Essai d’une Siata Spring, plus qu’originale

Publié le par Benjamin

Essai d’une Siata Spring, plus qu’originale

Et si on se mettait au volant d’un cabriolet ? Oui le temps s’y prête bien, en fait il s’y prête toujours avec un peu de volonté et du chauffage, mais là n’est pas la question. C’est un cabriolet italien qui nous intéresse aujourd’hui. Et comme on a fait le tour des Alfa Spider, cherchons du plus original. Et c’est bien le maître mot quand on parle de la Siata Spring. En route.

L’histoire de la Siata Spring

Si vous ne connaissez pas Siata, personne ne vous en voudra. Cette marque italienne fondée en 1926 est l’Acronyme de Società Italiana Applicazioni Tecniche Auto-Aviatorie. Sa première activité c’est la production de kits permettant d’augmenter les performances des Fiat contemporaines. En fait le rôle que reprendra Abarth après-guerre. Juste après la guerre justement elle étudie un moteur qui vient se fixer sur une bicyclette. Le succès est tel que Siata doit sous-traiter. C’est l’atelier Ducati qui le fera… et ça leur donnera des idées !

Mais les dérivés de Fiat sont toujours au programme. Les Amica et Daina sont basées sur les Fiat 500 Topolino et Fiat 1400. Siata est également lié au programme Fiat 8V puisque c’est la marque turinoise qui termine la mise au point du moteur comme du châssis… avant d’en tirer sa propre auto : la 208.

Sa carrière sera de courte durée et les autos suivantes seront de nouveau basées sur des Fiat plus petites. Néanmoins c’est à Abarth qu’on s’adresse pour doper les performances.

En 1965 on commence l’étude d’un cabriolet qui sort en 1968. C’est la Siata Spring. La base mécanique est celle de la Fiat 850 et le succès est modéré, 3500 exemplaires en un peu plus de deux ans, mais c’est le plus gros de Siata ! La production s’arrête en même temps que la marque… avant de reprendre en Sardaigne. Orsa, une société créée par Iso Rivolta reprend ainsi l’outillage. Si le moteur de la Fiat 850 n’est plus fabriqué c’est un moteur Seat de 900 qui l’anime. Cette deuxième carrière se terminera en 1975.

Notre Siata Spring du jour

Notre auto du jour date de 1968, la première année de production de l’auto. Son esthétique est nickelle et pour cause elle a été repeinte par l’actuel propriétaire. Pour le style, il va falloir se creuser les méninges car les influences sont multiples… mais assurément pas italiennes. Certains disent qu’elle renvoie à des Alfa des années 30, mais on avoue qu’on ne sait pas lesquelles.

À l’avant on retrouve une très large calandre avec ailes séparées et des phares fixés sur le capot. Là vous faites votre choix. Soit cela évoque les MG T Series, soit la calandre vous évoque une mini Rolls. En tout cas on s’étonne de sa largeur. Les MG avaient un moteur avant mais un capot bien plus étroit que notre Siata Spring.

Le profil fait plus penser à une Triumph TR3, au moins pour l’arrière. Les portes échancrées et le dessin des ailes rappellent en effet cette anglaise… dont le dessin original a alors une quinzaine d’années ! Les jantes Borani en 12″, option d’époque, apportent un petit coté luxe à la Siata Spring. On retrouve aussi un marche-pied… que seul des enfants utiliseront en réalité puisque l’auto est plutôt basse.

L’arrière ferait presque penser à… un bateau Riva ! On ne peut reprendre le côté plongeant des Triumph ou Morgan puisqu’il faut bien loger le moteur quelque part ! Du coup la poupe est large, son capot plat et se resserre un petit peu sur l’arrière. D’ailleurs celui-ci est orné par la roue de secours, autre emprunt stylistique à certains roadsters anglais.

La ligne de la Siata Spring est en plus assez chargée. La carrosserie est loin d’être lisse. Déjà les charnières des capots avant et arrière mais aussi des portes sont extérieures. Et puis vous ajoutez des baguettes chromées qui réhaussent les lignes de carrosserie et différents éléments, rétros, phares avant et bouchon de réservoir qui en ajoutent une couche. Enfin on notera les feux arrières. Soit le designer les aura oublié dans son dessin originel, soit il avait déjà tout donné pour le reste mais ils semblent un peu « rajoutés ».

Pour se faire une idée définitive, on la coiffe notre italienne. La capote est plutôt bien intégrée, par contre on se dit qu’il ne faut pas être trop grand pour tenir dessous !

En bref : une ligne originale, chargée et qui ne laisse pas indifférent.

L’intérieur : simple et juste

Le grand volant vous aura attiré l’œil. Il faut avouer qu’il est joli. Il s’intègre parfaitement à la planche de bord en bois, plate mais bien dessinée. Elle est ornée de divers cadrans. Tous ne sont pas d’origine mais vous ne manquerez pas d’infos concernant la santé de la Siata Spring. Les boutons sont bien représentatifs de la fin des années 60. Plastiques et pas très affriolants, au moins aucune commande ne sera compliquée à trouver.

Les sièges sont bien dessinés et leur épaisseur est presque étonnante dans une si petite auto. la sellerie est simple et en bon état. On a déjà fait le tour ? Et bien oui. On est pas tout à fait dans une anglaise non plus et on reste dans l’inspiration roadster : c’est simple et on se limite à l’essentiel.

Sous le capot de la Siata Spring

Le capot arrière est bien à plat. Pour l’ouvrir il suffit de basculer un bouton et voilà qu’apparaît, au fond du puit qu’il forme, le moteur de la Fiat 850. Attention, on ne parle pas ici du moteur des coupés mais de celui des berlines. Du coup la cavalerie de la Siata Spring se limite à 37 ch. Juste ? Pas forcément puisque le poids est bien contenu. Malgré une carrosserie acier (nombre d’artisans « concurrents » n’auraient pas hésité à employer la fibre) et des renforts structurels, on atteint 750 kg sur cette auto !

On ajoutera que notre auto du jour reçoit l’option freins à disques à l’avant et on devinerait presque des envies de sport. Et bien on va vérifier !

Au volant de la Siata Spring

J’appuies sur la poignée de porte qui vient très vite. Elle est particulièrement légère, j’ai même peur qu’un coup de vent ne la retourne ! Me voilà au volant. La position de conduite n’est pas évidente, le siège ne pouvant être réglé. Du coup pour pouvoir toucher les pédales je suis obligé de m’enfoncer dans le siège. Pour autant la position de conduite n’est pas mauvaise. Le volant n’est pas trop proche et même si le pare-brise est assez haut je vois facilement le bout du (massif) capot.

Le moteur Fiat démarre facilement. Première rentrée, la Siata Spring s’élance. Bon on oublie tout de suite le quart de miles. Déjà parce qu’elle n’est pas faite pour ça et puis parce que même en s’élançant normalement on se rend vite compte qu’on a trouvé la bonne plage de fonctionnement pour le moteur. Le fait que je démarre en légère montée m’oblige à passer les vitesses assez haut. La pente n’est pas si raide mais j’avoue avoir été un peu optimiste en passant la 4e. Retour en 3e. Du coup je peux déjà dire que le maniement de la boite se fait de façon assez instinctive. Si le guidage pourrait être un peu plus précis, il est suffisant, même chose pour le verrouillage.

La portion de plat qui suit me permet de remettre la 4e alors que je suis déjà à 80. À cette vitesse, rien de particulier n’est à noter. La Siata Spring ne se laisse pas malmener par les bourrasques de vent glacial. Par contre je suis à la fois heureux et malheureux d’avoir mis ma casquette. Heureux parce que même si le pare-brise est large, j’avoue qu’il protège assez moyennement. Ce serait un vent chaud d’été que ce serait parfait mais là on est mi-décembre (quelle idée, je sais). Par contre justement, les remous sont importants. Je suis loin d’être un géant et pourtant l’air qui passe par dessus le pare-brise aurait tendance à vouloir m’arracher mon couvre-chef.

Néanmoins à vitesse de croisière la Siata Reste présente. Le moteur est présent mais pas trop bruyant, on va dire qu’il perd le match contre les remous. La tenue de cap est parfaite avec une direction qui n’a pas besoin de corrections constantes. Je me prends à rouler le coude à la portière jusqu’à ce que j’ai trop froid ! Les faux plats sont avalés en 4e quand on est lancés et un coup de 3e permet de se relancer au besoin. D’ailleurs si vous n’êtes pas pressé, évoluer en haut de 3e permet de s’affranchir d’un tricotage constant de la main droite sans pour autant vous rendre sourd.

Voilà qu’arrivent quelques virages. Je monte sur les freins mais la Siata Spring a anticipé le virage à droite. Dommage on tourne à gauche. Bon ce souci va vite passer, un ressort à régler me dit le propriétaire. Concernant la force du freinage : c’est nickel. En même temps avec des disques à l’avant et une auto de 750 kg, le contraire eut été vraiment dommage.

Quelques autres virages s’approche. L’occasion de faire un peu de sport ? Alors le châssis est prêt. Les roues vont là où on leur demande sans effort, le placement est bon et on oublierais presque qu’on a le moteur en sac à dos. Par contre le moteur affiche vite ses limites. 37 ch c’est peu. Si vous voulez du sport, visez le swap avec un moteur de 850 coupé. Parce que là vous allez vite vous lasser.

Mais la Siata Spring n’est pas faite pour ça. Alors on retourne à nos troisième et quatrième vitesse. On enroule, on roule. J’avoue que le même essai en bord de mer à l’été aurait eu une autre saveur. Mais la Siata Spring reste une bonne monture pour une balade à rythme normal. Et puis cela permet d’observer les passants et les autres conducteurs. Parce que peu d’entre eux arrivent à identifier l’engin qu’ils croisent. Et beaucoup sont juste étonnés !

Conclusion

Rien ne sert de vouloir courir, elle ne vous servira point. La Siata Spring c’est clairement un roadster d’agrément. Un roadster qui n’a d’anglais que des inspirations stylistiques et pas le comportement ni le moteur.

C’est une auto originale qui vous rendra original. Vous ne risquez pas d’en croiser d’autres lors de vos sorties et sa bouille attirera les regards. Par contre, une fois le départ de la balade donnée, laissez les Porschistes jouer à l’avant. Et la Siata Spring saura vous montrer qu’elle est tout à fait homogène et agréable.

Les plusLes moins
Très (très) originaleUn design « pas facile »
Un cab’ homogèneDes performances timides
Facile à conduireAuto artisanale
CritèreNote
Budget Achat16/20
Entretien15/20
Fiabilité15/20
Qualité de fabrication12/20
Confort13/20
Polyvalence12/20
Image12/20
Plaisir de conduite12/20
Facilité de conduite17/20
Ergonomie16/20
Total14/20

Rouler en Siata Spring

Vous l’aurez compris ce ne sera pas facile de rouler en Siata Spring parce qu’il faudra en trouver une ! Mais bonne nouvelle, celle-ci sera bientôt à vendre chez notre partenaire Le Bolide, les infos sont là.

Pour info, le prix des modèles les moins beaux est en dessous de 10.000 €… mais il faudra ensuite mettre la main au porte-monnaie ! Les autos en bon état sont affichées généralement au dessus des 12-13.000 €. Pour les autos en parfait état, complètes et fonctionnelles, le prix peut dépasser les 18.000 € et même les 20.000 €.

Évidemment la rouille sera à surveiller. L’auto est ancienne, italienne et construite artisanalement. Beaucoup de facteurs de risque ! En plus vous aurez parfois du mal à trouver les éléments spécifiques au modèle, pour le coup c’est une affaire de spécialistes. Sinon, mécaniquement, le partage de nombreux éléments avec la Fiat 850 fait que vous trouverez presque toutes les pièces.

Fiche Technique de la Siata Spring
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en ligneVmax130 km/h
Cylindrée843 cm³0 à 100 km/h
Soupapes8400m da
Puissance Max37 ch à 5000 tr/min1000m da
Couple Max55 Nm à 3400 trs/minPoids / Puissance20,27
Boîte de vitesse4 rapports manuelle

TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte
Position MoteurLongitudinale arrièreConso Sportive
FreinageDisques AV et Tambours AR
Dimensions Lxlxh355 x 138 x 120 cm
Poids750 kg

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Dorian Tek

    Pas un physique facile, mais comme le physique ne fais pas tout, je me verrais bien en balade coude à la « portière », j’adore.

    Répondre · · 11 janvier 2021 à 21 h 30 min

  2. Daniel

    Merci beaucoup pour ce sympathique reportage sur la Siata Spring.
    Une petite erreur dans sa présentation.
    La première a été fabriquée en 1967 et non pas en 1968.

    Répondre · · 13 janvier 2021 à 12 h 15 min

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