Imaginez, quelqu’un vient égratigner votre pare-chocs pendant que vous êtes garé. En plus de la contrariété et des démarche en assurance qui en découlent, vous devez entrer en contact avec un concessionnaire assermenté. Vous n’en avez jamais rêvé ? Ford l’a fait avec la Mustang SVT Mystic Cobra.
Dire adieu à la plateforme Fox, enfin presque
Quinze ans ! C’est le temps qu’aura duré la commercialisation de la Mustang Fox body. Suite à de nombreux atermoiements, la marque à l’ovale bleu a fait durer cette troisième génération plus qu’il n’était réellement nécessaire.
Pour tourner la page, Ford va se tourner vers Bud Magaldi pour réinventer la Mustang des années 90. Dans un style très bio design tout en rondeurs, la nouvelle venue met un coup de pied dans la fourmilière des pony cars… en apparence. Dans la pratique, même si les moteurs gagnent un peu de peps et que le 4 cylindres est abandonné, la nouvelle voiture est basée sur une plateforme Fox modifiée.
Il va falloir attendre encore deux ans avant de finir de faire le ménage au niveau des mécaniques. Le V8 5 litres des SVT Cobra et Cobra R est remplacé par une version boostée du nouveau 4.6 modulaire, qu’on retrouve notamment sous le capot de la Crown Victoria, mais qui sert aussi de base au V12 de la Ford GT90.



Célébrer la nouvelle génération de moteurs avec la Mustang SVT Mystic Cobra
Pour célébrer la nouvelle motorisation, Ford va proposer au catalogue un coloris pour le moins particulier, le mystic clearcoat metallic. Il est proposé en série limitée sur celle qui va prendre le nom de Mustang SVT Mystic Cobra. Au menu, une voiture équipée en série de toutes les options au catalogue, sauf deux : le système hi-fi haut de gamme et la sellerie cuir. Rassurez-vous, sur les 2000 exemplaires de cette série limitée, seuls 9 n’en seront au final pas équipés.
Cette couleur est pour le moins surprenante, surtout à l’époque, puisque c’est la première peinture changeant de couleur sur une voiture de série. Elle est le résultat d’un travail de longue haleine chez BASF, qui a passé plus de trois ans à développer ce nouveau produit.
Vous vous en doutez, une telle peinture est un vrai casse-tête en cas de réparation. Cependant, je pense que vous êtes loin de vous douter à quel point les choses vont être compliquées pour les propriétaires.



Un utilisateur encombrant
Le procédé de BASF, appelé prism platelet (plaquette prisme) va attirer un nouveau client et pas des moindres : le Département du Trésor des États-Unis. Je sais, ça semble tiré par les cheveux de passer de la carrosserie automobile à l’équivalent de la Banque de France, comme ça, sans transition, mais je vous le promets, il y a un lien.
Pour lutter contre la contrefaçon de billets de 100 dollars, celui-ci est revu à la fin de l’année 1995 et, je vous le donne en mille, le procédé de BASF est utilisé pour imprimer les chiffre 100 en bas de la page, dont les couleurs varient suivant les mêmes coloris que la Mustang SVT Mystic Cobra.
De ce fait, les travaux de carrosserie prennent une tournure digne de la quête du laissez-passer A38. Accrochez-vous, ça devient proche du surréalisme. Avant d’amener votre voiture chez le carrossier, il faut que vous preniez rendez-vous appeliez concession Ford et que vous communiquiez le numéro de série, pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une Mustang SVT Mystic Cobra.

Une fois le rendez-vous bloqué, vous pouvez amener votre voiture, MAIS ce n’est pas fini. L’opération doit se faire sous la surveillance soit d’un représentant de chez Ford, soit d’un représentant de BASF, soit d’un agent du Trésor, qui s’assure que la peinture est utilisée uniquement pour des opérations de carrosserie et qui récupère le reliquat afin que celui-ci soit détruit.
Les emmerdements (excusez mon langage, mais à ce niveau, on ne peut parler de simples ennuis) autour de ce coloris firent que Ford s’empressa de retirer la couleur du catalogue une fois son stock interne écoulé, pour ne JAMAIS se retrouver dans la situation causée par la Mustang SVT Mystic Cobra.





Crédits Photo : National Museum of American History, Hemmings, Cars & Bids
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