Ferrari 250 GT California Spyder, un mix devenu mythe

Publié le par Benjamin

Ferrari 250 GT California Spyder, un mix devenu mythe

Cette semaine, c’est la Monterey Car Week 2024. Un rendez-vous où les plus belles des voitures anciennes (du monde entier d’ailleurs) ont rendez-vous pour des concours d’élégance, des courses, des rallyes et des ventes aux enchères. Deux Ferrari 250 GT California Spyder seront d’ailleurs proposées lors de ces ventes. Deux autos aux estimations folles, même pour des Ferrari 250. Afin de comprendre l’engouement autour de l’auto, on s’est penché sur l’histoire de ce modèle.

Une envie de sport

Le point commun entre une Porsche 356 Speedster, une Alfa Romeo Giulietta Spider, une BMW 507 ou même une Mercedes 300 SL ? Toutes ont été demandées par un même importateur américain pour contenter sa clientèle locale. Avec notre Ferrari du jour, pas de Max Hoffman (il a fait fabriquer toutes les autos citées précédemment) mais deux importateurs américains de Ferrari. D’un côté on a Luigi Chinetti, triple vainqueur du Mans et importateur de Ferrari il popularise la marque de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis quelques temps, il a perdu son exclusivité, notamment partagée avec John Von Neumann qui vend les Ferrari sur la côte ouest.

Là bas, les courses sont nombreuses et ce sont souvent des européennes qui sont engagées. Comme pour la 356 Speedster, on se rend compte que c’est d’une voiture taillée pour la course mais découvrable dont on a besoin pour aller chercher des clients. L’idée est de proposer une auto plus musclée que la 250 GT Cabriolet que Pinin Farina va sortir en 1957.

Enzo Ferrari est dur à convaincre puisqu’en bon européen il a du mal à concevoir un cabriolet comme une vraie sportive, hormis les barquettes du Mans. Finalement, Maranello cède et on se lance dans la conception d’une nouvelle voiture.

Cocktail à l’italienne

Une nouvelle voiture ? En fait c’est plutôt d’un cocktail de ce qui se fait déjà chez Ferrari dont on parle. La recette est finalement assez simple. Quand le cabriolet produit par Pininfarina va reprendre la base de la 250 GT, la nouvelle voiture va se baser sur la version sportive : la 250 GT Berlinetta, celle qu’on n’appelle pas encore Tour de France. Destinée au marché américain, la nouvelle voiture s’appellera California. D’ailleurs, chez Ferrari on ne parle pas de Ferrari 250 GT California mais de 250 California.

Le châssis de 2,6m d’empattement, tubulaire à section elliptique est repris après qu’on y ait ajouté des renforts structurels qui ajoutent une centaine de kilos sur la balance. On reprend également les trains roulants. À l’avant on utilise donc des triangles superposés, amortisseurs Houdaille et ressorts hélicoïdaux à l’avant tandis que l’arrière se compose d’un pont rigide, de ressorts à lame et d’amortisseurs à biellettes. Le moteur de cette 250 est logiquement le V12 Colombo de 2953cm³ de cylindrée (73×58,8mm). Avec ses bougies à l’intérieur du V il sort 240ch et il est accolé à une boîte à 4 rapports.

Ferrari 250 GT California Spyder LWB 25- 250 GT California

Reste la question de la carrosserie. En fait, tout le bas de l’auto est traité comme une Berlinetta « Tour de France » et on trouve également une énorme ressemblance avec la 250 GT Cabriolet… puisque c’est bien Pinin Farina qui est chargé du style. D’ailleurs, le nom de Spyder n’est pas représentatif de l’auto puisqu’elle ne comporte pas de Spider et qu’une capote est bien au programme (voire un hard-top sur demande). Les différences entre les deux voitures viendront notamment des pare-chocs (rectilignes sur la 250 GT California au lieu des deux butoirs du cabriolet) et des ouïes latérales. La carrosserie est majoritairement en acier. Seuls les ouvrants sont en aluminium.

Le premier prototype de la Ferrari 250 GT California Spyder (#0769GT) est prêt dans le courant de l’année 1957.

La Ferrari 250 GT California Spyder LWB se lance

Le lancement en production ne s’effectue réellement qu’à la fin de l’année 1958. Quelques évolutions sont à noter entre le prototype et les voitures de série. Beaucoup de Ferrari 250 GT California Spyder sont dotées de feux additionnels dans la calandre et l’intérieur a été remodelé avec des compteurs déplacés vers le centre de l’habitacle. Les voitures se vendent… comme des Ferrari, c’est à dire avec un rythme finalement assez lent. La mécanique évolue vite en gagnant une 2e bobine et en passant à 260ch. Le concept est là mais certains vont demander d’aller encore plus loin.

On distingue également deux avant différents pour les voitures de série. Quand la majeure partie des Ferrari 250 GT California Spyder ont leurs phares avant sous bulle, les modèles destinés au marché italien ont les phares découverts, ces bulles étant interdites.

Si la Ferrari 250 GT California Spyder est dépouillée de base, on peut lui ajouter des options de confort mais d’autres sont résolument plus sportives. Ainsi la découvrable peut devenir une vraie bête de course. On peut la doter du V12 des Berlinetta de course qui sortent 280ch. La carrosserie peut également être commandée entièrement en aluminium.

Résultat : on voit des Ferrari 250 GT California Spyder en course. Au début de l’année 1959, Ginther et Hively accrochent la 9e place aux 12h de Sebring, synonyme de victoire de classe. Bob Grossman court notamment en SCCA et il est notamment soutenu par le NART de Luigi Chinetti quand il décide de s’engager aux 24h du Mans. Résultat : 5e place au général et 3e place dans la classe GT… derrière deux autres Ferrari 250 ! On trouve vite des engagements sur les plus grosses courses.

Au début de l’année 1960 pourtant les résultats décroissent. Il faut dire que Ferrari vient de sortir sa 250 GT Berlinetta SWB et qu’elle fait des miracles… en donnant des idées.

La Ferrari 250 GT California Spyder devient SWB

Puisque les 250 GT Berlinetta sont passées au châssis court, logiquement, la California va suivre le mouvement après 49 exemplaires de la première série. Les changements sont plus profonds qu’il n’y paraît.

L’empattement perd 20cm d’un coup ! Et ce n’est pas tout puisque les voies sont élargies et que la hauteur de caisse est abaissée de 3cm ! Les freins à disque Dunlop qui ont commencé à apparaître sur les dernière LWB sont repris. Côté moteur, les bougies sont déplacées vers l’extérieur du V du moteur pour aider à l’entretien. Les soupapes plus grosses de ce nouveau moteur permettent d’atteindre 280ch… comme sur les Berlinetta.

Côté esthétique, on note finalement peu de différences. À l’intérieur, le changement le plus notable sur cette nouvelle 250 GT California Spyder c’est la disparition des voyants entre les compteurs. À l’extérieur, les ouïes latérales sont réduites et ne comptent plus que deux ailettes verticales au lieu de trois. Sur le capot, la prise d’air du moteur paraît plus encastrée puisque le capot est creusé en amont. Les poignées de portes ne sont plus encastrées et, enfin, à l’arrière la Ferrari 250 GT California Spyder SWB reçoit des feux plus hauts qui modifient légèrement le dessin des ailes.

Cette version SWB de la 250 GT California Spyder ne connaîtra pas le même succès en course. Les Berlinettes sont vraiment plus performantes et on ne notera qu’un engagement d’importance quand le NART engage une auto aux 24h du Mans 1960. Jo Schlesser et William Sturgis sont les derniers à abandonner, après avoir tout de même couvert 258 tours.

La 250 GT California Spyder dans cette seconde mouture va suivre le même rythme de production que la première. On va la produire jusqu’à la fin de l’année 1962 (les dernières ne sont terminées qu’en 1963) et ce sont 51 exemplaires qui sortent de Maranello. Au total on arrive donc au chiffre rond de 100 Ferrari 250 GT California Spyder fabriquées.

Les Ferrari 250 GT California Spyder de nos jours

On vous l’a dit, ce sont des voitures devenues iconiques. Les 250 GT California Spyder sont parmi les plus recherchées des Ferrari 250, GTO et LM exceptées. Moins produites que les SWB Berlinetta, elles sont encore plus chères que ces dernières (modulo le palmarès).

Lors de la Monterey Car Week 2024 ce sont deux Ferrari 250 GT California Spyder SWB qui sont proposées à la vente. Celle de RM Sotheby’s (la noire) est estimée entre 16 et 18 millions de dollars, celle de Gooding & Co (la rouge) entre 15 et 17 millions ! La différence vient du fait que celle de RM Sotheby’s est la toute première SWB produite.

En France, c’est avec la plus célèbre des ventes aux enchères de voitures anciennes que la 250 GT California Spyder s’est fait connaître. On parle de 2953GT, une voiture vendue en 1961 à Paris et qui fut achetée juste après par Alain Delon et qui apparaît dans le film « Les Félins ». C’est la voiture qui faisait partie de la collection Baillon et qui a été vendue pour 16.288.000€ à Rétromobile en 2015.

Globalement, les 250 GT California Spyder LWB sont moins chères avec des prix compris entre 4 et 7 millions (de dollars pour faire plus simple). Les version Competizione peuvent, elles, atteindre plus de 15 millions de dollars.

Les 250 GT California Spyder SWB ne se vendent pas toujours… mais quand cela arrive, ce n’est jamais en dessous des 15 millions de dollars !

Photos complémentaires : Ferrari, RM Sotheby’s, Gooding & Co

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Didier MONNET

    Voiture mythique, et un propriétaire mythique également. Curieux hasard que la parution de cet article 3 jours seulement avant son départ…

    Répondre · · 8 septembre 2024 à 23 h 03 min

    1. Benjamin

      J’avais écrit un article sur Robert Opron, programmé… et finalement modifié et avancé de seulement 48h à la suite de son décès.
      Mais là on ne citait pas Alain Delon.

      Répondre · · 9 septembre 2024 à 8 h 22 min

Répondre à Didier MONNETAnnuler la réponse.

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