Histoire de Carrossiers, ép. 31 : Bertone, 1ere partie la montée en puissance de l’avant-guerre

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 31 : Bertone, 1ere partie la montée en puissance de l’avant-guerre

Ce mois-ci notre historique des grands carrossiers italiens s’attaque à un gros, un très gros acteur du secteur. C’est de la Carrozzeria Bertone dont il s’agit, une société plus que centenaire. Justement, la première partie de son histoire, qui se déroule avant-guerre, est certainement la plus méconnue. C’est elle qui nous intéresse.

Du charronnage à la carrosserie

C’est à Mondovi que Giovanni Bertone voit le jour en 1884. Sixième fils (sur sept) d’une famille d’agriculteur du Piémont, il ne peut évidemment pas prétendre à la reprise de l’exploitation familiale. Cependant il trouve une voie pas si éloignée puisqu’il commence sa vie professionnelle en tant que charron. C’est dans une entreprise de fabrication et de réparation de charrettes hippomobiles qu’il se construit.

En 1907, il se rapproche de l’automobile, même s’il en reste loin. Il rejoint la firme Diatto à Turin. Celle-ci est connu des amateurs de voitures anciennes pour ses autos justement, mais Giovanni y travaille sur une autre activité : toujours la construction de chariots et charrettes. Créatif, il décide de sauter le pas.

En 1912 il fond son propre atelier, Corsa Peschiera, toujours à Turin. Il emploie vite trois personnes pour créer de belles calèches et autres carrosses. L’activité est bonne, ses réalisations sont saluées. Néanmoins les temps sont troubles. En 1915, l’Italie bascule dans la première guerre mondiale. Les trois employés de Giovanni Bertone sont mobilisés et l’activité s’arrête en pleine gloire.

Ce premier succès le motive mais il doit attendre 1920 pour relancer son activité. Cette fois il s’installe un peu plus loin, Via Monginevro, toujours à Turin qui reste l’incontournable cœur industriel de l’Italie. Les véhicules hippomobiles sont toujours au cœur de l’activité qui occupe cette fois une vingtaine de salariés. Pourtant, ça va vite changer !

En 1921 arrive le premier contrat automobile avec la Società Piemontese Automobili, ou SPA. C’est une 23S de la marque qui sera la première réalisation automobile de la société Bertone.

SPA 23S Torpedo par Bertone copie- Bertone

La qualité de la réalisation et le design lui-même lui permettent de marquer des points et de se faire remarquer par le géant Fiat. Dès l’année suivante l’atelier est missionné pour réaliser une voiture de course : la Fiat 501 Sport Siluro Corsa. Se liant d’amitié avec Vincenzo Lancia, il se retrouve à beaucoup travailler pour ce dernier, réalisant notamment des petites séries sous-traitées dans ses ateliers. Mais ses clients sont variés, de Fiat à Aurea en passant par une vieille connaissance : Diatto. Les autos sont autant des voitures de course, de sport, que de grandes berlines luxueuses.

En 1928, c’est Bertone qui conçoit la Lancia Lambda Serie VIII. En 1932 il s’attaque à la Lancia Artena. Le style s’affine mais ce n’est qu’un début.

« Nuccio » Bertone fait son entrée

En 1933, le fils de Giovanni Bertone, Giuseppe, surnommé Nuccio, intègre la société. Il a 19 ans et il est passionné par l’automobile. Il est ainsi pilote à ses heures mais travaille aussi à la conception des carrosseries.

La période est morose au niveau économique. La bonne gestion permet cependant à l’atelier de continuer à prospérer, notamment en carrossant de nombreux utilitaires, à tel point que l’entreprise doit déménager, intégrant de nouveaux locaux Corso Peschiera où travaillent 50 personnes !

Les belles automobiles ne sont pas oubliées. En 1932 il a créé le concept d’un toit ouvrant en toile sur une berline Fiat Ardita et le décline ensuite sur une Lancia Astura. En 1934 il propose un style bien plus moderne sur une base de Fiat 527S Ardita, une réalisation unique qui attire les projecteurs sur ses réalisations.

Les formes s’arrondissent. Les créations de Bertone sont aérodynamiques et rappellent un peu ce qu’on peut trouver de l’autre côté de l’Atlantique. Les Fiat 1500 Berlina et Cabriolet Aerodinamica peuvent faire penser au style « Streamline » initié par la Chrysler Airflow ou les Peugeot 02.

La fin de la décennie est toujours occupée par des Fiat et des Lancia, petites ou grandes, caractérisées par des calandres en pointe et des capots longs.

La seconde guerre mondiale oblige encore Bertone a faire preuve d’ingéniosité dans sa gestion. Les commandes sont plutôt militaires, notamment avec des ambulances sur base de Lancia Artena. Pour autant, quelques modèles d’automobiles de luxe, destinées aux dignitaire, arrivent toujours Corso Peschiera.

La suite, le mois prochain !

Lancia Artena Ambulance pendant la guerre- Bertone

Quelques réalisations de Bertone avant guerre

Après la SPA, voici la deuxième réalisation automobile de l’atelier. Une voiture de course, dont les formes sont adoucies, sur une base de Fiat 501 : c’est la Sport Siluro Corsa.

Fiat 501 Sport Siluro Corsa- Bertone

La même année, voici une grosse automobile, plus luxueuse. C’est une Lancia Trikappa qui montre bien le style des réalisations d’alors.

Lancia Trikappa Bertone- Bertone

En 1924 Bertone réalise une série de Torpédo sur base de Fiat 519S, le châssis court destiné au sport. Une seule existe toujours : celle-ci !

Il n’y a pas que Fiat et Lancia dans la vie. Cette Ansaldo 6BS est crée en 1928. Elle remporte le Concorso d’Eleganza de Cortina d’Ampezzo la même année.

Ansaldo 6BS par Bertone copie- Bertone

En 1932, le style est toujours très carré mais s’affine. Un bon exemple avec cette Lancia Artena, un modèle qui sera souvent carrossé par Bertone.

Lanciar Artena par Bertone 1932- Bertone

C’est en 1933 que Bertone crée cette Fiat Ardita. Si elle inaugure le toit en toile des futures Superluminosa, elle se démarque surtout par la partie vitrée qui lui vaut le nom de Panoramica.

Fiat Ardita Panoramica- Bertone

En 1934 c’est donc une grosse évolution stylistique qui arrive avec la Fiat 527 Ardita 2500 Superaerodinamica 900. Cette auto unique est très moderne dans sa définition.

La ligne Aerodinamica est lancée en 1935 avec une petite série de Fiat 1500 Berlina, complétée l’année suivante par des cabriolets. Les formes sont donc épurées et s’inspire du mouvement Streamline alors très en vogue.

Juste avant la guerre, les formes s’américanisent. C’est particulièrement remarqué sur cette Lancia Aprilia Cabriolet (à gauche), une voiture unique de 1938. La même forme sera utilisée en 1939 sur une Fiat 1500 (à droite) primée à Torino et San Remo.

Autre exemple avec ce radiateur pointu apparu sur les Fiat 1500 de 1938. Le cabriolet « Trasformabile Valentino » fut primé au concours de Turin et de San Remo en 1938.

Toujours dans la même veine avec cette Fiat 1100 Victoria : un arrière typiquement italien et un avant repris des Buick de 1939.

Fiat 1100 Victoria copie- Bertone

Néanmoins, Bertone n’est pas exclusif. Une série de Lancia Aprilia Cabriolet plus classique est produite entre 1937 et 1939.

Photos additionnelles : Carrozzieri Italiani

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. gougnard

    tres belles voitures grace au styliste de genie qu’etait Bertone

    Répondre · · 24 juillet 2022 à 11 h 50 min

Répondre à gougnardAnnuler la réponse.

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