids non négligeable !

Mais après avoir eu deux fois des soucis avec le V8 Coventry-Climax, c’est surtout un moteur qu’on recherche chez Healey. Des connaissances chez Rover font qu’on s’oriente tout d’abord vers le V8 3.5 Rover. Seul problème, sa cylindrée ne convient pas au règlement Sport Prototype. Par contre, Repco en a dérivé un moteur rustique à un seul arbre à came central qui développe tout de même 320 ch dans sa version « endurance ». C’est ce moteur, utilisé par Brabham en F1, qui se logera sous le capot de XR37. Il sera alimenté par une injection Lucas.

Les 24h du Mans 1970

Enever et Hedges sont engagés sur l’auto qu’ils qualifient 33e en 4:06.000. En course la voiture va connaître un premier accrochage qui nécessitera de lourdes réparations. Ensuite c’est la pluie qui va s’inviter. Là, la XR37 va se révéler une très belle voiture. Malgré un arrêt pour remplacer plusieurs pièces de la boîte, à 15 minutes de la fin, la voiture est remontée à la 14e place ! Mais elle ne terminera pas, trahie par son injection. Ce sera la dernière apparition d’une auto aux 24h du Mans portant le nom de Healey.

La XR37 est devenue Healey SR2

Robert Harrison, un australien rachète l’auto fin 1970. Il veut courir au Mans mais son principal partenaire, la compagnie aérienne Qantas finit par se retirer du projet. L’auto est néanmoins envoyée en Australie.

La voiture restera longtemps en configuration ouverte. Finalement elle va devenir la Healey SR2. La différence c’est qu’on va monter dans l’auto le V8 Rover qu’elle convoitait ! Elle retrouve au niveau de la carrosserie et du châssis sa configuration de 1968.

Revendue plus tard en Europe, c’est avec le V8 Coventry-Climax qu’elle sort désormais. Elle ne serait pas eligible au Mans Classic avec le V8 Rover.

Photos : News d’Anciennes, Healey Museum, Pinterest.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.