Ferrari F50, débauche techno, et problème de calendrier !

Publié le par Benjamin

Ferrari F50, débauche techno, et problème de calendrier !

Un peu comme les BB, elle porte mal son nom. Et elle n’a pas l’aura de son aînée la F40. Mais le Ferrari F50 est bien la première voiture au cavalino à concentrer autant de technologie sur un même engin roulant. Une vraie voiture de course… qui ne la connut jamais.

La Ferrari F50, concentrée de technologie

Il faut toujours avoir un coup d’avance. Et c’est avec ce credo qu’est lancée l’étude la Ferrari F130. La F40 qui apparaît en 1987 est encore au tout début de sa production qu’on réfléchit à celle qui suivra ! La volonté de Ferrari est d’en faire une auto bourrée de technologie, tout en repartant d’une feuille blanche. Une démarche que n’avait pas suivi la F40, dérivée la 288 GTO.

Un châssis de pistarde

Pour le châssis, fini les tubes. La nouvelle voiture sera une monocoque. Ce châssis est en fait étudié en parallèle de celui de la 333SP qui sera engagée à partir de 1994 en IMSA puis en Europe. Forcément ce sera donc un châssis à la pointe de la technologie puisque les différences seront au final très faibles.

Étudié par Pininfarina (qui est aussi un bureau d’étude) et construit par Cytec Aerospace, il fait massivement appel à la fibre de carbone, parfois renforcée de nomex ou de kevlar pour entourer une structure en nid d’abeille. Le tout pèse seulement 102 kg !

Les suspensions font appel à une double triangulation avec des basculeurs. Autre idée reprise de la compétition, le réservoir est souple et fixé entre l’habitacle et le moteur.

Un moteur de F1 !

Et quel moteur ! Mercedes n’a rien inventé avec sa prochaine hypercar (rien à voir avec Le Mans), Ferrari veut déjà mettre un moteur de F1 dans une auto de route au début des années 90. Pour l’architecture, les V10 ne sont encore que badgés par des losanges en F1 et des lions au Mans. Chez Ferrari c’est alors le V12 qui prédomine. Ça tombe bien, ça fera taire les détracteurs des V8 Turbo des 288 GTO et F40. Car oui, ce V12 sera atmo.

C’est le V12 3.5 L utilisé dans les 641 de F1 en 1990 qui est choisi. Sauf qu’avec le gros travail de fiabilisation, cette mécanique rendrait trop de puissance aux supercars de l’époque avec leurs gros moteurs de 6L et plus (comme le V12 BMW de la McLaren). Alors on le réalèse et il passe à 4,7L. Résultat la cavalerie est certes en retrait par rapport aux autres supercars mais avec 520 ch à 8500 trs/min on fait oublier la F40 et ses 478 équidés à 7000. Autre point à noter, le V12 fait appel à 60 soupapes : 5 par cylindre !

Autre avantage d’utiliser un V12 de F1 : il est conçu pour être porteur ! Du coup il est directement boulonné à la cloison de l’habitacle et tout l’arrière de la voiture repose dessus. Et ça, la concurrence ne le fait pas.

Style ou aéro ?

C’est un des principaux compromis que va devoir faire l’équipe chargé de développer la Ferrari F50, qui s’appelle encore F130 ne l’oublions pas. En particulier chez Pininfarina qui se chargera aussi du style. Plutôt que des dessins d’artistes, on va faire appel aux aérodynamiciens et à la soufflerie pour la carrosserie.

Pourtant on garde une certaine élégance, puisée dans le concept-car Mythos présenté en 1989. Mais on est loin de la 456 qui sort à cette époque là. Le gros aileron arrière en est une preuve… tout en étant un héritage de la F40.

Par contre, la monocoque carbone assurant une bonne rigidité on peut se permettre de laisser un pavillon amovible qui permettra de transformer l’auto en targa.

Des performances de premier ordre

Avec cette débauche de technologie, heureusement les perfs suivent. La nouvelle auto pèse 1230 kg (à sec toujours, on est chez Ferrari), accroche les 325 km/h, le 0 à 100 en 3,9 secondes et passe la borne kilométrique en 21,7 secondes.

Ce sont donc des performances de premier ordre… mais on fait mieux chez Bugatti et McLaren notamment. Les EB110 et F1 tapent allègrement les 350 km/h, même la XJ220 fait mieux. Les accélérations sont aussi meilleures en face avec respectivement 3,3 et 3,4s pour le 0 à 100. Sauf que l’autre italienne sort 560 ch de son V12 Turbo, l’écart est faible, mais l’anglaise sort 627 ch de son 6L atmo !

Ce qu’il lui manque au final

Qu’est ce qu’on peut reprocher à la Ferrari F50 ? Dans cette débauche de technologie, deux ont été volontairement laissées de côté.

Déjà la boîte séquentielle. Si Ferrari l’a imposée lors de sa première course en 1989, elle n’est pas encore assez fiable pour une voiture de route amenée à parcourir des milliers de kilomètres (mouarf). Donc on oublie et c’est une boîte manuelle qui est présente derrière le V12.

Et puis les freins carbone sont eux aussi oubliés. Le carbone-céramique est encore loin et la durabilité des disques 100% carbone de F1 est là aussi trop faible. Du coup c’est un système Brembo plus classique en acier qui est monté sur la supercar.

Présentation trop précoce ?

Dès 1993 la presse commence à parler de la remplaçante de la F40 dont la production des 1315 exemplaires vient de se terminer. Mais la voiture n’est pas totalement au point.

C’est finalement en 1995, au salon de Genève que le voile est levé sur la Ferrari F50.

Pour le nom… on se pose des questions. La F40 sortie en 1987 coïncidait avec les 40 de la marque. Mais la F50 arrive deux ans trop tôt pour célébrer cet anniversaire ! Sauf qu’on a déjà parlé de la concurrence et des fuites dans la presse. Retarder la présentation aurait définitivement cassé l’effet de surprise tout en laissant la concurrence seule sur le marché.

Par contre on annonce d’emblée la couleur au niveau commercial. Les erreurs commises avec la F40, dont le nombre d’autos s’est envolé, ne seront pas faites deux fois. On limite d’emblée la production à 349 exemplaires. Et le prix est dissuasif pour les petits malins : 2,7 millions de francs. Si en euros de 2020 cela représente 582.000 € on est bien loin des prix des supercars actuelles… mais dans les hautes sphères de l’époque.

Côté couleurs, peu de choix possibles : noir, gris, jaune ou le rosso corsa qui sera appliqué sur 302 des Ferrari F50.

Les autos se vendent assez rapidement. En 1997 toutes ont été fabriquées.

La Ferrari F50 en course ?

Et bien même si vous ne l’avez jamais vue sur les circuits, la F50 GT fut bien au programme. Mais elle ne dépassa jamais le stade du prototype. Pierre en parle en détail par ici :

ferrari f50 gt 4- Ferrari F50

Lire l’article dédié :
F50 GT, le cheval castré

La Ferrari F50 de nos jours

Ça cote combien une Ferrari F50 ? Bah ça dépend. C’est le genre d’autos que vous trouverez plus facilement lors d’une vente aux enchères que sur Le Bon Coin. Du coup les prix varient énormément, mais restent haut. On est passé du million d’euros il y a dix ans à près de 3 millions lors des dernières ventes.

Et ce prix restera haut. C’était d’ailleurs une des raisons pour laquelle la production est restée faible. Ainsi on en limite le volume d’échange et on conserve une grosse valeur résiduelle. Le cavalino a d’ailleurs adopté ce principe pour les Enzo et LaFerrari qui ont succédé à la F50.

Photos additionnelles : Ferrari et Lhullier Concept

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Marc Detemmerman

    Petite coquille la F40 est sortie en 1987 et non en 1997.
    Sinon, quelles sont les couleurs des 47 F50 qui ne sont ni rouge, ni noire, ni grise, ni jaune?

    Répondre · · 7 mai 2020 à 23 h 59 min

    1. Benjamin

      Merci pour l’année !
      Pour les couleurs, c’est le Rosso Corsa qui est appliqué sur 302 autos. Les 47 autres se répartissent sur les trois couleurs !

      Répondre · · 8 mai 2020 à 8 h 03 min

  2. Marc Detemmerman

    Ok, merci pour les couleurs, j’avais lu trop vite, en effet tu indiques pourtant bien les que les 302 sont en Rosso Corsa… 😉 Bonne journée!

    Répondre · · 8 mai 2020 à 9 h 54 min

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