Essai Mini GP R53 : Adorable crapule

Publié le par Mark

Essai Mini GP R53 : Adorable crapule

Ce matin-là, c’est en mode grand prince, peignoir, clope au bec, verre de jus d’orange bio à la main que je me suis mis en tête d’essayer une des premières Cooper S de l’ère BMW. Mes motivations ? Elles ne sont plus toutes jeunes, il faisait beau, Eros Ramazzotti passait sur la sono Marshall, et j’avais la Mini one de madame sous les yeux. Bref, le sujet était tout vu, il ne restait plus qu’à me mettre en quête de la belle. C’est à ce moment que l’histoire a mal tourné. En effet, le verre une fois vide, je suis parti me vautrer préférant écouter de la pop italienne des années 90-2000. Forcément avec autant de détermination, je n’ai ni cherché, ni trouvé de Cooper S. Mais ce n’est pas grave car il semblerait qu’une Mini GP traine dans le sous-sol aux côtés d’une vieille béhème grise. Certes, ce n’est pas tout à fait une Cooper S mais ça suffira. Laissez-moi juste le temps de trouver les clés et on va faire un tour.

Notre essai du jour : D’où elle sort celle-là ?

Je ne vais pas vous mentir, mais si un jour on m’avait dit que mon nom figurerait sur la carte grise d’une mini post 2000, je n’y aurais pas cru. Pour moi c’étaient juste d’adorables petites compactes pour filles à papa. Probablement sympa à en lire la presse, mais j’étais trop macho pour en faire ma came. Puis un beau jour, faute de pouvoir s’offrir la S de ses rêves, madame eu la bonne idée de ramener une Mini one forte de 75 pur sangs à la maison.

Curieux, j’ai mis ma virilité stupide de côté en prenant place sur le siège conducteur, et là, ce fut la révélation ! Malgré son gros déficit de puissance et sa boite aussi longue qu’une nuit en garde à vue cette Mini m’avait littéralement charmé. Tant est si bien que j’ai fini par prendre davantage mon pied à massacrer cette citadine inoffensive que mes Béhèmes et leurs six cylindres.

Après plusieurs années j’en avais conclu que j’étais d’accord avec madame : il nous fallait une des toutes premières « S » dans le cheptel. C’est pourquoi il y a quelques semaines, nous nous sommes mis en quête de nous offrir en commun un CL600 C215. Non non, je ne me suis pas trompé, c’est bien à cause d’un gros coupé Mercedes pour grabataire pressé que nous nous sommes retrouvés avec une Mini GP R53 à la maison.

mercedes cl 600 6- Mini GP

Les recherches dans le but d’adopter un V12 étaient bien entamées lorsqu’un matin je me suis réveillé en sueur pensant à la panne récurrente du système de suspensions hydraulique. Tandis que les bobines d’allumage défectueuses à 2000 euros les six hantaient encore mon esprit au moment du déjeuner, je me suis dit, non. J’adore cette caisse, je rêverais de cruiser à son bord comme un vieux crooner, mais je ne peux pas vivre avec ces angoisses à la maison.

C’est le soir même, en rentrant du travail blanc comme un linge, après avoir ressassé les pannes courantes à plusieurs milliers d’euros du CL que j’ai annoncé l’abandon du projet à madame. Mais c’est aussi ce soir-là que j’ai rebondi en lui disant : « Si tu trouves une très belle Mini Cooper S R53 ou une GP alors je suis chaud pour allonger la moula et compléter le budget ».

Eh oui, l’idée d’avoir une Cooper S ne m’avait jamais vraiment quitté, et madame en rêvant depuis des années sauta sur Leboncoin avec une vigueur que je ne lui connaissais pas. A peine quelques minutes plus tard elle dégota une annonce pour une des 2000 Mini GP à 3 kilomètres de la maison. Cerise sur le gâteau, c’était la moins cher de France. Vu qu’en plus d’être pauvre, je ne suis pas intelligent, j’ai suivi sans trop poser de questions. La suite, vous vous en doutez… On a une nouvelle poubelle dans la salle de jeux.

Mais alors c’est quoi une Mini GP ? Pour faire simple la Mini Cooper S John Cooper Works Grand Prix kit de son vrai nom est à la Mini Cooper S JCW ce que la M3 CSL est à la M3. Un jouet inutilement fatiguant, pas pratique et sans réel intérêt, sauf si vous aimez conduire.

Au milieu des années 2000, cela faisait quelques temps que Mike Cooper, le fils de John, et sa société John Cooper Work étaient mandatés par BMW sur le développement artisanal des nouvelles Mini à vocation sportive voir pistarde. Tandis que la première génération by BMW tirait sa révérence, il fallait lui offrir un chant du cygne digne de son succès. A l’époque, la pratique était courante chez les constructeurs. Finalement, c’est dans ce contexte que naquit la Mini GP en 2006, avant d’engendrer une lignée encore d’actualité.

Inspirée des Mini qui participaient au Mini challenge, la GP était une évolution radicale de la version kit JCW. En fait dans la pratique, on était plus sur un track toy maquillé pour la route que sur une GTI vitaminée. Ainsi, elle était allégée (environs 25-30kgs) et amputée de deux places. Affutée pour l’arsouille bien crade, dotée d’éléments spécifiques, elle voyait aussi sa puissance grimper de 8 chevaux pour culminer à 218 canassons. Oui en 2006 pour une caisse de la taille d’une 106 c’était vraiment beaucoup.

Histoire de rendre l’ensemble encore plus exclusif, la Mini GP R53 n’a été produite qu’en 2006, à 2000 exemplaires (dont une centaine pour la France) assemblés chez Grugliasco dans le corps Bertone. Evidemment ces dernières étaient toutes numérotés (de 0001 à 2000) et c’est la 0555 qui a atterrit à la maison. D’ailleurs allons voir ça d’un peu plus près.

Extérieur : Trop cool mais bonne pour le parking d’Aldi Lens ?

Non mais regardez-moi cette adorable frimousse ! Elle est tellement mignonne qu’on a envie de lui faire des câlins. Ça c’est un peu la réaction caricaturale que j’ai à chaque fois que je croise notre bestiole du jour. Faut quand même bien avouer qu’avec ses petits phares en amandes, sa grande bouche, ses dimensions compactes (3655 x 1688 x 1452mm), et ses corps bien tranchés notre mini est à croquer.

Mini GP R53 Jura 03698- Mini GP

Mignonne, espiègle, rafraichissante, ce sont les qualificatifs qui me viennent face au coup de crayon de Frank Stephenson. Mais c’est surtout un dessin devenu iconique, très intelligent, mêlant à merveille la physionomie originale, la mode des années 2000, et les besoins des nouveaux consommateurs. Finalement on se retrouve avec un mélange de traits tendu démarquant le toit, les vitrages ainsi que la caisse, et de galbes tout lisses. L’ensemble dynamique, très épuré (en témoignent les montants masqués ou l’absence de protections latérales) est subtilement maquillé par quelques accastillages chromés.

La Mini reboot, c’est simple, à croquer et encore d’actu. Mais notre Mini GP ce n’est pas qu’une citadine coquette et chou. C’est aussi une bonne grosse caisse de Jacky qui aurait eu une place d’honneur dans le clip Signatune de DJ Mehdi. En effet c’est avant tout d’extérieur que les Mini GP se distinguent du reste de la bande.

Déjà parce qu’elles sont toutes numérotés sur le toit, mais aussi vendues dans la même configuration. La caisse est de teinte thunder blue (spécifique) que j’ai longtemps cru être du gris, le toit pure silver, et les retro sont rouge piment, histoire d’apporter du contraste.

Mais surtout, il faut bien évidemment parler du kit carrosserie osé grâce auquel notre bonbon peut crier haut et fort : « regardez-moi comme je suis acide ! ». Et c’est là que cela peut devenir difficile à assumer. En effet, malgré qu’il s’agisse du fruit d’un lourd travail sur l’aéro, bah la plupart du temps ces artifices ont quand même bien leur place entre deux camions de frites sur les allées du parking d’Aldi Lens au rasso du vendredi soir.

Au menu, on retrouve l’ensemble pare chocs, bas de caisses redessinés et gonflés à la créatine, la grosse prise d’air de l’échangeur affublée d’un merveilleux sticker GP, une lame avant à ras du sol, avant de finir sur ce fabuleux aileron arrière en carbone qui fait la signature de toutes les générations de Mini GP. Ce dernier est d’ailleurs tellement proéminant qu’il a entrainé la migration du troisième feu de stop en lieu et place du système d’essuie-glace arrière. Certains diront que c’est pour le poids, moi je crois plutôt à un manque de place.

A cela vous ajoutez les quatre superbes jantes allégées de 18 pouces (au dessin spécifique) flanquées à chaque extrémité, quelques babioles genre la trappe à essence « so racing », des étriers rouges, ou encore les deux grosses sorties d’échappement JCW, et vous obtenez une Mini claquée au sol, visuellement « jackysée », mais déterminée à aller bouffer de la 911 en montagne.

Personnellement même s’il peut sembler déconcertant, j’adore le look obtenu sur la Mini GP grâce à ce kit. Dans le fond, je suis un peu un kéké et j’ai 7 ans d’âge mental, alors l’un dans l’autre, je trouve cette dégaine trop cool. Plus sérieusement, je trouve que ce surplus de muscles permet à notre Mini d’apparaitre encore plus moderne et exclusive tout en restant un peu chou.

Et puis en comparaison avec la soupe de poisson surgelée qu’on nous sert aujourd’hui, cette Mini GP se permet d’offrir une sportivité assumée sans totalement sombrer dans le ridicule ou la vulgarité. En revanche cette dernière, on la retrouve bien du côté de la qualité de fabrication. Pour rester poli, les assemblages et ajustements extérieurs font très cheap, ouais non c’est du niveau d’une Citroën C1 en fait. Mais ça on en reparlera davantage en ouvrant la porte. Et vous, vous en pensez quoi ?

Habitacle : Sport et sorcellerie

Lorsque l’on s’intéresse à l’habitacle de notre Mini GP, la première chose qui frappe hormis l’angle gargantuesque d’ouverture de la portière, c’est le côté camelote qui s’en dégage. Prémium où est tu ?

Mini GP R53 03521- Mini GP

Pour le coup, on n’a pas besoin de se rapprocher, de mettre des lunettes, ou de toucher pour s’en rendre compte. En fait il suffit juste d’observer pour entendre les rossignoles auxquels on aura le droit sur la route, et sentir les textures façon poubelle communale des différents matériaux. Bref, ce n’est pas glorieux en plus d’avoir été ajusté par un aveugle. Finalement la qualité perçue se tape le luxe d’être simultanément capable de maltraiter un essayeur Autoplus et au niveau d’une simple Clio 2.

En fait je me demande même de quelle sorcellerie les ingénieurs ont fait usage pour sortir un tas de camelote aussi lourd. Peut-être pour des raisons de rentabilité, ou juste parce que les Allemands désabusés par les Anglais les ont laissé faire lors de la gestation.

C’est dommage parce que dans le fond il est cool cet habitacle. Le design global est délicieusement néo-rétro, tout en rondeurs, avec ce gros compteur central si cher à la marque, et les multiples commandes par interrupteurs basculants. Il en va de même pour l’ergonomie qui lorsque l’on passe le tachymètre en mode digital ne souffre d’aucuns gros reproches. Et puis à bord, notre GP exprime bien son côté radical en rajoutant une bonne louche d’ambiance façon débat Mélenchon, Le Pen.

Pour être sport, c’est sport, et si cela ne laisse pas la place pour une banquette arrière, il y en a assez pour y coller une barre anti-rapprochement à la place et deux chouettes baquets Recaro en cuir. Pour parfaire la tenue, ajoutez quelques accessoires en carbone (dont le pommeau sorti tout droit d’un Iveco), un logo GP, des fonds de compteur sombres, un volant en alcantara, un pédalier en alu, et vous voilà parés pour aller en découdre. Ah, avant ça n’oubliez pas de virer la boite à gants, light is right !

Light is right, mais pas trop non plus. C’est d’ailleurs très ambivalent. Car d’un côté chez Mini on a viré la boite à gant qui vu les matériaux devait peser 100g, de l’autre beh notre Mini GP est plutôt bien pourvu en éléments de confort pas franchement utiles connaissant la vocation du modèle. Ainsi on se retrouve avec la clim, les vitres électriques, les sièges chauffants, le volant multifonctions, ou encore le régulateur de vitesse.

D’ailleurs maintenant qu’on attaque le chapitre du confort, et bien à l’arrêt je dois avouer qu’on n’est pas trop mal. Je dirais même que je suis bien, malgré la sono douteuse qui m’empêchera de profiter des vocalises de Ramazzotti. La position de conduite est excellente, et se trouve facilement. Le volant, les pédales, le levier de vitesse, tout tombe très bien sous la main. Les sièges offrent un bon maintient et sont d’un moelleux certainement salutaire une fois sur la route. Ça donne carrément envie d’aller faire le pitre ! Mais avant ça, un tour sous le capot s’impose.

Sous le capot : Tomate bien farcie

Aucun doute, lorsque l’on ouvre le capot de notre Mini GP, la tomate a été généreusement farcie. Alors qu’est-ce que l’on retrouve dans ce compartiment moteur débordant de garniture ?

Mini GP R53 05762- Mini GP

Déjà la Mini GP embarque un gros échangeur air-air et en dessous un compresseur Eaton soufflant à 1 bar dans les conduits d’admission du 1,6L Tritec. Associé à une boite à air à double volets (s’ouvrant à 4500trs/min), des bougies hautes performances, des injecteurs plus gros, et une gestion revue, ce bloc d’origine Chrysler développe la bagatelle de 218ch à 7100trs/min pour un couple de 250nm à 4600trs/min. Voilà des chiffres qui promettent un amour des hauts régimes et une montée en puissance très linéaire.

Mais ils signent aussi une performance remarquable pour ce bloc de 1598cm³, dont le rendement passe désormais à 136ch par litres. En 2006 cette puissance était un peu exceptionnelle pour une citadine, à l’instar du 0 à 100 bouclé en 6,5s pour une pointe annoncée à 240km/h grâce à la longueur de la boite 6.

Afin de permettre à toute cette sauce de passer au sol via les roues avant, notre Mini GP se voit équipée de jantes de 18 pouces en 205 de large, mais surtout d’un autobloquant mécanique devenu indispensable ! Evidemment tout ce petit monde est sous la surveillance de gardes fous bien connus tels que l’ABS, l’ESP, l’antipatinage, ou encore un système de répartition dynamique du freinage. Ce dernier est d’ailleurs confié au kit freins JCW comprenant des disques ventilés de 294mm à l’avant et 259mm à l’arrière.

Sur le papier cela devrait suffire pour stopper les 1120kgs de cette bestiole qui n’est finalement pas si légère que ça. Pour terminer ce court chapitre mécanique, sachez que la Mini GP se dote d’aluminium pour son train avant, de suspensions dont la rigidité n’a rien à envier à une traverse de voie ferrée, et d’une direction dont les 2,3 tours de butée à butée le font déjà saliver. D’ailleurs en parlant de ça, il est temps d’aller l’essayer cette mini.

La Mini GP sur la route : Le mérite d’être honnête

Au regard du look et de la fiche technique de la bestiole, c’est clair qu’une fois sur la route, je ne dois pas m’attendre au daily de l’année. D’ailleurs le cold start assez évocateur du 4 cylindres et les baquets enveloppants sont bien là pour me prévenir : « attention jouet débile ». Ce côté sans compromis, je le retrouve dès la première manœuvre. La boite et l’embrayage sont plutôt virils, et la direction bien tonique.

D’entrée de jeu, je me fais les poignets, les jambes, et je sais que je ne vais pas tarder à me faire tasser les vertèbres. Preuve en est avec la première plaque d’égout venue qui fait claquer le mobilier intérieur ainsi que mes pauvres lombaires avec un certain panache. Ouais ok, là on est sur du raide comme j’en ai rarement connu, et la Mini GP ferait passer une 500 Abarth pour une XM. Il va falloir que je me remette aux exercices de gainage.

Malgré son gabarit, cette Mini GP n’a rien d’une citadine. Ça pétarade à tout va, le rayon de braquage est clownesque, l’amortissement revient à chuter de 30 mètres sur un banc en béton, et les commandes sont aussi fermes que punitives. Obtenir une belle conduite fluide n’a rien de simple tant le moindre écart est sanctionné par une secousse immédiate. Même la course des freins perturbe par sa longueur et sa progressivité.

Mais ce n’est pas grave car j’ai quand même le sourire. Plus sérieusement, dans ces conditions il n’y a guère que le moteur qui tire son épingle du jeu. Le niveau sonore entre deux explosions d’imbrulés est tout à fait correct et surtout, quelle souplesse ! Sans mentir on n’est pas loin de ce qu’offre le 6 en ligne de ma 328ci. Alors ce quatre pattes n’est pas aussi smooth que le six, mais il est largement capable de relancer sans peine en sixième à 40km/h.

Très rustre, notre Mini GP du jour a au moins le mérite d’être honnête dans son discours. Elle a aussi le mérite de proposer une très bonne école pour qui veut s’appliquer et apprendre à obtenir une belle conduite coulée. A force de kilomètres, et d’attention, on finit par s’y habituer et par arriver à un résultat toujours tape cul mais plus proche de n’importe quelle citadine.

C’est d’ailleurs à ce moment-là que je décide de quitter la ville pour voir ce que donne notre bonbon sur départementale. Et c’est à cet instant qu’éclate tout le paradoxe de cette Mini GP. Au panneau barré la première relance se fait en toute banalité, et une fois sur les grands axes limités à 90 cette Mini GP n’offre pas de sensations dantesques, hormis le sentiment d’être au volant d’un joujou très exclusif.

Mini GP R53 rolling 05184- Mini GP

L’amortissement est toujours cinglant mais les sièges compensent temps que l’enrobé n’est pas trop mauvais. La mélodie à mi gaz n’a rien d’extraordinaire, tout comme la poussée aussi linéaire et discrète que le sifflement du compresseur. Le châssis rigoureux de la Mini GP se montre vif dans les changements de cap et offre une tenue de route plaisante et sereine. La direction vivace est sympa, mais aurait pu être encore un peu plus communicative. Quant au levier de vitesse, son maniement très mécanique et les verrouillages rigoureux sont vraiment cools.

Pour ceux qui attendaient du fun à tous les étages une fois sortie de ville, je vous préviens que la déception risque d’être au rendez-vous. La Mini GP n’est pas aussi vivante ou éloquente qu’une 500 Abarth. Pour le fun, il va falloir taper dans le fond ! Mais actuellement, bien qu’elle en ait très envie, la Mini GP n’appelle même pas à rouler comme un abruti.

Mini GP R53 Rolling 05270- Mini GP

Ici le plaidoyer est plus nuancé, plus subtil. Je ne m’y attendais pas mais en fait la Mini GP a beau être un piètre daily, elle est carrément honnête pour faire de la liaison sur grands axes. J’ai peut-être jugé sa non-polyvalence trop rapidement. Car cela fait maintenant quatre bonnes heures que je roule non stop alternant, nationales, départementales, autoroutes en direction du Jura, et je ne suis pas cassé. Mes oreilles ne saignent pas, la sciatique n’est pas encore à l’ordre du jour, et je n’ai pas envie de me suicider.

Le sourire en coin, j’éprouve le plaisir simple de me balader tranquillement fenêtre ouverte à bord d’un truc exotique adorable à mener. Personnellement je n’en attendais pas tant, et cela me convient parfaitement. Tout comme la consommation qui à l’approche du Jura prouve que cette Mini GP peut se montrer sobre comme un imam en flirtant avec les 6,0 litres aux cents.

La Mini GP à rythme soutenu : Arme addictive

Me voilà désormais arrivé dans les parages du col de la Faucille. Après m’être fait secouer sur la route du supermarché, avoir profité d’un talent relatif pour la liaison, je vais pouvoir découvrir la troisième facette de la Mini GP. Et là, attention, c’est aussi cool que débile.

En premier lieu, je vais me séparer des aides à la conduite bien trop intrusives au regard des capacités de l’engin. En fait c’est surtout qu’à leur déclenchement inopportun j’ai l’impression d’avoir bousillé un truc et de tomber en rade. Pour la suite du repas, c’est du classique, seconde et en route pour quelques kilomètres façon hooligan.

D’entrée de jeu, l’autobloquant et le train avant font bien leur boulot en permettant une bonne motricité avec une quasi-absence de remontées de couple. Pour une traction de 218ch, j’avoue être assez bluffé. En revanche coté poussée, bah ce 1.6 n’est pas aussi démonstratif qu’espéré. Je m’attendais à ce que cette mécanique compressée me saisisse comme un homard à la casserole, mais en fait non.

Mini GP R53 Rolling 04899- Mini GP

Cela-dit, pas d’inquiétudes, si le Tritec de la Mini GP tabasse les tripes, il est rigoureux et fonctionne comme il faut. Le tachymètre grimpe avec une vigueur incongrue pour une citadine et le paysage a vite fait de sauter à la figure. En fait, ce moulin se révèle simplement poli jusqu’à 4600trs/min avant d’entrer dans une phase vraiment hargneuse jusqu’au rupteur à plus de 7000trs/min. Ca se comporte avec la finesse d’un atmo, ça gueule comme un atmo, et il faut taper dedans comme un atmo.

C’est pareil que la soupe champenoise, c’est léger, ça se boit comme de la flotte, mais on finit toujours par se faire avoir, et terminer bourré dans un caniveau. Les seules différences c’est qu’ici c’est le défilé des bandes blanches qui rend saoul, et surtout le compresseur pleine charge avec son sifflement caractéristique. Personnellement ce cornement bien badass associé au timbre rageur du 4 pattes planté à 7200trs/min et aux pétarades m’incitent à perdre mon calme pour devenir franchement débile. J’adore d’autant plus que la boite de vitesse n’est pas en reste. Ca tire long, peut-être trop, mais bon sang que c’est bien étagé, et bon sang qu’elle est fun à manipuler.

Mini GP R53 Rolling 05404- Mini GP

Les changements de rapports participent réellement au côté engageant de la conduite. Le guidage rigoureux est parfaitement adapté aux allures des années 70, et les verrouillages sont bien croquants. L’étagement des rapports façon boite « mille tours » se charge de parfaire le cocktail, et de pratiquement me faire oublier que je suis sur route ouverte. D’autant que plus on tape dedans, plus cette Mini GP devient fluide, et plus elle en demande. C’est là qu’elle se révèle totalement et c’est un vrai piège.

Ce comportement addictif n’aide pas à faire redescendre la température à bord tellement il est aussi fun que pousse au crime. Le kart feeling est vraiment présent, la Mini GP est légère, nerveuse, homogène ! Elle vire à plat, et ses changements d’appuis sont aussi directs qu’un jab de Fury. Au lever de pied en entrée de courbe, l’arrière enroule délicieusement, et l’autobloquant permet réaccélérer très tôt en sortie tout en limitant le sous virage. Si on y va trop fort ? La puce annonce sa limite via un sous virage aussi rassurant que l’odeur du pain chaud le dimanche matin.

A côté de ça le train avant lit merveilleusement la chaussée et le châssis très rigide de la Mini GP me bombardent de feedback. J’ai l’impression que mon séant et mes jambes décryptent du braille, tant est si bien que je regrette que la direction ne retranscrive pas la totalité du texte dans mes paumes. Pour être précise et directe, elle l’est, mais je trouve que son touché est un peu anesthésié. Histoire d’oublier ce point je me console avec les vitesses de passages en courbe qui sont indécentes pour une auto de coiffeuse.

En fait sur ces routes, c’est une arme à feu. Avec son bel équilibre la Mini GP passe fort et les freins servent très peu. Il y a vraiment de quoi blesser l’ego de nombreux étuis péniens. Dans les S Jurassiens je n’ai guère qu’à jeter la belle en levant le pied droit pour enrouler sans jamais toucher à la pédale du milieu. Tout ce que je lui dis de faire, la Mini GP le fait au millimètre et à aucun moment les réactions sont vicieuses ou effrayantes. Il n’y a qu’à doser, se concentrer sur ses trajectoires, puis profiter de l’avant incisif et de l’arrière mobile. C’est juste du fun en barre.

Je crois qu’entre ça, le son du compresseur, et le tempérament mécanique, je tombe définitivement amoureux de cette adorable boite à conneries. Cela dit, montagne oblige, il faut quand même parfois freiner. La progressivité de la pédale qui me perturbait tout à l’heure devient un atout dans ces circonstances en facilitant la pratique du talon pointe tout en maintenant la constance du freinage. Entre deux pétarades, c’est un régal.

Cela dit, si les décélérations sont satisfaisantes, ça manque un peu de mordant, et je ne parierais pas sur l’endurance du système. Sauf qu’à l’instar d’une certaine M3 e46, sur route ouverte, en mode gentille arsouille, l’ensemble est suffisant. Mais voilà notre Mini GP est aussi gourmande que généreuse en sensations. Sans même m’en être rendu compte j’ai sifflé ce qu’il me restait d’essence à grand coup de 15L/100. Il faut que je vous abandonne à la station-service avant d’aller me resservir une bonne louche de fun direction la Dole.

Conclusion : Joujou à consommer sans modération

En voilà une bagnole qu’elle est cool ! Charismatique, décalée, truffée de défauts, faisant la part belle au sport old-shool, la petite Anglaise transpire davantage l’art automobile d’outre-manche que le savoir-faire germanique. Pour bon nombre de fanatiques réacs, cette première mini by BMW n’aurait rien en commun avec son illustre aïeule. Sauf que la plupart du temps, ces experts de la section commentaires n’ont jamais posé leur séant a bord de l’une d’elle, préférant transmettre des aprioris liés à une croissance généreuse imposée par une époque. La réalité c’est que cette Mini, particulièrement dans sa version GP est à l’instar de son ainée un jouet sacrément fun et ludique lorsque l’on perce sa carapace.

Car oui, la petite germano-britannique n’est pas une fille aussi facile que pourraient l’être d’autres citadines sportives. Rustre, sèche, creuse, la Mini GP ne se dévoile pas immédiatement. Il faut apprendre à la connaitre, se lâcher et taper dedans pour découvrir une authentique caisse de sport couillue où tous les éléments s’associent pour entonner l’hymne du plaisir automobile avec un grand « A ». Bref, un jouet exigeant, faisant la part belle au sans compromis.

La Mini GP dégage comme une saveur d’antan aussi salvatrice qu’un sorbet aux agrumes par 40 degrés. A l’ère du compromis et de l’automatisation ce genre d’adorables petites crapules font un bien fou et devraient être consommées sans modération.

Les plus de la Mini GPLes moins de la Mini GP
Bouille d’enferGros tas de camelote
Grosse ambiancePas donnée
SensationsAides à déconnecter impérativement
ComportementExcite les autres usagers
CaractèreMoteur très lisse
Performances coolsÇa tire un peu long
ExclusivitéManque de feeling dans la direction
Question du covoit’ réglée
Les notes de la Mini GP
Fiche techniqueMini GP R53
Années2006
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1598 cm³
AlimentationInjection multipoints
Soupapes16
Puissance Max (au banc)218 ch à 7100 trs/min
Couple Max250 nm à 4600 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 6 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Position MoteurTransversale avant
FreinageDisques ventilés AV et AR
Voies1446 AV mm / 1452 AR mm
Empattement2467 mm
Dimensions L x l x h3655 x 1688 x 1452 mm
Poids (estimé)1120 ± kg
Performances
Vmax Mesurée233 km/h
0 à 100 km/h6,5 s
400m d.a15,1 s
1000m d.a27,8 s
Poids/Puissance5,1 kg/ch
Conso Mixte± 8,2L/100km
Conso Sportive±18,9L/100km
Prix± 24000€

Rouler en Mini GP R53 :

Rare et singulière la Mini GP est en fait un jouet très exclusif qui a été considéré comme collector dès sa sortie. La conséquence ? Il va falloir mettre la main au portefeuille. Par chance, si votre porte-monnaie est assez garni, en trouver une ne représente pas une grande difficulté. Les annonces sur les sites de ventes sont peu nombreuses mais régulières. Comptez en moyenne autour de 24-25000€ pour un modèle oscillant autour des 90.000km. Pour des exemplaires peu kilométrés, il n’est pas rare d’en voir à 30000€ (qui se vendent mal), à l’inverse si vous avez de la chance, vous pourrez en dénicher à un peu moins de 20000€ mais dans ce cas il va falloir être vif pour concrétiser.

D’une manière générale les Mini GP sont globalement peu de kilométrées, il faut dire que ce sont souvent des autos d’agrément qui ont plus vocation à tourner sur piste ou à dormir sous cloche qu’à claquer du road-trip. En aucun cas cela est dû à un manque de fiabilité, car bien que les Mini GP R53 soient de gros tas de camelote ce sont parmi les mini modernes qui s’en sortent le mieux en termes d’avaries.

Attention, ce ne sont pas non plus des Peugeot 504 diesel. Au menu des points problématiques, on retrouve entre autres des cas de culasses fissurées (serrages de bougies hors tolérance), d’embrayages qui peuvent fatiguer entre 100 et 150.000km, de pompe de direction HS autour de 1200.00km, ou encore d’étanchéité moteur typiquement britannique. Pour rassurer les habitués du groupe BMW, les coussinets de bielles peuvent parfois se manifester dans ces kilométrages.

La distribution par chaine de la Mini GP peut se montrer bruyante et nécessiter un remplacement entre 100-150.000km, bien que le problème soit moins endémique que sur la génération suivante équipée du fabuleux THP. Comme toute bonne voiture du début des années 2000 l’électronique peut aussi provoquer quelques sueurs ainsi que l’étanchéité au niveau des ouvrants, ou encore le classique ciel de toit aux opinions indépendantistes.

Evidemment la corrosion mérite un petit check bien que là encore ce ne soit pas généralisé. Je ne vais pas m’éterniser sur tous les soucis rencontrés par la Mini GP, car ils sont communs à toutes les R53 et bien documentés. A côté de ça, si l’entretien est suivi le Tritec est un bloc robuste, et les Mini R53 (même en kit Works) peuvent allégrement atteindre et dépasser les 200.000km.

En parlant d’entretien, les pièces de Mini GP ne sont pas données, et l’espace réduit sous le compartiment moteur ainsi que la faible hauteur de caisse ne facilitent pas les opérations. A titre d’exemples, sur internet comptez une centaine d’euros pour quatre bougies, une trentaine d’euros pour un filtre à air, une quarantaine pour un filtre à essence etc…

A côté de ça l’huile réclamée est de la simple 5W40 ou 5W30, et pour les intervalles de vidanges tablez sur une récurrence annuelle ou 10.000km plus que sur le kilométrage prescrit par Mini (25.000km). Pour la transmission la recommandation de vidange est de 30.000km avec e la 75W90. Pensez aussi que le compresseur doit se réviser aux alentours de 150.000km et que l’opération peut afficher quatre chiffres suivant le garage.

Pour terminer ce bref chapitre, les pièces communes à toutes les Mini R53 se trouvent aisément, mais attention pour les nombreux éléments spécifiques à la Mini GP qu’il sera plus compliqué de trouver à moindre couts, voir à trouver tout court. Et si vous n’êtes pas chauds pour prendre des pièces de refabrication (parfois douteuse), le concessionnaire BMW/Mini le plus proche pourra encore vous aider, mais sortez la vaseline. Niveau consommation tablez en moyenne autour de 8L/100km, mais cette dernière demeure très variable et dépendra énormément de votre conduite pouvant aller du simple au triple.

Mark

Passionné de photo et de sa BMW E30, Mark a rejoint News d'Anciennes courant 2016. Essais, road-trip, reportages, tout l'intéresse du moment qu'il peut sortir son appareil photo.

Commentaires

  1. Antoine Lannoo

    Excellente l histoire qui vous amené vers cette mini !

    Répondre · · 4 septembre 2023 à 17 h 48 min

  2. Gougnard

    sympa ce reportage merci Mark

    Répondre · · 4 septembre 2023 à 18 h 51 min

  3. Mathieu

    Super article qui fait plaisir aux possesseurs comme moi.
    Précision faite que ce sont les bras du train AR qui sont en alu. Comme sur la R56 😉
    Ta GP à eu quelques modifs apparemment.
    L’échappement aussi? Car je trouve la mienne trop peu démonstrative. Et après 74kkm à son volant j’aimerais quelle soit plus libérée, à moi que ce ne soit mon audition qui se dégrade avec l’age! :’D

    Répondre · · 30 avril 2024 à 14 h 57 min

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